Creativite linguistique et lexicale dans douceurs du bercail et festins

La littérature se définit comme l’ensemble des productions littéraires d’une nation, d’un pays, d’une époque. Ainsi, de ces productions littéraires, on peut retenir le roman, le théâtre, la poésie etc. Mais c’est le roman, de par ses caractéristiques qui se rapproche plus de la vie humaine. Le roman négro-africain, dans son évolution a connu trois grandes périodes. En effet, l’écriture change d’une époque à une autre. Alors la langue n’est plus utilisée de la même manière par les écrivains des différentes époques.

-Dans la première période 1920-1945 appelée aussi période de consentement ou de participation. Les écrivains de cette période essayaient de plaire à la limite de satisfaire le lectorat français. Ils chantaient la « douce France », nous avons l’exemple de Bakary DIALLO dans Force Bonté paru en 1926. Ces écrivains aussi essayaient de concilier l’identité culturelle de l’Afrique et celle de l’occident, on a l’exemple de Karim d’Ousmane SOCE publié en 1935.

– La deuxième période 1945-1960 coïncide avec l’engagement. De ce fait, les écrivains de cette époque dénonçaient le système colonial répressif où le noir occupe une place pas du tout enviable. C’est le cas du Vieux Nègre et la Médaille de Ferdinand OYONO Paru en 1956.

-La troisième période 1960 à nos jours c’est celle des indépendances. Les romanciers critiquaient les nouveaux dirigeants plus malhonnêtes que les colons et leur abus sur le pouvoir. Les Soleils des Indépendances d’Ahmadou KOUROUMA paru en 1970 est un bon exemple pour illustrer cette partie.

Dans cette période, il y’a également la naissance de la littérature féminine : on peut citer Aminata SOW FALL, Mariama BA et entre autres. Une nouvelle forme d’écriture prend naissance avec une liberté dans la création romanesque.

Les écrivains dans leurs écrits, font beaucoup de créations, ils libèrent la langue française et font ce qu’on appelle une appropriation de cette dernière. Ainsi, au plan de la création linguistique et lexicale le souci d’appropriation de la langue française anime tout un groupe d’écrivains : la création formelle se mêle à la création sémantique. Les écrivains sénégalais produisent avec la langue maternelle et celle occidentale. De ce fait, des changements formels et sémantiques s’opèrent dans leurs productions. C’est dans ce contexte que s’inscrit notre sujet de recherche portant sur la créativité linguistique et lexicale dans Douceurs du bercail (Dakar/ Abidjan, Editions Khoudia/NEI, 1998) et Festins de la détresse (Editions d’en bas, 2005 Khoudia, Or des Fous/ Presses Universitaires d’Afrique) d’Aminata SOW FALL, romancière sénégalaise. Le roman n’est plus ce qu’il était c’est-à-dire engagé mais un genre où les romanciers tentent de montrer leur culture et aussi leur africanité.

Définition du Sujet

Chaque communauté, pour se comprendre a besoin d’une langue pour communiquer. Et la langue selon Ferdinand De SAUSSURE se définit comme un code en entendant par là, la mise en correspondance entre des « images auditifs » et des « concepts ». Autrement dit, elle est un système de signes qui permet à une communauté de communiquer et de se comprendre.

Le Sénégal comme nous le savons est un pays avec une diversité culturelle et ethnique. Donc le Sénégal a son sein six langues nationales codifiées à savoir le Diola, le Mandingue, le Pulaar, le Sérère, le Soninké et le Wolof. Mais l’ethnie wolof qui ne représente que 36% de la population sénégalaise, est parlée et comprise par plus de 80% de cette dernière. On note alors une vigoureuse expansion du wolof sur les autres langues nationales et c’est ce qui lui donne le statut de langue véhiculaire entre sénégalais.

Néanmoins à cette diversité ethnique, le Sénégal a connu une nouvelle langue pendant la colonisation. Cette dernière, c’est le français, mais malgré son statut de langue étrangère et seconde est la langue de l’école. Elle est enseignée dès le primaire. Le français devient donc la langue de l’administration, de l’autorité, de l’Etat en un mot la seule langue qui peut ouvrir les portes de la promotion sociale. Ainsi, le Sénégal se trouve dans une situation sociolinguistique de multilinguisme. Cela s’explique par le contact des langues nationales avec le français. Mais nous pouvons dire de plus juste une situation sociolinguistique de bilinguisme car c’est la langue wolof qui côtoie le plus le français et elle est par son expansion la langue véhiculaire des sénégalais. Donc le Sénégal se trouve dans un phénomène de diglossie, le wolof, dans la réalité quotidienne essaie d’occuper le même statut que le français mais le français est la langue privilégiée, car c’est la langue de l’Etat.

Sur le plan littéraire, les écrivains africains notamment sénégalais utilisent la langue française dans leur texte, mais à leur manière avec la libération de cette dernière. On peut même dire que les romanciers sénégalais dans leur grande majorité légitiment dans leur texte cette tendance à wolofiser le français. (DAFF, Moussa « Appropriation du Français, particularités lexicales et indices de territorialité ». C’est ce qui a amené à dire « le français du Sénégal ». Cela sous entend que ce français n’est plus tout à fait celui qui est pratiqué tous les jours en France, à l’école ou à l’université. Mais c’est un français avec des particularités lexicales et régionales. C’est dans cette optique qu’une créativité linguistique et lexicale voit le jour avec nos écrivains plus particulièrement avec Aminata SOW FALL, l’auteur de notre corpus.

