Consommation de substances psychotropes à l’adolescence

Consommation de substances psychotropes à l’adolescence

L’adolescence est une période propice à la survenue d’une première expérience de consommation de substances psychotropes (Choquet, 2014; Gilvarry, 2000; Vitaro, Tremblay, Zoccolillo, Romano, & Pagani., 1999). Selon Choquet (2014) trois catégories de consommateurs peuvent être distinguées :  les «consommateurs» qui utilisent un produit psychotrope de façon exceptionnelle, occasionnelle ou régulière, sans que ce comportement soit inadapté ou entraine un dommage pour la personne ou son entourage;  les « abuseurs », dont le mode d’utilisation est inadéquat par ses conséquences indésirables et récurrentes; et  les « dépendants », qui ont une consommation conduisant à une altération du fonctionnement ou une souffrance cliniquement significative (Choquet, 2014).

Polyconsommation

La polyconsommation est un concept dont les définitions sont multiples et variables selon l’étude consultée. Pour certains, la polyconsommation a une perspective temporelle, soit la consommation simultanée de deux substances ou plus ou la consommation de celles-ci sur une période prolongée, sans que la consommation soit simultanée. D’autres chercheurs définissent la polyconsommation selon l’effet simultané que les psychotropes peuvent produire chez un individu, ce qui revient à l’étude des différents types d’effets de la consommation simultanée de psychotropes. Par exemple, à savoir si la combinaison de certaines substances augmente ou diminue l’effet de chaque drogue, ou plutôt si les combinaisons créent un nouvel effet. D’autre part, une autre catégorisation moins étudiée de la polyconsommation se rapporte à la manière dont les psychotropes sont combinés et ainsi polyconsommés (Ives & Ghelani, 2006). Une recension des écrits permet de constater que peu d’études ont été effectuées sur la polyconsommation en tant que telle. Gossop (2001), d’ailleurs, effectue une mise en garde notifiant que l’utilisation combinée de multiples substances peut avoir un impact important sur l’évaluation et le traitement des problèmes de dépendances. De plus, Byqvist (1999) et Young et ses collaborateurs (2002), lors d’études de prévalence de la polyconsommation, ont observé que ce phénomène prend de l’ampleur chez les adolescents, notamment en raison de l’accessibilité des psychotropes, du contexte culturel et de la « normalisation » de la consommation de psychotropes.

Substances psychotropes consommées et prévalence chez l’adolescent

La consommation de substances psychotropes, chez la majorité des adolescents, débuterait avec des substances qui leur sont plus accessibles (Michel et al., 2001).
L’alcool, catégorisé comme dépresseur du système nerveux, et le cannabis, classifié comme perturbateur du système nerveux, sont habituellement les premières substances psychotropes utilisées durant l’adolescence. Elles sont aussi les plus consommées chez les adolescents. En effet, l’alcool est la substance psychotrope la plus consommée par les adolescents, car celle-ci est, dans notre culture, facilement accessible et socialement acceptée (Miljkovitch & Lajudie, 2003). La seconde substance la plus consommée à l’adolescence après l’alcool, selon Michel et al. (2001) ainsi que l’ISQ (2012), est le cannabis. Les taux de consommation populationnels sur une période de 12 mois pour ces substances psychotropes sont estimés à 56,8% pour l’alcool et 22,9% pour le cannabis (ISQ, 2013). Ces substances psychotropes et d’autres sont utilisées afin primairement d’en ressentir les effets, incluant le plaisir et la détente, ou secondairement pour le défi inhérent à leur utilisation et à leur commerce (Coslin, 2003). Or, bien que d’autres substances psychotropes puissent se révéler plus néfastes, l’alcool et le cannabis sont les substances ayant le plus grand impact chez les adolescents en raison de leur fréquence de consommation nettement plus élevée chez un plus grand nombre de jeunes. D’ailleurs, les études se sont davantage focalisées sur ces substances. Toutefois, les méthodologies servant à mesurer la fréquence de consommation des différents psychotropes se sont avérées très variables d’une étude à l’autre (Choquet, 2014).

