Contrôle du cannibalisme au stade post-larvaire chez le poisson-chat africain, Clarias gariepinus

Morphologie de l’espèce

   L’espèce C. gariepinus est caractérisée par un corps anguilliforme recouvert de mucus et dépourvu d’écailles, et une tête large et aplatie pourvu de petits yeux. Sa bouche large est entourée de quatre paires de barbillons qui jouent un rôle sensoriel . Les nageoires dorsale et anale sont allongées et constituées de rayons mous tandis que les pectorales sont munies chacune d’une forte épine (Skelton et Teugels, 1991). D’un point de vue morphologique, C. gariepinus est semblable à C. anguillaris. De ce fait, leur identification est surtout basée sur la détermination du nombre de branchiospines situées sur le premier arc branchial. L’espèce C. gariepinus est caractérisée par un nombre plus élevé de branchiospines (28 à 120) par rapport à C. anguillaris qui lui, en possède entre 13 et 39 (Compaoré, 2017).

Aptitudes piscicoles du poisson-chat africain C. gariepinus

   Les potentialités aquacoles de C. gariepinus ont été mises en évidence par plusieurs études (Janssen, 1985 ; Ducarme et Micha, 2003) ; c’est l’une des espèces les plus adaptées à l’élevage en milieu artificiel en raison de sa résistance aux manipulations, aux stress et aux maladies. En effet, c’est une espèce tolérante aux variations de température, aux faibles niveaux d’oxygène, aux fortes salinités ainsi qu’aux fortes densités de stockage. Son régime alimentaire omnivore est aussi un atout important pour la pisciculture (Hengsawat et al., 1997 ; Mfwana Inabanza et al., 2016). En plus de ce large spectre d’adaptation au milieu d’élevage, ses performances de croissance sont remarquables et comparativement aux autres espèces de la famille des Clariidae, son taux de conversion alimentaire est significativement meilleur (Van Weerd, 1995). Enfin, il faut noter l’importance commerciale de C. gariepinus aussi bien en Afrique que dans le reste du monde. En effet, sa chair non n’incrustée d’arêtes est adapté au filetage, et est très appréciée pour sa qualité nutritionnelle (44,28 % de protéines) et gustative (Hengsawat et al., 1997 ; Fawolé et al., 2007 ). En Afrique subsaharienne, il est généralement consommé à l’état frais ou fumé ; son prix varie entre 1500 et 2000 FCFA par kilogramme sur les marchés des grandes villes (Mfwana Inabanza et al., 2016).

