Coût du capital et prise en compte des externalités

Coût du capital et prise en compte des externalités

Les concepts clés RSE et ESG

En introduction, nous avons d’ores et déjà vu les concepts clés de l’ISR qu’il convient de définir et cadrer pour saisir toute la complexité des investissements durables. Ce chapitre, et tout particulièrement le volet sur les agences extra-financières, permettra de mieux comprendre les chapitres qui concernent les classes d’actifs touchées par la déferlante ISR ainsi que l’analyse des sociétés de gestion et de leurs fonds. Un des concepts clés de ce genre d’investissements est la Responsabilité Sociétale des Entreprises, initiée par R.Browen dans son ouvrage social responsibility of businessman. Naturellement, la définition de l’acronyme a subi quelques modifications avec le temps pour mieux coller avec les attentes propres à notre époque. La Responsabilité Sociétale et Environnementale de l’entreprise s’applique à son univers et à ses parties prenantes, il ne concerne donc pas directement l’investissement socialement responsable.

Ce sont des principes de gouvernance qui s’appliquent à l’échelle de l’entreprise et qui permettent à l’entreprise de poser un cadre clair, qui va au-delà des attentes règlementaires et qui est lisible pour tous les acteurs de l’entreprise. Les avantages d’appliquer cette démarche sont multiples, premièrement l’éthique devance souvent la règlementation, c’est particulièrement vrai dans le domaine bancaire. Ainsi, l’entreprise qui applique correctement sa RSE devance une future réglementation contraignante, elle répond aux attentes des clients ou consommateurs et de la société en générale et s’acquitte d’un devoir moral. Une définition dénichée dans une publication de KPMG parvient à saisir parfaitement le sens d’une démarche RSE : « La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) est la mise en pratique du développement durable par les entreprises. La démarche RSE de l’entreprise ainsi que ses performances extra-financières constituent les objets de l’analyse ESG » (KPMG, 2016, p. 4) Si la responsabilité sociétale des entreprises est le propre de l’entreprise et de sa démarche durable, l’analyse des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance est le propre de l’investisseur et de sa stratégie d’investissement durable.

En d’autres termes, les entreprises appliquent la RSE et les investisseurs durables sélectionnent les entreprises qui collent à leurs critères ESG. Justement, ces investisseurs sont nombreux et n’ont pas tous la même définition en matière d’ESG. Ainsi, on peut retrouver dans le volet « environnemental » des problématiques telles que le changement climatique, la pollution au travers de l’empreinte carbone ou encore la gestion des déchets de l’entreprise. Au niveau social, le champ des possibles est également large : conditions de travail avec au centre des intérêts le bien-être des employés, le temps libre et l’implication de la communauté pour des causes en tout genre. Sous “gouvernance”, on retrouve l’égalité salariale entre hommes et femmes, les inégalités de rémunération en tout genre et la fiscalité. L’analyse ESG fait systématiquement partie de la démarche de l’investissement durable, il s’agit d’un critère parmi d’autres. Comme ses bienfaits peuvent être analysés et mesurés, on parle généralement de « performance ESG », pour exemple la réduction de l’empreinte carbone ou encore la réduction de l’écart salarial entre les sexes.

L’actionnariat actif pour se faire entendre

Comme on l’a vu plus haut, les critères ESG possèdent un volet « gouvernance ». Une bonne gouvernance est donc appréciée lorsqu’on choisit une entreprise sur laquelle capitaliser. Si le conseil d’administration détermine la vision stratégique de l’entreprise, c’est bien l’assemblée générale qui représente l’organe suprême dans les sociétés anonymes suisses. Les certificats de propriétés, autrement dit les actions, octroient à leur détenteur le droit de vote lors de l’assemblée générale. L’investissement durable est massivement représenté par des fonds actions en Suisse, la plupart des grandes banques en proposent. L’un des leviers de l’investissement socialement responsable est l’actionnariat actif, autrement dit, prendre position lors de l’assemblée et se faire entendre en matière de gouvernance. Auparavant, les fonds actions ne s’intéressaient que très peu à ce volet de leurs investissements. L’actionnariat actif est étroitement lié à la notion de durabilité de l’investissement, puisqu’il sous-entend une prise de position qui s’inscrit dans le long terme. En d’autres mots, l’actionnariat actif revient à dialoguer avec l’entreprise lors de l’assemblée générale sur les bonnes et mauvaises pratiques de ses affaires.

