Culture des prélèvements de surfaces et de l’air

Culture des prélèvements de surfaces et de l’air

INTRODUCTION GENERALE

Les infections nosocomiales (IN) constituent une situation préoccupante dans le monde entier du fait de leurs morbidités et mortalité élevées, mais également de leur retentissement humain et économique considérable (EL RHAZI, 2007). En hémodialyse, la réalité du risque infectieux a été étudiée par plusieurs publications selon lesquelles les infections nosocomiales y seraient 100 fois plus fréquentes que dans la population générale (BERRADA et al, 2017).
L’implication directe de l’environnement hospitalier dans la survenue de ces infections est discutée et reste difficile à évaluer (BERRADA, 2016). Certains considèrent que son rôle est négligeable, d’autres pensent au contraire qu’il sert de relais dans les transmissions croisées, notamment pour les bactéries à Gram positif (BGP), et que la contamination microbiologique des surfaces favoriserait l’émergence des infections nosocomiales pour les patients les plus fragiles (TALON 1999 ; ADNET et al, 2005). La maîtrise de ce risque est donc un élément important de la prévention des infections nosocomiales (DUMARTIN, 2011).Elle repose sur trois paramètres : l’entretien et une désinfection rigoureuse, réalisée quotidiennement, associés à la surveillance microbiologique (ROUILLON et al, 2006).
Dans le cadre de l’amélioration de la qualité des soins et de la réduction des infections nosocomiales en hémodialyse, une étude a été menée par BERRADA (2016), au centre d’hémodialyse de l’hôpital AL GHASANI de Fès. Elle avait montré une efficacité in vitro de certains désinfectants à base d’ammonium quaternaire et à base de formaldéhyde. Par ailleurs, une validation du protocole in situ visant à démontrer de manière scientifique et documentée, l’efficacité et la reproductibilité des essais expérimentaux devrait être menée.
La validation du processus de nettoyage-désinfection permet en effet de prouver que l’application de ses différentes étapes dans des conditions préétablies, aboutit à une surface ne comportant pas de contamination supérieure aux limites préalablement fixées (LEDOUX CHLOE, 2014).
Dans ce contexte et dans le cadre de notre projet de fin d’études, nous avons mené ce travail intitulé :
« Validation d’un protocole de désinfection des surfaces d’un service hospitalier » Les objectifs ont consisté à :
– Tester le protocole expérimental préalablement établi ,
– Evaluer la procédure de nettoyage ainsi que celle de la désinfection,
– Déterminer la dilution minimale d’inhibition ainsi que le temps minimal de contact,
– Contrôler la qualité microbiologique de l’air,
– Valider le protocole de nettoyage et de désinfection
– Identifier la flore bactérienne retrouvée.

Principales infections nosocomiales

L’étiologie des IN est très variable, selon la région étudiée, le type de service hospitalier et les patients concernés. Quelques catégories d’infections se distinguent néanmoins des autres (ZEROUAL, 2010). On note :
Les infections nosocomiales urinaires : Etant souvent asymptomatique, leur principal facteur de risque est l’existence d’une sonde urétrale (CHAMOUNE, 2009 ; BECHIN et al, 2014), La pneumonie nosocomiale : La pneumonie est une inflammation du parenchyme pulmonaire produite par une bactérie (Pneumocoque) ou par un virus (BECHIN et al, 2014).
Les infections sur cathéter : L’infection sur cathéter est l’une des causes essentielles des bactériémies et des septicémies en milieu hospitalier (CHAMOUNE, 2009).
Les infections du site opératoire : Elles sont caractérisées par la présence de pus ou de nombreux polynucléaires altérés, avec ou sans isolement d’un germe, au niveau de l’incision chirurgicale ou entre l’aponévrose et la peau. Les infections profondes sont caractérisées par la présence des mêmes signes dans la région sous-aponévrotique ou au site même de l’intervention (BRUNBUISSON, 2015).