Les causes du cannibalisme

   D’une manière générale, le cannibalisme est dû à une hétérogénéité de taille qui est principalement induite par des facteurs génétiques et environnementaux (Solomon et Udoji, 2011). Ainsi, tout facteur susceptible d’accroître l’hétérogénéité de taille est susceptible de causer une émergence plus précoce du cannibalisme et d’en accroître l’intensité (Baras et d’Almeida, 2001 ; Baras et Jobling, 2002).
– Les facteurs génétiques : les causes génétiques du cannibalisme sont essentiellement l’hétérogénéité de taille et le comportement agressif au sein d’une cohorte. En effet, l’hétérogénéité de taille est influencée par les différences génotypiques qui dictent la croissance de chaque individu ; de même, le comportement agressif est intimement lié au génome de l’individu (Baras et Jobling, 2002).
– Les facteurs environnementaux : plusieurs facteurs externes tels que la disponibilité de l’aliment, la densité de population, l’intensité lumineuse, la présence de refuge et la turbidité de l’eau, peuvent influencer l’ampleur du cannibalisme à travers l’hétérogénéité de taille (Baras & jobling, 2002 ; Kestemont et al., 2001). Toutefois, selon Braton et al. (2002), l’hétérogénéité de taille est perçue à la fois comme une cause et une conséquence du cannibalisme (figure 2).
o L’alimentation : le taux de cannibalisme est intimement lié à la disponibilité de l’aliment, au type d’aliment, à sa composition et à sa fréquence de distribution. En effet, lorsque l’aliment est insuffisant ou inapproprié, ou lorsque la fréquence de distribution n’est pas adaptée, il peut ne pas être accessible à tous et les plus forts se nourrissent au détriment des plus faibles ce qui entraine une variation de la croissance augmentant ainsi le taux de cannibalisme.
o La densité de stockage : une forte densité de stockage favorise le cannibalisme car plus la densité est forte, plus la probabilité de rencontre entre le prédateur et la proie aussi augmente.
o La lumière et turbidité de l’eau: C. gariepinus a un caractère photophobe et est plus actif la nuit (Gilles et al, 2001) ; une exposition à l’action directe de la lumière, peut accroitre le stress, l’agressivité et le cannibalisme (Appelbaum et Kalmer, 2000). En général, le cannibalisme est plus faible dans des conditions de faible intensité lumineuse et de turbidité de l’eau (Baras et Jobling, 2002).
o La température : chez C. gariepinus, lorsque la température est élevée, on a une accélération du métabolisme et de la vitesse de digestion en général. En milieu artificiel où les poissons ne sont pas nourris 24 heures sur 24, les poissons élevés à haute température digèrent plus rapidement la dernière ration offerte et ressentent la sensation de faim au cours de la nuit où aucune ration n’est distribuée ce qui accentue le cannibalisme (Daffé, 2002).

Les paramètres de croissance : poids et longueur

   Les poids moyens des différents lots à la fin de l’expérimentation c’est-à-dire à 45JPE sont présentés dans la figure 10.A. Au niveau des lots témoins T0, lots dans lesquels aucun contrôle du cannibalisme n’a été effectué, les poids moyens entre les réplicats sont significativement différents (p<0,05). Par contre, pour les lots du traitement T1 (pêche régulière des cannibales) dont les réplicats sont homogènes (p>0,05), aucune différence significative n’est observée. Concernant les réplicats du traitement T2 où les grilles ont été utilisées pour contrôler le cannibalisme, une différence significative est observée selon le compartiment considéré (p<0,05). Deux classes de poids ont été observées de part et d’autre de la grille, correspondant respectivement aux juvéniles et aux alevins (figure 10.A). Par ailleurs, au niveau des réplicats du traitement T3 où une pêche régulière de cannibales a été effectuée en plus des grilles pour contrôler le cannibalisme, les poids moyens des réplicats ne présentent pas de différence significative et correspondent à ceux des alevins. Les poids moyens des alevins du traitement T2 (pêche régulière de cannibalisme) et du traitement T3 (pêche régulière de cannibalisme plus utilisation d’une grille) ne sont pas significativement différents de ceux des lots T1 (pêche régulière de cannibales). Aussi, les poids moyens des juvéniles de T2 ne sont pas significativement différents du deuxième replicat du traitement T0 (élevage sans tri de cannibales) (figure 10.A). La longueur totale en fin d’expérimentation à 45 JPE a varié entre 5,76 ± 0,14 cm et 10,08 ±0,55 cm selon les lots des différents traitements. Les moyennes des réplicats sont similaires au niveau des lots T0 (élevage sans tri de cannibales), T1 (pêche régulière de cannibales) et T3 (pêche régulière de cannibales plus tri par la grille) (p>0,05). Par contre, au niveau des lots T2 où les grilles ont été utilisées pour contrôler le cannibalisme, on observe une variation significative de part et d’autre de la grille (p<0,05) (figure 10.B).

