Déconstruire les mécanismes du harcèlement scolaire

Déconstruire les mécanismes du harcèlement scolaire

LA DYNAMIQUE DU HARCÈLEMENT SCOLAIRE

Dans cette première partie, nous nous intéressons plus précisément au mécanisme connu sous le nom de harcèlement scolaire en nous penchant tout d’abord sur ses mécanismes et sa dynamique. La plupart des travaux de recherche s’accordent à dire que le harcèlement scolaire se décompose en trois caractéristiques. Pour le site internet du ministère, elles sont les suivantes : « violence, répétitivité, isolement de la victime » (Ministère de l’éducation Nationale, n.d.). Au cours de ce travail, nous retiendrons plutôt les composantes établies par Jean-Pierre Bellon et Pierre Gardette (2010) p. 21 à 24: Répétition, Disproportion des forces, volonté de nuire. Eric Debarbieux résumera ces trois points dans la définition suivante : « une violence répétée, verbale, physique ou psychologique, perpétrée par un ou plusieurs élèves à l’encontre d’une victime qui ne peut se défendre, en position de faiblesse, l’agresseur agissant dans l’intention de nuire à sa victime » (Debarbieux, 2011, p.6).

La notion de répétitivité et de durée dans le temps fait encore débat. Selon Dan Olweus (1973), on peut parler de harcèlement à partir d’un mois tandis que Ludwig F. Lowenstein (1978) considère qu’il faut six mois. Une chose est certaine cependant, si aucune mesure n’est prise, le harcèlement ne s’arrête que lorsque victimes et agresseurs sont séparés par des choix scolaires différents. Le harcèlement peut donc se poursuivre des années durant si les agresseurs suivent les victimes dans les différents établissements qu’ils fréquentent, voire tout au long de la scolarité d’un élève. La disproportion des forces quant à elle peut être due à une différence physique (un élève fort contre un élève chétif), numérale (un élève isolé contre un groupe), ou physiologique (un élève de 6ème contre « un grand » de 3ème). Dans tous les cas, il existe une relation de domination entre les deux parties qui empêche le harcelé d’échapper à l’emprise de son agresseur.

La volonté consciente de nuire est une notion particulièrement intéressante introduite par plusieurs chercheurs. Si le harcèlement peut commencer par quelques moqueries sans que son auteur ne pense nécessairement à mal, dès lors qu’il est installé, celui-ci ne peut plus prétendre ignorer les souffrances de sa victime d’autant qu’elles sont souvent visibles (pleurs, dépressions ou isolement). C’est d’ailleurs la visibilité du phénomène qui permettra à l’agresseur de rallier d’autres élèves à sa cause car comme nous allons le voir, le soutien des pairs est indispensable à l’agresseur. Le harceleur pourra pourtant tenter de nier cette volonté de nuire, à la manière de la voix qui dans le spot publicitaire lancé par le gouvernement intitulé « les injures » affirme « C’est bon, c’est pas méchant, c’était juste pour rigoler ». 3 Le harcèlement à l’école est basé sur une relation triangulaire formée par l’agresseur, la victime elle-même et enfin les pairs. Jean-Pierre Bellon et Bertrand Gardette encore une fois divisent ces spectateurs en trois groupes : les supporters, les outsiders, et les défenseurs. Les supporters de l’anglais « to support » (aider, porter assistance, encourager) sont les lieutenants de l’agresseur, ils sont parfois qualifiés d’agresseurs passifs. A la différence du meneur, ils sont davantage motivés par la peur et la nécessité de se ranger du côté du plus fort comme l’explique Nicole Catheline (2008, p.45).

Les outsiders ou « étrangers » sont les élèves qui observent sans agir, agissant (ou n’agissant pas plutôt) par instinct de conservation comme exprimé par Nicole Catheline (2008, p.31) : « [Il s’agit] avant tout d’un instinct de conservation, d’un besoin de préservation narcissique qui se résume à une évaluation des forces et des risques courus ». Selon J. Bellon et B. Gardette (2008, p.30) c’est sur la sensibilisation de cette petite classe de témoins hésitant à se positionner qu’il faut agir afin de déconstruire le harcèlement.

