DE LA THEORIE DE LA CONNAISSANCE A LA THEORIE DE LA MORALE CHEZ DAVID HUME

Scepticisme et empirisme chez Hume

   Hume se fixe pour objectif en tant qu’empiriste de revoir et réorganiser les concepts et les constructions intellectuels. Son projet tourne autour de la critique de l’entendement. Ce projet remet en cause le rationalisme, la métaphysique dogmatique et propose de revoir les conditions de possibilité de l’esprit dans le domaine des connaissances. Mais il est important de signaler dès le départ que le scepticisme de Hume n’est pas une méthode mais une conclusion de ses investigations. Dans son projet philosophique, Hume se propose d’étudier la façon dont l’entendement humain fonctionne en essayant de voir les matériaux dont il dispose, la relation entre ces matériaux, l’organisation de ces derniers et les problèmes auxquels l’entendement s’expose. Cela nous permet de voir et de mesurer le scepticisme qui est une conclusion inévitable de la science de l’entendement de Hume. En effet, il faut reconnaitre que la science sceptique de la nature humaine chez Hume comporte deux axes ou volets majeurs. Dans le premier volet, cette science s’intéresse à l’entendement et aux passions et dans le deuxième volet, elle s’intéresse sur le fondement et sur les principes des valeurs morales. En effet, ce qui fait l’unité de ces deux volets, c’est la croyance qu’au fond de l’entendement, on trouve la passion et que cette passion est dynamique et non statique. C’est-à-dire que le fond de la passion est changement et vitalité. Elle est un mouvement ou un défilé incessant et alternatif d’impressions agréables ou douloureuses. On prend souvent le scepticisme comme un pessimisme, un négativisme ou même un nihilisme. On le considère comme un obstacle à la recherche de la connaissance, c’est-à-dire comme attitude en marge de la philosophie. Le scepticisme est depuis longtemps assimilé à une provocation intellectuelle absurde. Mais si la philosophie de Hume est qualifiée de sceptique, il est nécessaire d’éclaircir ou de distinguer le scepticisme de Hume des autres types de scepticisme qui ont nourri ces critiques négativistes. En effet, la philosophie a toujours été considérée comme un skepsis c’est-à-dire qu’elle est non seulement esprit de doute mais aussi esprit d’examen. Mais, il faut reconnaitre que le scepticisme traditionnel ne vise pas à douter ou à examiner pour apporter quelque progrès dans la recherche du savoir ou de la vérité. Si la conception pyrrhonienne du scepticisme c’est douter pour le plaisir de douter et non de tendre vers la connaissance, c’est parce qu’il est convaincu que l’homme en tant qu’être imparfait et d’esprit limité ne peut jamais parvenir à la vérité d’où il ne voit pas la nécessité ou l’intérêt d’entreprendre une quelconque initiative pour rechercher ce dont on ne possèdera jamais. Mais une telle conception du scepticisme est différente de celle de Hume. La pensée sceptique de Hume comme sa philosophie, n’est pas cette pensée facile et paresseuse que tout le monde peut cultiver. C’est pourquoi Kant, dans sa Critique de la raison pure qualifiait Hume comme le plus ingénieux des sceptiques parce que les conclusions auxquelles Hume aboutie dans ses analyses nous mettent devant l’évidence et ébranlent les fondements de nos croyances antérieures. En fait, la pensée sceptique telle que réhabilité par Hume est la plus exigeante de toutes les philosophies critiques. Avec Hume, le scepticisme n’est plus un simple doute mais la conclusion d’un examen critique et minutieux. Le scepticisme moderne de Hume prend tout le contraire du scepticisme traditionnel ou de celui de Pyrrhon qui fait de l’homme un être limité et le rabaisse. Il prend la défense de l’homme en tant qu’être doué de raison et de sentiment capable de créer ou d’inventer ses propres valeurs. En réalité, le scepticisme dont Hume nous fait découvrir peut être considéré comme un instrument de purification de l’opinion ou de la pensée commune et aussi de la pensée scientifique dans la mesure où ce scepticisme de Hume soumet la raison à l’examen et à la critique. C’est peut être cette critique du scepticisme vis-à-vis de la raison qui fait le rationalisme classique s’est montré très sévère à l’égard des sceptiques en général et de Hume en particulier. D’ailleurs, Spinoza considère qu’il n’y avait pas de sceptique, il y avait que des ignorants. En effet, il ne pouvait pas tolérer les sceptiques car il les considère comme des hommes de mauvaise foi. Il