Crise existentielle et identitaire ou processus progressif?

Crise existentielle et identitaire ou processus progressif?

La cnse du vieillissement se situe au moment où les désirs se confrontent aux incapacités (Herfray, 2007). Ainsi, une différence entre ce que l’on veut et ce que l’on peut réaliser est à la source de conflits intrapsychiques importants. Cette crise peut être multiple et d’ intensité variable en fonction de l’ histoire de chaque individu. Elle peut révéler la personnalité du sujet qui va subir des pertes et des gains. Avec l’ avancée en âge, il y a plus de pertes que de gains nécessitant inévitablement des remaniements des rapports objectaux et des identifications ainsi que des deuils (Herfray, 2007). Bergeret-Amselek (2009) parle également d’un remaniement identitaire plus ou moins douloureux qui se produirait en approchant des 70 ans avec un travail de deuil important. Ainsi, la personne âgée va subir une crise due à un échec adaptatif lié à l’accumulation des pertes qui vont entrainer des modifications dans l’ interaction avec le milieu extérieur (Cariou, 1995).

Les pertes peuvent être de différents types notamment physiques (sensorielles, motrices), du statut social, de proche aboutissant à de multiples deuils. Les modifications corporelles propres aux sujets âgés peuvent être vécues comme une perte de repères et réveiller certains évènements de vie jusque-là considérés comme anodins ou au contraire provoquer une perte de sens de choses jusque-là importantes aux yeux de la personne (Bergeret-Amselek, 2009). Les réflexions sur soi-même, ses valeurs, son histoire permettent ce remaniement identitaire avec un sentiment de continuité. Un processus d’adaptation et de remaniement de l’ identité est ainsi à l’oeuvre au cours du vieillissement (Cariou, 1995). Dans le sens d’une crise identitaire, Bergeret (1982) indique que la cnse du vieillissement serait comme une deuxième crise d’adolescence. Pour l’auteur, les remaniements des investissements narcissiques et objectaux (abordés plus en détail ultérieurement) ainsi que et la remise en question des intégrations antérieures à l’oeuvre pendant la sénescence l sont comparables à ceux de l’adolescence. La problématique affective et relationnelle semble être conflictualisée de la même manière à ces deux temps de la vie, mais avec un mouvement pulsionnel inversé. Cette crise est nécessaire afin d’élaborer de nouveaux modes de fonctionnement en accord avec la réalité tant psychique que physique et aussi afin d’ éviter les répétitions. Sinon l’ individu risque de tourner en rond autour de préoccupations de plus en plus étroites et de se diriger vers une mort lente (Bergeret, 1982).

Structures de personnalité et vieillissement.

En se basant sur la notion de structure décrite par Freud (1932) avec la célèbre métaphore du bloc de cristal l , une fois son développement acquis (après l’adolescence), la structure de l’appareil psychique est immuable et stable. Le mode de fonctionnement de la structure peut varier à condition qu’il reste dans les limites imposées par cette même structure (Bergeret, 1982). Il peut donc y avoir des compensations ou décompensations du fonctionnement psychique de l’individu au sein de sa structure. L’appareil psychique peut être perçu comme un système qui évolue en fonction de ses interactions avec la réalité externe. Ces interactions peuvent être conflictuelles et engendrer des transformations et des différenciations (Cariou, 1995). Dans ce sens, Talpin (2005) décrit la crise de la sénescence, qui est grandement influencée par la perspective de la mort, comme une crise dans la structure, et non pas de la structure. Cette crise pousse à des modifications tant externes (sociales, corporelles) qu’internes (identité, symbolisation, deuils). La structure ne change pas avec l’avancée en âge, par contre, les défenses, moins rigides que la structure, peuvent se modifier (Bianchi, 1987). Certains traits de personnalité peuvent s’estomper alors que d’autres deviendraient plus importants. Ainsi, avec le vieillissement, les syndromes anxieux et phobiques peuvent s’améliorer, les troubles obsessionnels peuvent s’ atténuer, les conversions hystériques peuvent régresser, mais la structure reste constante (Bianchi, 1987). Par ailleurs, Péruchon (2002, 2005) rapporte une « dépsychisation » avec l’avancée en âge ainsi qu ‘une « usure » de l’appareil psychique et des limites intérieures/extérieures notamment pour expliquer les démences et les idées délirantes tardives chez des sujets névrotiques.

