De l’aliénation à l’individuation

DE L’ALIÉNATION À L’INDIVIDUATION

Apprivoiser le changement : une voie pour être soi

À mi-chemin de cette trajectoire qui est la mienne, plus précisément au coeur de ma trentaine, je prenais conscience de l’urgence de me réapproprier ma vie et son sens. J’ai ainsi créé des occasions multiples pour servir cet objectif. Des différentes expériences que je me suis données à vivre, que ce soit lors d’un voyage en Inde qui fut pour moi initiatique, dans certaines lectures que j’ai faites ou au cours des formations que j’ai suivies, le message principal qui m’a marquée était que tout, absolument tout dans la vie était changement. On n’ a qu’à regarder des photos de nous; de notre naissance à aujourd’hui . On remarque bien à quel point on a changé et, autour de nous, presque tout a changé: les paysages, les villes, la terre, etc. Ainsi vont les lois évolutives du vivant. Tout est en perpétuelle transformation, même si la plupart du temps la lenteur de ces transformations les rend presque imperceptibles, elles nous affectent car nous les vivons organiquement. À la manière du serpent dans ses multiples mues, comme le rappelle avec pertinence Morgan Mario (1995, p. 151), pour ce qui est de l’humain, on ne dira pas qu’ il change de peau, il change de points de vue, de forme et parfois de cadre de vie personnelle et professionnelle. Ce n’est pas toujours un choix, c’est parfois une nécessité, voilà tout.

De toute manière la vie est évolutive. Or, rien de nouveau ne peut survenir là où il n’y a pas d’espace c’est à dire mieux vaut lâcher-prise et aller dans le sens du courant, du changement que de s’agripper pour ne pas changer. Faire face à l’impermanence de toute chose comme disent les Bouddhistes, n’ est donc pas nécessairement chose simple pour l’être humain qui a plutôt besoin de durée et de sentiment de contrôle sur tout pour se sécuriser. C’est peut-être ce besoin de sécurité, qui fait de nous des êtres parfois trop conformistes et conservateurs. Une tendance à se sécuriser qui alimente notre d(difficulté à être soi, à céder au mouvement naturel du devenir permanent. Je crois que ce qui ne change pas naturellement ce sont nos idées, nos pensées, qui ont tendance à délimiter, à séparer pour mieux définir et à fixer. C’est sous cette impulsion que nous arrivons à organiser un «être au monde» parfois illusoire, qui veut nous faire croire qu’on peut arrêter le changement, ou du moins le contrôler. Nous devenons ainsi des consommateurs de plus en plus inconscients de petits produits miracles, qui sont supposés nous aider à nous battre avec acharnement contre l’âge, le vieillissement de nos corps, l’ usure de nos objets etc. Nous finissons naïvement par croire que nos multiples assurances et garantis nous protègent contre l’évolution naturelle de la vie, qui va immanquablement vers un changement de forme perpétuel, voire même contre la mortalité.

Ainsi, suite à l’observation de ma propre vie et de la vie de mes clients, je constate qu ‘ accompagner un processus d’individuation, ne peut pas faire l’économie de la question de notre rapport au changement. Que ça nous plaise ou pas, tout change. C’ est ainsi que la question de l’ accompagnement des processus de transformation et d’individuation est devenue une priorité dans ma vie personnelle et professionnelle. Dans le cadre de cette recherche, quand nous parlons du processus d’individuation nous faisons référence aux travaux de Carl Gustave Jung qui nous présente l’individuation en ces termes : « La voie de l’individuation signifie: tendre à devenir un être réellement individuel et, dans la mesure où nous entendons par individualité : la forme de notre unicité la plus intime, notre unicité dernière et irrévocable, il s’agit de la réalisation de Soi, dans ce qu’il y a de plus personnel et de plus rebelle à toute comparaison. On pourrait donc traduire le mot d’«individuation» par «réalisation de soi-même », « réalisation de son Soi ». Carl Gustave Jung (1946 ) p. 111. Or, on sait bien que dans presque toutes les sociétés, l’éducation première, celle que donnent les parents et la plupart des institutions éducatives, vise à socialiser les enfants en vue de les préparer à fonctionner d’une façon acceptable dans la société. C’est ainsi que nous apprenons le conformisme avant la différenciation, l’obéissance avant l’ affirmation.

