Conséquences de l’ insatisfaction corporelle à l’adolescence 

Développement de l’hypersexualisation

L’hypersexualisation et la sexualisation précoce se sont développées dans la société moderne occidentale à partir de la libéralisation sexuelle ayant eu lieu au courant des années 1970 et se sont intensifiées à l’aide de l’avènement de la prolifération médiatique et de la révolution électronique récente (Duquet, 2014). Plusieurs facteurs sociaux et historiques sont énoncés comme étant des hypothèses de la genèse de l’hypersexualisation et de la sexualisation précoce. Six d’entre eux seront abordés.
L’un des principaux facteurs historiques est la libération sexuelle apparue à partir des années 1970. À cette époque, les sociétés occidentales ont délaissé les codes et les normes rigides qui entouraient la sexualité. Le tabou de la sexualité est devenu progressivement un sujet de discussion sociale et la sexualité est passée du domaine de la morale à celui du bien-être (Jouanno, 2012). La révolution sexuelle a entrai né des apports incontournables qui permettent de mieux comprendre comment l’hypersexualisation a occupé de plus en plus de place dans la société d’aujourd’hui. En effet, le mouvement hippie a marqué la fin de la honte corporelle et a favorisé l’acceptation de normes plus ouvertes concernant la nudité, bien qu’elle favorise grandement la nudité juvénile, en bonne santé et désirable. Également, la moralisation catholique a fait place à une révolte collective qui a entrainé une diminution de la pudeur associée à la sexualité. Finalement, le silence et l’ignorance sexuelle ont cédé le pas aux fondements de l’éducation sexuelle et à la diffusion des connaissances relatives à la sexualité (Desaulniers, 1997). Cependant, l’avènement de l’étude de la sexualité a entrai né une certaine distance et de l’extériorité par rapport aux phénomènes sexuels. De ce fait, découlent deux phénomènes plus problématiques, soit l’objectivation et le morcèlement de la sexualité, qui se réfère au fait de valoriser un aspect de la sexualité aux dépens des autres (Desaulniers, 1997).
Une deuxième hypothèse concerne la sexualisation de l’espace public, notamment le monde des médias. En effet, l’espace médiatique actuel, dont l’ampleur s’est largement agrandie au cours du 21 e siècle, fait objet d’agent de socialisation. Les médias «contribuent à notre définition du beau, du normal, du naturel, et ce, par la seule répétition des messages» (Duquet, 2014). Par le fait même, ils influencent la façon dont les individus se représentent leur propre image corporelle ainsi que les conduites amoureuses et de séduction qui sont à privilégier. En misant sur le sensationnalisme et la performance, ils influencent directement la culture populaire, créant des stéréotypes et des clichés qui passent pour la norme sociale (Duquet, 2014). Ainsi, la surenchère et la très grande disponibilité de contenus à caractère sexuel et parfois même pornographique disponible dans l’espace médiatique sont considérées comme facteurs à la base de l ‘hypersexualisation (Poulin, 2008).
La société de consommation telle qu’elle est connue en Amérique du Nord est un troisième facteur d’ influence. En effet, l’ hypersexualisation est axée sur la primauté de l’ apparence. Elle prend racine directement dans la pression que l’ économie de la consommation exerce sur la société. Celle-ci prône des valeurs individualistes où l’apparence est valorisée, ce qui s’ est facilement intégré dans une société où les structures familiales sont fragilisées (Jouanno, 2012). Les enfants et les adolescents sont particulièrement visés par les industries et par la publicité, car ils sont très réceptifs au message qui affirme que la consommation donne un sens à la vie et permet de créer de la valeur chez un individu (Escobar-Chavez et al. , 2005). Non seulement les agences de publicité espèrent cibler un public de vente assez jeune, mais ils espèrent également induire aux consommateurs plus âgés des goûts de jeunes en matière de consommation (Barber, 2007). Ainsi, l’ industrie de la publicité vise à induire aux jeunes l’ idée qu’ ilstrouveront le bonheur par le contrôle de leur apparence selon les critères choisis par l’ industrie de la mode.