LA SITUATION SOCIOLINGUISTIQUE DU SENEGAL

Le multilinguisme

Le Sénégal a hérité de la colonisation une nouvelle langue qui est le français. Le français, langue seconde et étrangère venue d’ailleurs devient la langue officielle de la République du Sénégal comme le précise son article premier de la constitution pendant les indépendances en 1960.

Mais nous ne pouvons pas perdre de vue que le Sénégal a une diversité culturelle et ethnique avec la reconnaissance de six langues nationales codifiées à savoir le Diola, le Mandingue, le pulaar, le Sérère, le Soninké et le Wolof. Ces langues nationales sont reconnues par le décret No 71 566 du 21 Mai 1971.

De ce fait, le Sénégal comme la plupart des pays africains se trouve dans une situation sociolinguistique de multilinguisme c’est-à-dire la coexistence de deux ou plusieurs langues dans un même territoire linguistique. Dans une situation de multilinguisme comme celle qui caractérise le Sénégal, le français ne saurait échapper à l’influence des langues nationales et en particulier de la plus répandue d’entres elles, le wolof.

Ainsi, au Sénégal, le français, langue officielle est en contact permanent avec les langues considérées comme langues nationales. Le multilinguisme se décrit également par le fait qu’une communauté soit multilingue c’est-à-dire qu’elle soit capable de s’exprimer dans plusieurs langues. Généralement, dans un même pays, plusieurs langues de base sont en interaction avec une langue étrangère souvent venue avec la colonisation. En effet, ce phénomène de multilinguisme fait que les langues sont en contact. Le lieu de ces contacts peut être l’individu ou la communauté (selon Louis Jean CALVET). Ce contact de langues est porteur de conflits et impose un contact continu et dynamique entre les langues.

Cependant le bilinguisme et la diglossie constituent l’une des principales conséquences du contact des langues.

Le bilinguisme :
Le bilinguisme date semble-t-il de 1918 sous la plume du linguiste français Antoine MILLET (une situation linguistique caractérisant les sujets parlants qui pratiquent concurremment deux langues ; c’est un fait individuel).

Dans le dictionnaire des Sciences du Langage 2e Editions de Franck NEVEU, le terme de bilinguisme sert à décrire le plus souvent la situation d’un locuteur qui pratique couramment deux systèmes linguistiques différents, sans valoriser l’un au détriment de l’autre. De cette perspective le bilinguisme est une situation imputable à des déterminations individuelles (souvent d’ordre familial), et doit être distingué de la diglossie. Et le Sénégal est face à ce bilinguisme car le français se trouve plus en contact avec le Wolof que les autres langues nationales. Cela se justifie par le fait que le Wolof est la langue véhiculaire dessénégalais. Même les écrivains sénégalais notamment Aminata SOW FALL l’auteur de notre corpus dans leurs romans utilisent la langue française comme langue d’écriture mais quand ils font des emprunts, ils font recours à la langue wolof. Cela pour montrer que le bilinguisme est un fait réel.

Cependant, dans des sociétés multilingues (c’est-à-dire parler de plusieurs langues) comme au Sénégal, l’existence du bilinguisme suscite nécessairement une situation diglossique. De ce fait, l’implantation de la langue française devenue langue officielle de l’Etat a généré une situation de diglossie.

La diglossie :
Linguistiquement cohabitation de deux langues parmi une même population, l’une d’elles étant pressentie comme formelle et l’autre comme inférieure et impropre à certains usages formels. Ainsi la diglossie se caractérise par son fait social. Donc elle est en opposition avec le bilinguisme qui est un phénomène individuel. NGALASSO MWATHA MUSANJI(1984) indique qu’ «il y’a diglossie s’il y’a choix délibéré et distribution fonctionnelle des langues ou variétés de langues utilisées. Dans la littérature africaine de langue française ; l’énoncé diglossique se manifeste fréquemment par l’emploi ; à l’intérieur même du texte français, de proverbes (aphorismes) etc. « … ». Elle se présente enfin sous la forme de transposition volontaire en français d’idiotismes africains de toutes sortes, ce qui l’apparente au calque… ».

Ce phénomène de multilinguisme et de contact des langues font que les textes des romanciers sont truffés d’emprunts à d’autres langues que cela soit des langues nationales ou des langues étrangères : l’anglais, l’arabe le latin et entre autres. Nous pouvons même citer les calques, les interjections qui sont signe de l’oralité.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I :APPROCHE THEORIQUE ET CONCEPTUELLE
CHAPITRE II : LA SITUATION SOCIOLINGUISTIQUE DU SENEGAL
CHAPITRE III : ETUDE DU CORPUS
CHAPITRE IV : ETUDE DES PARTICULARITES LEXICALES DANS DOUCEURS DU BERCAIL ET FESTINS DE LA DETRESSE D’AMINATA SOW FALL
CONCLUSION
ANNEXES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *