Conséquences de l’enfermement sur l’être humain 

Panoptique, prémices du modèle architectural d’aujourd’hui

De nombreux architectes ont travaillé sur ce nouvel espace d’enfermement, mais un modèle en particulier à marquer l’histoire des prisons laissant de nombreuses traces dans l’architecture carcérale d’aujourd’hui. Ce modèle connu de tous est bien celui du panoptique mis en exergue par Michel Foucault dans son ouvrage Surveiller et Punir. Le panoptique est un modèle architectural carcéral pensé par Jeremy Bentham. Philosophe utilitariste anglais, il s’inspire des études faites par son frère Samuel Bentham qui dessinait des plans de disposition de machines dans les usines en 1786, afin que ces dernières soient visibles d’un seul endroit.
Il a alors développé un modèle d’architecture carcérale basé sur un système de surveillance totale en un endroit. Les cellules sont disposées autour d’un cercle avec en son centre une tour pour les surveillants. Cette tour permettait de voir toutes les cellules et même leur intérieur sans que les détenus ne puissent voir s’ils étaient surveillés ou non grâce à un traitement sur la position des murs, de lumière et des ombres. Ce principe a même été poussé à son comble, dessinant les couloirs de la même manière, non pas avec des grilles mais avec des chicanes pour cas aucun moment les détenus ne puissent savoir où se trouvait les gardiens.
Ce modèle architectural permettait plusieurs choses ; tout d’abord la gestion efficace d’un grand nombre de personnes enfermées. Individuellement on privait une personne de tout rapport avec les autres, empêchant n’importe quel type de rébellion.
Ensuite, la présence symbolique de cette tour vue de tous, mais sans voir apparaitre un visage humain montrait la puissance ultime des personnes qui contrôlait la prison. De plus, le fait de pouvoir voir tous les occupants de chaque cellule, sans être vu, permettait aux surveillants d’être protégés, mais aussi moins nombreux tout en étant dans une surveillance optimale. Selon son créateur, ce type d’enfermement permettait de « rendre utile à la société » ces Hommes, leurs enlevant leurs pensées malsaines. « En somme, on inverse le principe du cachot ; ou plutôt de ces trois fonctions – enfermer, priver de lumière et cacher- on ne garde que la première et on supprime les deux autres. La pleine lumière et le regard d’un surveillant comptent mieux que l’ombre, qui finalement protégeait. La visibilité est un piège. »Guillaume Mazau Mais nous pouvons nous demander ce que cela produit réellement chez la personne incarcérée d’être dans ce genre de lieux, une folie dans l’impression d’être constamment surveillé ? Ce manque d’intimité total n’aurait-il pas un impact psychologique dans le temps sur ces Hommes ? Nous sommes face à une mise en scène de leur solitude, du non contrôle du monde qui l’entoure du fait de ne pas savoir s’ils sont observés mais aussi du fait qu’ils ne puissent communiquer entre eux, restant enfermés toute la journée dans leur cellule. Avons-nous un réel impact, quelque que soient nos actions, sur la manière dont pense une personne ? Peut-on réellement faire en sorte qu’elle intériorise ses pensées et ne recommence pas ces actes justes avec une action d’enfermement et de surveillance totale de ses actes ? Encore ici, nous observons que ce système était là pour enfermer, exclure, des personnes de la société mais en aucun cas il n’y a une envie de participer à une éducation. Ce système comme l’exprime Michel Foucault , n’est peut-être pas le supplice physique, la torture mais peut être est encore plus effrayant sur ce qu’on peut faire subir à quelqu’un.

Différentes typologies de prison cellulaire

Au cours des évolutions du traitement de la peine, deux façons de la vivre apparaissent donnant des architectures différentes. Tout d’abord le système pennsylvanien, ou le détenu est enfermé jour et nuit seul, dans sa cellule. Pouvonsnous vraiment imaginer ce que l’esprit éprouve dans ce genre de situation ? Certes cela permet une facilité de surveillance pour les surveillants mais est-ce vraiment bénéfique ? La réponse est non pour de multiples raisons que nous imaginons et comprenons tous (désocialisation, augmentation de la folie…). En réalité je pense que ce système a été mis en place par pure praticité et que le suivit psychologique et la préparation à la réinsertion sociale où l’on côtoie des personnes et où l’on travail n’a pas été prise en compte. C’est ici certainement un système purement punitif.
Puis il y a le système auburnien développé dans les années 1820, celui-ci préconise un enfermement de nuit mais du travail dans des ateliers la journée. Cela peut être considéré comme une option plus favorable au détenu, qui l’éduque à travailler et le forme. Cependant la vie en communauté et le rapport à l’autre ne sont toujours pas présents car en dehors de sa cellule, le détenu doit manger, travailler, dans le silence total. Ce système a été pensé comme une alternative au système pennsylvanien et est largement mis en place aux États-Unis.
Mais en France, en 1830 de nombreux débats entre juristes, architectes et politiciens ont eu lieu afin de choisir le système d’enfermement le plus adéquat. C’est en 1840 que le système pennsylvanien avec comme référence le panoptique devient « la référence architecturale dominante en France ». De ce temps quelques typologies sont apparu tel que le panoptique complet mais très rare, le panoptique en demi-cercle, le plan en croix, le plan en Y. Mais c’est le plan rayonnant qui a été le plus réalisé avec ces coursives en surplomb, les perspectives dans les couloirs et la tour centrale.
L’ambition pour les architectes du XIX ème siècle était d’enfermer efficacement les détenus, c’est-à-dire leur apporter des conditions de vie acceptables, favorisant des activités, tout en mettant en place un système de surveillance efficace, tout cela dans une construction économique. Cependant cet enfermement cellulaire n’a rien d’économique au niveau du coup des travaux et de nombreuses prisons en esquisses n’ont jamais vu le jour

État des lieux du système carcéral en France

Le ministère de la justice : Programmes et ambitions

À la fin du XXème siècle, la France voit apparaître plusieurs ensembles de programmes immobiliers face à un vieillissement et à l’insalubrité des prisons existantes mais aussi afin de pouvoir créer de nouvelles places de détention pour répondre à un accroissement du nombre de personnes incarcérées.
Le premier programme de ce qu’on peut définir comme les « nouvelles prisons » est nommé « Programme 15 000 » ou « Programme Chalandon » de 1980 du nom du garde des sceaux de l’époque. Il est considéré comme une « révolution pénitentiaire », celui qui pourra résoudre tous les maux du système carcéral. Son objectif est de trouver une solution au problème de surpopulation en créant 15 000 places en moins de 4 ans. Cependant par manque de moyens, l’ambition sur le nombre de places est revue à la baisse, il devient alors le « Programme 13 000 ». Ce programme, comme nous l’a défini Bernard Hemery, architecte dans l’agence synthèse architecture, était « léger et propice aux innovations ». Malgré les limitations au niveau économique, les architectes de l’époque avaient comme réelle ambition, certes de donner un cadre de vie descend en matière d’hygiène à ces personnes mais surtout repenser les conditions de détention et réfléchir à ce que ce séjour « dans les murs » pouvait avoir comme effet. Bernard Hemery et son équipe ont été pour ce programme, lauréat de la zone Ouest, c’est-à-dire en charge de la construction des établissements pénitentiaires prévu dans le grand Ouest. Ils ont orienté leur approche de l’espace carcérale sur « la non rupture d’une vie sociale », une condition qui leur semblait « nécessaire mais néanmoins pas suffisante pour la réinsertion ». Ils ont alors proposé et construit des établissements ou les cellules se nommaient plutôt « appartement » et où les détenus pouvaient se déplacer librement dans un emploi du temps strict afin qu’ils puissent «être maître de leurs temps passé dans ces lieux et non le subir ». Cependant malgré la construction de ces établissements, avec la pression des syndicats de surveillant ces temps « d’espace libre » ont été supprimé pour cause de non sécurité pour ces derniers.
C’est alors à ce moment précis que nous pouvons nous questionner sur les limites de ce raisonnement. En effet, en partant du principe que nous voulons améliorer leur quotidien, nous leurs offrons plus de « liberté », nous savons pertinemment qu’il y aura des cas de débordements, de la violence souvent envers les surveillants, cela voudrait donc dire que pour ces raisons, il ne faudrait rien faire ? L’administration pénitentiaire préférait alors, en toute normalité, protéger les surveillants et réduire les marges de manœuvre pour les détenus, ce que nous comprenons mais n’existe-t-il pas un système qui pourrait conjuguer les deux ?
Nous voyons ici avec cet exemple que les innovations proposées peuvent parfois être de courte durée ou même ne jamais exister. De plus, alors que ce programme a fait construire 25 établissements neufs de 1990 à 1992, cela n’a pas suffi dans la réponse au manque de place, surtout avec l’abolition de la peine de mort en 1981 par le nouveau Garde des Sceaux Robert Batinder, impliquant toujours plus d’enfermement.
Le programme 4 000 apparaît alors en 1996 avec la Garde des Sceaux Elizabeth Guigou avec à peu près les mêmes objectifs. Seulement ici, dans ce nouveau programme, l’administration pénitentiaire en profite pour le compléter, réduisant un peu les possibilités pour les architectes d’innover. Dans ce programme 6 établissements ont été construits, les ambitions ont été de « créer un cadre de vie de quartier urbain en détention » en intégrant des équipements de réinsertions à proximité. Mais nous retrouvons encore ici la problématique de construire vite, le moins coûteux possible, limitant les innovations au niveau de l’architecture.
Mais c’est avec le programme 13 200en 2002 que les établissements pénitentiaires de plus en plus sécuritaires apparaissent. Alors que des évasions et de nombreuses agressions sur le personnel on eut lieu, la réponse de l’administration pénitentiaire a été de créer un nouveau programme immobilier, un « renouveau de l’immobilier »donc la première préoccupation était et est toujours la sécurité. « Une exigence forte a porté sur la co-visibilité entre les postes protégés tenus par le personnel de surveillance : les agents peuvent veiller les uns sur les autres et assurer une bonne fluidité des mouvements de détenus. Les postes de surveillance sont dotés des équipements informatiques et électroniques les plus modernes. Une attention particulière a été apportée à l’ergonomie de ces postes garantissant aux agents un confort et une aisance des postures de travail. »

