De la nature au tourisme de nature

De la nature au tourisme de nature 

La nature, une définition multiple 

Différents auteurs ont écrit sur la nature. Cependant, définir ce qu’est la nature semble ne pas être une tâche aisée. C. Raffestin, géographe, affirme dans l’une de ses recherches (1996, p. 49), que l’on « ne sait pas ce qu’est la nature mais elle est l’objet de tous les discours, de toutes les nostalgies et de toutes les préoccupations.». Lorsque l’on tente de définir la nature, on se heurte alors à de nombreuses définitions qui ont défilé au cours du temps, la nature étant, comme le dit l’anthropologue JD. Urbain (2004, p. 36), « une idée fluctuante » Il semblerait que toutes les définitions de la nature se complètent pour former un tout. Cependant, le flou laissé dans la définition de ces termes entraîne bien souvent des confusions et des amalgames entre des termes comme ceux de « nature » et d’« environnement », qui pourtant auraient le mérite d’être distingués, du moins pour les étudier séparément. J.-M. Besse, agrégé de philosophie et docteur en histoire, et I. Roussel, docteur en géographie, nous donnent une des conceptions bien souvent admises de la nature, qui est celle de « ce qui ne relève d’aucune action mais advient spontanément à l’existence indépendamment de toute intervention humaine » (J-M. Besse et I. Roussel 1997 , p.64). Cette vision de la nature comme épargnée de l’action de l’Homme est une vision qui persiste encore de nos jours. On parle aussi de la nature avec une « signification métaphysique » (J-M. Besse et I. Roussel 1997 , p. 36) de celle-ci, comme « source et spontanéité profuse des êtres » (J-M. Besse et I. Roussel 1997 , p. 36). La « signification techno-scientifique » (Besse et Roussel 1997, p. 41) de la nature a émergé au XVIIIème siècle, considérant davantage les processus écologiques en œuvre dans ce qu’ils appelleront « nature ». D’autres significations ont alors émergé pour pouvoir permettre à l’Homme de contrôler cette nature et en faire une réponse à ses besoins. S’ensuivront des visions plus utilitaires de la nature comme le montre I. Marieeve (2010, p. 131) « de nature comme bien foncier, la nature devient décor, puis espace, avant d’être reconnue comme le lieu de l’identité et finalement comme un lieu spirituel ». Mais une pensée émerge : celle de durabilité de cette ressource. On commence alors à penser à la préservation de cette ressource en adoptant une « signification éthique » de la nature d’où naissent des « revendications éthiques » de la nature (J-M. Besse et I. Roussel 1997, p.50).

J-M. Besse et I. Roussel (1997, p.85) concluent en définissant la nature comme «tout ce qui dans notre environnement, nous résiste, nous surprend et nous échappe, nous inquiète, nous enchante, toutes les déterminations causales que nous pouvons étudier sur lesquels nous pouvons agir mais que nous ne pouvons pas supprimer ». Cette définition résume bien, la complexité de la nature et sa relation avec l’Homme, et tient compte à la fois des relations recherchées par l’Homme face à la nature et en même temps des lois qui régissent le fonctionnement de celle-ci. Cependant, selon C. Raffestin, (1996, p.50). , « les sociétés ne connaissent la nature qu’à travers l’idée qu’elles se font de son utilisation. Il n’y a pas de connaissance pure de la nature mais une connaissance définie par ce qu’on cherche à en tirer. ». D’autres auteurs vont encore plus loin dans cette notion, tel G. Daudé (1986, p.414) qui affirme que « ce que nous appelons la nature, n’existe en fait que par l’homme et pour l’homme, au travers de la perception qu’il veut bien en avoir et en fonction de ses besoins, voire de ses caprices, du moment. ». Ainsi selon J-D. Urbain, « les uns la voient déjà dans un jardin bien ordonné » (B.Valette 1978, p.37), « d’autres la ressentiront avec le chant des oiseaux, l’odeur du foin ou la brume du matin aux creux d’un vallon paisible » (B.Valette 1978, p.37). D’autres, comme I. Marieeve (2010, p.58) parleront de la nature considérée comme : « une source de bienfaits multiples […] d’identité nationale […] de richesses […] de vie et de sens ». Il semblerait que la nature soit sujette à diverses interprétations. Malgré la confusion qui règne quant à la définition des espaces naturels ou non, il semblerait tout de même qu’un consensus ait été trouvé pour qualifier les milieux sauvages comme des espaces naturels. Bien souvent, ces milieux sauvages vont être associés comme le montre le géographe, orientaliste et philosophe travaillant sur le rapport de l’Homme à son environnement A.Berque (2010, p.589) « à la forêt (silva) et à ses hôtes, les bêtes sauvages et les ermites ». Ces tentatives de définition de la nature nous amènent à concevoir la nature non comme un objet possédant une définition stricte, mais comme un concept dont la définition varie en fonction des rapports que l’Homme entretient avec celle-ci.

