Conservation des collections naturalisées traitées aux biocides

La collection Mammifères et Oiseaux

Les collections du muséum ont été essentiellement constituées à partir de dons dès le début du XIXème siècle et sont très variées, allant des mammifères aux invertébrés divers en passant par les insectes et la géologie. Elles proviennent d’achats, dons, legs, collections privées, échanges ou cabinet de curiosités comme c’est le cas pour le cœur des collections. Les collections étudiées dans ce travail sont celles des mammifères et des oiseaux.
La collection des mammifères est, aujourd’hui, constituée de 2773 spécimens naturalisés et celle des oiseaux de 13 731 spécimens. Elles sont stockées dans deux réserves distinctes .La collection des oiseaux a été formée autour de la collection Louis Coulon datant du XIXème siècle.
Ces collections se présentent sous plusieurs formes : les anciennes présentations, les dioramas et les spécimens présents en réserve à but scientifique (mises en peaux). Les montages de spécimens sont très importants car ils sont les témoins d’une période historique.
En effet, l’animal naturalisé sorti de son contexte naturel prend un nouveau statut : celui d’objet muséologique. Nous pouvons clarifier le statut de l’objet naturalisé grâce à un schéma fonctionnel d’Amandine Péquignot . Il nous permet de clarifier le statut du spécimen, de sa vie, jusqu’à son exposition au muséum.es valeurs des objets de muséum sont multiples : historique, scientifique, historique technique de la taxidermie. Certaines pièces de ces collections sont d’une importance capitale : les représentants d’espèces disparues ont une valeur intrinsèque.
Dans la collection des oiseaux, le Grand Pingouin est l’un des rares spécimens de son espèce présent dans un muséum. En effet, il fut abondamment chassé et son espèce est éteinte depuis 1884.

Techniques de la taxidermie

En général, plus la taxidermie est ancienne, plus les squelettes originaux sont conservés. Par la suite, des armatures métalliques ont été utilisées et plus récemment des matériaux plastiques. Les nouveaux matériaux utilisés sont à mettre en lien avec le développement de l’industrie. Dans les étapes techniques de la taxidermie, il est important de différencier les mises en peau et les montages. Il existe plusieurs types de montages : socle, support imitant le milieu naturel, herbiers d’oiseau ou encore un montage artistique.
En général, nous pouvons distinguer neuf étapes lors d’une naturalisation (cela peut dépendre du type de vertébrés à traiter : oiseaux, petits et grands mammifères). Ces neuf étapes sont basées sur le travail de mémoire de Mme Marie de Beaulieu, restauratrice de sculpture et d’objets d’histoire naturelle. Il portait sur la restauration d’un spécimen naturalisé et plus particulièrement sur la question des techniques de taxidermie.
Le dépouillage est la première étape de la taxidermie . Il s’agit d’écorcher l’animal le plus vite possible après sa mort. Cela évite la putréfaction et la chute des plumes/poils. Les manuels de taxidermie recommandent d’ouvrir l’animal avec un scalpel du haut de l’arête sternal jusqu’à l’anus en prenant soin de ne découper que la peau. Vient ensuite l’écharnage consistant à enlever la chair des os. Le dégraissage permet de racler l’intérieur de la peau pour enlever les derniers résidus adipeux et musculeux encore présents.
Puis le taxidermiste prépare un bain pour poser un agent tannant ou fixant sur l’intérieur de la peau de l’animal. Cet agent peut également servir de dégraissant et d’insecticide. La composition de ce tannant est à base d’alun et de sel. La peau étant constituée à 60 % d’eau, la pose d’un produit préservatif est obligatoire. L’application du préservatif est l’étape qui consiste à poser sur la peau un produit pouvant permettre de mieux la conserver. Les substances dites préservatrices sont des matières aux propriétés astringentes. Au départ, il s’agissait souvent de mélanges d’épices et de plantes aromatiques. La pose de cette substance préservatrice avait pour but d’éviter la putréfaction de la chair et de protéger des insectes. Le bourrage s’effectue après la construction de la charpente. La charpente est bien souvent un assemblage de fils de fer qui donne la structure de l’animal comme le fait le squelette (pour les petits animaux). Pour les grands animaux, la charpente peut être une structure en bois et plus récemment en matériaux plastiques. Le bourrage reproduit la forme du corps de l’animal à l’état naturel avec les muscles et graisses mais à l’aide de paille, foin ou filasse. Le positionnement est une étape qui permet de donner à l’animal l’apparence du vivant. Il faut donc tasser la paille mis à l’intérieur de la peau. Les finitions consistent en la mise en place des yeux, la coloration de parties nues, la pose d’un vernis pour donner un aspect humide typique de l’animal vivant.
Au XVIIIème siècle, à cause de mauvais produits ou de mauvais dégraissages, les pertes de lisibilité des animaux sont nombreuses et poussent les chercheurs, naturalistes et autres, à trouver des moyens de conservation plus adaptés.

