Critères et méthodes d’évaluation de l’intensité de la dépression majeure

Critères et méthodes d’évaluation de l’intensité de la dépression majeure

L’épisode dépressif caractérisé (EDC) peut être qualifié selon 3 niveaux d’intensité (1) : léger, modéré ou sévère, en fonction du nombre et de l’intensité des symptômes et du degré de dysfonctionnement du patient dans ses activités sociales et professionnelles (Tableau 1). Des échelles d’autoévaluation (par le patient lui même), ou d’hétéro-évaluation (par le médecin), permettent d’évaluer plus précisément la sévérité de ces symptômes. Les hétéroévaluations, réalisées par les médecins, reposent principalement sur l’échelle Hamilton (HDRS : Hamilton Depression Rating Scale) développée et utilisée depuis les années 1950 pour évaluer initialement l’efficacité de la première génération des traitements antidépresseurs dans les essais cliniques (Hamilton, 1960). Cette échelle, utilisée uniquement pour les patients chez lesquels le diagnostic d’un EDC a préalablement été établi, permet d’évaluer les niveaux de sévérité de la maladie. Une autre échelle permet de mesurer les changements de l’état dépressif de sujets traités par antidépresseurs. Il s’agit de l’échelle d’évaluation de la dépression de Montgomery et Åsberg (MADRS : Montgomery Asberg Depression Rating Scale)(Montgomery and Asberg, 1979), qui est également utilisée en autoévaluation où elle donne des résultats proches de ceux obtenus par les médecins (Cunningham et al., 2011).

Parmi les autres échelles d’autoévaluation les plus utilisées, on compte le questionnaire sur la santé du patient (PHQ-9 : Patient Health Questionnaire) développé en 1999 (Spitzer et al., 1999), l’Inventaire de dépression de Beck (BDI : Beck Inventory Depression) initialement publié en 1960 et l’inventaire rapide d’auto évaluation de la symptomatologie de la dépression (QIDS-SR Quick Inventory of Depressive Symptomatology Self-Report) publié en 1996 (Rush et al., 2003).

Ces différentes échelles existent sous plusieurs versions, comprenant un nombre variable d’items selon les populations concernées, les domaines évalués (cognitif, affectif, symptômes somatiques et végétatifs et le stade de prise en charge de la pathologie. En effet, certaines échelles sont plus adaptées au dépistage d’un EDC, à la mesure de son intensité ou encore à l’évaluation de la variation d’intensité en réponse à un traitement antidépresseur (Furukawa, 2010).

Prévalence de la dépression dans la population mondiale

Au niveau mondial, le TDM est sans doute le problème de santé mentale le plus répandu et qui engendre le plus de perte de force mentale et physique (débilitant) (Kaltenboeck and Harmer, 2018). De nos jours, et selon l’organisation mondiale de la santé, plus de 300 millions de personnes souffrent de dépression dans le monde (OMS, 2021), ce qui en fait une des causes majeures d’invalidité (Planchez et al., 2019). Des études épidémiologiques montrent que les femmes sont deux fois plus touchées que les hommes par cette pathologie psychiatrique (Sramek et al., 2016 ; Weissman et al., 1993 ; Weissman & Klerman, 1977). Du fait de son intensité modérée à sévère, la dépression peut devenir une maladie grave, capable d’altérer la vie professionnelle et sociale de la personne atteinte. Dans le pire des cas, la dépression peut conduire au suicide. En effet, on estime que le TDM est le trouble mental le plus fréquemment associé au suicide, puisqu’il représente plus de la moitié des cas recensés (Li et al., 2020). Chaque année, on dénote près de 800 000 suicides liés à cette pathologie psychiatrique à travers le monde (rapport OMS, 2012), le suicide étant la deuxième cause de mortalité chez les 15-29 ans.

Facteurs de comorbidité de la dépression

Il existe de nombreux facteurs de comorbidité pouvant interagir avec le développement du TDM. Ces comorbidités sont de nature psychiatrique (Kessler et al., 2003), tels que les troubles anxieux : trouble d’anxiété sociale, agoraphobie, syndrome de stress posttraumatique. Plus de 60% des patients souffrant d’un trouble anxieux développeront une dépression et, à l’inverse, plus de 15% des patients dépressifs développeront un trouble anxieux (Murphy et al., 2004). Les autres comorbidités psychiatriques incluent les troubles impulsifs (trouble obsessionnel compulsif, boulimie, addiction aux jeux d’argent), ou encore les troubles liés à la consommation de substances d’abus et d’alcool (Friedman, 2012). Il existe également des comorbidités d’origine neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer, de Parkinson ou encore de Huntington (Galts et al., 2019), ainsi que des maladies neurologiques comme l’épilepsie (Błaszczyk and Czuczwar, 2016). Certaines pathologies non psychiatriques ayant pour origine le dysfonctionnement d’un organe périphérique, peuvent également favoriser l’apparition de TDM. Ainsi, les affections chroniques comme les maladies cardiovasculaires, le diabète ou des affections pulmonaires sont des comorbidités de la dépression, et un lien bidirectionnel entre la dépression et ces pathologies a été démontré (Bogner et al., 2007; Ducat et al., 2014; Whooley et al., 2008). Enfin, certaines maladies hormonales telles que la maladie de Cushing ou l’hypothyroïdie sont également associées au TDM (Bratek et al., 2015; Fugger et al., 2018). La pléiade de facteurs de comorbidités associés au TDM rend difficile son traitement ainsi que son étude. Déterminer les causes et/ou les conséquences de ce trouble constituent donc un enjeu de santé majeur.

