Conséquences des difficultés relationnelles entre les hommes itinérants et les services de santé et les services sociaux

PROFIL D’UTILISATION DES SERVICES EN LIEN AVEC LA PROBLÉMATIQUE DE L’ITINÉRANCE

Plusieurs travaux de recherche mettent en évidence que les personnes sans-abri sont de grands consommateurs de services d’urgence et qu’ils le sont beaucoup moins de ceux qui sont dédiés à la prévention (Baggett et al., 2010; Dupéré, O’Neil et De Konink, 2012; Folsom et al., 2005; Martins, 2008). Ce constat est d’importance puisqu’il permet de voir aisément quel peut être l’impact de la problématique de l’itinérance sur la société et plus précisément, sur le système de santé et de services sociaux. Les services d’urgence nécessitent des interventions parfois drastiques et potentiellement coûteuses qui mobilisent beaucoup de personnel, contrairement à la prévention qui est moins onéreuse et qui peut éviter l’aggravation de certaines situations problématiques, en limitant ainsi les répercussions négatives par le biais d’une prise en charge précoce (Grimard, 2006). Différentes raisons peuvent expliquer cette utilisation des services d’urgence par les personnes itinérantes. Plusieurs auteurs les identifient comme étant des barrières à l’accès et à la poursuite des soins (Martins 2008; Nickash et Marnocha 2009; Ogdens et Avades, 2011). En interrogeant des hommes sans-abri de la ville de Montréal, Dupéré, O’Neil et De Koninck (2012) ont fait le constat que leur situation de vie les amenait à se concentrer sur la satisfaction de leurs besoins de base au détriment de signes inquiétants concernant leur état de santé. Les personnes sans-abris négligeraient donc les signes de problèmes de santé afin de se concentrer sur la satisfaction de leurs besoins de base, et ce, jusqu’à ce que le problème de santé en question les empêche de subvenir à ceux-ci. Une fois ce stade atteint, leur état nécessite souvent des soins d’urgence. La non-satisfaction des besoins de base est donc la première barrière à la demande de soins (Dupéré et al., 2012).
Les personnes présentant des troubles concomitants en plus de l’itinérance (consommation de drogue et d’alcool, problème de santé mentale, etc.), sont plus enclins à consommer davantage de services d’urgence (Dupéré et al., 2012; Martins 2008). Folsom et ses collègues (2005) rapportent que les personnes vivant une situation d’itinérance et étant aux prises avec des troubles graves de santé mentale sont dix fois plus à risque que celles vivant des troubles de santé mentale similaires, mais possédant un lieu de résidence stable, de se retrouver dans des services d’hébergement de crise et quatre fois plus, dans des services d’hospitalisation psychiatrique. Les personnes sans-abri ayant un trouble de santé mentale représentent un pourcentage mineur de la population globale vivant avec un tel diagnostic, mais comptent pour un beaucoup plus grand pourcentage des admissions en urgence psychiatrique en raison de leurs besoins plus grands (Homeless Hub, 2013; Roseneck et Lam, 1997).
La vie d’itinérant, en marge de la société, amène son lot de préjugés et d’idées préconçues de la part des gens qui interagissent avec cette population. C’est du moins ce que les personnes sans-abri interrogées par plusieurs auteurs (Dupéré et al., 2012; Nickash et Marnocha, 2009; Roseneck et Lam, 1997; Turchetto 2012; Wen, Hudak et Hwang, 2007) ont mentionné lorsque questionnées sur leur perception de leur accueil dans les services de santé et les services sociaux. Cette peur d’être jugées négativement les amène souvent à repousser ou annuler leurs visites à l’hôpital ou dans d’autres services. Plusieurs ont mentionné se sentir jugées et traitées différemment des autres personnes non-itinérantes (Dupéré et al., 2012; Nickash et Marnocha, 2009). La question de la peur du non-respect de leur droit à la confidentialité a également été évoquée à quelques reprises (Dupéré et al., 2012). Ce sentiment de rejet et cette crainte du jugement s’ajoutent à la marginalisation générale vécue par les personnes sans-abri devenant une autre barrière à la demande de soins.
Un autre frein important à la demande de soins peut être le coût de ceux-ci (Nickash et Marnocha, 2009). Ce constat ne s’applique pas uniquement aux États-Unis et aux autres pays qui ne bénéficient pas d’un accès universel aux soins de santé. Au Québec, bien que la plupart des soins sont accessibles gratuitement, certains engagent tout de même des coûts pour l’usager. Nous n’avons qu’à penser à ceux qui sont reliés aux prescriptions pour les défauts oculaires (également soulignés par Wright et ses collègues [2006]) ou aux soins dentaires, deux besoins sanitaires qui sont d’ailleurs identifiés par Baggett et ses collègues (2010) comme étant non comblés pour 41% de la population itinérante interrogée dans le cadre de leur recherche. Bien que les personnes sans-abri peuvent bénéficier de différentes sources de revenus, la majorité des personnes interrogées dans les études québécoises sont bénéficiaires de l’aide financière de dernier recours du Gouvernement du Québec (Dupéré et al., 2012; Turchetto 2012). Avec un montant de total de 669 $ par mois (Gouvernement du Québec, 2019), les frais associés à des soins non couverts peuvent rapidement devenir difficiles à prioriser dans un budget, une situation qui avait déjà été observée au début de la décennie (Baggett et al., 2010; Nickash et Marnocha, 2009).