Cette éducation première vise aussi à constituer un moi assez solide qui sera plus tard capa8 ble de relever le défi de l’individuation. Car s’individuer c’est aussi avoir le courage de faire face à la désapprobation probable de notre environnement. En effet, il ne faut pas tomber dans le piège des interprétations, à mon avis erronées, de certaines approches spiritualistes qui condamnent «l’ego» ou «le moi», sous prétexte qu’il limite nos capacités de nous unir au Grand Tout, en oubliant qu’avant de s’ouvrir à la Totalité il faut commencer par exister et par construire ses propres frontières, même si elles restent mouvantes. Au cours de cette première entreprise éducative, comme nous le dit Jean Monbourquette (1997) p. 42) «A1ors que le moi, persona s’efforce de s’adapter à la société ambiante; le moi intime, de son côté, perd de l’importance.» Parfois, toujours selon Monbourquette (1997), par maladresse ou par ignorance les éducateurs non avisés se préoccuperont davantage de discipliner la conduite de l’enfant au détriment de son être intime.

Ou encore, l’humain étant comme il est, l’enfant pourra constater chez ses parents ou ses autres éducateurs des comportements incohérents, ce qui va avoir un impact néfaste sur le développement normal de son moi social, appelé aussi la persona. Plutôt que de développer plus d’adaptation à son environnement, l’enfant développera un faux-moi, une fausse persona comme dirait Jung, chargé de le protéger d’un monde vécu comme étant principalement hostile (Monbourquette, 1997, p. 44). C’est dans cette distorsion du développement humain qui produit le faux-moi que la plupart d’entre-nous perdront leur spontanéité, leur authenticité et leur confiance en eux, en la vie et en l’autre. Des mécanismes de dévalorisation de soi, ainsi que la malsaine habitude de se référer toujours à l’extérieur de soi prendront alors racine dans nos êtres. Nous perdons ainsi contact avec notre profondeur, nous nous perdons. C’est à la suite des crises occasionnées par cet éloignement de soi que le processus d’ individuation va s’imposer comme un incontournable pour retrouver une vie saine et sensée.

Apprivoiser le changement: une question de survie individuelle et collective Écrasé, étouffé, réprimé, malgré qu’il soit bien socialisé, l’ adulte en mauvaise santé physique, psychique et spirituelle, sent que sa survie personnelle et parfois même celle de sa carrière ou de sa famille est menacée. Souvent, il vit un sentiment d’échec après des efforts incessants à essayer de faire ce qu ‘ il faut, sans pour autant en être profondément satisfait La vie devient alors un combat; naturellement, il entre en lutte ou se laisse mourir. Si une forte pulsion de vie comme disait Freud se réveille, il pourra alors tuer ou fuir, se tuer ou se fuir. Ce sont des comportements naturels de survie et de peur. C’est aussi le début d’une horrible galère. Il est pertinent ici de se demander s’il y a moyen de se préparer à une troisième voie, celle du milieu qui consisterait à apprendre de son expérience, à devenir disciple de sa vie comme le dit avec justesse Yvan Amar ( 2005), en s’engageant consciemment dans un processus d’individuation. De retour d’ un séjour de chez les aborigènes d’Australie, Morgan Mario (1995) tente de nous expliquer ce phénomène de peur d’être comme un phénomène d’époque et de société.

Comparant nos sociétés modernes aux aborigènes, à leurs croyances et à leurs modes de vie, elle affirme que nous sommes en mutation pour souligner peut-être l’inachèvement de notre espèce et ce qu ‘ on peut appeler l’aliénation ontologique dans notre modernité. Elle souligne cet oubli de qui nous sommes en ces termes : « [ … ] la grande différence entre les humains de notre époque et ceux des origines, c’est que les Mutants sont habités par la peur. Les Mutants menacent leurs enfants. Ils ont besoin de sanctions pénales et de prisons. Même la sécurité des gouvernements est fondée sur la menace armée envers les autres pays. Pour la tribu, la peur est une émotion du royaume animal où elle joue un rôle important dans la survie. Mais si les humains connaissaient l’Unité divine et comprenaient que l’univers n’est pas le fruit du hasard mais un plan en cours de déploiement, ils ne pourraient pas avoir peur. Ou vous avez la foi, ou vous avez peur, mais vous ne pouvez avoir les deux.» (p. 224) Il ne faut pas entendre ce beau plaidoyer pour la foi comme un retour nostalgique à une quelconque religiosité, mais dans le sens de John Dewey, cité par Abraham Maslow (2004, p.83) qui affirme que : « L’action enfaveur du bien est mue par lafoi en ce qui est possible, et non par l ‘adhésion à ce qui est».

Quand je pense à mon propre cheminement, je trouve que l’apprentissage de l’ouverture à tous les possibles ne m’ est pas toujours simpie. La tendance à prendre refuge dans ce qui est déjà advenu, dans ce que je connais déjà me guette toujours et me fait oublier parfois tout ce qui peut encore advenir. Aussi, dan s ma pratique professionnelle, je constate que les gens que j ‘ accompagne se heurtent à la même difficulté. On a tellement été habitué à faire ce qu’on nous demande de faire ou à s’ y opposer systématiquement, qu’on finit par ne plus savoir ce qui est bon ou pas bon pour nous, à être gêné de ce qu’on pense, de ce qu’on fait, de ce qu’ on ressent et enfin de qui on est. On est alors mal dans sa peau. C’ est dans ces moments qu’ une démarche de retour à soi s’impose, un engagement dans un processus d’ individuation. Cependant, personne ne sait en partant comment s’y prendre. Dans de telles crises, nous avons tous besoin d’être accompagné même si la responsabilité du processus incombe à chacun dans l’intimité de sa vIe..

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE PREMIER PROBLÉMATIQUE : OU DE LA NAISSANCE À LA DIFFICULTÉ D’ÊTRE SOI
1.1 Pertinence personnelle : l’aventure d’être soi, tout un défi
1.1.1 Apprivoiser le changement : une voie pour être soi
1.1.2 Apprivoiser Je changement : une question de survie individuelle et collective
1.2 Pertinence professionnelle : accompagner l’autre dans son devenir
1.2.1 S’accompagner : une responsabilité individuelle et collective
1.3 Pertinence sociale et scientifique
1.3.1 L’accompagnement en médiation corporelle.
l A Ori gi nal it é de 1a recherche
1.5 Probl ème de recherche
1.6 Question de recherche
1.7 Objectifs de recherche
CHAPITRE 2 MÉTHODOLOGIE
2 Introduction
2.1 Fondements de la recherche heuristique
2.2 Les caractéristiques de la recherche heuristique
2.2.1 La méthode heuristique : un choix cohérent avec mon objet d’étude
Le processus dans la recherche heuristique
2.4 Mes outils méthodologiques
2.5 Les étapes de mon exploration
2.6 L’analyse des données
CHAPITRE 3 RÉCIT DE VIE : DE L’ALIÉNATION À L’INDIVIDUATION
3 Introduction
3.1 De l’aliénation et du déterminisme
3.1. 1 La crise d’adolescence
3.1.2 Ma vie de jeune adulte
3.2 Début du processus d’individuation
3.2.1 Expérience maternelle nouvelle
3.2.2 Difficultés face au changement
3.2.3 Les formations en massage et les approches énergétiques :
3.2.4 le renouvellement du rapport au corps
3.2.5 Un grand rêve : un appel , le voyage en Inde
3.2.6 Le retour : Comment incarner ce que j’ai appris?
L’importance de me ressourcer : une quête intellectuelle et de renouvellement
CHAPITRE 4 RÉCIT DE PRATIQUE
4.1 La fasciathérapie
4.1.1 Les principes de la fasciathérapie
4.2 Une rencontre type
4.3 Récits des clients
4.3.1 Premier récit : Le diamant retrouvé
4.3.2 Deuxième récit: S’appuyer sur son corps pour apprendre à s’engager dans la vie
4.3.3 Troisième récit : Découvertes
4.3.4 Quatrième récit : À la rencontre de soi
4.3.5 Cinquième récit : La vie jusqu’aux os
CHAPITRE 5 ANALYSE
5 Introduction
5.1 Mon rapport au corps
5.2 Rapport à l’ amour
5.3 Rapport au vrai
5.4 Rapport à la spiritualité
5.5 Ma pratique
5.6 La Présence
5.6.1 La naissance de La Présence
5.6.2 La Présence et tous les possibles
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE 1: Fiche de recherche.

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