Talpin (2005) se questionne également sur le mode de fonctionnement psychique des personnes âgées qui présentent pour la première fois de leur vie des décompensations d’ allure anaclitique ou psychotique (dépression avec discours de type abandonnique, délire de persécution, hallucinations). Dans sa clinique, l’auteur constate que trop souvent le diagnostic d’état limite (selon la conception de Bergeret par rapport à l’angoisse d’abandon marquée) est donné à des sujets âgés lors d’ une entrée en institution. Ce diagnostic ne correspondrait pas au cheminement et au parcours de vie de ces sujets âgés en souffrance. Cet auteur propose plutôt que les compensations jusque-là utilisées ne tiennent plus du fait des atteintes liées au vieillissement et que les difficultés s’expriment sur un mode psychopathologique qui ne permet pas toujours de présumer de la structure de personnalité sous-jacente. Talpin précise que cette crise n’est souvent plus uniquement intrapsychique tant elle peut mobiliser l’entourage, l’ environnèment. Enfm, s’ il y a décompensation, celle-ci se fera selon des lignes de fractures prédéterminées ou latentes déjà présentent dans la structure et pas forcément visibles auparavant. Sinon, à l’ issue de cette crise, il pourra y avoir un réaménagement interne dans la structure.

Cet auteur propose alors un nouveau point de vue sur la structure du sujet vieillissant. Ayant observé l’ importance du cadre (thérapeutique, institutionnel, familial…) dans sa clinique auprès de personnes âgées, il met en avant l’ hypothèse novatrice qu’ il n’y ait pas qu’une structure, mais plusieurs structurations psychiques en fonction des cadres dans lesquels l’ individu évolue. « La prise en charge de sujets âgés nous conduit donc à affirmer que la structure du sujet est pluriel, qu ‘elle n’est pas qu ‘ intrapsychique, mais aussi interpsychique dans ses modes de construction comme dans ses modes d’actualisation. » (Talpin, 2005, p. 21). Cet auteur apporte de nouvelles nuances sur la notion de structure bien qu’il ne fasse pas consensus. En défmitif, on peut comprendre que certains traits de personnalité dans une structure donnée tout comme certains mécanismes de défense vont davantage se développer ou s’ exprimer selon les situations ou cadres auxquels la personne est confrontée. Ces traits pouvant être plus ou moins éloignés du noyau structural de base du sujet démontrant soit une certaine richesse et diversité du psychisme (forme d’adaptation) soit une régression plus archaïque (recours à des modes de fonctionnements antérieurs). Toutefois, ces aménagements permettent au sujet de continuer à fonctionner.

Pulsions et angoisses liées au vieillissement. Définitions: pulsions, angoisse et mécanismes de défense selon Laplanche et Pontalis (1967). Les pulsions correspondent à un processus dynamique qui consiste en une poussée dotée d’énergie qui pousse au mouvement. Cette force fait tendre l’organisme vers un but. Il y a différent type de pulsions, les deux grandes catégories sont les pulsions de vie et les pulsions de mort. Les pulsions de vie comprennent les pulsions d’autoconservation et les pulsions sexuelles (aussi appelé libido) qui visent à maintenir ou perpétuer la vie. Elles se manifestent notamment dans les relations d’objet. Les pulsions de mort s’ opposent aux pulsions de vie, elles tendent à la suppression de toutes tensions, au retour à l’ inanimé. Dans un premier temps, les pulsions de mort seraient orientées vers l’ intérieur (menant à l’autodestruction). Puis, dans un second temps, elles seraient tournées vers l’extérieur notamment sous la forme de pulsions d’agressives.