LES BESOINS DES HOMMES SANS ABRI

Les personnes itinérantes ont plusieurs besoins, mais n’effectuent pas de demande claire lorsqu’ils cherchent des services (Moore, Manias et Gerdtz, 2011). C’est peut-être en partie la raison pour laquelle elles évaluent ne pas recevoir l’aide nécessaire pour les satisfaire. Ces derniers, ainsi que Poirier, Bonin, Lesage et Reinharz (2000) mettent en évidence que les personnes itinérantes interrogées perçoivent que les problèmes auxquels ils sont confrontés sont de plus grande ampleur comparativement à leur perception de l’aide disponible pour les résoudre (Figures 1 et 2). La Figure 1 présente les « champs cliniques et sociaux » pour lesquels les répondants de l’étude présentent certains problèmes et les couleurs des champs indiquent l’intensité des problèmes rapportés. La figure 2 fait état quant à elle de l’évaluation de l’aide disponible pour les mêmes « champs cliniques et sociaux », les couleurs indiquent cette fois si l’aide est à la fois disponible et appropriée pour répondre aux besoins soulevés.
Étant donné qu’il s’agit de perceptions dans les deux cas, les données doivent être considérées avec prudence. Par exemple, la perception de l’aide disponible peut être faussée par une mauvaise connaissance des ressources et celle de l’ampleur d’un problème peut être perçue comme plus grande si le niveau d’espoir de trouver une solution est faible. Poirier et coll. (2000) spécifient par contre que pour pallier à ces biais potentiels, les tests ont été effectués à deux reprises, à six mois d’écart, et ce, en utilisant un outil reconnu : le Questionnaire de la qualité de vie du Wisconsin (Becker et al., 1993) et du Camberwell Assessment of Needs (version de l’intervenant) (CAN-F, Phelan et al., 1995). Par ailleurs, il appert que certaines problématiques bien connues des services de santé et des services sociaux telles que la consommation de drogue et d’alcool n’ont pas été identifiées comme de grands besoins par les personnes itinérantes qui semblent avoir mis davantage l’accent sur des besoins fonctionnels (argent, logement, alimentation) et sociaux plutôt que sur le traitement des problèmes de santé physique ou mentale. Pourtant, Baggett et ses collègues (2010) ont fait un recensement des besoins non satisfaits au niveau de la santé qui démontre que ces derniers font bien partis de l’équation. Parmi les personnes itinérantes interrogées par ces chercheurs, 32 % estimaient avoir besoin de soins médicaux ou chirurgicaux et 36 % déclaraient avoir des besoins non comblés liés à la médication (prescription) tandis que presque un quart (21 %) soulignait qu’elles n’avaient pas accès aux soins dont elles avaient besoin en matière de santé mentale. Les besoins de prescription ophtalmologique et de soins dentaires qui ne sont pas satisfaits ont été quant à eux mentionnés par près de la moitié des répondants (41%) dans les deux cas. De plus, pratiquement une personne interrogée sur deux (49 %) indiquait être concernée par au moins deux catégories de problématique où leurs besoins n’étaient pas comblés. Wright et ses collègues (2006) spécifient pour leur part que, parmi les problématiques médicales fréquentes chez les personnes sans-abri, les infections de la peau, les blessures aux pieds et les troubles respiratoires sont très présents. Les mêmes auteurs indiquent également que pour les utilisateurs de drogues, les risques de plusieurs troubles infectieux ou reliés aux fonctionnements des organes sont plus élevés.
Finalement, les personnes itinérantes peuvent également mobiliser beaucoup de services, mais ne pas en profiter de façon optimale du fait de leur absentéisme aux rendez-vous, ou encore, de leur impossibilité d’appliquer les recommandations des professionnels de la santé en raison de leur style de vie et du milieu dans lequel ils évoluent (Ogden et Avades, 2011). Cela peut être dû aux barrières discutées précédemment (non-satisfaction des besoins de base, peur d’être jugé, manque de ressources, etc.) et qui peuvent aussi interférer avec le processus, portant les hommes itinérants à se désinvestir des protocoles de soin qu’ils ont parfois eux-mêmes initiés (Nickash et Marnocha, 2009).