Les rapports de l’Homme à la Nature

Dans ce sens, V. Clément et A. Gavoille (1994, p.243) encouragent, plutôt que de chercher une définition à la notion de nature, à « penser non la nature en soi, mais la relation pratique qui, unissant l’homme à la nature, conduit à redéfinir les termes de la relation. ». Dans cette partie, nous analyserons tout d’abord les conceptions générales de la nature montrant que celles-ci reposent bien souvent sur des images de nature. Puis nous analyserons le rapport ville/nature favorisant l’émergence du besoin de Nature de l’Homme devenu de plus en plus citadin.

Vers des images de nature

Les relations entre l’Homme et la nature ont souvent été définies par l’opposition entre la ville et le reste, que l’on nomme « nature ». On a alors longtemps considéré la ville comme destructrice de nature. Celle-ci a été qualifiée comme étant malsaine, laide, banale, face à un nature représentant « la beauté et l’harmonie. » Cavin, Ruegg et Carron, (2010, p.116). La nature a alors souvent été exclue de la ville dans les représentations bien souvent admises de l’idée de nature, comme le montre la géographe, N. Mathieu (2000, p.170) à travers cette citation « la représentation sociale dominante est donc bien que, dans ses formes majeures, la nature n’est pas présente en ville, qu’il faut se déplacer pour la trouver à la campagne, en milieu rural, en montagne ou au bord de la mer.». Cette perception de perte de nature dans le milieu de vie de l’Homme a été amplifiée par les médias qui accordent plus d’importance aux natures lointaines, comme le montre B. Kalaora (2001) socioanthropologue français. La nature reste le lieu qui attire de part l’imagination qui en est faite. En effet, selon G. Daudé (1986, p. 413), l’Homme « rêve d’isolement, de vie authentique, de quête d’un paradis terrestre ». Selon lui, « la nature séduit lorsqu’elle est exotique, lointaine, donc nouvelle et dépaysante ; elle peut aussi attirer lorsque, dans un milieu de campagne familière et commune, elle présente soudain un caractère d’anomalie » (ibid , p.411). Vont alors se développer toutes sortes de techniques pour attirer les citadins vers une nature présentée telle des « paradis naturalistes » (ibid, p.414). Tout va être mis en œuvre pour évoquer « des îles tropicales et de la forêt vierge » ou un « paradis terrestre », ou, plus accessible, correspondant à un « coin de campagne bucolique idéalisé par la sensibilité romantique » ou encore un « paradis méditerranéen », représenté par « la blancheur du minéral et le bleu héroïque du ciel. »(ibid). L’évocation de ces paradis résulte d’images de nature qui vont être valorisées au détriment d’autres et être vendues aux citadins renforçant la perception de la nature comme objet de désir, source d’imaginaires. Considérant alors l’attrait de la nature se développant autour de ces images, M. Karhunen (2008, p.51) explique que selon lui « il n’existe pas une nature en tant que telle, mais plutôt des natures construites et maintenues d’une manière culturelle (Rosenholm & Autio-Sarasmo 2005, 9) ». On voit ici apparaître le rapport nature/culture dans la définition qui est faite de la nature. Nous constatons que, par son usage de la nature, l’Homme tente de concilier différents enjeux à la fois écologiques, pédagogiques, récréatifs au sein d’un même espace. L’Homme a alors doté cette nature d’infrastructures diverses « tout en faisant croire, par un ensemble d’artifices, que ce qui est ainsi exposé au public est un « espace naturel » (B. Kalaora 2001 , p.10). L’enjeu est alors « de faire croire que l’illusion ainsi produite est la nature sans artifices » (B. Kalaora 2001, p.11-12). Il est possible, notamment à l’aide de « certains types d’images, comme celles d’animaux ou d’espaces sauvages, de maintenir l’image favorable d’un endroit intact et naturel » (Saarinen 2004 , 446), ou, en rendant plus sauvages des espaces qui ne l’étaient pas, de retrouver l’illusion de ces espaces perdus.

