De l’intuition comme guide pédagogique

De l’intuition comme guide pédagogique

Comment envisager l’enseignement de la philosophie en classe Transition Ecole Métiers ? Aspects théoriques.

« La philosophie n’est pas la construction de système mais la résolution une fois prise, de regarder naïvement en soi et autour de soi ». Bergson La pensée et le mouvant

 Descriptions de quelques méthodes:

  Méthode 1 : Patrick Tharrault

Tharrault (2016) présente une approche pour pratiquer les débats philosophiques remise au goût du jour des nouveaux programmes officiels français. Cette méthode a donc pour avantage d’être parfaitement contemporaine. Première remarque, Tharrault fait du débat philosophique le point névralgique de l’enseignement de la philosophie en classe primaire. Du reste, le titre de son ouvrage résume bien l’intention générale Pratiquer le débat-philo à l’école. L’auteur insiste sur ce premier aspect « En revanche, la structure du débat est déterminante pour favoriser l’expression la plus large possible » (p.70). Le débat est le moyen le plus adéquat pour aborder la philosophie en classe primaire. D’autres aspects paraissent notables. Le choix du sujet est important. Tout d’abord par la mise en place d’une boite à idées. Les élèves désireux d’aborder un sujet glissent un petit papier dans la boite. Après quelques jours les idées sont recensées. L’enseignant aide à une reformulation correcte. Le choix de la question est essentiel, elle ne doit pas être trop ouverte avec le risque que le débat parte dans tous les sens. La question doit aussi poser un ou plusieurs problèmes. La disposition de la classe et des élèves a aussi son importance. Une disposition en U ou en rond favorisera le débat. En revanche, la disposition en rangée est à proscrire. Tous les participants doivent pouvoir se regarder pour échanger. La participation des élèves est libre mais structurée. Des élèves peuvent ne pas s’exprimer, l’idée du bâton de parole est proposée pour que chaque élève puisse s’exprimer sans être coupé. L’enseignant, d’après Tharrault, n’a pas besoin d’être expert, cependant il doit avoir préparé le débat, envisager des pistes de réflexion et, pourquoi pas, s’être renseigné sur les grands courants de l’histoire de la philosophie à propos du sujet retenu. L’enseignant permet de recentrer et relancer le débat, il doit toutefois veiller à ne pas donner son avis. Des documents peuvent servir d’introduction au débat : fables, textes, citations. Par ailleurs, l’auteur propose de tenir un cahier de philosophie. Ce cahier peut aussi servir à consigner des réflexions sur un sujet donné. Tharrault évoque le cas des élèves en difficulté (p.71). Ce passage est particulièrement intéressant au regard des élèves de l’enseignement spécialisé qui, par définition, sont en difficultés. Un intérêt particulier est souligné dans le rôle de socialisation des élèves. Le débat est d’ailleurs « une pratique de la démocratie ». Les difficultés pointées par Tharrault sont donc d’ordre social, elles concernent des élèves ayant des troubles du comportement ou de l’attention. Selon Tharrault, un débat, pour que les élèves puissent rester concentrés, ne doit pas excéder quarante minutes. Il est nécessaire de laisser du temps à chaque élève pour qu’il se forge son propre avis sur une question. Il faut donc se prémunir de toutes intentions d’immédiateté de la réponse à une question posée. Enfin, Tharrault s’interroge sur l’évaluation des débats. Selon lui, une appréciation générale du fonctionnement du débat est tout à fait envisageable. En revanche il lui semble compliqué d’évaluer individuellement l’implication de chaque élève. L’auteur propose une grille d’autoévaluation dont les détails sont donnés en annexe 1. Cette grille a pour intérêt de proposer à l’élève un travail réflexif a posteriori sur sa participation au débat.

