Contribution a la conservation et a la valorisation « ex situ » de deux especes de la pharmacopee traditionnelle

De nos jours, malgré le développement des structures modernes de santé, les populations, surtout les populations rurales « urbanisées » font recours, en majorité, à l’usage des plantes de la pharmacopée traditionnelle. Les raisons de cette persistance sont à rechercher dans plusieurs facteurs :
– les croyances culturelles et magico-religieuses qui créent un attachement profond des populations envers les pratiques ancestrales dont l’usage des plantes médicinales
– la facile disponibilité des plantes médicinales, par le biais de la prolifération des herboristes et des coûts accessibles à la masse dans un contexte socio-économique se traduisant par une faiblesse du pouvoir d’achat de la majorité des ménages
– enfin les vertus thérapeutiques attribuées aux plantes médicinales par les populations.

Conscient de la place importante qu’occupent les plantes médicinales dans la santé des populations, plusieurs tentatives sont menées depuis des décennies pour leur valorisation et leur utilisation durable. C’est dans cette lancée que certains ONG et instituts (UICN, CRDI, ENDA santé) en partenariat avec les universitaires (en l’occurrence le GPRM) et sous la direction du Ministère de la Santé de la Prévention et de l’Action Sociale se sont investis dans la promotion de la pharmacopée sénégalaise traditionnelle. Dans ce cadre, il a déjà été effectué un inventaire exhaustif des plantes médicinales dont les vertus thérapeutiques sont reconnues. Parmi ces plantes, figurent Bridelia micrantha (Hochst) Baill. (Euphorbiaceae) et Cassia sieberiana, D.C. (Cesalpiniaceae).

SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE 

Cassia sieberiana, D.c 

Botanique

Place systématique 
– Règne végétal
– Sous règne : Eucaryotes
– Groupe : Cormophytes
– Sous groupe : Rhizophytes
– Embranchement : Spermaphytes
– Sous embranchement : Angiospermes
– Classe : Dicotylédones
– Sous classe : Dialypétales
– Série des Caliciflores
– Ordre des Légumineuses
– Famille : Caesalpiniaceae
– Genre : Cassia
– Espèce : Cassia sieberiana

Répartition géographique et habitat 
Cassia sieberiana est une espèce très commune dans toutes les savanes boisées ou arbustives soudaniennes, jusqu’en lisière de la forêt guinéenne en casamance. L’espèce est rare dans le Sud du Sahel où elle persiste encore dans les galeries sèches et les sols sablonneux du Cayor. L’espèce est rencontrée dans la plupart des pays de l’Afrique notamment en Gambie, au Mali, au Cameroun, au Ghana, en Sierra Léone, en Côte d’Ivoire, au Nigeria, au Tchad et au Soudan.

Description de la plante 
– Synonyme : Cassia kotschyana Oliv
– Quelques noms vernaculaires :
❖ Wolof : Sédén
❖ Malinke : Sindêne
❖ Socé: Sâdên, Sinda
❖ Sérère: Séelum, Sélum
❖ Peul-Toucouleur : Sidé, Sidê, Sindâ
❖ Peul-Fouta : Bosé
❖ Diola fogny : Kaseit, Kaset, Buseit

-Port : Cassia sieberiana est un petit arbre de 8 à 10 mètres, souvent moins, à fût court et souvent ramifié près de la base.
-Tiges : Les jeunes tiges portent les fleurs, sont de couleur brune, recouvertes d’un duvet jaune.
-Ecorce : Elle est brunâtre et devient noirâtre avec l’âge. L’écorce n’est adhérente que dans la tige jeune, elle reste mince et se détache facilement chez la tige âgée. Elle est ponctuée d’assez nombreuses lenticelles et n’a pas de saveur particulière.
-Feuilles : Les feuilles sont composées, paripennées avec 6 à 12 paires de folioles. Ces folioles sont opposées, alternes, de couleur vert foncé. Elles ont des poils apprîmés à la face intérieure. Les folioles sont lancéolées, largement acuminées mais obtuses au sommet.
-Fleurs : Ce sont de longues grappes pendantes de fleurs jaunes.
-Fruits : Les fruits sont de longues gousses cylindriques pouvant atteindre 40 à 60 cm de long sur 10 à 15 mm de diamètre. Ils sont brun foncé ou noirâtre à maturité, persistant très longtemps sur l’arbre, avec une graine par loge.
-Racine : La racine est très amère, l’aspect des écorces et des fragments de racine entière diffère peu de l’aspect de la tige.

