DE L’ÉLAN VITAL À L’ÉMERGENCE DU SUJET CRÉATEUR

À LA GENESE DE CETTE AVENTURE DE RECHERCHE-FORMATION

   Je me souviens, Je Viens de terminer mon baccalauréat en communication option relations humaines à l’UQAR. J’ai été intensément formée à l’intervention psychosociologique. Je suis supposée être prête pour aller sur le marché du travail, accompagner des processus de changements dans des systèmes humains complexes. Je me sens jeune et inexpérimentée. Je me sais en attente de ma forme propre d’incarnation dans le monde. Je me sens marcher vers la maturité. Je me vois mal aller sur le marché du travail. J’ai fait mon stage de fin de baccalauréat à Paris, au Collège International Méthode Danis Bois l, lieu d’enseignement de la fasciathérapie. Aujourd’hui, la forme académique de la formation privée regroupe maintenant deux établissements distincts, à savoir l’école supérieure de fasciathérapie et l’ école supérieure de somato-psychopédagogie. La fasciathérapie est une thérapie manuelle qui agit sur toutes les structures du corps (os, articulations ligaments, artères, cœurs,poumons, etc … ) et e n particulier sur « les fascias » , des fines membranes qui enveloppent et relient entre eux tous les élèments du corps. Ces membranes sont animées d’un mouvement lent, source de vitalité qui garantit le maintien de la vitalité dans le corps, la liberté de nos articulations et le confort de nos mouvements. Le fasciathérapeute, grâce à un entraînement perceptif, capte cette activité J’ai déjà entamé, de manière non encore tout à fait assumée, une formation qui me conduira plus tard au statut de praticienne en somato-psychopédagogie. Je ne sais pas encore quoi faire de ma vie de jeune adulte. Je sais que je ne me sens pas tout à fait prête à commencer une vie professionnelle. Je me vois épouser des formes variées d’expression possible dans le monde, mais elles sont encore trop inachevées. C’est au cours d’une discussion aux allures d’accompagnement, avec celle qui deviendra quelques mois plus tard ma directrice de recherche, que nous avons évoqué pour la première fois la possibilité pour moi de faire une maîtrise en étude des pratiques psychosociales à l’UQAR. Cette idée est apparue lorsque nous avons mentionné que j ‘avais une pratique en émergence en intervention psychosociologique et une pratique émergente en accompagnement par la médiation du corps en mouvement et qu’en plus de ça, j’avais une pratique artistique en latence, mais que je ne pouvais pas continuer de négliger sans nuire à la longue à mon propre déploiement comme personne, comme femme et comme professionnelle. La maîtrise en étude des pratiques psychosociales accueille des praticiens d’expérience qui veulent réfléchir sur leurs pratiques en vue de les renouveler, d’en tirer du sens et des savoirs partageables. Je comprenais, dans cette discussion, qu’une étude des pratiques pouvait soutenir non seulement un renouvellement de pratique mais aussi un développement professionnel et une mise en forme d’ une pratique singulière, originale et innovante. C’est donc avec cette intention de fond que j’ai timidement débuté ma scolarité de maîtrise en étude des pratiques psychosociales.