Finalement, les défenseurs peuvent soit prendre la défense de la victime quitte à s’opposer directement à l’agresseur (à noter que les garçons plus que les filles agissent ainsi4), soit réconforter la victime après agression (où les filles sont cette fois-ci majoritaire5). Mentionnons enfin le cas des « vengeful angels » ou anges vengeurs qui se considèrent « comme des redresseurs de torts, de véritables justiciers » (J. Bellon et B. Gardette, 2013, p.34) qui cyber-harcèlent les agresseurs dans le but de défendre les victimes. Dans un troisième temps, nous nous intéresserons aux facteurs du harcèlement scolaire, ces conditions qui réunies vont favoriser son apparition. Il nous parait important de rappeler qu’il ne s’agit que de facteurs qui augmentent les probabilités pour un élève de devenir harceleur et en aucun cas d’un calcul mathématique absolu. Autrement dit, un enfant peut s’inscrire dans tous ses facteurs et ne jamais développer la moindre tendance harceleuse. Eric Debarbieux les divise en trois catégories : les facteurs personnels, familiaux et socioenvironnementaux (2011, p.17).

LES DIFFÉRENTES FORMES DU HARCÈLEMENT

Dans cette seconde sous-partie, nous traiterons des différentes formes de harcèlement. A l’image de l’hydre de Lerne aux têtes multiples, le harcèlement est protéiforme. Certains ouvrage distingues trois formes de harcèlements : les agressions physiques, les agressions verbales de types insultes ou surnoms dévalorisants et enfin les mises à l’écart. Dans ce travail de recherche, considérant que l’ostracisme est une forme de d’agression psychologique, nous distinguerons par souci de simplicité deux catégories : les agressions physiques des agressions psychologiques que l’on décrit souvent -à tort- comme moins destructrices : « Insultes et humiliations ne sont pas des violences mineures comme on l’entend trop souvent » (Catheline, 2008, p23.).

Les agressions physiques tout d’abord se déclinent en plusieurs représentations différentes. On pense d’abord aux coups et aux agressions en groupe : des d’élèves qui attaquent un enfant ou adolescent isolé. Si elles ne sont pas rares (les coups et jets d’objets représentent à eux seuls 7% des différentes formes de harcèlement selon J. P. Bellon, et B. Gardette (2010, p.48) ces violences ne sont pas les seules manifestations du harcèlement « physique ». On peut également mentionner les élèves qui se font pousser ou chahuter dans les couloirs, les filles (souvent) qui se sont tirer les cheveux, les crachats…Parmi ces violences, on recense également deux phénomènes médiatisés ces dernières années, le racket d’une part (le fait d’extorquer de l’argent par la contrainte), ou les jeux dangereux (le « carton rouge », le « jeu de la couleur », la « mort subite »…) dont les victimes les plus fréquentes sont bien sûr les boucs émissaires comme le mentionne Nicole Catheline (2010, p.69).

La deuxième grande famille du harcèlement regroupe les formes d’agressions psychologiques, plus fréquentes et souvent plus difficiles à repérer. Si les insultes et remarques dévalorisantes ne présentent aucun doute quant aux intentions des agresseurs, les surnoms sont plus ambivalents. On constate entre adolescents des quolibets qui nous paraissent choquants ou dévalorisants mais qui ne sont rien d’autre que des surnoms inoffensifs et consentis. Cependant, il n’en demeure pas moins des surnoms cruels dont le but est d’insister sur un défaut physique ou un comportement pour le rendre visible aux yeux de tous. Les surnoms pourront également singer des attitudes bien précises ou encore détourner nom et prénom, une manière insidieuse de s’attaquer aux origines mêmes de la personne ainsi qu’à son identité.

Une autre arme dont disposent les harceleurs est la rumeur. Décrite par J. P. Bellon et B. Gardette comme « malléable, facile à transmettre, invérifiable et sulfureuse à souhait » (2010, p.59) la rumeur peut être redoutable. Ce qui la rend encore plus dangereuse, c’est sans doute son caractère abstrait. Impossible de savoir d’où elle provient, elle se répand comme un feu de forêt et atteint même les personnes qui ne connaissent pas l’intéressé(e). La victime peut parfois se retrouver dans la situation paradoxale où des inconnus la connaissent déjà de réputation (nécesairement mauvaise).

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Table des matières

Introduction
Partie 1 : Le harcèlement scolaire
La dynamique du harcèlement scolaire
Les différentes formes du harcèlement
Les conséquences du harcèlement scolaire
Partie II : Harcèlement scolaire et classe de langue
Le harcèlement, un frein à l’expression orale ?
Valider les compétences du socle commun dans le cadre du harcèlement
Le harcèlement scolaire dans une dynamique actionnelle
Partie III : Déconstruire les mécanismes du harcèlement scolaire
Le harcèlement dans l’établissement
Tentatives de réponses déjà existantes
Possibilités d’actions pour l’enseignant
Conclusion
Bibliographie
Annexe I
Annexe II
Annexe III
Annexe IV
Annexe V
Annexe VI

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