Etude chimique 

VIGNOLI et BALANSARD (1940) ont effectué une étude sur le Cassia sieberiana. Leurs travaux ont porté sur un épuisement systématique, pratiqué sur diverses parties de la plante, suivi d’une étude des différentes fractions solubles.

A ces travaux, viendront s’ajouter ceux de nombreuses autres recherches concernant l’espèce étudiée, ce qui nous a permis d’effectuer une synthèse de la composition chimique de Cassia sieberiana .

Ethnopharmacologie et Pharmacologie

Ethnopharmacologie

Cassia sieberiana est très connu et très estimé dans tout le Sénégal. Il est utilisé comme un purgatif-diurétique en médecine populaire et plutôt comme purgatif de dérivation en médecine populaire. Cassia sieberiana est surtout prescrit dans les cas suivants :
– constipations opiniâtres
– anuries
– dysuries
– entéralgies
– parasitismes intestinaux
-maladies vénéneuses
– bilharziose.

Les nombreuses vertus thérapeutiques qu’on lui reconnaît font qu’il est également employé dans le traitement de la lèpre, des impuissances sexuelles, de la stérilité, des douleurs rénales, des oedèmes, des maladies rhumatismales. Pour ces maladies citées, ce sont presque toujours les racines qui entrent dans les préparations. Les rameaux feuillés en macérés et décoctés respectivement donnés en bains et boissons sont plus spécialement réservés à la médecine infantile en qualité de dépuratif, fébrifuge, anti-anémique et anti-Kwashiorkor.
❖ Contre la constipation, les racines sont utilisées en décoction. Pour cela préparer 50g de racine de Cassia sieberiana dans 0,5L d’eau et prendre 1 ou 2 verres le soir au coucher (3).
❖ Contre les coliques, on prépare une décoction de la racine (25x2cm) coupée en petits morceaux dans 660 ml d’eau. Ensuite donner à boire, 1 verre deux fois par jour chez l’adulte et une cuillerée à café deux fois par jour chez l’enfant (3).
❖ Contre la stérilité, préparer un décocté avec 30 g de racine de Cassia sieberiana et 20 g de citron en tranches dans 1L d’eau, filtrer puis boire un demi verre à bière le soir pendant au moins une semaine (3).
❖ Les feuilles pilées et bouillies sont mises en cataplasme dans les pleurésies.
❖ La décoction de la racine est béchique et antilépreuse. Elle est employée en boisson comme vermifuge mais dangereuse, elle a aussi des propriétés aphrodisiaques.
❖ La racine bouillie est utilisée en médecine dépurative contre le mal de ventre, la blennorragie et la varicelle.
❖ Contre l’eczéma ; prendre des racines, enlever l’écorce noire, les fendre en 4 et les faire bouillir avec des écorces de Terminalia macroptera et en boire deux litres par jour.
❖ La pulpe jaune qui entoure la graine serait laxative.

Pharmacologie

DUQENOIS et ANTON (1968) estiment que la composition des folioles peut expliquer leur emploi empirique car elles sont légèrement purgatives par leurs dérivés anthracéniques et surtout diurétiques par la prédominance de leurs flavonoïdes. PARIS et ETCHEPARE (1967) estiment que les substances mises en évidence dans les racines (composés polyphénoliques dont les Leucoanthocyanes) expliquent tout au moins en partie, leurs emplois en thérapeutique. Pour ce qui concerne les racines, ANTON et DUQUENOIS considèrent que les stérols, les mucilages et les nombreux polyphénols catéchiques ajoutent leurs effets à ceux des dérivés rhéiniques et des flavonoïdes. Les extraits de fruits mûrs ont montré une certaine activité insecticide. Les extraits aqueux des racines de l’espèce nigériane ont montré une certaine activité antibiotique Gram +. L’activité antifongique « in vitro» des folioles de Cassia sieberiana est due à la présence de génines libres dont la rhéine qui est la principale et l’aloé-émodol.