LES MASCULINITÉS

CONSTRUCTION DES MASCULINITÉS

Tout d’abord, il est nécessaire de différencier le sexe du genre. Le sexe est un attribut biologique, généralement binaire (excluant quelques cas d’intersexe qui restent marginaux par rapport à la population générale). Le genre, tel que rapporté par Hooper et Quallish (2016), est l’analogue mental ou psychologique du sexe. Il s’agit donc d’une identité, construite, influencée par différents facteurs qui peuvent concorder, ou pas, avec le sexe. Le genre n’est pas binaire, il s’agit plutôt d’un spectre qui laisse place à beaucoup de zones grises, d’interprétations et qui est influencé par l’environnement (Möller-Leimkühler, 2002).
Comme le genre n’est pas binaire et que chaque personne possède son identité distincte, les hommes ne composent pas un groupe homogène (Galdas, Cheater et Marshall, 2005), ce qui fait en sorte qu’il existe plusieurs masculinités que l’on peut voir comme des sous-groupes classés hiérarchiquement les uns par rapport aux autres selon leur concordance avec les normes masculines de leur environnement (Connell, 1995). Ces groupes s’apparentent tous au concept qu’est la masculinité, mais sont suffisamment spécifiques pour se différencier les uns des autres (Courteney, 2009). Certains groupes répondront aux critères plus traditionnels, comme l’homme fort, pourvoyeur et autonome, d’autres adhèreront à des masculinités plus nuancées ou moins traditionnelles (parfois perçus par ceux qui adhèrent à une masculinité traditionnelle comme faisant partie de groupes subordonnés) (Connell, 1995; Courteney, 2009), comme les masculinités dites moderne, observée par De Visser et McDonnell (2013).
La masculinité se construit en opposition avec la féminité (Courteney 2009; Mahalik, Burns et Syzdek, 2007; Noone et Stephens, 2008), à travers le processus de socialisation masculine qui renforce certains comportements et en réprime d’autres. Les hommes apprennent donc la masculinité en observant, en expérimentant et en tenant compte des représentations de cette masculinité déjà existante qui sont véhiculées dans leur milieu (Addis et Mahalik, 2003; Courteney, 2009). Les hommes qui adhèrent à une masculinité dite plus traditionnelle ont tendance à voir la masculinité et la féminité dans une opposition beaucoup plus tranchée. Tandis que les hommes adhérant à des modèles plus modernes voient plus de zones grises et d’entre-deux et s’entendent généralement pour dire qu’il existe un large éventail de masculinités (De Visser et McDonnell, 2013). Certains groupes semblent prédisposés à adopter les comportements d’une masculinité plus traditionnelle ou au contraire, plus moderne. Par exemple, selon certaines études, (Dupéré et al., 2016; Tannenbaum et Frank, 2011) les personnes en situation de pauvreté et celles vivant en milieu rural semblent adhérer davantage à la masculinité traditionnelle.
La masculinité serait donc une norme qui est différente selon la situation et le temps, elle peut même être circonstancielle, c’est-à-dire se modifier de manière temporaire en raison d’un contexte particulier (Addis et Mahalik, 2003). Ces derniers mentionnent que les hommes expérimentent différemment cette norme en fonction de leur âge, leur statut social, leurs valeurs, leurs croyances et leur interprétation des stéréotypes de genre. La masculinité dite traditionnelle prône des valeurs qui répondent aux stéréotypes. L’accent est mis sur la force, l’indépendance, l’autonomie, le rôle de pourvoyeur, le succès, le contrôle, l’indépendance, etc. (Connell 1995; De Visser et McDonnel, 2013). Dans une perspective féministe, la masculinité traditionnelle met l’accent sur l’expression du pouvoir dominant autant envers les masculinités perçues comme inférieures ou subordonnées (ne répondant pas à leurs standards) qu’envers les femmes (Courtenay 2009). Connell (1995) affirme d’ailleurs qu’il existe littéralement une hiérarchie des masculinités pour ceux qui adhèrent à la masculinité hégémonique. Selon Connell, cette dernière correspond à l’idéal à atteindre, et tout homme s’en éloignant se retrouve hiérarchiquement moins masculin que ceux qui s’en approchent. Cette domination s’exprime par l’adoption de comportements démontrant, entre autres, la force, l’invulnérabilité et l’endurance (Dupéré et al., 2016; Möller-Leimkühler, 2002; Roy et Tremblay, 2009).

MASCULINITÉ COMME NORME

La masculinité prescrivant des comportements, des attitudes et des agissements acceptables lorsqu’ils concordent avec ses valeurs et répressibles lorsqu’ils sont en contradiction avec ces dernières prend clairement la forme d’une norme (Addhis et Mahalik, 2003). La norme masculine est donc décrite comme une « constellation particulière de standards et d’attentes, incluant l’accomplissement, le contrôle émotionnel, l’antiféminité et l’homophobie… » (Roy et Des Rivières-Pigeon, 2011 : 51).
Il est important de considérer qu’une norme comme celle de la masculinité est toujours sujette à interprétation (Mahalik, Burns et Syzdek, 2007), contrairement aux normes formelles qui sont généralement claires et explicites. Les hommes, de manière individuelle, accordent donc à la norme de la masculinité une importance ou une intensité qui leur est propre. Les actions, les comportements et les attitudes qu’ils utiliseront par la suite en lien avec cette norme seront proportionnels et cohérents avec la perception qu’ils en ont (Möller-Leimkühler, 2002). Il est donc nécessaire de considérer l’interprétation individuelle que font les hommes de la norme en plus des facteurs environnementaux qui peuvent influencer ladite norme (géographiques, culturels, économiques, etc.).
Si la norme dépend de la perception, le manquement à la norme y est également rattaché. Un même comportement peut être perçu comme une dérogation par certains, mais comme tolérable par d’autres. C’est également sur la base de cette perception que les hommes se positionneront eux-mêmes par rapport à la norme (Mahalik, Burns et Syzdek, 2007). L’adhésion à la norme de masculinité est constamment à prouver, autant à soi qu’aux autres. En effet, les garçons, les adolescents et les hommes doivent prouver leur masculinité tout au long de leur vie ; ils y parviennent notamment en valorisant la force et la violence et en adoptant des comportements à risque (Tremblay, Thibeault, Fonséca et Lapoite-Goupil, 2004). Dépendamment des groupes, du lieu, de l’époque et de la situation, les preuves requises pour démontrer sa masculinité peuvent varier (Courtenay, 2009). Plus les comportements d’un homme sont perçus, autant par les autres que par lui-même, comme étant loin de la norme, plus cet homme vit un conflit de rôle important par rapport à sa perception des attentes de la société (O’Neil, 2008; Pleck, 1995; Roy et Des Rivières-Pigeon, 2011). La norme pouvant induire une certaine confusion quant aux actions prescrites pour exécuter convenablement le rôle masculin, des tensions de rôles de genre, pour reprendre l’expression de Pleck (1995), peuvent apparaitre. Ces tensions ont des impacts négatifs sur les hommes qui entreprendront des activités qui vont à l’encontre de leurs intérêts personnels afin de répondre à la norme masculine telle qu’ils la perçoivent ou pour répondre à des pressions externes (O’Neil, 2008). Répondre à la norme, telle que perçue par l’individu, peut amener un certain bonheur chez les hommes (Roy et Tremblay, 2009). Le sentiment d’appartenance au grand groupe que composent les hommes, l’impression d’être en quelque sorte comme les autres, est rassurant.
Il est intéressant de noter que les démonstrations de masculinité nécessaires à la validation de cette dernière peuvent varier selon les circonstances au point que certains hommes peuvent choisir de dévier de leurs comportements habituels afin d’obtenir cette approbation. Un individu peut donc agir différemment en fonction du groupe dans lequel il se trouve : un homme ayant une vision dite très moderne des relations de genre, qui ne sent pas habituellement le besoin de rabaisser les femmes pour augmenter son pouvoir pourrait faire des commentaires sexistes à l’occasion d’un événement sportif masculin par exemple, afin d’être accepté par ses pairs (Addis et Mahalik, 2003).

