DE L’ÉCLAT SUPPORT À L’OUTIL FINI : LE FAÇONNAGE

DE L’ÉCLAT SUPPORT À L’OUTIL FINI : LE FAÇONNAGE

Adaptation, environnement et connaissance de l’espace.

Bien que notre étude soit une analyse du matériel lithique, il ne faut pas oublier que le but ultime de toute analyse est de comprendre l’homme derrière l’objet. Notre mémoire ne fait pas exception à cette règle. À une échelle intra-site, l’analyse du matériel permet de reconstituer les activités qui y ont eu lieu et la vie quotidienne. À une échelle extra-site, la reconstitution des activités sur le site peut permettre de mieux  comprendre le rôle du site dans un cycle de déplacement des populations autochtones. L’étude du matériel permet également de reconnaître des dynamiques d’échanges avec d’autres groupes.Tel que présenté dans le chapitre précédent, les groupes qui ont fréquenté DcEp-2 se trouvent à la veille d’un changement majeur dans la structure sociale. Ils délaissent un mode de vie nomade de chasseurs-cueilleurs au profit d’un mode de vie semi-sédentaire, où l’horticulture prend une place prépondérante. Toutefois, l’horticulture ne prend pas la même place chez les Iroquoiens qui occupaient le territoire actuel de la région de Montréal,que chez ceux qui occupaient le territoire de la région actuelle de Québec. Alors que ceux situés au sud du Québec pouvaient bénéficier de l’apport horticole étant donné des conditions climatiques plus clémentes, ceux de la région de Québec devaient opter pour une stratégie plus étendue, puisque les conditions climatiques ne permettaient pas de pratiquer l’horticulture de façon aussi intense. La chasse et la pêche avaient donc une place plus importante au sein de ces communautés.
Ces groupes de la fin du Sylvicole moyen constitueraient ce que Binford appelle des collectors (Binford 1980). Les études de ce dernier sur les groupes de chasseurs-cueilleurs inuit l’ont mené à formuler deux systèmes d’occupation du territoire, soit un système à l’intérieur duquel le groupe se déplace à l’endroit des ressources pour les recueillir {foragers ou fourrageur) et un autre système à l’intérieur duquel un groupe va chercher les ressources en un endroit et les ramènent au camp principal {collectors ou collecteur).
Chez les foragers, la mobilité est très élevée puisque l’on doit constamment se déplacer afin d’acquérir de nouvelles ressources, que ce soit de la nourriture (fruits, légumes,viandes) ou d’autres nécessités (fourrures, plantes médicinales, matières premières).
Puisque le camp de base se déplace près des ressources, celles-ci y sont directement ramenées. Il peut arriver en certaines occasions que les ressources soient traitées sur le lieu de la collecte, mais ce phénomène est rarement observé. Cette stratégie a pour effet de n’engendrer qu’une faible variabilité au niveau des sites archéologiques. Binford mentionne à cet effet que les groupes opérant selon ce mode de subsistance produisent deux types de camps, soit les camps de base {residential base) et les camps satellites {locations). Alors que plusieurs activités se déroulent au camp de base, le camp satellite est un lieu où on pratique des activités d’extraction spécifique (extraction de matière première, lieu de pêche). La variabilité au niveau des assemblages sur des sites de ce type d’occupation est généralement due aux différences entre les divers types d’activités saisonnières.
Chez les collectors, les ressources sont exploitées à un point B pour être rapportées au camp de base, le point A.Binford qualifie cette stratégie de logistique, puisqu’elle demande une organisation plus complexe chez les groupes préhistoriques. Ceux-ci doivent donc organiser des groupes qui ont pour tâche l’acquisition d’une ressource précise (groupe de chasse, groupe de pêche, etc). Ce qui les distingue également des foragers, c’est qu’ils entreposent la nourriture pendant une partie de l’année (Binford 1980 : 10). Il s’agit d’une réponse à une distribution inégale des ressources sur le territoire.
La formation de groupes spécialisés a pour conséquence d’engendrer sur le territoire une variété plus grande de sites archéologiques, soit les camps de base secondaires (field camps), les stations {stations) et les caches {caches). Le camp de base secondaire est un camp d’opération de plus petite dimension que le camp de base principal où le groupe peut dormir et s’installer alors qu’il est à la recherche de ressources.Ils y rapportent les ressources exploitées afin de les traiter dans le but de les ramener au camp principal. Les stations sont des postes d’observation (observation du gibier, observation d’autres individus), alors que les caches sont de petits entrepôts pour la conservation de ressources pendant le séjour ou entre les séjours. Il est à noter que dans certaines occasions, les fonctions d’un site peuvent être doubles; en effet le camp de base secondaire peut également servir de cache ou de station ou encore la station peut servir de cache (Binford 1980 : 12). Comme le mentionne Binford : « Les systèmes d’organisation logistique ont toutes les propriétés d’un système fourrageur et plus. » (Traduit de Binford 1980 : 12). Ceci veut dire qu’il ne s’agit pas de deux pôles distincts, mais bien d’une graduation du plus simple au plus complexe. Il est possible de retrouver de ce fait des systèmes « hybrides », qui se situent entre ces deux extrêmes (Binford 1980 : 12).
Selon Binford, l’usage de l’un ou l’autre système est conditionné par l’environnement.C’est la répartition égale ou non des ressources dans l’espace qui affecte la préférence d’un groupe pour l’usage de l’un ou l’autre système. Le climat est également un facteur déterminant puisqu’il conditionne lui aussi la répartition des ressources et leur acquisition.
Toujours selon la théorie de Binford, le nombre de ressources critiques augmente au fur et à mesure que les écarts climatiques augmentent (Binford 1980 : 18). Donc, plus la saison des récoltes diminue, plus on remarque une augmentation du rôle des stratégies d’ordre logistique.