Détresse psychologique et consommation de psychotropes

L’adolescence est une période caractérisée, entre autres, par nombre de questionnements et par des changements significatifs aux plans physiologique, émotif, cognitif et social (Gosselin, Larocque, Vitaro, & Gagnon, 2000; Paquin, 1988). Certains adolescents vivent cette période de changements avec difficulté, ce qui peut générer une détresse psychologique importante (Cloutier, Champoux, Jacques, & Lancop, 1994). Cela n’est pas sans pertinence puisque la détresse psychologique peut favoriser auprès de l’adolescent une consommation abusive, voire problématique, de substances psychotropes (Fortier et al., 2012). En effet, plusieurs adolescents consomment des substances psychotropes dans le but de contrer des affects dépressifs, comme anxiolytique, dans l’objectif de chercher des sensations fortes, de même que pour le plaisir obtenu directement de la consommation de substances psychotropes ou pour répondre à l’influence des pairs (Conrod & Nikolaou, 2016; Florin, 2003). Toutefois, l’utilisation de substances psychotropes peut accroitre les risques d’induction d’états émotifs négatifs (p.ex., symptômes d’anxiété, dépression, voire des épisodes psychotiques) et, en conséquence, produire et faire ressentir une détresse psychologique (Goldstein & Volkow,2002; Griffïn, Botvin, Scheier, Epstein, & Doyle, 2002; Kalivas & Volkow, 2005; Koob & Volkow, 2010).
Ainsi, la relation entre la consommation de substances psychotropes et la détresse psychologique semble bidirectionnelle. De façon conséquente, plusieurs études démontrent que la détresse psychologique peut précéder l’abus de substances psychotropes (Boyle et al., 1992; Brook, Cohen, & Brook, 1998; Conrod & Nikolaou,2016; Elliott, Huizanga, & Menard, 1988; Rohde, Lewinsohn, & Seeley, 1996; Van Kammen & Loeber, 1994), bien qu’il soit possible de constater la présence d’importantes variations dans la conception de l’impact de la détresse psychologique sur le comportement de consommation de psychotropes. Par exemple, certaines études suggèrent que la détresse psychologique précède l’abus de substances (p. ex., Brook et al.,1998), d’autres indiquent qu’elle est le résultat de l’impact de la consommation abusive de substances psychotropes (Swadi, 1999), et d’autres parlent effectivement de relations bidirectionnelles entre ces variables (p. ex., Fleming, Mason, Mazza, Abbott, & Catalano,2008).

Conceptualisation et prévalence de la détresse psychologique

Selon Cloutier et Drapeau (2008), la détresse psychologique peut être situationnelle et ainsi découler du fait de vivre des épisodes de stress ponctuel. De plus, le stress en lui-même constitue une réponse normale d’un individu qui doit s’adapter et surmonter différentes situations de vie ou défis, qu’ils soient positifs ou négatifs.
Toutefois, lorsque la demande d’adaptation en ce qui concerne l’événement stresseur excède les ressources et habiletés d’un individu ou que l’individu estime ne pas être en mesure de résoudre le stresseur et que cette situation se prolonge sur une longue période de temps, il est possible que la personne ne puisse être en mesure de s’adapter à l’événement stresseur, ce qui risquerait d’entraîner une situation de détresse psychologique (Bruchon-Schweitzer, 2002; Hassall, Rose, & McDonald, 2005). Au Québec, la détresse psychologique chez les adolescents représente un problème de santé d’envergure. En effet, selon Légaré et ses collaborateurs (2000), elle toucherait 29% des jeunes âgés entre 15 à 19 ans. Par ailleurs, l’enquête de Breton, Légaré, Laverdure et D’Amours (2001) indique que 22% des jeunes âgés de 13 ans et 19% de ceux âgés de 16 ans présentent un niveau élevé de détresse psychologique selon l’indice de détresse psychologique de Santé Québec (IDPSQ-14). La détresse psychologique est caractérisée, selon Rhéaume (2004), comme étant :
Un état de souffrance émotive qui perdure, qui est lié à la perception que la personne a de sa situation, qui implique des sentiments de solitude, d’impuissance ou d’angoisse et qui peut nuire à sa croissance personnelle ou encore entraîner des actions regrettables de sa part.