MASCULINITÉ ET ITINÉRANCE

Les hommes à faibles revenus auraient davantage tendance que ceux avec des revenus plus élevés à adhérer à une masculinité dite traditionnelle (Dupéré, O’Neil et De Koninck, 2016), ce qui amplifie les tensions de rôles de genre (O’Neil, 2008) qui sont créées par l’impossibilité d’atteindre les idéaux de richesse, de prestige et de pouvoirs (Courtenay, 2009). Leur situation fait en sorte qu’ils ne disposent pas des mêmes moyens que les hommes mieux nantis pour démontrer leur masculinité. S’ajoutent à cela les problèmes de santé chroniques rencontrés par les hommes itinérants tels que décrits par les équipes de Baggett (2010) et de Wright (2006) qui contribuent à la détérioration du corps de ces hommes, les privant des moyens physiques de démontrer d’autres éléments clés de la masculinité traditionnelle tels que la force et l’invulnérabilité.

LA SANTÉ DES HOMMES

Les hommes ont une relation différente des femmes avec leur santé (Courtenay, 2009). Leurs comportements en la matière en sont par conséquent affectés et il en résulte des conséquences visibles sur le groupe qu’ils composent. Un des indicateurs les plus représentatifs est évidemment l’espérance de vie des hommes par rapport à celui des femmes qui est inférieur d’environ quatre ans au Canada (ISQ, 2012). Cet écart augmente à six ans dans les milieux économiquement défavorisés (MSSS, 2016). En effet, il existe des décalages importants entre les différentes catégories d’homme en termes de santé. Les hommes riches sont globalement plus en santé que les hommes pauvres, tout comme les hommes en couple le sont plus que les hommes vivant seuls (Tremblay et al., 2005; Tremblay et Déry, 2010).
Les hommes en général ont tendance à avoir plus de comportements à risque que les femmes en ce qui concerne leur santé. Selon un rapport Institut de la statistique du Québec (2016), dans la province, les hommes sont plus nombreux à consommer de la drogue (17 % contre 9 %). Ils consomment plus que les femmes pour tous les types de drogue sauf dans le cas des médications non prescrites. Ils sont également plus nombreux à fumer du tabac (27 % contre 23 %) et à consommer de l’alcool de manière excessive (27 % contre 10 %). Tremblay (2016) soutient d’ailleurs que certaines de ces consommations traduisent une « forme de socialisation masculine ». Il est intéressant de remarquer que leur tendance à prendre des risques se manifeste aussi dans la proportion d’hommes aux prises avec un problème de jeux en comparaison avec celle des femmes (2 % contre 0,7 %). Le même rapport fait finalement état que les hommes sont plus nombreux à combiner deux ou trois de ces comportements à risque (12,6 % contre 4,9 % chez les femmes). Il est important de noter que dans sa publication sur les déterminants de la santé, le gouvernement du Québec mentionnait que : « le statut socioéconomique des individus [a] une très grande influence sur l’état de santé de la population, soit par leurs effets directs, soit par leurs effets sur de nombreux déterminants tels que les comportements individuels et les milieux de vie.» (MSSS, 2010 : 8). Ces hommes ont donc encore plus tendance que les autres à adopter des habitudes qui nuisent à leur santé telles que la consommation de drogue et d’alcool et la prise de risques excessive. Ces hommes ont également moins tendance à avoir des comportements préventifs (Boman et Walker, 2010; Courtenay, 2011; Dulac, 2001; Hamilton et Mahalik, 2009; O’Brien, Hunt & Hart, 2005; Tannenbaum et Frank, 2011; Tremblay et Déry, 2010). Selon Tremblay (2016), cette prise de risque est également liée à la surestimation qu’ont les hommes de leur état de santé, cette exposition répétée aux risques les rend plus susceptibles que les femmes d’être victimes d’accidents et de blessures.
Les hommes plus pauvres qui adoptent une masculinité dite hégémonique (Dupéré et al., 2016) constituent un groupe à risque de connaître de manière plus importante certains problèmes de santé mentale tels que la dépression ou le suicide tel que relevé par Tremblay (2016). L’auteur soulève aussi que, dans ce même groupe, le travail (ou l’absence de) aurait, un impact important sur la santé physique et mentale des hommes. C’est donc dire qu’ils font partie d’une population qui est à la fois plus à risque d’avoir un emploi instable, insatisfaisant ou de ne pas avoir d’emploi, mais aussi pour qui avoir un emploi instable ou insatisfaisant, ou ne pas avoir d’emploi, cause potentiellement de plus grands dommages au niveau de la santé.