Méthode 2 : Nicolas Go

Sans parler explicitement de débat, Go (2010) envisage la pratique de la philosophie à l’école primaire par une discussion. Il n’évoque ni traces écrites, ni lectures préalables, ni références explicites à des philosophes ou des courants de pensée. Cette pratique orale part d’un questionnement qui comporte en lui-même un problème. Ce questionnement prend sa source dans l’étonnement. Il est vrai qu’un jeune public a pour nature de s’étonner sur de nombreuses choses et en de nombreuses occasions. Mes jeunes adolescents ne sont pas en reste, leurs difficultés les plongent parfois dans des représentations proches du monde enfantin. L’étonnement face à certaines réalités, mises en évidence par l’enseignant, est donc fréquent. Par exemple, suite à la diffusion d’un film de Chaplin, une de mes élèves m’avait demandé si autrefois la vie était en noir et blanc. Face à cet étonnement il aurait été tout à fait possible de rebondir sur les diverses représentations du réel tout au long de l’histoire humaine. Une fois le questionnement mis en évidence et la question notée au tableau, Go compare la discussion à un « vagabondage ». Comment comprendre ce terme ? L’auteur entend par vagabondage un libre développement de la pensée dans lequel les élèves font part de leurs représentations sur un terme ou sur une question. Penser la philosophie comme un cheminement de la pensée, un vagabondage, nous renvoie à une citation de Saint Augustin (1993) : « Il vaut mieux suivre le bon chemin en boitant que le mauvais d’un pas ferme ». Go conçoit la philosophie en classe primaire comme une discussion libre, toutes les pistes peuvent être explorées. L’auteur parle ainsi de l’incertitude comme « condition vraie de la philosophie ». Si Saint Augustin préfère s’engager sur le bon chemin, même « en boitant » Go pense que toutes les voies peuvent être empruntées. Il ne faut pas hésiter à errer pour entrer dans un processus philosophique. Toutefois, l’auteur rappelle le rôle de l’enseignant qui est comme un garde-fou. Certaines propositions peuvent ne pas être acceptées, par exemple si elles véhiculent un message de violence. Il sert donc de guide à la discussion. Go emploie d’ailleurs l’expression « contraindre les interactions ». Pour que la discussion ait un intérêt et puisse se développer l’enseignant doit renvoyer les idées des élèves les unes aux autres, montrer les contradictions ou au contraire les similitudes. La discussion s’enrichit des différentes interactions et l’enseignant est comme un chef d’orchestre. Mais ce qui fait vraiment la singularité de son ouvrage, c’est l’idée de coopération. Go insiste sur une organisation coopérative de la discussion. C’est celle-ci qui permettra de faire émerger de nouveaux concepts avec l’aide de l’enseignant. Ce travail coopératif est qualifié de puissance créatrice, c’est-à-dire que le groupe classe, par un travail coopératif sera à même de créer de nouvelles idées, de nouveaux concepts. Quand Tharrault (2016) insiste sur la notion de débat, Go souligne la coopération qui doit opérer dans la classe pour parvenir à une recherche philosophique créant de nouveaux concepts. Cependant, Go ne détaille pas précisément une démarche, une méthode à suivre pour mener ce travail en classe primaire. L’idée est de partir d’un questionnement pour parvenir à une discussion coopérative avec le soutien de l’enseignant.

Autres méthodes:

Heinze (2008), dans un numéro de l’Educateur, commence par s’interroger sur ce qu’est la philosophie. Selon lui, la philosophie s’interroge sur une question qui n’a pas de réponses, on ne peut dire vrai ou faux à la question posée. Cette définition s’approche du concept d’incertitude présenté par Go (2010). Il semble donc important d’insister sur le fait que la philosophie n’apporte pas de réponse unique et définitive. La philosophie ouvre à plusieurs voies de compréhension et d’interrogations. Selon Heinze les sujets portent sur l’être humain mais il insiste sur le fait que la question doit être ouverte pour précisément éviter la dichotomie vrai/faux. Ensuite, selon l’auteur le travail de groupe ouvre à une multiplicité de représentations. Le collectif va permettre de faire émerger plusieurs orientations à la réflexion. Là encore la proposition de Heinze s’approche de celle de Go et de son concept de collaboration favorisant une force créatrice. Heinze parle d’ailleurs de communauté de recherche. Selon lui l’enseignant aura un rôle de stimulateur pour que le débat se développe. Tozzi (2009), qui a beaucoup oeuvré pour l’enseignement de la philosophie en primaire, insiste aussi sur la notion de discussion à visée philosophique. En cela il rejoint les auteurs pré-cités qui envisagent la philosophie en classe primaire par des échanges oraux. Tozzi indique que le travail en classe débute par une phase individuelle, une mise en mots où l’écrit tient son rôle. La phase collective prend ensuite le relais par le biais d’échanges entre élèves. Lipman (2003) explique que la discussion peut prendre appui sur une lecture significative (conte, extrait de roman, etc) Celle-ci permettra de faire émerger des questionnements, des argumentations. Cette approche de la philosophie pour enfants va en parallèle de celle de Tharrault (2016) qui propose des supports écrits pour introduire le débat philosophique en classe. Enfin, il est intéressant de noter que la HEP de Fribourg (2013) propose une méthode pour la conduite de débats philosophiques. Trois étapes sont mises en évidence : questionnement, débat, trace écrite. Mais la HEP Fribourg se distingue surtout en proposant une méthode aporétique favorisant l’apparition de contradictions au sein des représentations dans la communauté de recherche. La communauté de recherche n’est autre que le groupe d’élèves participants.

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Table des matières

1. Introduction
1.1. Choix du projet
1.1.1. Des raisons personnelles
1.1.2. La philosophie à l’école et dans l’enseignement spécialisé
1.2. Quelques mots clés
1.2.1. La philosophie
1.2.2. Le débat philosophique
1.2.3. Le débat philosophique dans l’enseignement spécialisé
1.3. Liens avec le Plan d’Etude Romand
2. Comment envisager l’enseignement de la philosophie en classe Transition Ecole Métiers ? Aspects théoriques
2.1. Descriptions de quelques méthodes
2.1.1. Méthode 1 : Patrick Tharrault
2.1.2. Méthode 2 : Nicolas Go
2.1.3. Autres méthodes
2.2. Description de la méthode employée
2.2.1. Présentation du contexte
2.2.2. Principes généraux de la méthode
2.2.3 Du choix des questions
2.2.4. Du rôle des élèves et de celui de l’enseignant
2.2.5. Quelques précisions d’ordre pratique
3. Expérience pratique : analyse thématique des séances
3.1. Méthodologie de recherche
3.2. De l’intuition comme guide pédagogique
3.3. Du temps didactique dans les débats philosophiques
3.4. De l’usage de l’ironie en philosophie
4. Perspectives
5. Bilan et conclusion
5.1. Bilan de recherche
5.2. Conditions de recherche
5.3. Limites de la recherche
5.4. Conclusion
6. Références bibliographiques
7. Remerciements
8. Annexes

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