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Table des matières

Introduction
Contexte théorique 
Consommation de substances psychotropes à l’adolescence
Substances psychotropes consommées et prévalence chez l’adolescent
Polyconsommation
Typologies et prévalence
Risques associés
Détresse psychologique et consommation de psychotropes
Conceptualisation et prévalence de la détresse psychologique
Les composantes de la détresse psychologique : dépression, anxiété et hostilité
Dépression
Dépression et consommation
Anxiété
Anxiété et consommation
Hostilité
Hostilité et consommation
Variables sociodémographiques : influence de l’âge et du sexe 
Évolution de la consommation selon l’âge
Âge, détresse psychologique et consommation
Sexe et consommation de psychotropes
Sexe et précocité de la consommation
Sexe et détresse psychologique
Sexe, détresse psychologique et consommation de psychotropes
Limites des études existantes 
Objectifs et questions de recherche 
Méthodologie
Description des participants
Les instruments de mesure
Le questionnaire sociodémographique
La grille de dépistage de consommation problématique d’alcool et de drogues chez les adolescents et adolescentes (DEP-ADO)
Le Symptom CheckList-90-R (SCL-90-R)
Déroulement 
Plan de l’étude 
Plan des analyses statistiques 
Résultats
Statistiques descriptives de l’échantillon et analyses préalables
Typologie de la consommation de substances psychotropes : analyse descriptive en lien avec l’âge et le sexe 
Résultats liés à la symptomatologie dépressive, anxieuse et hostile en fonction de l’âge, du sexe et de la typologie de consommation
Indice de symptomatologie dépressive en fonction de l’âge, du sexe et de la typologie de consommation
Indice de symptomatologie anxieuse en fonction de l’âge, du sexe et de la typologie de consommation
Indice de symptomatologie hostile en fonction de l’âge, du sexe et de la typologie de consommation
Analyses de régression logistique multinomiale 
Les analyses corrélationnelles
Vérification des postulats statistiques et méthodologie
Régression logistique multinomiale : analyse #1
(groupe de base sans consommation)
Typologie de consommation faible d’alcool
Typologie de consommation élevée d’alcool
Typologie de polyconsommation élevée alcool et cannabis
Résumé des résultats
Régression logistique multinomiale : analyse #2
(groupe de base : consommation faible d’alcool)
Typologie de consommation élevée d’alcool
Typologie de polyconsommation élevée alcool et cannabis
Résumé des résultats
Régression logistique multinomiale : analyse #3
(groupe de base : consommation élevée d’alcool)
Typologie de polyconsommation élevée alcool et cannabis
Résumé des résultats
Discussion 
Rappel des objectifs de recherche
Hypothèses de recherche 
Hypothèse relative à l’âge sur la typologie de consommation de substances psychotropes
Hypothèse relative au genre sur la typologie de consommation de substances psychotropes
Hypothèse relative à la symptomatologie dépressive sur la typologie de consommation de substances psychotropes
Hypothèse relative à la symptomatologie anxieuse sur la typologie de consommation de substances psychotropes
Hypothèse relative à la symptomatologie hostile sur la typologie de consommation de substances psychotropes
Question de recherche : modèle de facteurs de protections et de risques 
Matrice de corrélation entre les prédicteurs du modèle
Le modèle de facteurs de risque et de protection : régression logistique multinomiale
Facteurs de risque
Âge
Hostilité
Anxiété chez les filles
Sexe masculin
Facteurs de protection
La dépression
Sexe féminin
Absence de liens significatifs
Discussion sur les contradictions apparentes dans les résultats
Dépression et typologie de consommation
Anxiété et typologie de consommation
Discussion et résumé du modèle de facteurs de risques et de protections
Comparaison et implication des résultats 
Dépression
Résumé des résultats concernant la dépression
Comparaisons des résultats sur la dépression
Anxiété
Résumé des résultats concernant l’anxiété
Comparaison des résultats sur l’anxiété
Hostilité
Résumé des résultats sur l’hostilité
Comparaison des résultats sur l’hostilité
Implication des résultats
Retombées possibles de la recherche 
Limites de la recherche 
Perspectives et recherches futures 
Conclusion
Références

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