Facteurs favorisants les infections nosocomiales

Tous les patients ne sont pas égaux devant les infections nosocomiales. La colonisation de certains individus est favorisée par les mécanismes facilitant et garantissant l’accès des agents pathogènes jusqu’au patient voire jusqu’à un organe ou milieu habituellement stérile (BAUDIN, 2012).
Les facteurs de risques se classent en facteurs intrinsèques et en facteurs extrinsèques.
Les facteurs intrinsèques : Ils ne sont pas tous maîtrisables et dépendent de :
– L’âge : Les âges extrêmes sont des facteurs de risque ;
– Le sexe : l’infection urinaire est plus fréquente chez les femmes ;
– Le poids de naissance chez les prématurés : un poids inférieur à 1kg double l’incidence des infections sur les cathéters des nouveaux nés ventilés. Les sujets obèses semblent plus exposés aux infections nosocomiales ;
– La présence d’un déficit immunitaire ;
– La profession : Le risque d’infection nosocomiale est plus grand au laboratoire et dans les services où sont traités les malades contagieux (BECHIN et al, 2014).
Les facteurs extrinsèques: tels que les prothèses, les sondes urinaires, les cathéters vasculaires, les drains, les sondes digestives. En effet, l’infection est favorisée par : – La durée de maintien en place des prothèses et leurs manipulations ; – L’utilisation mal maîtrisée des prothèses ; – Les actes invasifs autres que la chirurgie, comme l’endoscopie (REMEDE, 2003).

 Nettoyage et désinfection

La désinfection constitue l’un des moyens permettant de limiter la transmission des maladies infectieuses. En outre, il est important de choisir les bonnes méthodes de nettoyage et de désinfection. Dans plusieurs cas, il est préférable d’utiliser deux méthodes ou plus pour le nettoyage des surfaces parce que les micro-organismes peuvent s’adapter à toutes les techniques pour survive. Si le nettoyage et la désinfection sont insuffisants, les cellules microbiennes pourraient survivre sur la surface des équipements, développer une résistance et pourraient ainsi causer la contamination de l’environnement (DIDOUH, 2015).

Nettoyage

C’est une opération qui a pour but de rendre physiquement propres les surfaces, en les débarrassant de leurs souillures physiques ou chimiques. Une surface ainsi nettoyée est alors qualifiée de physiquement propre (MANGO, 2005).

 Produits de nettoyage

Ce sont des produits dont la composition est spécialement étudiée pour le nettoyage selon un processus mettant en oeuvre les phénomènes de détergence (MENARD,1998). La détergence est un processus selon lequel les salissures ou souillures sont détachées de leur substrat et mises en solution ou en dispersion. Au sens ordinaire, la détergence a pour effet le nettoyage des surfaces. Elle est la résultante de la mise en oeuvre de plusieurs phénomènes physicochimiques (BARICAULT, 2015).

Facteurs influençant le nettoyage
L’efficacité d’un nettoyage dépend de différents paramètres :
La concentration

La concentration finale d’utilisation du produit est très importante car une dilution trop élevée se traduit par une inefficacité totale. Une concentration légèrement supérieure permet d’atteindre un seuil déterminé pour lequel le produit désinfectant favorise la croissance des micro-organismes. A des concentrations supérieures à ce seuil, mais inférieures à celui optimal, préconisé par le fabricant, se situe la zone dans laquelle la croissance et la multiplication des micro-organismes sont freinées. A ce niveau correspond le phénomène d’accoutumance ou d’adaptation des bactéries à des doses sub-létales de produit. Une souche bactérienne plus résistante peut, dans ces conditions, continuer son développement et envahir le substrat (SALVAT et al, 1995).

 La température

L’action thermique influence sur le résultat qualitatif de l’activité de nettoyage et de désinfection. Cette propriété est recherchée en thermo désinfection (lave bassins par exemple), mais une température trop élevée peut augmenter la toxicité des produits par émanation de vapeurs toxiques.
En règle générale, une augmentation de la température augmente l’activité du produit désinfectant (DUCRUET, 2010).