Selon G. Daudé (1986, p.410), « comme son origine, « le tour », l’indique, le mot « tourisme » implique un déplacement, un dépaysement, un changement de lieu ». Selon lui, « le tourisme se nourrit ainsi de lieux de visite. Ces lieux de visite potentiels sont, par définition, les sites touristiques, endroits considérés, en fonction des critères du moment, comme privilégiés, comme dignes d’intérêt, comme « devant être vus ». » (ibid, p. 411). Ainsi, comme le montre J-L. Michaud, (1983) les sites touristiques vont accumuler des signes de ce que nous considérons être typique, pour que l’image de nature proposée aux touristes soit conforme aux idées que se font ceux-ci de la nature et répondent aux désirs qu’ils sont venus y trouver. On va construire des modèles de nature, des décors nature, qui correspondent à des images et que l’on peut modifier selon les préférences. L’Homme étant devenu de plus en plus un citadin, le rapport qu’il entretient alors avec la nature a été modifié. S’est amplifié le désir de plus de contacts avec la celle-ci et l’émergence d’un réel besoin de nature, favorisant le développement du tourisme en pleine nature.

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Table des matières

INTRODUCTION
1. Cadre : le programme de recherche NaTour
2. Problématique et hypothèses
I / De la nature au tourisme de nature
I. 1. La nature, une définition multiple
I. 2. Les rapports de l’Homme à la Nature
I. 2.1 Vers des images de nature
I. 2.2 Le rapport ville/nature : un besoin de nature
I. 3. Définitions et pratiques du tourisme de nature
I. 3.1 La tourisme de nature une notion à la définition bien vaste
I. 3.2 Lieux et potentiels de développement du tourisme de nature
II/ Méthode d’analyse du tourisme de nature par les réseaux sociaux
II. 1. Les données TripAdvisor
II. 1.1 Tri des données
II. 1.2 Analyse des données
II. 2. Mise en perspective des commentaires : publications de Center Parcs et autres sources
II. 2.1 Analyse des données de Center Parcs
II. 2.2 Observations de terrain
II. 2.3 Lectures
III/ Center Parcs Des Hauts de Bruyères : nature aménagée, pourtant appréciée des touristes
III. 1. La nature, un des cinq piliers du concept Center Parcs
III. 1.1 Historique et concept Center Parcs
III. 1.2 La nature au sein du domaine Center Parcs des Hauts de Bruyères
III. 2. Une nature en second plan
III. 2.1 Des avis positifs pour l’ensemble du séjour
III. 2.2 Une plus grande importance pour les activités
III. 3. Une considération des touristes pour la nature elle-même
III. 3.1 Le cadre du séjour décrit par les touristes
III. 3.2 Un rapport Homme/Nature apprécié
IV/ Discussion
IV.1. Center Parcs, un regroupement de diverses conceptions de la nature
IV.2. Center Parcs entre tourisme de nature et tourisme en nature
CONCLUSION
Bibliographie

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