les prend aussi pour des aveugles intellectuels. C’est dans ce sens qu’il affirmait que « si quelques sceptiques restaient encore dubitatif sur la vérité première elle-même et celles que nous déduisons selon la norme de la première, ou bien il parlera contre sa conscience ou bien nous avouerons qu’il y’a des hommes profondément aveugles aussi d’esprit, ou de naissance, ou à cause des préjugés. ». Mais il est nécessaire de souligner que Spinoza ne s’attaque pas au scepticisme en tant que méthode mais il l’attaque en que doute, en tant que refus c’est-à-dire une obstination. Par contre, le rationalisme critique va essayer de revaloriser le scepticisme moderne en l’élevant au rang de la philosophie critique et en le reconnaissant comme un progrès de la connaissance de l’esprit humain. En effet, on ne peut pas parler de la revalorisation du scepticisme par les rationalistes sans pour autant parler d’Emmanuel Kant à qui le scepticisme de Hume a le plus séduis. Kant est en réalité le premier philosophe rationaliste à attribuer une place et une dignité philosophique au scepticisme modéré de Hume. Pour Kant le scepticisme de Hume constitue un moment essentiel dans la philosophie critique. Hume a sonné le glas de la rupture de la philosophie moderne avec la métaphysique dogmatique ainsi que le rationalisme dogmatique en général et celui de Wolf en particulier que Kant critiquera sévèrement. Il dit lui-même que c’est Hume qui le réveillera de son sommeil dogmatique et donna à ses recherches une tout autre direction. Il le dit exactement en ces termes dans ses Prolégomènes « Je l’avoue franchement ce fut l’avertissement de David Hume qui interrompit, voilà bien des années, mon sommeil dogmatique et qui donna à mes recherches en philosophie spéculative une tout autre direction». Cette nouvelle direction touchera également son étude de la morale, car, dans les Fondements de la Métaphysique des Mœurs, Kant commence l’élaboration de sa théorie de la morale en réfléchissant sur le sujet de la connaissance rationnelle. Dans un premier temps, il divise la connaissance rationnelle en deux. Par conséquent, on trouve d’un côté la connaissance formelle qui s’occupe de la raison, et de l’autre, la connaissance matérielle qui se rapporte à l’objet. Ainsi, la philosophie formelle serait en somme la logique et la philosophie matérielle compterait la physique et l’éthique, ou la philosophie naturelle et la philosophie morale. On ne trouvera aucune partie empirique dans la logique, alors que l’éthique et la physique auront chacune leur partie empirique. Ainsi, les lois de la physique s’appliqueront selon Kant « à la nature en tant qu’objet d’expérience» et les lois de l’éthique « à la volonté de l’homme en tant qu’elle est affectée par la nature ». Kant considère le scepticisme de Hume comme une découverte qui nous fait voire l’autre face de la médaille. Le scepticisme de Hume est le résultat d’un travail exigeante, ingénieuse et constitue une étape incontournable dans la philosophie critique. Quiconque veut se lancer dans la recherche de la connaissance aussi bien en philosophie qu’en science doit adopter la démarche humienne. En effet, si la philosophie de Kant est considérée comme une philosophie critique comme l’attestent ses ouvrages tels que la Critique de la raison pure, la Critique de la raison pratique, ou encore la Critique de la faculté de juger, c’est grâce à David Hume. D’ailleurs, pour Kant, il n’y a qu’un philosophe sceptique et c’est Hume. Ainsi, Kant accorde une place très importante au scepticisme de Hume. En effet, on atteste à la méthode de Hume une influence remarquable susceptible de provoquer un examen fondamental de la raison. Selon Kant, la censure de la raison effectuée par Hume témoigne une certaine mesure de prudence. Certes Kant loue le travail remarquable effectué par Hume dans le domaine de la connaissance mais il faut noter que Kant ne sera pas d’accord avec lui sur certains principes à savoir l’impossibilité d’une métaphysique que Hume a déclaré dans sa conclusion. Sur ce point, le travail de Kant consistera à réfuter la prétention humienne à tenir pour fiction ou imaginaire l’existence de principes à priori et à n’accepter de principes que ceux engendrés par l’expérience. Donc, ce que Kant gardera comme une stricte vérité dans la philosophie sceptique de Hume, c’est le bouleversement des thèses rationalistes. Kant s’est rendu compte que la raison est impuissante de penser à priori une relation de causalité.