L’extrait mou de poudre de racines dosé à 7,5.10-3 mg / ml testé sur un organe isolé montre une activité spasmolytique comparable à celle de l’atropine à 10-3 mg /ml.

Pharmacotechnique et études cliniques 

Pharmacotechnique

-Lors des essais portant sur l’activité antifongique des feuilles de Cassia sieberiana, Fall.B (13) a mis au point la forme pommade dont la composition est la suivante :
● 7,5 g de poudre de feuilles
● 23,125 ml d’eau distillée
● 69,375 g de lanoline

La préparation est conditionnée dans des tubes de 35g en aluminium.
-L’étude de l’activité spasmolytique, effectuée par Guèye.F (2001) sur un intestin isolé de rat de race « Wistar », a permis de constater une inhibition de 53,6% de la concentration induite par 10⁻⁵ g / ml d’acétylcholine. La concentration efficace 50% (CE50) a été obtenue avec 7,5.10-3 mg /ml d’extrait mou de racines de Cassia sieberiana.
-L’activité antifongique « in vitro » des folioles de Cassia sieberiana, a été testée sur Trichophyton soudanens dermatophyte très répandu au Sénégal. La CMI obtenue est de 5%, soit 5g de folioles pour 100 ml de milieu de culture.

Etudes cliniques

Les essais cliniques effectués par Fall. B (13) en collaboration avec le service de Dermatologie de l’Hopital Aristide Le Dantec ont porté sur 10 patients. Les patients sont sélectionnés à la suite de diagnostic ayant suspecté une mycose (diagnostic direct des teignes). Ces essais se rapportent à l’étude de l’activité antifongique des feuilles de Cassia sieberiana.
-Le protocole du traitement est le suivant :
● la durée du traitement est de sept semaines
● il consiste à appliquer la pommade à base de feuilles de Cassia sieberiana sur la partie affectée à raison de trois applications quotidiennes
● un contrôle microbiologique est effectué chaque semaine, de même qu’un contrôle des constantes biologiques pour chaque patient
● aucun traitement antimycosique ou antibactérien n’est associé
● à la fin des sept semaines de traitement, une évaluation mycologique est effectuée avec chaque patient
-Les résultats obtenus sont les suivants :
● Deux (2) légères améliorations sur des malades atteints d’herpès circiné dû à Trichophyton soudanens
● Trois (3) guérisons nettes dont deux teignes du cuir chevelu et un herpès circiné
● Pour deux (2) patients, aucune amélioration n’a été notée
● Enfin pour les trois (3) autres malades restants, leur traitement a été interrompu avant la fin des sept semaines prévues à cet effet. Les raisons de cet arrêt :
-La culture du prélèvement a montré que l’infestation était due par un germe classé insensible au Cassia sieberiana
-Les analyses mycologiques n’ont pas mis en évidence la présence d’un quelconque dermatophyte. En résumé les résultats exprimés en pourcentage ont donné :
● 42,8% de guérison nette
● 28,6% d’amélioration nette
● 28,6% d’échec total
– Sur le plan biologique, les constantes biologiques n’ont montré aucune modification. Vu ces résultats, on peut dire qu’à la dose de 7,5%, les feuilles de Cassia sieberiana possèdent cliniquement une activité antifongique et qu’à cette même dose aucun effet secondaire n’a été signalé.

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Table des matières

I)INTRODUCTION
II) GENERALITES
III) METHODOLOGIE
IV) RESULTATS
V) COMMENTAIRES ET DISCUSSION
VI) CONCLUSION  
VII) REFERENCES
ANNEXES
RESUME

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