Un quatrième facteur concerne le contexte de la prévention du sida. Suite à l’avènement du sida, de vastes campagnes de prévention ont eu lieu auprès des jeunes qui forment un groupe à risque. Le discours entourant la prévention du sida s’ est avéré plus libre et moins complexé par rapport aux pratiques sexuelles. En effet, les pratiques sécuritaires et moins sécuritaires ont été largement expliquées dans une perspective sanitaire, ce qui a contribué à alimenter une certaine «pornographie sanitaire ». Ainsi, il est plus fréquent que les adolescents entendent parler assez ouvertement et de manière très détaillée de pratiques sexuelles plus ou moins courantes, et que celles-ci s’ intègrent comme des normes sociales en matière de sexualité (Authier, 2002; Guillebaud, 1998).
Un cinquième facteur, qui est à la base du développement de l’ hypersexualisation, est d’ordre social et concerne la confusion quant au rôle de l’adulte dans la société.
Influencés par les médias, les adultes sont encouragés à paraitre jeunes et ainsi à mener un train de vie d’adolescents ou de jeunes adultes. Cette tendance les place à risque de se retirer de leur rôle d’adulte, c’ est-à-dire de figures d’autorité, de personnes ressources et d’éducateurs pour les jeunes. D’autant plus que certains adultes manquent de repères euxmêmes concernant la sexualité, la confusion quant au rôle de l’adulte et les limites floues entre les adultes et les enfants font en sorte que la sexualité est de moins en moins réservée au monde des adultes et ceux-ci sont également moins en mesure d’imposer des limites aux jeunes (Duquet, 2014; Jouanno, 2012).
La «pornographisation» de la culture est finalement une sixième hypothèse incontournable. Elle concerne le recyclage d’ archétypes pornographiques dans la littérature, la publicité, à la télévision, au cinéma, dans la presse écrite et autres (Poulin, 2004). La pornographie est extrêmement disponible sur le web, ce qui entrai ne une banalisation et une surexposition de contenu pornographique dans les médias (Julien, 2009). Le corps de la femme, en particulier, subit une sexualisation à outrance dans l’univers médiatique (APA, 2010). La pornographisation influence directement le style vestimentaire et la mode considérée comme attrayante par les jeunes, amsi que les standards en matière de beauté et d’image corporelle (Julien, 2009).
À un niveau plus individuel, le fait d’avoir eu des relations sexuelles à un âge précoce et le fait d’avoir eu un nombre élevé de partenaires sexuels sont reconnus comme des conséquences de l’ hypersexualisation (Brassard, 2014). Contrairement à la croyance populaire, le fait d’avoir été victime d’ agression sexuelle dans l’enfance ne serait pas un facteur de risque (Brassard, 2014). Des facteurs de vulnérabilités sont aussi associés au style d’attachement amoureux. Les individus présentant un niveau élevé d’ anxiété d’abandon sont plus à risque d’hypersexualisation puisqu’ils ont tendance à être plus préoccupés par leur apparence, à considérer leur corps comme un objet sexuel et à adhérer à une sexualité basée sur la performance. Les individus qui ont tendance à chercher à éviter la proximité et l’ intimité sont moins susceptibles d’accorder un sens à la sexualité
et adoptent davantage une attitude séductrice comme mode relationnel (Brassard, 2014).