Un illustre exemple est celui de la double casquette portée par Peter Brabeck, président du conseil d’administration et directeur général de Nestlé. Ethos, la fondation créée par les caisses de pensions oeuvre en faveur du développement durable et s’est opposée à ce double mandat qu’elle fera finalement plier en 2008. En tant que fondation, Ethos édicte notamment des recommandations de vote de situation classique en assemblée générale disponible sur son site. Afin d’aiguiller les détenteurs de droits de vote sur les opportunités du développement durable. En 2012, la durée de détention moyenne d’une action américaine est de 22 secondes selon le NYSE, contre 5 ans dans les années 80, la faute à l’effervescence du trading haute fréquence. L’actionnariat actif souhaite faire machine arrière et ramener le poids du qualitatif dans la balance. L’actionnariat actif s’inscrit donc dans une démarche de dialogue avec les entreprises dans l’optique d’un investissement plus responsable.

Les labels extra-financiers

Le décor des agences extra-financières est composé de trois sous-catégories qui se positionnent différemment les unes par rapport aux autres. Dans un premier temps, nous avons les agences spécialisées et locales. Ensuite, nous avons les fournisseurs de données brutes qui mettent à disposition des bases de données complètes, c’est à l’investisseur que revient le travail d’émettre sa propre analyse. Pour terminer, il existe des agences généralistes à portée internationale qui sont à l’origine d’indice composé d’entreprises jugées durables. Le métier d’analyste extra-financier s’est significativement développé vers la fin des années 90, années charnières comme évoqué en introduction, qui a vu les fonds à thématiques durables se montrer plus poussifs en matière de critères de sélection. L’investissement socialement responsable n’est pas encore soumis à règlementation en Suisse, laissant les fonds adopter leur propre définition du social ou du durable et n’ayant pas de minimas légaux à contenter. Les investisseurs doivent se fournir en informations s’ils veulent pouvoir juger de la performance extra-financière des titres qui se retrouveront en portefeuille : une armada d’analystes serait couteuse pour le fonds lambda.

C’est ainsi que s’immiscent des acteurs qui ont un rôle majeur dans l’univers ISR, ce sont les agences extra-financières qui évoluent dans un marché en pleine mutation. Elles proposent comme service d’effectuer des recherches sur la qualité de la démarche RSE des entreprises dans lesquelles les investisseurs souhaitent allouer des fonds. Elles ouvrent leurs bases de données qui adjugent une note aux entreprises calculée sur base de critères ESG pondérés. Les informations sont soigneusement piochées dans les documents officiels émis par les entreprises, mais également dans ceux des ONG ou de syndicat, pour ne citer qu’eux. Elles proposent aussi d’apposer des certifications sur les entités qui veulent auditer leurs système ESG. Posant évidemment un conflit d’intérêt entre le label qui vient à sanctionner une certification au bénéfice de l’entreprise. Il faut donc faire la distinction entre une notation déclarative, éloignant tout risque de conflit d’intérêt et une notation sollicitée. Toutefois, à la différence des agences de notation qui émettent des notes de crédit pour les entreprises et pays, dans le cas des notations déclaratives, ce sont les investisseurs qui paient pour ces services et non pas les entreprises, limitant ainsi le risque de conflit d’intérêt.