Influence de l’espace d’enfermement

La notion de Moi, Ici, Maintenant

Tout au long de notre vie nous évoluons dans des espaces, très souvent définis comme des espaces architecturaux car construis par l’homme. Mais pouvons-nous réellement imaginer rester enfermé dans un seul et même espace ? Une pièce de 9m², sans réelle vision vers l’extérieur, où toutes les activités de la vie sont regroupées. Avant de commencer ce chapitre sur l’espace d’enfermement, je me dois de faire allusion à la période dans laquelle nous vivons, cette pandémie mondiale qui nous oblige à rester chez nous. Bien sûr chacun vie différemment cette période, certain, casanier arrive tranquillement à passer cette épreuve, d’autres la vive plus difficilement s’ennuyant du monde extérieur. Bien sûr, le lieu dans lequel nous vivons ce confinement aide plus ou moins à supporter l’interdiction de sortir. Une personne dans un petit appartement se sent plus vite pris au piège contrairement à celui qui vit dans une maison à la campagne, est encore. Alors c’est avec cette expérience que nous avons tous, que nous pouvons chacun réfléchir sur ce concept d’espace d’enfermement et ce qu’il provoque chez nous.
Afin de nous aider à comprendre ce que peut produire un espace d’enfermement dans le milieu carcéral, ce chapitre est basé sur des études phénoménologiques . Dans ces études, une notion apparaît, celle du MOI, ICI, Maintenant. Cette notion explique notre rapport au monde et comment il est altéré dans un espace d’enfermement.
Dans notre société actuelle, chacun est libre de penser, se déplacer, se distraire, travailler, dormir comme il le souhaite. C’est dans cette liberté que nous, le MOI, évolue physiquement en se déplaçant, donnant le ICI, réalisant une action dans le MAINTENANT. Mais lors d’une peine de prison, l’individu se retrouve enfermé dans un espace clos (9m²), avec des règles à respecter. Sa vie se retrouve alors ordonnée par une personne extérieure (ici l’administration pénitentiaire), où des activités sont interdites et d’autres obligatoires, et pour tout le monde la même chose. On se retrouve alors dans une réelle privation de liberté, car cela va même jusqu’à une privation d’être soi, d’affirmation de soi, on devient juste un numéro parmi d’autres. Cette privation d’être soit est accentué par la promiscuité avec les autres, ou l’intimité n’existe pas et où les fouilles corporelles font partie d’une dépossession de son corps et une dégradation de son image personnelle. Ces Hommes se retrouvent alors plus réellement eux, car ils ne peuvent plus se protéger de l’autre, ni s’affirmer en tant que personne à part entière.
Mais une autre notion apparaît, celle du ICI. Les déplacements et l’appropriation de ce qui nous entoure reste un facteur essentiel du développement chez un individu qui cherche à évoluer dans ce monde. Mais lorsque l’espace est restreint mais surtout unique, on fait comprendre à cette personne que le monde qui l’entoure n’est plus à sa porter, qu’il n’est plus autorisé à y évoluer. Le ICI devient l’ailleurs. Il se retrouve alors en position « d’attente », où il ne« va pas vers l’avenir mais attend que l’avenir vienne à lui ».
Le MAINTENANT et ICI disparaissent alors, remplacer par un sentiment de ne plus faire partie de ce monde, de ne plus pouvoir évoluer.
Cependant, chaque individu est différent, chacun à sa façon de vivre la peine. Quelques personnes, aidées par des possibilités et motivations externes (programme de détention, famille, etc), choisissent de pratiquer ce temps comme un « élan vers la vie hors les murs » ne se laissant pas abattre et mettant ce temps à profit pour organiser le futur. Cette façon d’agir, les laisse dans une situation non pas d’attente mais d’actions, avec un sentiment d’affirmation et d’existence de soi.
Nous pouvons alors nous demander si le mot « espace d’enfermement » à une relation avec l’architecture du lieu. La réponse semble évidente, cependant les auteurs nous expliquent ici que différentes situations peuvent se transformer en espace d’enfermement.
Nous pouvons prendre pour exemple la punition de mise au coin d’un enfant. Ce dernier que l’on positionne dans un coin, dos à la classe, sans possibilités de bouger, se retrouve alors en situation d’espace d’enfermement, sans contrôle ni moyen d’affirmation de soi, ou le regard des autres, sans aucun moyen de protection, vient endommager son image de lui.

PROCESSUS DE CONCEPTION D’UNE PRISON

L’accès au marché

Concours : Débutant VS Expérience ?

