DE L’INSURRECTION À LA GUERRE

DE L’INSURRECTION À LA GUERRE

Le schéma

Pour Beevor, la victoire des insurgés dans une localité s’accompagne d’une prise de contrôle des principaux établissements publics. En l’absence de forces militaires, ce sont les gardes civils, les phalangistes et des partisans de la droite qui proclament l’État de guerre. Les syndicats répliquent avec la grève générale et érigent des barricades le plus rapidement possible pour faire la différence. Le moindre petit flottement des forces ouvrières, la plus petite hésitation donne aux rebelles la chance de reprendre l’initiative, et vice versa . La faction qui reçoit l’appui des forces paramilitaires prend un net avantage sur la victoire; celles-ci sont souvent mieux entraînées et armées que les troupes militaires consentes. Comme la population, les forces paramilitaires vont choisir de se tenir à l’écart et voir vers qui tourne l’avantage avant de prendre position. Règle générale, la Guardia Civil appuie les insurgés et les Asaltos, surtout présents dans les centres urbains, demeurent loyaux à la République.

L’erreur des Nationalistes à Madrid

Pour l’explication la plus précise du soulèvement dans la capitale, Bennassar surpasse son collègue dans la présentation militaire de l’événement, pourtant une qualité que Beevor possède habituellement. Bennassar nous démontre l’utilité de bien comprendre le déroulement de la première tentative des nationalistes. Les analyses que l’on peut extraire de cette déroute sont révélatrices pour la suite du conflit. D’une part, c’est l’une des seules fois où les nationalistes s’embourbent dans une opération militaire mal conçue et improvisée. Il est possible de croire que l’absence de Franco soit à la source de cette lacune. Par ailleurs, cette défaite fait montre d’une faiblesse des troupes nationalistes que celles-ci vont rapidement prendre en compte : leur incapacité à remporter des affrontements en terrain urbain. Mais encore, le manque de préparation du soulèvement à Madrid est également un signe de la stratégie globale des insurgés. Conscients de leur faiblesse, ils ne vont pas risquer l’impossible pour remporter une victoire, leurs calculs se faisant à long terme et, dans l’équation, Madrid n’est pas encore une variable assez mûre.On verra plus loin que Franco fera sien l’ensemble de ces enseignements, conscient des forces et des faiblesses de ses troupes, encore là une qualité importante des insurgés. Pour en arriver à cette interprétation, il a fallu que Bennassar propose une autre lecture des événements.
Considérant la présence d’institutions importantes à Madrid et de contingents militaires nombreux, la prise de la ville est, pour Bennassar, un enjeu stratégique crucial. Par contre, les nationalistes évaluent mal la disposition des forces en présence. Au lieu de déclencher leur soulèvement de la Montana, en plein tissu urbain, les conjurés auraient dû entreprendre les hostilités dans des casernes situées à l’écart et s’occuper de celles au centre urbain plus tard. De plus, le fait d’avoir attendu trop longtemps pour engager les hostilités a nui à l’effet de surprise et permis aux forces de la République d’organiser une défense efficace. Et c’est sans compter que seulement deux casernes, situées en dehors de la ville, rejoignent les rangs de l’insurrection, Getafe et Pardo. La situation à la caserne Montana étant chaotique, dès le 20 juillet, les forces républicaines sortent victorieuses du siège. Pour la rébellion, les conséquences de la déroute de Madrid sont importantes. Les forces républicaines ressortent renforcées de cet affrontement victorieux et profitent d’une prise appréciable de stock d’armes. De plus, la République conserve la mainmise sur le trésor de la Banque d’Espagne.
Par ailleurs, les événements de Madrid ont également une charge symbolique pour les nationalistes. Selon Bennassar, ceux-ci «eurent pour effet de fortifier la détermination des rebelles»1. Plusieurs églises furent saccagées durant les premiers jours de l’insurrection à Madrid, vol et exécution dans les quartiers riches par les miliciens et mise en place de tribunaux pour juger les prisonniers. Tout cela alimentait la thèse nationaliste d’un complot communiste anticlérical, suscitant ainsi l’adhésion de ceux qui doutaient jusqu’alors de la justesse des revendications des insurgés. Ainsi, malgré la défaite, les nationalistes parviennent quand même à tirer profit de cette mésaventure afin de revenir plus menaçants la prochaine fois.

La surprise barcelonaise

L’insurrection à Barcelone prit une tournure semblable à celle de la capitale. Le plus étonnant demeure le fait que les forces nationalistes fondaient beaucoup d’espoir pour leurs troupes dans la métropole catalane et croyaient possible d’y prendre position. «Les conspirateurs de l’armée avaient considéré cette ville comme la plus facile à conquérir de toutes».Les interprétations de Beevor et Bennassar sont très proches quant au déroulement des événements et aux objectifs, manifestement exagérés, de l’insurrection.
Les deux historiens concèdent que les forces nationalistes sont en nombre suffisant pour offrir une féroce opposition aux milices. Avec près de 12 000 hommes, le contingent nationaliste est important et peut également compter sur l’apport d’un général réputé, Goded, qui prévoit rejoindre la ville en provenance de Majorque dès le début de l’affrontement. En fait, c’est surtout la qualité de l’organisation des mouvements anarchistes qui, faisant fi des interdits de la Generalitat, prennent les armes et mettent en place une défense efficace et structurée qui mit un terme aux espoirs nationalistes