Temps de contact

Le temps de contact entre le produit et la surface peut être modifié. En effet, si une durée insuffisante diminue l’action bactéricide du produit, celle-ci augmente en fonction du temps de contact. Il pourrait par conséquent être intéressant de prolonger ce laps de temps pendant une heure, deux heures ou plus, en évitant toutefois l’apparition de problèmes de dessèchement de la solution sur les supports (traces) (SALVAT et al, 1995).

 L’action chimique

La méthode et le produit à employer dépendent de la nature de la souillure et de la fragilité de la surface à traiter. À titre d’exemple, une souillure graisseuse nécessitera l’utilisation d’un savon dégraisseur. Il est important de se souvenir que pour optimiser l’action chimique d’un désinfectant, il faut une surface propre (MASSICOTTE, 2009).

 Qualité de l’eau

En effet, les concentrations en agent de nettoyage doivent être adaptées selon la dureté de l’eau. De même la qualité de l’eau influence le degré de propreté obtenu suite au nettoyage. C’est pour cela que les phases de rinçage utilisent le plus souvent de l’eau purifiée (CHLOE, 2014).

CONCLUSIONS, RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES

Au terme de ce travail, nous pouvons conclure que :
Lors du test du protocole expérimental, nous avons noté que :
• La moyenne des dénombrements en UFC pour les témoins est de 14617UFC ;
• Après nettoyage, la moyenne des dénombrements en UFC est de 13090 UFC, la réduction est de 1527UFC ;
• L’application du Désinfectant D1 précédé d’un nettoyage et à la dilution minimale d’inhibition (1/25), la moyenne des dénombrements en UFC est de 12765 UFC la réduction est de 325UFC ;
• L’usage du désinfectant D2 dilué au 1/50 après nettoyage, a montré une moyenne des dénombrements en UFC de 12424UFC, la réduction est de 666 UFC.
• Les bactéries isolées de la surface des points contrôlés sont les Staphylococcus coagulase positive, les Streptococcus sp, les bacilles Gram positif (BGP), et les bacilles Gram négatif oxydase négatif fermentaires (BGN F).
Lors de la validation du protocole de désinfection de surface, nous avons noté :
• Une efficacité très importante du désinfectant D1, la moyenne des dénombrements en UFC est de 11 ,93 UFC, la réduction obtenue après l’étape de nettoyage est de 12623,07 UFC, avec une dilution minimale d’inhibition de 1/12 et un temps de contact minimal de 80 min.
• Une forte action du désinfectant D2, la moyenne des dénombrements en UFC notée après l’étape de nettoyage est de 4,87 UFC, la réduction est de 12630, avec une dilution minimal de 1/25 et un temps de contact minimal de 60min pour la quasi-totalité des genres bactériens.
Le contrôle de l’air a révélé :
• Tous les points d’air ambiant des salles étaient contaminés, soit un pourcentage de 100% ;
• Les cocci à Gram positif ont été les plus fréquents retrouvées, soit une fréquence de 65,82 %, les bacilles à Gram positif (BGP) avec une fréquence de 22 ,16 % et les bacilles à Gram négatif (BGN) à 12 ,02 %.
Ainsi nous suggérons les recommandations suivantes:
• Le respect de l’alternance des désinfectants,