Étiologie de la dépression

Facteurs génétiques

De nombreux travaux ont clairement établi le caractère héréditaire de la dépression, suggérant que certains gènes seraient responsables de l’apparition ou de la prédisposition à développer un TDM. En effet, il a été montré que les descendants de parents souffrant de dépression présentent un risque trois à quatre fois plus élevé de développer un large éventail de troubles mentaux, avec des problèmes de santé, d’éducation et y compris un risque accru de suicide que les personnes nées de parents non déprimés (Avenevoli and Merikangas, 2006; Thapar et al., 2012). Dans la population, certains polymorphismes génétiques ont été identifiés comme possiblement corrélés à une vulnérabilité accrue à la dépression majeure. En particulier, le gène du transporteur SERT de la sérotonine (5-HT) a été l’objet de nombreuses études au début des années 2000 (Caspi et al., 2003). Le promoteur de ce gène peut se présenter sous une forme longue ou courte, et la comparaison des populations porteuses ou non de la mutation génétique montre qu’en cas d’exposition à des évènements de vie stressants, les individus possédant une ou deux copies de l’allèle court développent davantage de symptômes dépressifs ou de tendances suicidaires que les individus homozygotes porteurs de l’allèle long. Cependant, de nombreux polymorphismes géniques ont été également associés au trouble dépressif (pour revue (Flint and Kendler, 2014), soulignant ainsi l’importance de la composante génétique de la dépression. La recherche de gènes de susceptibilité est primordiale afin d’anticiper l’apparition éventuelles EDC et ainsi identifier des personnes dites « à risque ».

Facteurs environnementaux 

Les facteurs externes prédisposant ou déclencheurs de la pathologie incluent potentiellement tous les événements de la vie. L’exposition à un niveau de stress élevé, les antécédents de maltraitance pendant l’enfance (violence psychologique, physique, sexuelle ou négligence) sont considérés comme des facteurs de risque, prédisposant à la survenue précoce et répétée d’EDC persistants (Thompson and Kaplan, 1996; Nanni et al., 2012). De plus, les événements stressants de la vie socio-économique tels que la perte d’un emploi, la perte d’un être cher ou encore une pandémie mondiale sont aussi des facteurs favorisant le développement de la dépression (Keers and Aitchison, 2010; Sinanović et al., 2020). L’abus de substances comme l’alcool ou les psychotropes, sont également des facteurs environnementaux associés à la dépression (Grant and Harford, 1995; Friedman, 2012). Par ailleurs, l’évolution des technologies et l’avènement d’internet ces deux dernières décennies, constituent de nouveaux facteurs environnementaux pouvant mener à une dépression. En effet, l’accès facilité à un grand nombre d’informations et de distractions via internet a augmenté la sédentarité, entrainant davantage de cas d’obésité ou autres pathologies métaboliques (Althoff et al., 2016). Or on sait aujourd’hui que ces troubles métaboliques sont étroitement liés à la dépression (Mansur et al., 2015). Ainsi l’alimentation, mais aussi le manque d’activité physique, sont des facteurs favorisant le développement de troubles dépressifs (Lopresti et al., 2013).

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Table des matières

INTRODUCTION
I. Généralités
I.1 Historique
I.2 Symptomatologie
I.3 Critères et méthodes d’évaluation de l’intensité de la dépression majeure
I.4 Prévalence de la dépression dans la population mondiale
I.5 Facteurs de comorbidité de la dépression
I.6 Étiologie de la dépression
I.6.1 Facteurs génétiques
I.6.2 Facteurs environnementaux
II. Modélisation de la dépression
II.1 Les critères de validité
II.2 Les principaux modèles animaux de dépression
II.3 Le modèle d’exposition chronique à la corticostérone
II.3.1 Principe du modèle
II.3.2 Critère de validité apparente
II.3.3 Critère de validité de construction
II.3.4 Critère de validité prédictive
III. L’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien
III.1 Réponse physiologique à un stress aigu
III.2 Altérations associées à la dépression
IV. Altérations anatomo-fonctionnelles associées à la dépression
IV.1 Hypothalamus
IV.2 Cortex préfrontal
IV.3 Amygdale
IV.4 Le striatum ventral
IV.5 L’Hippocampe
V. L‘altération de la neuroplasticité au cœur de la pathologie dépressive
V.1 Définition
V.2 La neurogenèse hippocampique adulte
V.3 Relation réciproque entre la neurogenèse hippocampique adulte et la dépression
V.4 La balance excitation/inhibition
V.4.1 Les neurones excitateurs
V.4.2 Les neurones inhibiteurs
V.4.3 La matrice extracellulaire des interneurones GABAergique PV+
CONCLUSION

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