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Table des matières

REMERCIEMENTS 
RÉSUMÉ
LISTE DES SIGLES
INTRODUCTION 1
CHAPITRE 1 DE L’EMPIRE À L’INSURRECTION 
1.1 L’INTERPRÉTATION CONTEMPORAINE
1.1.1 L’ORIGINE D’UN CONFLIT
1.1.2 LA FIN DE L’EMPIRE
1.2 L’HISTORIOGRAPHIE
1.2.1 LA COURTE ORIGINE DE LA RÉVOLUTION
1.2.2 L’AMORCE D’UNE VISION PLUS LARGE
1.2.3 LE GRAND RATTRAPAGE
1.2.4 LA VISION CLASSIQUE
1.2.5 LA RENAISSANCE CULTURELLE
1.3 LE CHEMIN VERS LA GUERRE : LA VISION ACTUELLE
1.3.1 UNE RÉPUBLIQUE PERDUE
1.4 L’HISTORIOGRAPHIE
CHAPITRE 2 DE L’INSURRECTION À LA GUERRE (18 JUILLET 1936 AU 25 AOÛT 1936)
2.1 LE FRONT POPULAIRE
2.2 L’INTERPRÉTATION CONTEMPORAINE
2.2.1 LE SOULÈVEMENT AU MAROC
2.2.2 LA RÉACTION RÉPUBLICAINE
2.2.3 SEVILLE ET LES AUTRES
2.2.4 LE SCHÉMA
2.2.5 L’ERREUR DES NATIONALISTES À MADRID
2.2.6 LA SURPRISE BARCELONAISE
2.2.7 FRANCO AU MAROC
2.2.8 LA MARINE
2.2.9 LE TRANSPORT DES TROUPES AFRICAINES
2.2.10 MOLA À BURGOS
2.2.11 L’ÉTAT DES FORCES
2.3 L’HISTORIOGRAPHIE
2.3.1 LA STRICTE RECHERCHE DES FAITS
2.3.2 LA POLITISATION D’UNE GUERRE
2.3.3 UNE VERSION PLUS CONSENSUELLE
2.3.4 LES OUVRIERS AU SECOURS DE LA RÉPUBLIQUE
2.3.5 « LES OFFICIERS SONT DIVISÉS, LES SOLDATS SONT CONSCIENTS. »
CHAPITRE 3 LES TERREURS 
3.1 L’INTERPRÉTATION CONTEMPORAINE
3.1.1 UNE VIOLENCE LÉGITIME
3.1.2 LA TERREUR ORGANISÉE
3.1.3 LA LIMPIEZA BLANCHE
3.2 L’HISTORIOGRAPHIE
3.2.1 LA GAUCHE COUPABLE
3.2.2 LE MOINDRE EFFORT
3.2.3 DEUX MANIFESTATIONS DU MÊME MAL
3.2.4 LE DÉBUT D’UNE NOUVELLE HISTOIRE
3.2.5 LA FORCE DE LA COMPARAISON
CHAPITRE 4 L’IMPOSITION DU POUVOIR POLITIQUE 
4.1 L’INTERPRÉTATION CONTEMPORAINE DE L’IMPOSITION DU POUVOIR POLITIQUE À DROITE
4.1.1 L’ÉTAT MILITAIRE
4.1.2 L’ÉGLISE COMME FONDEMENT
4.2 L’HISTORIOGRAPHIE
4.2.1 L’ANALYSE POLITIQUE DU FRANQUISME
4.2.2 L’ANALYSE POLITIQUE DU FRANQUISME…ÉLARGIE AU NATIONALISME
4.2.3 UNE LECTURE POLITIQUE OBJECTIVE
4.3 L’INTERPRÉTATION CONTEMPORAINE DE L’IMPOSITION DU POUVOIR POLITIQUE À GAUCHE
4.3.1 LA RÉVOLUTION
4.3.2 LA DÉSORGANISATION RÉPUBLICAINE
4.3.3 LA CHUTE DE CABALLERO
4.3.4 MAI À BARCELONE
4.3.5 LE POUVOIR COMMUNISTE
4.3.6 L’EFFONDREMENT
4.4 L’HISTORIOGRAPHIE
4.4.1 RÉTABLIR L’ÉQUILIBRE
4.4.1.1 LA PRISE DU POUVOIR COMMUNISTE
4.4.2 L’APPORT DES FAITS
4.5 LES INTERPRÉTATIONS DU SECOND GROUPE
4.5.1 LA COMPRÉHENSION DE LA SCÈNE POLITIQUE
4.5.2 L’IMPORTANCE DU FACTEUR RÉGIONAL
4.5.3 LA THESE COMMUNISTE
4.5.4 LA RÉFÉRENCE OUVRIÈRE
CHAPITRE 5 L’AFFRONTEMENT MILITAIRE
5.1 L’INTERPRÉTATION CONTEMPORAINE
5.1.1 LA ROUTE VERS MADRID (6 AU 23 NOVEMBRE 1936)
5.1.2 LA BATAILLE DE MADRID
5.1.3 L’AIDE ÉTRANGÈRE
5.1.4 LA GUERRE AU NORD (NOVEMBRE 1936 À AOÛT 1937)
5.1.5 LES OFFENSIVES RÉPUBLICAINES DE DIVERSION
5.1.6 LA BATAILLE DE BELCHITE (24 AOÛT AU 15 SEPTEMBRE 1937)
5.1.7 LA BATAILLE DE TERUEL (15 DÉCEMBRE AU 22 FÉVRIER 1938)
5.1.8 LABATAILLE DE L’EBRE (24 JUILLET AU 15 NOVEMBRE 1938)
5.2 L’HISTORIOGRAPHIE
5.2.1 LE MAILLON FAIBLE
5.2.2 LE REGAIN
5.2.3 LA VERSION OFICIELLE
5.2.4 LA VERSION AMÉLIORÉE
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE 
ANNEXE

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