De la question à l’exploration ou oser marcher sur les sentiers non balisés

   Toute conscience est mémoire – conversation et accumulation du passé dans le présent … Mais toute conscience est anticipation de l’avenir. François Meyer En recherche comme en formation, la question de la formativité est centrale. En effet, au sein d’ une recherche heuristique, le développement du sujet de recherche est directement lié à la mise en forme du sujet chercheur. Cette dynamique se doit d’être claire dès les premières étapes de la recherche, à savoir dans le processus de problématisation lui-même. Le sujet chercheur est alors impliqué jusque dans sa problématique de recherche. Cette problématique est en fait un territoire qui attend son exploration. Elle embrasse le territoire qui est à visiter, à côtoyer et à démystifier. Pour Bruno Deshaies (1992, p. 143), l’étymologie du terme problème offre un éclairage sur les actions qui la font naître: Les Grecs ont donné au mot problème (problêma, de proballein, dérivé de pro, « devant », et de ballein, « jeter ») le sens de « ce qu ‘on jette en avant ». Or ce qu ‘on jette en avant, c’est justement ce qu’on propose au sujet d’ une controverse, d’ un obstacle, d’une question posée, bref d’ une difficulté. Dès ma première année de scolarité à la maîtrise, nous avons été invités par les professeurs à réfléchir sur la pertinence personnelle, sociale et scientifique de nos recherches. Ce processus avait comme fonction de nous permettre d’élaborer une problématique de recherche ancrée dans notre expérience et clairement mis en culture. Nous étions ainsi invités à nous lancer dans ce processus que tente de nommer ce que la racine du mot problème signifie dans l’action. On jetait loin devant soi le problème qui nous avait mis en quête, en recherche. Loin devant soi, loin dans le futur, au-delà d’où l’on se tenait dans l’instant. Ainsi, débuter notre recherche constituait une invitation à marcher, à tâtonner, à tomber et se relever, pour continuer notre marche afin d’ aller rejoindre le projectile de notre quête. À plusieurs reprises, j ‘ai oublié pourquoi je marchais, vers où,mais profondément en moi je voulais poursuivre mon pèlerinage. Marcher me soignait, me fortifiait, me créait comme sujet et m’a permis de dérouler ma pensée, de muscler ma passion, de voir plus clairement ma pratique et d’apprendre à la régule r en cours d’action. Je savais dès le début de cette recherche que je devais me centrer sur mon ex périence vécue et agie. Je commençais à comprendre ce que Karkfried Graf Durkhein (1997) dit lorsqu ‘il avance que ce qui motive toute recherche est le recherché lui-même. J’ étais en quête de ma vocation propre, d’ une forme d’expression dans le monde qui est à la fois fidèle à mon intégrité tout en étant socio-historiquement et culturellement inscrite.

L’IMPLICA TION COMME POSTURE ET COMME DEMARCHE DE RECHERCHE INDUCTIVE

  Pour répondre à la question de recherche ci-haut mentionnée et poursuivre mes objectifs de recherche, il me semblait nécessaire de choisir une posture de recherche cohérente avec mes visées de chercheure. Ce travail en est un de recherche-formation. Il se propose, comme le soulignent avec justesse Marie-Christine Josso et Catherine SchmutzBrun(2002), de s’ appuyer sur l’expérience du sujet chercheur. Une expérience rigoureusement observée, sentie, décrite et organisée par un travail d’écriture de type biographique. La démarche réflexive sera au cœur de ce travail. Il permet d’élaborer des savoirs susceptibles de valoriser la singularité existentielle et la pratique dans une dynamique dialogique et intersubjective. Dans la maîtrise en étude des pratiques psychosociales, j’ai bien vu la nécessité d’une prise de parole singulière qui cherche à placer le sujet au cœur de son projet de formation . Mon processus de recherche m’autorise alors de pénétrer dans un espace de formation autonome et pourtant dialogique. Il devient possible dans ce cas d’articuler avec brio les dimensions théoriques, pratiques et existentielles du sujet engagé dans un processus de transformation personnelle et de renouvellement de sa pratique relationnelle et/ou professionnelle. C’est donc avec une visée de me mettre à l’école de mon expérience, pour ne pas dire de mon existence, que je me suis mise en œuvre ou plutôt en chantier dans ce projet de maîtrise dans lequel j’étais totalement impliquée. Je me sentais ainsi inscrite dans une étude de pratique psychosociale dans le sens que donne Jean-Marc Pilon (2009) à ce champ de pratique: Pour nous, les pratiques psychosociales sont le terme qui définit le mieux les activités de très nombreux acteurs sociaux qui entrent dans un rapport relationnel avec d’autres systèmes humains (individus, groupes, organisations ou communautés) dans le but de produire un effet, qui est habituellement un changement. Ainsi, il ne s’agit pas de n’importe quelles pratiques psychosociales mais bien celles qui visent un changement humain. (p. 16)