Manifestations de l’hypersexualisation

Les chercheuses Duquet et Quéniart (2009) ont mené une large enquête sur les manifestations de l’hypersexualisation auprès d’ adolescents de niveau scolaire 1 ère à Se secondaire. Ceux-ci abordaient des aspects de leur vie qui étaient touchés de près ou de loin par l’ influence de la sexualisation. Le style vestimentaire est un élément principal abordé par les jeunes. Les filles sont les principales touchées par la mode hypersexualisée (Duquet & Quéniart, 2009). Elle inclut notamment les vêtements moulants qui accentuent les fonnes (p. ex., les leggings moulants, etc.), les tenues qui exposent une partie intime du corps (p. ex., chemisier transparent, décolleté plongeant) et les vêtements qui rappellent l’ allure d’une prostituée (p. ex., minijupe, bas résille, bustier, etc.). La présence de jeux à connotation sexuelle dans les <<partys», est un autre élément relevé par les adolescents. Ceux-ci sont facilités par la consommation d’ alcool ou de drogue.
Également, il arrive fréquemment que des jeunes soient témoins d’ activités ou de gestes à connotation sexuelle lors de soirées festives comme des danses lascives, le fait d’embrasser plusieurs personnes ou des attouchements sexuels (Duquet & Quéniart, 2009).
Par rapport aux activités sexuelles, les principales raisons énoncées par les jeunes pour avoir des relations sexuelles sont l’ influence extérieure, pour expérimenter ou pour paraître «cool» et faire monter leur cote de popularité (Duquet & Quéniart, 2009). En effet, le fait de correspondre à la norme et de répondre à la pression sociale est un facteur au coeur des activités sexuelles chez les adolescents. Le phénomène des amis-amants «fuckfriend» est également un élément au coeur de la vie des jeunes qui est en lien avec l’hypersexualisation. Il s’ agit du fait d’ avoir un partenaire avec qui il est possible d’avoir des relations sexuelles de manière courante sans qu’ il y ait présence d’amour ou d’ attachement dans la relation. Les garçons et les filles font face à un double standard par rapport au fait d’ entretenir ce type de relation. En effet, si le fait d’ avoir une amie disponible pour des relations sexuelles est synonyme de popularité chez les garçons, il est parfois mal vu chez les filles (Duquet & Quéniart, 2009).
Finalement, un élément particulier lié à la sexualisation des jeunes est la diffusion sur Internet de photos et d’ images sexy, nus ou démontrant des attitudes sexualisées (Duquet & Quéniart, 2009). Plus précisément, le terme «sexting» désigne l’envoi ou la réception de messages ou d’ images sexuellement explicites ou suggestives par l’ intermédiaire d’un téléphone portable (Hinduja & Patchin, 2010). Cela semble être un geste assez prévalent chez les adolescents. En effet, l’enquête Sex and Tech effectuée en 2008 par la National Campaign to Prevent Teen and Unplanned Pregnancy révèle que 20 % des adolescents et Il % des jeunes adolescentes (11-13 ans) ont déjà envoyé une photo d’eux nus ou semi-nus à quelqu’un par Jlintermédiaire d’un téléphone cellulaire.
Plus de 39 % d’entre eux auraient également envoyé un ou des messages sexuellement explicites. Selon l’enquête Sex and Tech, la majorité des récepteurs de ces messages sont adressés à des partenaires amoureux (69 %), à une personne avec qui un rapprochement est souhaité (30 %) ou à une personne connue en ligne seulement (15 %). Diverses raisons sont évoquées pour expliquer de tels comportements, dont la pression sociale (51 %), le plaisir de flirter (63 %), en réponse à un message similaire (44 %) ou pour envoyer un cadeau sexy (44 %) (National Campaign to Prevent Teen and Unplanned Pregnancy, 2008). Néanmoins, il s’ agit d’un geste fortement désapprouvé par une majorité d’ adolescents qui jugent sévèrement ceux qui s’y adonnent. La perception des dangers inhérents à cette pratique est variable chez les jeunes (Duquet & Quéniart, 2009). Plus de 38 % des jeunes affirment qu’ il est commun que des photos sexuellement explicites soient partagées publiquement et 29 % ont déjà reçu une telle photo qui ne s’ adressait pas à eux.
Cela peut entrainer des conséquences à long terme, dont l’ intimidation, le harcèlement, l’ atteinte à la réputation ainsi que des conséquences relationnelles. À un niveau sociologique, il a été suggéré que le sexting contribue à maintenir le phénomène d’hypersexualisation et l’ objectification du corps. Également, il crée des patrons d’ interactions dysfonctionnels marqués par l’ exhibitionnisme et le voyeurisme. En d’ autres mots, ce phénomène entrai ne une banalisation de la nudité, où il est considéré comme normal de demander et d’ envoyer des photos sexuellement explicites où comportant de la nudité à quelqu’un qui n’est pas un partenaire amoureux (Dake, Priee, Marziarz, & Ward, 2012 ; Farber, Shafron, Hamadani, Wald, & Nitzburg, 2012).
La mode hypersexualisée influence non seulement le style vestimentaire des adolescents, mais elle les incite également à certaines transformations du corps tel que le perçage et le tatouage d’une partie intime du corps ou dans le but d’améliorer le plaisir sexuel, tel qu’ il est le cas pour le perçage de la langue. La chirurgie esthétique dans le but d’augmenter le volume des lèvres, des seins ou des fesses en est également une manifestation, ainsi que certaines chirurgies visant à améliorer l’apparence des parties génitales, comme la nymphoplastie. L’épilation partielle ou intégrale des parties génitales, qui est devenue une norme chez les jeunes, découle également des transformations du corps de la mode hypersexualisée (Julien, 2009).