Impacts des grilles séparatrices sur la croissance

   L’analyse des données de croissance a révélé une différence significative entre les différents lots en fonction du traitement appliqué. D’une manière générale, cette croissance est plus importante dans les lots du traitement T0 avec toutefois un nombre plus réduit d’individus ; Ce qui va dans le sens des travaux de Alabi et al., (2009) qui avaient montré que le cannibalisme avait des avantages, qui sont les gains nutritionnel et énergétique, les gains de territoire pour vivre et se développer, pour les individus présentant ce comportement. Aussi, les résultats combinés des deux expérimentations ont montré une croissance plus importante (poids et taille) des lots du traitement T0 (pas de tri) par rapport aux lots T1 (pêche régulière de cannibales), aux lots des compartiments 2 (compartiments contenant les petits individus) des traitements T2 (tri par la grille) et T3 (tri par la grille plus pêche régulière de cannibales). Cette croissance élevée pourrait s’expliquer par le fait que la compétition pour l’espace vital et l’aliment distribué était très réduit dans ces lots. En effet, le cannibalisme a été plus élevé au niveau des lots T0 (élevage sans tri), ce qui a entrainé une diminution progressive de la densité initiale en libérant plus d’espace et donc plus d’accessibilité à l’aliment qui est distribué à la volée. Pour les lots des compartiments 1 (compartiments des plus gros sujets) des traitements T2 (tri par la grille), la densité était faible du fait que la majeure partie des alevins se refugiait dans les deuxièmes compartiments (compartiment des petits individus). Ces résultats sont similaires à ceux de Atse et al., (2012) qui ont eu une croissance significativement plus élevée au niveau des lots non triés (p<0,05) que celle des lots triés. Aussi, Solomon et Udoji (2011) ont obtenu un poids moyen de 31,10 g chez C. gariepinus et un poids moyen de 3,5g chez Heterobranchus longifilis en deux mois d’élevage et ont déduit que ce poids élevé chez C. gariepinus était dû au taux de cannibalisme très élevé chez cette espèce. Par ailleurs, Onwuteaka et Onyinye (2015) à la fin de leurs travaux sur les juvéniles de C. gariepinus, ont trouvés un poids moyen de 184,5g dans le lot non contrôlé contre un poids moyen de 8,5 g dans le lot contrôlé. C’est dire donc que le tri permet de réduire le cannibalisme en réduisant l’hétérogénéité de taille dans les différents lots.

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Table des matières

Introduction
Première partie : Synthèse bibliographique
Chapitre I : Présentation de Clarias gariepinus
I. Position systématique de C. gariepinus
II. Répartition géographique et écologie
III. Morphologie de l’espèce
IV. Régime alimentaire
V. Reproduction en milieu naturel
Chapitre II : L’élevage du poisson-chat africain, Clarias gariepinus
I. Aptitudes piscicoles du poisson-chat africain C. gariepinus
II. Contraintes existantes dans l’élevage du poisson-chat africain C. gariepinus
II.1. Production de semences
II.2. Cannibalisme
II.2.1- Les causes du cannibalisme
II.2.2- Les conséquences du cannibalisme
Deuxième partie : Etude expérimentale
Chapitre I : Présentation du site d’étude
Chapitre II : Matériel et méthode
I. Matériel biologique : Obtention des larves
II. Dispositif expérimental
III. Elevage larvaire et alevinage
IV. Suivi et évaluation du cannibalisme
V. Paramètres zootechniques et indices calculés
VI. Analyses statistiques
Chapitre III : Résultats et Discussion
I. Résultats
I.1. Résultats de la première expérimentation
I.1.1. Les paramètres physico-chimiques de l’eau
I.1.2. Les paramètre de croissance : poids et longueur
I.1.3. Mortalité
I.2.Résultats de la deuxième expérimentation
I.2.1. Les paramètres physico-chimiques de l’eau
I.2.2. Les paramètres de croissance : poids et longueur
I.2.3. Mortalité
I.2.4. Tri de cannibales
II. Discussion
II.1. Efficacité des grilles séparatrices
II.2. Impacts des grilles séparatrices sur la croissance
Conclusion et perspectives
Références bibliographiques

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