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Table des matières

REMERCIEMENTS
RÉSUMÉ
ABSTRACT
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : LA DEMARCHE REFLEXIVE COMME PROCESSUS AUTOPOÏETIQUE: ETUDE SENSIBLE DE L’EMERGENCE DE MA PRATIQUE PSYCHOSOCIALE
1.1 À la genèse de cette aventure de recherche-formation
1.1.1 De l’émergence de ma question de recherche
1.1.2 De la question à l’exploration ou oser marcher sur les sentiers non balisés
1.1.3 Orientation de recherche
1.2 Question de recherche
1.3 L’implication comme posture et comme démarche de recherche inductive
1.4 Pour un paradigme interprétatif et compréhensif
1.5 L’heuristique: vers une démarche méthodologique d’inspiration phénoménologique et hernléneutique
1.5.1 La recherche heuristique à quel prix ?
1.5.2 Une recherche inductive et heuristique à quelles conditions?
1.6 Terrain de recherche
1.7 De l’exploration à la compréhension: un chemin de co-naissance
1.7.1 Méthode d’analyse qualitative en mode écriture
CHAPITRE 2 : RECIT DE VIE PERSONNELLE
2.1 Introduction 
2.2 Une injonction reçue en héritage: à la source de ma soif de créer 
2.2.1 Ma naissance racontée par mes parents: une expérience éprouvante
2.2.2 Ma naissance racontée par mon père: une expérience ouvrante
2.2.3 Un accueil sur fond de détresse maternelle et de dissolution familiale
2.2.4 Les nlodèles parentaux
2.2.5 Retiens-toi. .. si tu veux vivre heureuse
2.2.6 La voie du père: la peinture comme voie d’ existence et antidote à la retenue
2.3 À l’orée de l’adolescence: la découverte de l’ expérience des états modifiés de conscience
2.3.1 De la consommation à la déception, la honte et le secret
2.3.2 Tout pour voir « l’envers du décor »
2.3.3 Du désir de voir autrement à la quête de Dieu
2.3.4 De la transformation de mes rapports à la Vie et à ma vie
2.3.5 La lecture, un pont entre corps et esprit
2.4 À l’orée de la majorité … l’appel des arts
2.4.1 À l’art comlne à l’Autre ?
2.4.2 Naître aux relations humaines
2.4.3 Prendre corps et apprendre à se relier à soi comme aux autres
2.5 Conclusion: Apprendre à batir sa propre vie, un parcours autopoïétique
CHAPITRE 3: L’ECRITURE COMME CHEMIN D’AUTO ENGENDREMENT
3.1 De la retenue à l’intelligibilité, sur les traces de mon écriture
3.1.1 L’écriture et le journal: le quotidien au service du devenir
3.2 De la mésestime de soi comme mode d’exister: une rencontre percutante au coeur de ma chair engagée dans l’acte d’écriture
3.3 L’ écriture, une voie pour apprendre à rester juste à son égard malgré la tristesse
3.4 Écrire depuis mon corps sensible: la description d ‘une expérience formatrice et soignante
3.5 Le conatus ou un effort pour apprendre la joie de vivre: un chemin vers mes élans 
3.5.1 Du conatus à l’intelligence sensible: une force intérieure au service du pouvoir persévérer
CHAPITRE 4 : UN RECIT DE PRATIQUE ARTISTIQUE
4.1 Introduction
4.2 De l’art à la relation – Du corps à l’art et à la relation
4.3 Face à la peur de l’autre: le corps comme support et l’art comme antidote 
4.4 La pratique photographique ou se former à voir
4.5 De la perception à la mise en action: un chemin créateur
4.5.1 Une invitation dans mon atelier de photographie
4.5.2 Sur les traces de mes prises de vue: quelques récits phénoménologiques
4.6 La photographie: une pratique créatrice et autoformatrice 
CHAPITRE 5: RECIT DE PRATIQUE
5.1 Naître à une forme socio-professionnelle, un itinéraire de recherche formation création
5.2 Se mettre en oeuvre, oeuvrer dans la collectivité: découvrir sa vocation en toute liberté
5.2.1 À la recherche de mon métier intime, de ma praxis vitale
5.2.2 À la bordure d’une pratique active, une philosophie de vie
5.3 Ma démarche en recherche visuelle: une quête d’incarnation par la création artistique
5.4 Ma démarche d’accompagnement somato-pédagogique: une quête d’incarnation par le toucher corporel
5.4.1 Accompagnement manuel au contact du Sensible: une pratique dialogique
5.4.2 Revenir et réfléchir sur ma pratique d’accompagnatrice au contact du Sensible
5.4.3 Accompagner, toucher et soutenir une dynamique de réciprocité vivante
5.4.4 Accompagner au contact du Sensible: une histoire de création
5.5 Créer, accompagner et entreprendre, vers quelle convergence? 
5.5.1 Le rapport à l’imaginaire
5.5.2 Rapport au corps et au tonus
5.6 Un chemin d’émergence du sujet créateuret de sa participation au monde
5.6.1 La question des limites, de la finitude et de l’incarnation au cœur de l’expérience du mouvement créateur
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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