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Table des matières

RÉSUMÉ 
AVANT-PROPOS 
REMERCIEMENTS
LISTE DES FIGURES
LISTE DES GRAPHIQUES
LISTE DES TABLEAUX 
LISTE DES PHOTOGRAPHIES
INTRODUCTION
CHAPITRE 1
L’ANSE À LA CROIX, UN HAVRE DE REPOS
1.1 TERRE, MERS ET GLACIERS GÉOMORPHOLOGIE ET GÉOGRAPHIE DE L’ ANSE À LA CROIX
1.1.1 De la fonte des glaces à la formation d’un lieu d’habitat
1.1.2 De terre, de sable et de gravier : la formation des terrasses de l’Anse à la Croix
1.2 LA FLORE ET LA FAUNE
1.2.1 La végétation du Saguenay Lac-Saint-Jean, témoin de la rencontre de deux climats
1.2.2 La faune
1.3 L’OCCUPATION PLUSIEURS FOIS MILLÉNAIRE D’UN TERRITOIRE
1.3.1 Le Paléo-indien et VArchaïque
1.3.2 LeSylvicole
CHAPITRE 2 
DES CONCEPTIONS THÉORIQUES DE L’ANALYSE
2 L’ÉTUDE DES ASSEMBLAGES LITHIQUES
2.1 L’ÉVOLUTION D’UNE DISCIPLINE
2.2 ET QU’EN EST-IL DE L’HOMME?
2.3 L’OBJET QUI PARLE :L’APPROCHE TECHNOLOGIQUE
2.3.1 Définition
2.3.2 La pierre angulaire de l’approche technologique:la chaîne opératoire
2.4 ADAPTATION, ENVIRONNEMENT ET CONNAISSANCE DE L’ESPACE
CHAPITRE 3 
MATÉRIALISATION STRUCTURÉE DE LA THÉORIE : LE CADRE MÉTHODOLOGIQUE
3.1 MÉTHODOLOGIE DE COLLECTE DES ARTEFACTS ET ÉCOFACTS SUR LE TERRAIN
3.2 ANALYSE DU MATÉRIEL EN LABORATOIRE
3.3 MÉTHODOLOGIE D’ANALYSE
3.3.1 Les produits de taille
3.3.2 Les outils
3.3.3 Ébauches
3.3.4 Les nucleus
3.3.5 Remontage
SOMMAIRE
CHAPITRE 4
LA MATIÈRE PREMIÈRE : CHOIX ET ACQUISITION
4 DESCRIPTION GÉNÉRALE
4.1 LE CHOIX D’UNE MATIÈRE PREMIÈRE DE QUALITÉ VARIABLE : LE CHERT
4.1.1 Le chert : couleur
4.1.2 Le chert : La texture
4.2 ALTÉRATIONS PHYSICO-CHIMIQUES
4.3 INTERPRÉTATIONS
4.3.1 Caractéristiques physiques : couleurs et textures
4.3.2 Altérations physico-chimiques
CHAPITRE 5
LA CONCEPTION D’UN OUTIL
5 PRÉPARATION DE LA MATIÈRE PREMIÈRE
5.1 PRÉPARATION ET EXPLOITATION DE LA MATIÈRE PREMIÈRE
5.1.1 Les nucleus
5.1.2 Le débitage
5.2 DE L’ÉCLAT SUPPORT À L’OUTIL FINI : LE FAÇONNAGE
5.2.1 La mise en forme des supports
5.2.2 La finition et l’affûtage
5.3 INTERPRÉTATIONS
5.3.1 Activités préparatoires et tendances technologiques dans l’exploitation des nucleus
5.3.2 Activités préparatoires et tendances techniques dans l’exploitation des supports
5.3.3 Activités préparatoires et tendances techniques dans la finition des supports
5.3.4 Traitement thermique
CHAPITRE 6 
LES OUTILS
6.1 CONSTATS GÉNÉRAUX
6.2 LES ÉBAUCHES
6.3 L’OUTIL FINI
6.3.1 Grattoir, vastringue et grattoir/pointe
6.3.2 Racloir
6.3.3 Pièces esquillées
6.3.4 Pointes
6.3.5 Éclats retouchés
6 A RECYCLAGE
6.5 INTERPRÉTATIONS
CHAPITRE 7 
DISCUSSION 
7.1 VALIDATION DES HYPOTHÈSES
7.2 GESTION DE LA MATIÈRE PREMIÈRE
CONCLUSION

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