Mercure

Caractéristiques du biocide: Le mercure est un élément chimique de symbole Hg et de numéro atomique 80. Il est l’unique métal liquide à température ambiante. Il existe dans la nature sous trois formes : élémentaire (métallique), organique et inorganique (minéral avec oxyde, chlorure et sulfure de mercure) .
Le mercure a été pendant très longtemps utilisé dans les thermomètres, grâce au fait qu’il se dilate avec la chaleur, mais également dans beaucoup d’autres appareils scientifiques (tensiomètres, lampes…). En raison de sa toxicité, son utilisation a été interdite en 1998. Le mercure permet également d’obtenir des pigments tels que le cinabre.
Dans les collections d’histoire naturelle, il a été très souvent utilisé dans le traitement des herbiers. Le produit appliqué était appelé chlorure mercurique ou sublimé corrosif. Il a été utilisé par les botanistes comme insecticide et fixateur des spécimens.
Modes d’application: Il a principalement été utilisé en solution dans l’alcool dans les collections botaniques comme fongicide et insecticide. Ce produit se présentait sous forme de cristaux nacrés «à la saveur métallique désagréable» et était facilement soluble dans l’eau. Là encore, tout comme le savon arsenical, il existe plusieurs recettes pour le « sublimé corrosif » selon les préparateurs. Il a été également mélangé à de l’arsenic pour obtenir un biocide plus efficace.
Il a eu moins de succès dans la préparation des spécimens type mammifères et oiseaux. Lorsqu’il était utilisé pour ce type de spécimens, il était appliqué en solution, immersion ou vaporisation à l’intérieur de la peau de l’animal ou en surface.
Nous pouvons également le retrouver dans des pigments (cinabre) utilisés pour coloriser certaines parties des spécimens (yeux, pattes…).

Autres produits utilisés au Muséum d’Histoire Naturelle de Neuchâtel

D’autres produits insecticides ont été utilisés dans les muséums pour lutter efficacement contre les attaques de ravageurs. En effectuant un travail de recherche dans les archives du muséum, nous avons pu trouver des quittances d’achat de boules de naphtaline et de paradichlorobenzène [boules de naphtaline (1973), paradichlorobenzène (1958-1959, 1972) et Hexavap™ (1972)] .
Ces deux produits sont également des composés toxiques pour l’homme. Ils font partie de la classe des hydrocarbures aromatiques et halogénés et ils ont le même mode d’application, c’est-à-dire sous forme de boules ou de pastilles nommées vulgairement «boules à mites». Ces deux substances sont souvent confondues car elles se présentent sous le même aspect. Elles ont aussi la caractéristique d’avoir une odeur forte. Elles peuvent provoquer des dégradations du collagène. De plus, le paradichlorobenzène décolore les plumes d’oiseaux. Le paradichlorobenzène est un irritant pour les voies respiratoires et attaque le système nerveux central. Il a également été suspecté d’être cancérigène pour l’homme.
M. Martin Zimmerli a décidé d’arrêter d’utiliser ces produits et emploie aujourd’hui des sachets de plantes repoussant les insectes comme la lavande ainsi que le monitoring et piégeage UV.

Risques et effets pour les spécimens

Les spécimens naturalisés sont constitués de matériaux composites et organiques qui ne réagissent pas de la même manière aux pesticides ou aux agents de conservation. Ces traitements peuvent causer diverses altérations, comme des décolorations, des taches ou encore des dépôts.