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE 
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
I. Les infections nosocomiales
I.1.Définition
I .2.Modes de transmission des infections nosocomiales 
I.3.Mécanismes de transmission 
I.4.Germes en cause
I.5.Origines des germes
I.6.Principales infections nosocomiales
I.7.Facteurs favorisants les infections nosocomiales
I.8.Epidémiologie des infections nosocomiales
I.9.Conséquences des infections nosocomiales
I.10.Prévention des infections nosocomiales
I.10.1.L’Hygiène 
I.10.2.Isolement 
I.10.3.Mesures spécifiques 
II. Nettoyage et désinfection
II.1.Nettoyage
II.1.1. Produits de nettoyage
II.1.2.Composition des détergents
II.1.3.Types de détergents
II.1.4.Facteurs influençant le nettoyage
II.1.5.Mécanisme de nettoyage
II.2. Désinfection
II.2.1.Désinfectants 
II.2.2. Distinction entre détergents et désinfectants 
II.2.3. Classes de désinfectants
II.2.4.Mécanisme d’action générale
II.2.5. Spectre d’activité des désinfectants
II.2.6.Caractéristiques recherchées des désinfectants
II.2.7. Conservation
II.2.8. Evaluation de l’action antimicrobienne des désinfectants
II.2.9. Etapes de la procédure de désinfection
II.3.Résistance bactérienne aux antimicrobiens
a- Définition
b- Type de résistance
c- Mécanismes génétiques de la résistance acquise
III. Validation d’un protocole de désinfection et nettoyage 
III.1.Généralités
III.2.Conditions pré requises à la validation
III.2.1 Niveau de propreté à atteindre
III.2.2.Qualification des locaux et des équipements
III.2.3.Qualification du personnel
III.2.4. Qualification des agents de nettoyage et désinfection
III.2.5. Qualification du matériel de désinfection
III.2.6.Procédures de nettoyage et de désinfection
III.3. Contrôle des processus de nettoyage et de désinfection
III.3.1. Contrôle des opérations de nettoyage
III.3.2. Contrôle des opérations de désinfection
III.3.2.1Prélèvements de surface et de l’air
1- Prélèvement de surface 
2- Prélèvement d’air 
III.3.2.2.Analyse des prélèvements
III.4.Validation d’un protocole de nettoyage et de désinfection
III.4.1 Plan général de la validation de nettoyage et/ou de désinfection
III.4.2. Etapes de validation d’un protocole de désinfection
III.4.3.Rapport de validation du protocole de nettoyage et de désinfection
III.4.4. Suivi de la validation de nettoyage
III.4.5. Actions correctives
III.4.6. Revalidation
MATERIEL ET METHODES 
I. Type et période d’étude
II. Lieu et points de prélèvements
III. Lieu d’étude
IV. Matériels
IV.1. Matériel et consommable utilisé pour le prélèvement
IV.2. Matériel et consommable utilisé au laboratoire
IV.3. Désinfectants et détergents utilisés
V. méthodes
V.1.Prélèvements, conservation, et transport des échantillons au laboratoire
V.1.1. Prélèvement de surfaces
V.1.2.Prélèvement d’air
V.2.Culture des prélèvements de surfaces et de l’air
V.2.1Prélèvements de surfaces
V.2.2. Prélèvements d’air
V.3.Identification des cultures obtenues sur gélose au sang et sur milieu PCA
V.3.1.Coloration de Gram
V.3.2.Identification biochimique
V.4. Recherche de la dilution minimale d’inhibition et le temps minimal de contact des désinfectants 
V.4.1.Détermination de la dilution minimale cible (CMI)
V.4.2.Détermination du temps minimal d’inhibition (TMI)
V.5.Validation de la procédure de nettoyage et de désinfection
VI. Analyse statistique
RESULTATS 
I.Résultats relatifs au test du protocole expérimental
I.1.Procédure sans nettoyage
I.2 .Procédure avec nettoyage
II.Recherche de la dilution minimale d’inhibition et le temps minimal de contact des désinfectants
II.1. Désinfectant D1 à base d’ammonium quaternaire
II.1.1. Dilution minimale d’inhibition
II.1.2. Temps minimal de contact
II.2. Désinfectant D2 à base de formaldéhyde
II.2.1 Dilution minimale d’inhibition
II.2.2. Temps minimal de contact
III. Résultats relatifs à la validation du protocole de désinfection
IV. Contrôle de l’air
IV.1. Pourcentage de contamination
IV.2. Répartition des germes isolés en fonction de la coloration de Gram
IV.3. Distribution globale des bactéries isolées des prélèvemnts d’air
DISCUSSION
CONCLUSIONS, RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES

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