Avant de s’intéresser aux dispositifs mis en place par les architectes dans la construction de ces nouveaux établissements, il est nécessaire de s’intéresser au déroulement du processus de conception afin de comprendre leur marge de manœuvre.
Comment devient-on l’architecte d’une prison ? Tout architecte en a-t-il la possibilité ?
Mais surtout peut-il réellement jouer son rôle d’innovateur ?
Pour pouvoir répondre à ces interrogations, je me suis principalement basé sur les entretiens que j’ai pu réaliser avec deux architectes, acteurs actifs du nouveau patrimoine pénitentiaire en France. Il est bien sur évident qu’il ne représente pas tous les architectes ayant travaillé sur ce sujet. Mais après avoir analysé leurs explications et comparé avec différentes lectures, je considère que nous pouvons monter en généralité sur la manière de procéder et de penser, puisque les informations recueillies sont souvent similaires.
La construction d’un établissement pénitentiaire est certes un projet sortant de l’ordinaire de par sa rareté et sa difficulté, mais il en reste un programme public, commandées par l’APIJ (Agence publique pour l’immobilier de la justice), filière de l’administration pénitentiaire. De ce fait, les projets sont donc publics, ouverts à tous et même à l’Europe puisque la plupart d’entre eux sont des marchés européens. Le concours se déroule alors comme pour la plupart des concours publics.
Tout d’abord, l’APIJ réalise en amont une étude préalable. Cette dernière se compose d’une recherche foncière, en collaboration avec le préfet de la région, une élaboration d’un chiffrage pour le futur projet et une composition d’un binôme qui suivra tout le processus de conception. Ce groupe considéré comme chef de projet est pluridisciplinaire, composé d’une personne représentant la technique (un architecte ou un ingénieur), et d’un profil pénitentiaire, c’est-à-dire d’une personne gradée dans l’administration pénitentiaire. Puis un appel d’offre est lancé sur les différentes plateformes d’appel d’offre publique telle que le journal officiel ou le moniteur. Ces ici que l’APIJ pose le programme fonctionnel et architectural du projet avec la transmission des différents cahiers des charges que nous aborderons par la suite. De cet appel d’offre, les différents groupements (architectes, bureaux d’études, entreprises) vont pouvoir candidater. Dans ce que nous pourrions appeler le premier tour, l’APIJ peut choisir 3 à 5 équipes pour poursuivre le concours, éliminant ceux étant hors sujet ou ayant excédé le budget. À la fin de cette première phase, des demandes d’ajustement sur certains points sont demandées aux candidats.
L’architecte Sylvie-Elisabeth Simon nous a expliqué que c’est à ce moment-là que l’APIJ pouvait réaliser des changements dans le budget. En effet, lors d’un concours, alors que tout les participants n’avaient pas réussi à respecter le budget, l’APIJ à accepter de le repenser, néanmoins cela reste exceptionnel. De là s’ensuivent de multiples étapes de présentation et de discussion des projets, ces derniers y sont décortiqués par le AMO du maître d’ouvrage. Dans cette phase, les architectes qui n’ont jamais réalisé ce type de projet peuvent se démarquer par leurs innovations. Mais c’est bien les expérimentés qui prennent le déçu de par leurs anticipations et l’assurance qu’ils peuvent avoir dans la réponse au programme, avec des innovations tenant la route, respectant les difficultés d’un tel sujet.
Pour finir, au rendu final les projets sont présentés, accompagnés de tout un tas de notices concernant la sûreté active, passive, des notes sur l’accessibilité, la sécurité incendie… Enfin tout ce qui est du volet technique, les bureaux d’études de chaque groupement présentent aussi une étude, avec pour exemple, l’installation technique/ électrique des commandes de surveillance et de sécurité. Ce concours dur en moyenne un an, puis du moment où le lauréat est sélectionné, il possède un an pour la conception et environ deux ans pour la réalisation.
Dans différents écrits de l’administration pénitentiaire, une envie d’ouvrir le concours à tous et de laisser une chance à un architecte sans expérience pour avoir des projets innovants est souvent énoncée. Cependant, en réalité, dès le début de mes recherches j’ai réalisé que la plupart du nouveau patrimoine pénitentiaire en France a été construit par un cercle fermé de quelques agences. Nous pouvons allons émettre l’hypothèse que l’administration pénitentiaire, dans sa recherche de performance en termes de sécurité et de rapidité de construction préfère la simplicité de la personne expérimentée. Mais cela n’est-il pas aussi dans le but d’obtenir des bâtiments qu’ils connaissent, dont ils ont confiance dans leurs fonctionnements et dans leurs coûts ?
C’est ici que se pose alors la question de l’innovation, en avons-nous réellement la possibilité ? Même pour ces agences connaisseuses du sujet.

Architecte et sujet de société

Un sujet stimulant

Le sujet de l’architecture carcérale peut parfois paraître difficile à appréhender pour un architecte, pouvant être souvent contre ses convictions, lui qui prône la liberté du corps et de l’esprit dans l’espace. Mais après avoir réalisé ces entretiens, nous avons pu nous rendre compte que lorsque nous nous intéressons à cette question de société, le sujet devient en lui-même très passionnant, activant en nous cette envie de changer les choses. Cela devient alors, pour ces architectes qui ont une expérience de projet d’établissement pénitentiaire, le sujet principal de leur carrière.
Ce n’est généralement pas une envie innée, qui les a suivis depuis le début de leurs études, mais c’est bien en s’y étant intéressé, que cela a su faire grandir une envie et une vocation. Pour Sylvie-Elisabeth Simon, c’est lors du premier concours dans son entrée dans l’agence Synthèse Architecture, il y a 33 ans, que tout cela à commencer. Elle n’a par la suite pas cessé de répondre à de nombreux concours, dirigeant la réalisation de 7 établissements, et finissant par créer au sein de l’agence, un service nommé justice défense, dont elle est responsable. Quant à l’architecte Bernard Guillien, c’est lors d’un stage d’étude qu’il a découvert ce milieu avec un travail sur un centre pénitentiaire dans les années 80, depuis, après s’être associé pour créer l’agence Architecture studio, il a tenu à participer aux appels d’offre d’établissements pénitentiaires et a pu développer de nombreux projets. C’est à la fois une passion pour la complexité du sujet qui c’est développer mais aussi une envie de partager ces expériences au sein de leurs agences.
Décider de traiter un tel sujet est pour une agence et ses architectes, un choix qui pourrait se référer à une responsabilité sociale. En effet, en tant qu’architecte nous voulons créer des lieux où les personnes évoluent, ce sentant bien et créer des lieux adapter aux activités, créer des expériences de vies ou encore des sensations. Dans le discours de ces deux architectes, nous pouvons remarquer qu’ils ne définissent pas leur métier comme un moyen de créer des bâtiments exceptionnels mais bien le moyen de développer des cadres de vie quotidien répondant aux besoins des habitants. Et une prison n’est-elle pas un lieu de vie du quotidien ? Leur positionnement est alors très simple, tous projets de société a le droit à une réponse.

Un long processus plein de responsabilités

La frustration est bien présente dans le métier de l’architecte mais encore plus dans cette thématique où toutes propositions amènes négociations, dont la plupart finissent face à des refus de changement.
Le sujet de la sécurité me paraît adéquat pour comprendre le combat de ces architectes entre envies de changement et responsabilité. La sécurité est l’un des éléments les plus importants dans la conception d’une prison aux yeux de l’administration pénitentiaire mais aussi dans les choix architecturaux. Alors que nous pourrions croire que les prisons contemporaines sont des exemples d’efficacité en termes de sécurité nous avons surtout pu constater que c’est certes un apport de beaucoup de technologie mais surtout une accumulation de dispositif au fur et à mesure des années.
À chaque nouveau fait divers sur des tentatives d’évasion ou violence dans les prisons, de nouveaux dispositifs sont additionnés aux précédents. Des points de vue des architectes ces dispositifs participent à l’ambiance générale de la prison, reflétant aux surveillants comme aux détenus l’image d’un environnement hostile. Pour autant, et les architectes ne le nie pas, ces dispositifs sont nécessaires au fonctionnement de ces bâtiments.
Cependant, il cherche à combiner architecture et sécurité en proposant des alternatives ou dispositions pour améliorer l’image de cette dernière sans altérer les dispositifs de sécurité.
Mais après négociations, validation et construction de l’établissement, l’architecte a certes des responsabilités sur le bâtiment mais aussi des responsabilités psychologiques sur le bon vécu du bâtiment. En réalité cette responsabilité n’apparaît pas dès le début de la vie du bâtiment, l’administration pénitentiaire ne dit pas à l’architecte « Vous allez être responsable si des détenus s’évadent. », mais c’est en effet bien le cas lorsque cela arrive.
« Et bien là on ne veut pas comprendre, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil et les architectes ils sont des cons car ils ont mis des plantations et pas de filins. Donc on enlève tous et on recommence. » Bernard Guillien.

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Table des matières
ÉVOLUTION DE L’UNIVERS CARCÉRAL
1A. Architectures et châtiments en constante évolution
B. État des lieux du système carcéral en France
CONSÉQUENCES DE L’ENFERMEMENT SUR L’ÊTRE HUMAIN 
A. Influence de l’espace d’enfermement
B. Influence de l’architecture
PROCESSUS DE CONCEPTION D’UNE PRISON
A. L’accès au marché
B. Architecte et sujet de société
C. Conception : deux logiques s’affrontent
LA PRISON : UN LIEU VÉCU
A. Dispositifs mis en place par les architectes pour améliorer le quotidien
B. Des anciennes aux nouvelles : entre insalubrité et inhumanité
C. L’architecture est un maillon, pas la chaine
CONCLUSION
C. Recherche d’affirmation personnelle
ANNEXES
Bibliographie / Médiagraphie
Retranscriptions des entretiens
Table des matières

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