Conséquences de l’hypersexualisation

Les conséquences liées à l’hypersexualisation sociale ont été grandement documentées vers la fin des années 1990 et le début des années 2000. Des conséquences ont été observées à plusieurs niveaux, tant sur le plan individuel que sur le plan social.
Les conséquences individuelles physiques et psychologiques chez les femmes ont été explorées principalement à travers la théorie de l’auto-objectification, qui s’inscrit dans le courant de 1′ hypersexualisation (Fredrickson & Roberts, 1997). Cette théorie propose que les filles et les femmes soient culturellement entrainées à internaliser comme perception principale de leur apparence physique la perspective d’un observateur externe.
Cela entraine 1 ‘habitude de vérifier son apparence et son corps, ce qui induit une augmentation de la honte et de l’anxiété associée au physique (Fredrickson, Robert, Noll, Quinn, & Twenge, 1998). Ce comportement d’auto-vérification constante réduit aussi les opportunités de ressentir de la motivation intrinsèque et diminue la capacité à prendre conscience de ses états corporels internes. Les chercheurs ont démontré que l’auto objectification est liée à des conséquences psychologiques telles que la dépression unipolaire, certaines dysfonctions sexuelles et des comportements alimentaires perturbés (Fredrickson & Roberts, 1997).
Il a été démontré que l’auto-objectification entraine des perturbations au niveau du fonctionnement cognitif et des performances intellectuelles. En effet, la conscience corporelle et la vérification constante de l’apparence ont pour effet de monopoliser les ressources attentionnelles des individus et font en sorte de diminuer les performances à des tâches mentales (Fredrickson et al., 1998). En effet, dans une étude conduite par Fredrickson et ses collègues (1998), les femmes dont l’attention était portée sur l’apparence et qui devaient essayer et évaluer un maillot de bain performaient moins bien à une tâche de calcul mathématique que ceux qui devaient essayer un chandail. Cette étude a été reproduite avec des hommes ainsi que des individus de différentes ethnies.

L’auto objectification

affecte les performances mentales d’ individus caucasiens, afro-américains, hispanophones et asiatiques ainsi que les deux sexes (Hebl, King, & Lin, 2004). Ces effets s’étendent également à l’humeur et à la motivation. En effet, les individus qui étaient soumis à une tâche qui induisait l’auto-objectification rapportaient davantage d’ affects négatifs, moins de motivation intrinsèque et un plus faible sentiment d’ auto-efficacité.
Les implications de ces études sont importantes et suggèrent que la sexualisation des individus peut contribuer à une moins grande implication des filles aux cours de mathématiques et de sciences enrichies au secondaire (AP A, 2010).

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Table des matières

Sommaire
Liste des tableaux 
Liste des figures
Remerciements 
Introduction
Contexte théorique
Adolescence et développement psychosocial
Les changements à l’adolescence
L’ influence des pairs
L’estime de soi
Image corporelle
Facteurs de risque de l’ insatisfaction corporelle
Conséquences de l’ insatisfaction corporelle à l’adolescence
Hypersexualisation et comportements sexualisés
Sexualisation et hypersexualisation
Développement de l’hypersexualisation
Manifestations de l’hypersexualisation
Conséquences de l’ hypersexualisation
L’ utilisation des réseaux sociaux chez les adolescents
La place des réseaux sociaux dans le développement des adolescents
L’impact des réseaux sociaux sur le développement des adolescents
Hypothèses de recherche
Méthode 
Participants
Instruments de mesure
Insatisfaction corporelle
Estime de soi
Dépendance à Facebook
Type d’éducation sexuelle reçue à la maison
Hypersexualisation
Déroulement
Résultats 
Anal ys es descri pti ves
Vérification des hypothèses
Discussion
Analyses descriptives
Vérification des hypothèses de recherche
Forces et limites de l’étude
Conclusion 
Références
Appendice

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