LA THEORIE DE LA MORALE : QUESTION DES FONDEMENTS

   Jusqu’ ici on a vue comment le scepticisme et l’empirisme de Hume se sont déployer à travers sa théorie de la connaissance. Ils constituent le véritable fil conducteur de la pensée de Hume. S’il en est ainsi, on peut voir maintenant comment se manifeste cette doctrine empiriste dans la théorie de la morale humienne. Il serait donc important d’étudier la notion d’individu que Hume va nommer de « agent moral » pour mieux cerner les lois qui le régissent avant de voir les véritables fondements de la morale. Du latin individum, qui renvoie à ce qui est en soi indivisible, à ce qui forme une unité et un tout, l’individu représente un corps vivant formant une entité anatomiquement isolé et autonome. Dans ce sens plusieurs réalités peuvent être considérées comme des individus dès lors qu’elles remplissent cette condition. De nos jours, la notion d’individu est surtout utilisée pour parler de l’être humain biologique. Dumont par exemple définit l’individu humain comme « l’être moral, indépendant, autonome et aussi (essentiellement) non social ». Ainsi, la dimension morale, et celle de la conscience ou de l’intelligence semblent caractériser l’individu humain. Celui-ci se définit également par ses tendances individualistes, quelques fois égoïstes, son aspiration à l’indépendance et à l’autonomie. En cela, l’individu semble s’opposer à la vie en société. D’ailleurs cette vie tout à fait individualiste ou le sujet se montre dans toute sa nature, a été théorisée par Jean Jacques Rousseau et Thomas Hobbes sous l’expression de l’ « état de nature ». Dans cet état de manière générale, l’homme se caractérise par sa subjectivité, son individualisme… . L’homme n’est préoccupé que par la satisfaction de l’intérêt personnel, de ses propres besoins. Cette état de nature semble marqué par une absence de lois, de justice, de devoirs si ce n’est en vers soi-même, de propriétés, bref de morale. Hobbes nous décrit un état où règne une insécurité totale, où chacun agit sous la houlette de son instinct de conservation. On se retrouve dans une anarchie totale, dans la guerre de tous contre tous animée par l’égoïsme et l’intérêt personnel où même le plus fort n’est pas à l’abri. Chacun devient ennemie de l’autre. Ainsi, Hobbes en déduit que l’homme est un loup pour l’homme « homo homini lupus ». En effet, pour Hobbes, cette violence est inhérente à la nature humaine, c’est-à-dire que l’homme est naturellement méchant et égoïste. A côté de cette théorie hobbesienne, Rousseau nous décrit un état presque sans aucune violence où l’homme vie dans une sorte de stabilité paradisiaque. Selon Rousseau, ce qui est à la base d’une telle paix ou d’une telle stabilité n’est rien d’autre que la sympathie, la bienveillance et la pitié qui sont en fait naturelles chez l’homme. Ces derniers termes, sont en réalité des concepts qui se trouvent au cœur de notre sujet. En fait, on y reviendra ultérieurement avec des analyses plus profondes. Ici l’homme est capable de se mettre à la place d’autrui ou de se substituer à autrui pour imaginer la douleur ou la joie qu’il ressent. En effet, malgré la différence qui existe entre ces deux théories, il y’a quelque chose, me semble-t-il, qui les unies. D’une part comme d’autre part, on trouve qu’il n’y a aucun rapport ou aucune relation entre les individus. Ce qu’on peut remarquer en commun entre les deux théories c’est que dans tous les cas, on a un agrégat d’individus. La différence en est que dans la théorie de Hobbes, la satisfaction de l’intérêt personnel se fait dans la violence, dans l’acharnement et dans le harcèlement or que chez Rousseau elle se fait dans la tranquillité et dans la solitude. Par ailleurs, on assistera à une rupture ou à un changement de paradigmes déclenché par je ne sais quel facteur. Mais, on a constaté que dans un cas comme dans un autre, les individus étaient obligés de sortir dans cet état dit de nature pour inaugurer l’état civil ou la vie en société. Alors, ce qu’il faut constater, c’est que la morale n’est possible que lors que deux ou plusieurs consciences se rencontrent et décident de cohabiter ou d’entretenir des relations à moins qu’on ne soit un certain Robinson qui se prescrit à lui-même des lois morales ; ce qui, en réalité n’a aucun sens car, au final, on constate même chez Robinson un puissant désir de rencontrer une autre conscience. C’est dans ce sens que Guyau affirme « Toutes les théories morales même les plus sceptiques… constatent… que l’individu ne pas vivre uniquement pour lui-même. ». En effet, notre sujet est d’une importance capitale car il est au cœur de l’actualité. Aujourd’hui, dans notre société, le problème de la crise des valeurs morales anime les débats religieux et politiques. Ainsi, il serait intéressant de se demander quels sont ses véritables fondements. Est-ce qu’elle est un ensemble de lois pensées rationnellement et qui fait que tous les sujets adoptent le même comportement ou le même jugement devant la même situation ? Ou bien elle est une affaire qui dépend des humeurs ou sensations de chaque sujet ? A ces questions, deux thèses s’affrontent radicalement : la thèse sentimentaliste et la thèse rationaliste.

Le sentimentalisme humien en morale

   Hume a bâti sa philosophie morale sur le même principe que sa philosophie de la connaissance, c’est-à-dire il la construit à partir d’une science de la nature humaine. Il considère que sa philosophie de la morale doit suivre les mêmes principes et les mêmes méthodes que sa philosophie de la connaissance, c’est-à-dire les mêmes mécanismes que les sciences de la nature. La tâche de Hume est d’expliquer la genèse des jugements moraux à partir des actions qui relèvent purement de la nature humaine. Dans le livre III du Traité de la nature humaine, Hume pose une interrogation sur le moyen par lequel nous reconnaissons le vice et la vertu. Ainsi, il écrit « Est-ce au moyen de nos idées ou de nos impressions que nous distinguons le vice et la vertu et que nous décidons qu’une action est blâmable ou louable ? ». Le naturalisme humien inscrit la morale dans une perspective sentimentaliste. En effet, on avait bien souligné en haut que la philosophie morale prend sa source dans sa théorie empiriste. Marchant toujours dans sa logique, Hume soutient qu’à l’instar de la connaissance, la morale n’a pas de fondement rationnel. La morale obéit aux principes de l’empirisme. Donc, il faut nécessairement revenir sur certains point de l’empirisme pour éclairer la théorie de la morale de Hume. Hume considère que toutes les actions de l’esprit sans aucune exception sont des perceptions. Et, comme nous l’avons déjà montré, les perceptions sont divisées en deux classes. D’un côté, nous retrouvons les impressions; et de l’autre, les idées. Dans cette analyse de Hume portant maintenant sur les fondements de la morale, il est question de voir, dans quelle classe dérivent les distinctions moraux. Il faut se rappeler de ce qu’on a dit du senti et du penser. Le senti renvoie aux impressions et le penser aux idées. Hume dit que «chacun, de soi-même, percevra sans difficulté la différence entre sentir et penser». La pierre angulaire de la conception humienne de la morale se repose sur cette distinction. Pour Hume, il est quand même essentiel de bien distinguer les deux types de perceptions afin comprendre les jugements moraux. Ainsi, elle ne peut se reposer que sur les impressions de plaisir et de douleur qui sont en réalité les seules sources de l’approbation et de la désapprobation morale. Il nous propose une approche empirique de la morale héritée de Shaftesbury, Hutcheson et Butler qui sont les principaux représentants du courant sentimentaliste. Ce sont les philosophes du sens moral qui vont influencer Hume. Hume va s’inscrire dans la même perspective que les sentimentalistes. Ainsi, on peut qualifier la conception humienne de la morale comme un naturalisme ou un sentimentalisme. En effet, il y a un débat houleux qui oppose ces sentimentalistes aux rationalistes tels que Kant, Clarke, Wollaston etc… les premiers soutiennent que la morale s’inscrit dans l’ordre du sentiment qui s’exprime dans l’acceptation ou dans le rejet d’un comportement déterminé et les seconds défendent que la morale est d’une activité purement rationnelle. En s’inscrivant dans la même dynamique que les sentimentalistes, Hume s’oppose au rationalisme moral qui soutient que c’est la raison qui doit nous renseigner immédiatement sur ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire, sur le bien et le mal ou tout simplement sur le vice et la vertu. En effet, pour Hume, la raison n’est rien d’autre