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Table des matières

RÉSUMÉ
TABLE DES MATIÈRES 
LISTE DES TABLEAUX 
LISTE DES FIGURES 
LISTE DES ABRÉVIATIONS
REMERCIEMENTS 
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 PROBLÉMATIQUE À L’ÉTUDE
1.1 AMPLEUR DE LA PROBLÉMATIQUE
1.1.1 L’ITINÉRANCE
1.1.2 LES MASCULINITÉS
1.2 CONSÉQUENCES DES DIFFICULTÉS RELATIONNELLES ENTRE LES HOMMES ITINÉRANTS ET LES SERVICES DE SANTÉ ET LES SERVICES SOCIAUX
1.2.1 HISTORIQUE DES POLITIQUES CONCERNANT L’ITINÉRANCE CHEZ LES HOMMES
1.3 PERSPECTIVE DES INTERVENANTS
1.4 PERTINENCE DE LA PRÉSENTE RECHERCHE
CHAPITRE 2 RECENSION DES ÉCRITS 
2.2 ITINÉRANCE
2.3 PROFIL D’UTILISATION DES SERVICES EN LIEN AVEC LA PROBLÉMATIQUE DE L’ITINÉRANCE
2.4 LES BESOINS DES HOMMES SANS ABRI
2.5 LES MASCULINITÉS
2.5.1 CONSTRUCTION DES MASCULINITÉS
2.5.2 MASCULINITÉ COMME NORME
2.5.3 MASCULINITÉ ET ITINÉRANCE
2.5.4 LA SANTÉ DES HOMMES
2.5.5 LES HOMMES ET LEUR RAPPORT AUX SOINS
2.6 RÔLE DES INTERVENANTS EN REGARD DE LA SANTÉ DES HOMMES
2.7 SERVICES DE SANTÉ, SERVICES SOCIAUX ET ITINÉRANCE
CHAPITRE 3 CADRE THÉORIQUE
3.1 DÉFINITIONS DES TERMES CLES DE LA RECHERCHE
34 3.2 LES APPROCHES BIOÉCOLOGIQUE ET STRUCTURELLE
3.2.1 APPROCHE BIOÉCOLOGIQUE DE BRONFENBRENNER (1979, 1992)
3.2.2 L’APPROCHE STRUCTURELLE MARXISTE
CHAPITRE 4 MÉTHODOLOGIE 
4.1 APPROCHE PRIVILÉGIÉE
4.2 TERRAIN DE LA RECHERCHE
4.3 ÉCHANTILLON
4.4 RECRUTEMENT
4.5 COLLECTE DE DONNÉES
4.6 ANALYSE DES DONNÉES
4.7 CONSIDÉRATIONS ÉTHIQUES
4.8 PERTINENCE SCIENTIFIQUE ET SOCIALE
CHAPITRE 5 RÉSULTATS 
5.1 CaractÉristiques des rÉpondants
5.2 CARACTÉRISTIQUES DES HOMMES sans-abri
5.3 PROBLÉMATIQUES OBSERVÉES CHEZ LES HOMMES SANS-ABRI PAR LES INTERVENANTS DES RESSOURCES CONSULTES