Coût du capital et prise en compte des externalités Les entreprises se financent par la dette ou alors en émettant de nouveaux titres sur les marchés financiers contre paiement d’intérêts aux investisseurs. Ces intérêts sont calculés en fonction du risque général que représente cette entreprise : les agences de notations classiques comme standard & poors octroient des notes sur la solvabilité de l’émetteur ou de l’entreprise. Avec l’émergence de l’analyse extra-financière, cristallisée par la performance environnementale, sociale et de gouvernance, cela pourrait bien changer. En effet, l’intégration croissante de ces critères dans la décision de l’allocation d’actifs de la part des gestionnaires permettrait de renchérir le coût du des capitaux propres pour les mauvais élèves en termes de durabilité des affaires. Les fonds alloués aux mauvais élèves se rarifiant, les intérêts offerts en échange de fonds devront être plus généreux pour attirer les investisseurs. Ainsi, les entreprises seraient incitées à mettre en place une stratégie RSE pour bénéficier d’emprunt à des taux plus faibles.

En partant du principe que les entreprises ne mettant rien en place pour rendre leursmodèles d’affaires plus durables seront sanctionnées par des taux d’intérêts plus élevés, car finalement ces entreprises s’exposent davantage à des risques opérationnels et réputationnels. Ces risques peuvent se répercuter sur le cours de l’action de la société cotée et en découler une décote du portefeuille de l’investisseur. Pour illustrer ce facteur, on peut citer la marée noire provoquée par BP en avril 2010, qui a fait chuter son cours boursier de moitié en près de 2 mois. En cause, la menace qui planait sur l’amende colossale que l’entreprise anglaise devait s’acquitter pour faire table rase. L’investisseur socialement responsable aurait peut-être exclu cette entreprise puisqu’elle négligeait l’aspect durable de son activité.

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Table des matières

Déclaration
Remerciements
Résumé
Liste des tableaux
Liste des figures
1.1 Définition et concepts de l’ISR
1.1.1 Les concepts clés RSE et ESG
1.1.2 L’actionnariat actif pour se faire entendre
1.1.3 Les labels extra-financiers
1.1.4 Les codes, conventions et chartes internationales
1.1.4.1 Principles for Responsible Investment (PRI
1.1.4.2 UN Global Compact Principles
1.1.4.3 UN Guiding Principles on Business and Human Rights
1.1.4.4 OECD Guidelines for Multinational Enterprises
1.1.4.5 Eurosif
2.1 Avantages et écueils
2.1.1 Coût du capital et prise en compte des externalités
2.1.2 L’exclusion sectorielle, une bonne solution ?
2.1.3 Coup d’oeil sur la performance historique des fonds durables
2.2 Potentielles applications dans l’univers d’actifs
2.2.1 Les fonds ISR appliqués aux actions et obligations
2.2.2 Les fonds ISR appliqués à l’immobilier
2.2.3 Zoom sur les fonds durables et les institutionnels
2.2.4 Les potentielles d’applications dans le private equity
3.1 Méthodologie
3.1.1 Echantillonnage
3.1.2 Les sources de données
3.2 Les pratiques des sociétés de gestion Suisse
3.2.1 UBS SA
3.2.2 J. Safra Sarasin
3.2.3 Pictet
3.2.4 Ethos
3.2.5 Crédit Suisse
3.2.6 Raiffeisen
3.2.7 Vontobel
3.2.8 De Pury Pictet Turrettini & Cie
4.1 Fonds durables actions suisses
4.1.1 UBS Switzerland Enhanced Sustainable
4.1.1.1 JSS Sustainable Equity – Small & Mid Caps Switzerland
4.1.1.2 Pictet Ethos – Swiss sustainable Equities – I dy
4.1.1.3 Vontobel Fund (CH) – Sustainable Swiss Equity Concept A
4.1.2 Fonds durables actions thématisés
4.1.2.1 Vontobel Fund – Clean Technology N
4.1.2.2 Vontobel Fund – Future Resources A
4.1.2.3 Vontobel Fund – New Power B
4.1.2.4 EIC Renewable Energy Fund I
4.1.3 Fonds durables immobiliers
4.1.3.1 Raiffeisen Futura Immo Fonds
4.1.3.2 Crédit Suisse Real Estate Fund Green Property
4.1.4 Emission de green bonds de l’état de Genève
Bibliographie

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