qu’une faculté de connaitre ou de discernement. Dans le domaine de l’action, elle joue un rôle passif. Non seulement elle ne peut pas produire aucune action mais aussi elle ne peut pas empêcher aucun désir ou aucune passion de se produire. C’est dans cette même optique que Hume souligne que « la raison est, et elle ne peut qu’être, l’esclave des passions ; elle ne peut prétendre à d’autre rôle qu’à les servir et à leur obéir.». En fait, c’est le sentiment qui est le point de départ de toute action, c’est lui qui est l’élément déclencheur ou bien le propulseur de l’action et non la raison. Le sentiment est le ressort de toute action, de tout jugement que ce soit moral, esthétique etc… . La raison ne peut pas donner l’impulsion à agir. C’est ce qui fait dire à Hume que « l’approbation des qualités morales, très certainement, ne dérive pas de la raison, ou d’une comparaison d’idées ; elle procède entièrement d’un goût moral et de certains sentiment de plaisir et de répugnance qui naissent de la vue et de la contemplation des qualités particulières ou des caractères particuliers. ». En allant dans le même sens que Hume, on peut évoquer aussi Pascal qui dans le domaine de la métaphysique reconnait cette faiblesse de la raison quand il affirme que « le cœur a ses raisons que la raison ne connais point. ». Le cœur pour lui, est le siège des sentiments et il sent les premiers principes. C’est sur ces connaissances du cœur et de l’instinct qu’il faut que la raison s’appuie et qu’elle y fonde tout son discours, en plus ce n’est pas la raison qui met le prix aux choses, nous dit Pascal. Il ira jusqu’à attaquer les rationalistes comme Descartes qui a essayer de démontrer l’existence de Dieu par la raison. Donc, pour Hume comme pour Pascal, les sentiments sont premiers. Ceux qui accordent à la raison le pouvoir de décision ou d’action se trompent nettement. On a bien souligné que la morale est une tendance naturelle. Cela vaut dire que seuls les sentiments peuvent motiver nos actions. Par ailleurs, il faut reconnaitre que la raison joue un rôle important et ce rôle se limite justement à mettre de l’ordre dans nos pensées. Dans le domaine de la morale, l’aptitude de la raison consiste seulement à découvrir la connexion entre les objets qui frappent notre sensibilité en provocant des affections. Tout ce que peut faire la raison dans le domaine de la morale, c’est de lui proposer des moyens comme les éléments d’informations pour la décision à prendre, les moyens possibles pour satisfaire une passion. Aussi, la raison nous fournit les règles et les outils de satisfaire un désir sans juger de la valeur de la fin dont le sentiment seul a la capacité de décider. Cela vaut dire que ce n’est pas la raison qui doit juger si une action est bonne ou mauvaise, elle est incapable de le faire. C’est ce qui implique qu’une passion ne peut jamais être décrétée raisonnable ou déraisonnable. C’est dans ce sens que Hume a dit que « les actions ne tirent pas leur mérite de leur conformité avec la raison, ni leur démérite de leur opposition à son égard (…), les actions par conséquent peuvent être louables ou blâmables, mais ne peuvent être raisonnables ou déraisonnables : par conséquent, louables et blâmable ne sont pas synonymes de raisonnable et déraisonnable. ». Peut-être les passions qu’on pourrait qualifié de déraisonnables ce sont celles qui se portent sur des objets qui n’existent pas ou sur un jugement erroné.