La notion d’angoisse correspond à une réaction du sujet lorsqu ‘ il se retrouve dans une situation où il est soumis à un flot trop important d’excitation (que ce soit externe ou interne) qu’ il est incapable de contenir. L’angoisse deviendrait pathologique lorsqu’elle est associée à une souffrance ou si elle a des conséquences néfastes sur le fonctionnement global du sujet. Enfm, on ne peut parler de pulsions et d’angoisse sans aborder les mécanismes de défense et la mentalisation qui sont, en quelque sorte, des processus servant à leur gestion. Les mécanismes de défense sont des processus inconscients qui servent à réduire ou supprimer les éléments susceptibles de mettre en danger l’ intégrité de l’ individu. Les défenses sont utilisées par le Moi pour se protéger lui-même notamment des pulsions. La définition de la mentalisation ne fait pas consensus selon les différents courants (français, anglais ou américain). Cependant, on peut la considérer comme une activité mentale qui transforme les pulsions, les angoisses et les affects en représentations mentales et symboles plus élaborés (De Tychey, 2012). Si la mentalisation fait défaut, il y a un risque de somatisation (expression par le corps), d’agir (acte), d’agressivité ou de dépression (Ranty, Machemy, & Nubukpo, 2010).

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Table des matières

Sommaire
Liste des tableaux
Remerciements
Introduction
Contexte théorique
Aspects psychodynamiques du vieillissement
Effet du temps sur la personnalité
Traits de personnalité, troubles de personnalité et vieillissement
Crise existentielle et identitaire ou processus progressif?
Structures de personnalité et vieillissement
Effet du temps sur le fonctionnement psychique
Pulsions et angoisses liées au vieillissement.
Définitions: pulsions, angoisse et mécanismes de défense selon La planche et Pontalis (1967)
Pulsions et vieillissement : organisation et devenir
Les différents types d’angoisse liée au vieillissement
Relation d’objet et narcissisme du sujet vieillissant.
Définitions: relation d’ objet et narcissisme
Devenir du narcissisme et des relations d’ objet
Vieillissement et dépression
Pertes, deuils et affect dépressif chez le sujet âgé
Élaboration de la perte
Le travail du deuil
Spécificité de la dépression chez le sujet âgé
Origines
Influence de la personnalité
Symptomatologie clinique
Les différents types de dépression chez les ainés
Dépression masquée
La somatisation, l’ hypocondrie et le syndrome de glissement
La somatisation
L’hypocondrie
Le syndrome de glissement
Vieillissement et dépression au travers du test de Rorschach
Intérêt du Rorschach auprès des ainés
Utilisation du Rorschach pour évaluer les symptômes dépressifs
Indicateurs en clinique adulte
Indicateurs chez les personnes âgées
Évolution des recherches
Objectif
Méthode
Description des participantes
Recrutement
Sélection des participantes
Instruments de mesure
Mini Mental State Evaluation (MMSE)
Beck Depression Inventory II (BDI-II)
Répertoire des évènements de vie (ELQUEV)
Test de Rorschach
Déroulement
Résultats
Réduction des données
Fragilités narcissiques
Relations d’objet
Affects et capacités de mentalisation
Présentations des résultats
Premier cas clinique : Mme A
Présentation de la participante et événement de vie
Fragilités narcissiques
Relations d’objet
Affects et capacités de mentalisation
Deuxième cas clinique: Mme L
Présentation de la participante et événement de vie
Fragilités narcissiques
Relations d’objet
Affects et capacités de mentalisation
Troisième cas clinique: Mme C
Présentation de la participante et événement de vie
Fragilités narcissiques
Relations d’objet
Affects et capacités de mentalisation
Différences et similitudes
Discussion
Discussion des résultats obtenus
Profil des participantes
Synthèse de l’analyse des trois cas
Retombées cliniques de la recherche
Forces et limites de la recherche
Conclusion
Références
Appendice A. Certificat éthique
Appendice B. Formulaires de consentement
Appendice C. Verbatim et résumés formels

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