5.4 LES BESOINS DES HOMMES SANS-ABRI TELS QU’IDENTIFIÉS PAR LES INTERVENANTS DES RESSOURCES D’HÉBERGEMENT
5.5 LES HOMMES SANS-ABRI ET LEUR MASCULINITÉ
5.6 DÉMONTRER SA MASCULINITÉ
5.7 LES CONFUSIONS EN LIEN AVEC LA MASCULINITÉ
5.8 CONTREVENIR À LA NORME
5.9 LES LIENS EXISTANTS ENTRE LES HOMMES SANS-ABRI ET LES SERVICES DE SANTÉ ET LES SERVICES SOCIAUX
5.10 NATURE DES DEMANDES EFFECTUÉES PAR LES HOMMES SANS-ABRI
5.11 OPINION DES HOMMES SANS-ABRI SUR LES SERVICES
5.12 OBSERVATIONS DES INTERVENANTS SUR LA RELATION ENTRE LES HOMMES SANS ABRI ET LES SERVICES
5.13 TRAJECTOIRE ET OBTENTION DE SOINS
5.14 PERCEPTION DES PROFESSIONNELS À L’ÉGARD DES HOMMES SANS-ABRI
CHAPITRE 6 DISCUSSION DES RÉSULTATS 
6.1 RETOUR SUR LES OBJECTIFS DE LA MAÎTRISE
6.1.1 PERCEPTION DES INTERVENANTS DES RESSOURCES D’HÉBERGEMENT DES HOMMES SANS-ABRIS ET DE LEURS PROBLÉMATIQUES BIOPSYCHOSOCIALES
6.1.2 PERCEPTIONS, SELON LES INTERVENANTS, DES SERVICES DE SANTÉ, DES SERVICES SOCIAUX ET DES PROFESSIONNELS FRÉQUENTÉS PAR LES HOMMES ITINÉRANTS
6.1.3 LA RELATION ENTRE LES HOMMES SANS-ABRI ET LES PROFESSIONNELS DES SERVICES DE SANTÉ ET LES SERVICES SOCIAUX TELS QUE PERÇUS PAR LES INTERVENANTS
6.2 FORCES ET LIMITES DE LA PRÉSENTE RECHERCHE
6.2.1 FORCES DE LA RECHERCHE
6.2.2 LIMITES DE LA RECHERCHE
6.3 AVENUES ET PERSPECTIVES DE RECHERCHE
6.4 RETOMBÉES POTENTIELLES POUR LA PRATIQUE DU TRAVAIL SOCIAL
CONCLUSION 
BIBLIOGRAPHIE
Annexe 1 : Guide d’entrevue semi-dirigé
Annexe 2 : Questionnaire SocioDémographique 
Annexe 3 : Formulaire d’information et de consentement (FIC)
Annexe 4 : Formulaire d’information et de références 
Annexe 5 : Certification éthique

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