Le rationalisme de Kant comme critique du naturalisme humien

   Comme on l’a vu dans la théorie de la connaissance avec la conception platonicienne, la connaissance relevait totalement de la contemplation. Pour les Grecs, la connaissance n’est rien d’autre que cette recherche intellectuelle qui conduit à la contemplation du monde. Dans l’antiquité grecque, la théorie de la connaissance n’est pas séparable à la théorie de la morale. En effet, la philosophie des stoïciens illustre parfaitement cette liaison entre la connaissance et la morale. Pour les Stoïciens, il y a certain ordre du monde ou cosmos que l’individu doit apprendre à connaitre et à respecter pour retrouver sa place ainsi que son bonheur dans le cosmos. Donc, cette conception antique et médiévale de la connaissance était parfaitement reflétée dans la conception que les Grecs anciens se faisaient de la morale. D’après les enseignements de Luc Ferry, c’est seulement quand l’être humain s’est donné les moyens de contempler l’univers qu’il peut espérer entrer dans une vie bonne. La corrélation entre connaissance et conduite morale est la condition nécessaire pour atteindre le bonheur. Elle est d’autant plus importante pour les Grecs que c’est en fonction de la contemplation préalable du monde qu’il est possible à tout homme de trouver la place qui lui convient. En fait, le souci des stoïciens c’est de savoir ce qu’il faut savoir et ce qu’il faut faire pour être juste envers soi-même et envers le cosmos. La philosophie kantienne se situe dans la lignée de la philosophie stoïcienne. Ce souci des stoïciens est aussi le souci de Kant pour qui la philosophie se résume en quatre questions : Que sais-je ? Que dois-je faire ? Que m’est-il permet d’espérer ? Et qu’est-ce que l’homme ? Mais Kant va divorcer avec cette conception grecque sur la façon d’envisager de la conduite morale. Cette conception fait de la morale une quête de la vie bonne. Ainsi, Kant va opérer une grande révolution non seulement dans le domaine de la connaissance mais aussi dans le domaine moral. Si cette révolution est possible, c’est grâce à David Hume et Kant lui-même la si bien souligné. A ce propos, il dit : «J’avoue franchement; ce fut l’avertissement de David Hume qui interrompit d’abord, voilà bien des années, mon sommeil dogmatique et qui donna à mes recherches en philosophie spéculative une toute autre direction. » En fait, il faut reconnaitre que cette nouvelle direction touche le domaine de la connaissance et introduit une opposition entre Kant et son éveilleur sur les fondements de la morale. Kant commence l’élaboration de sa théorie de la morale en réfléchissant sur le sujet de la connaissance rationnelle. Mais, voyons brièvement d’abord ce qui est le rationalisme. Le rationalisme en philosophie est un courant qui défend que la raison est l’instance suprême de la connaissance par rapport aux sens et à l’imagination. Il incarne une façon de concevoir le rapport entre la raison et les sens en faveur de la raison. Ainsi, à propos de la morale, les rationalistes ont avancé des arguments, des inférences, des conclusions, des preuves pour montrer que la raison est le fondement de la morale. Pour eux, il faut tout ramener à la raison, il faut penser la réalité à l’image de celle-ci car la nature ou le réel est structuré par les mêmes lois que celles de la raison. La raison est l’instance de décision des actions morales. Cela veut dire que les agents agissent en connaissance du bien et du mal. La morale se présente comme un ensemble de propositions reliées par les copules « on doit » et « on ne doit pas ». Mais, c’est ce que conteste Hume car selon lui, on ne peut déduire ce qui doit être d’à partir de ce qui est. C’est en ce sens qu’il dit que « Dans chacune des systèmes de moralité que j’ai jusqu’ici rentré, j’ai toujours remarqué que l’auteur procède pendant un certain temps selon la manière ordinaire de raisonner, établir l’existence d’un Dieu ou fait des observation dans les affaires humaines, quand tout à coup j’ai la surprise de constater qu’au lieu des copules habituelles est et n’est pas , je ne rencontre que de proposions qui ne soient reliées par on doit ou on ne doit pas ». Certains d’entre eux, comme Descartes par exemple, on allait même jusqu’à penser que l’esprit humain possède la connaissance de ces lois de façon innée. En définitif, seule la raison est capable de saisir la réalité et tout doit être justifié rationnellement y compris la connaissance du bien et du mal, autrement dit, la morale. C’est dans ce sens que Descartes affirme que « la sensibilité ne saisirait que les qualités accidentelles et changeantes des choses et l’imagination ne pourrait tout se représenter : seul l’entendement serait représenté (par exemple le caractère étendu d’un morceau de cire). Lui seul pourrait former le concept d’extension ». A travers ces écrits, Descartes fait l’apologie de l’entendement ou de la raison. Ainsi, ce rationalisme, quand on l’applique en morale, il contredit la façon dont Hume voit les choses. Donc, il y a une réelle opposition entre les deux.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1: LA THEORIE DE LA CONNAISSANCE CHEZ HUME
I- Scepticisme et empirisme chez Hume
II- L’étude des impressions secondaires : cas des passions
CHAPITRE II : LA THEORIE DE LA MORALE : QUESTION DES FONDEMENTS
I- Le sentimentalisme humien en morale
II- Le rationalisme de Kant comme critique du naturalisme humien

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