Arsenic

L’arsenic, lorsqu’il est appliqué à l’intérieur de la peau de l’animal, peut migrer en surface et former des efflorescences transparentes à blanches. Cela peut entraîner une mauvaise lisibilité du spécimen.
De plus, une coloration brune des plumes à l’origine blanches ou vertes, peut être un indicateur de l’utilisation de sels d’arsenic saupoudrés. Cette coloration est donc un indicateur qui gêne la lisibilité du spécimen. Les couleurs ne sont plus celles d’origine, ce qui est dommageable pour l’intérêt scientifique du spécimen. Les montages très anciens (avant 1860) sont particulièrement concernés.
L’application du savon arsenical sur ces spécimens peut se détecter au bruit de papier froissé que fait la peau lorsqu’on appuie dessus.
Certains préparateurs pensent que l’arsenic appliqué sur le derme de la peau du spécimen causerait la brûlure du tissu fibreux et n’agirait pas comme tannant dû aux liaisons formées avec les chaînes polypeptidiques du collagène.

Mercure

Le « sublimé corrosif » est, dès son utilisation, identifié comme rendant la peau des oiseaux cassante sans décolorer les plumes. Il peut également former des taches sur les papiers/étiquettes et également corroder les métaux.

Lindane

Le lindane présent peut se décomposer au contact de différentes substances. Il peut se transformer en trichlorobenzène au contact des alcalis*, fer, aluminium et zinc en poudre, ainsi qu’en chlorure d’hydrogène et en phosgène au contact des surfaces chaudes et des flammes. Les composés qu’il produit sont très corrosifs. Cette propriété peut jouer un rôle de dégradateur physique et chimique sur les matériaux sensibles aux environnements acides (papier, métaux).
Le paradichlorobenzène, ayant aussi été utilisé au muséum, peut dégrader les résines, vernis et peintures avec lesquels il a été contact .
L’arsenic, le mercure, le lindane et le paradichlorobenzène, sont susceptibles d’altérer l’ADN des spécimens. L’ADN détient l’information génétique des spécimens, s’il est endommagé, ils perdent en partie leur valeur scientifique puisque l’ADN renferme l’information génétique d’un spécimen. Cette notion prend d’autant plus d’importance lorsque nous voyons le développement que prennent aujourd’hui les analyses ADN, notamment pour comprendre les évolutions/mutations d’une espèce.

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Table des matières

Introduction générale
Partie 1: Présentation du Muséum de Neuchâtel et histoire de la taxidermie
1.1 Historique du muséum et de la collection Mammifères et Oiseaux
1.1.1 Le muséum
1.1.2 La collection Mammifères et Oiseaux
1.2 Historique de la taxidermie
1.2.1 Historique
1.2.2 Techniques de la taxidermie
Partie 2: Les biocides au Muséum de Neuchâtel et leurs identifications
2.1 Evaluation de l’état de conservation des collections Mammifères et Oiseaux
2.2 Présentation de l’échantillonnage
2.3 Arsenic
2.3.1 Caractéristiques du biocide
2.3.2 Modes d’application
2.3.3 Méthodes d’identification
2.3.4 Analyses
2.3.5 Résultats
2.3.6 Interprétation
2.4 Mercure
2.4.1 Caractéristiques du biocide
2.4.2 Modes d’application
2.4.3 Méthodes d’identification
2.4.4 Analyses
2.4.5 Résultats
2.4.6 Interprétation
2.5 Lindane
2.5.1 Caractéristiques du biocide
2.5.2 Modes d’application
2.5.3 Méthodes d’identification
2.5.4 Analyses
2.5.5 Résultats
2.5.6 Interprétation
2.6 Autres produits utilisés au Muséum d’Histoire Naturelle de Neuchâtel
Partie 3: Présentation des risques et recommandations pour la manipulation et le stockage
3.1 Présentation des risques toxicologiques
3.1.1 Risques et effets pour l’homme
3.1.2 Risques et effets pour les spécimens
3.2 Contamination de l’environnement de stockage
3.2.1 Présentation de l’échantillonnage
3.2.2 Objectifs et étude des résultats des analyses FRX
3.3 Protection individuelle et collective
3.4 Manipulation et stockage
3.4.1 Manipulation
3.4.2 Stockage
3.5 Note sur les spécimens pédagogiques et la collection Robert
3.6 Note sur la décontamination des spécimens
3.7 Note sur le suivi du personnel
Synthèse et discussion
Conclusion générale

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