Conséquences de ces pathologies entraînant une dépendance

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Le syndrome de glissement

Le syndrome de glissement, terme utilisé exclusivement par les soignants en France, a été décrit pour la première fois par le gériatre Jean Carrié en 1956 (34). Elle caractérise la dégradation de l’état général de la personne en institution, sans raison visible, jusqu’à son décès. Ce processus intéresse les personnes âgées polypathologiques (35).
Cette dégradation des fonctions physiologiques comprend (34) :
 Une anorexie et une dénutrition.
 Une déshydratation.
 Une adipsie (absence de soif).
 Une hypotension.
 Un ralentissement du transit intestinal avec constipation.
 Une rétention d’urine ou une incontinence urinaire.
Du point de vu psychique, la personne âgée va refuser tout ce qui lui est proposé comme les soins d’hygiène et va se replier sur elle-même. Un facteur déclenchant est à l’origine de ce syndrome. Cela peut être (35,36) :
 Une maladie aiguë.
 Une chute.
 Une intervention chirurgicale.
 Une perte, un deuil.
 Une hospitalisation ou un placement en institution avec sentiment d’abandon de la famille.
Le syndrome de glissement fait partie des dépressions du sujet âgé. La prescription d’antidépressifs ne montre pas d’efficacité mais le diagnostic de dépression ne peut être totalement rejeté car il faut 3 à 4 semaines minimum pour voir un réel effet : le syndrome de glissement évolue trop rapidement (36).
Le décès survient dans 80-90% des cas d’après les études (35). Une évolution plus favorable est possible grâce à des traitements médicamenteux adaptés et pris à temps ainsi que des soins infirmiers attentifs et rigoureux (36).

La personne âgée polymédiquée

La polymédication est définie « comme l’administration de nombreux médicaments de façon simultanée ou par l’administration d’un nombre excessif de médicaments » (37).
L’accumulation de traitements est liée au nombre de pathologies du patient qui va souvent consulter autant de praticiens différents. Ceci peut alors entraîner une baisse de vigilance concernant l’état du patient dans sa globalité et des prescriptions non coordonnées entre les praticiens. La multiplication des traitements peut entraîner des interactions entre eux et réduire leur efficacité (38).

Structure d’accueil pour personnes âgées dépendantes

Un EHPAD ou Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes est une résidence permettant l’accueil pour des séjours longs de personnes âgées dépendantes qui ne sont plus en capacité de rester seules chez elles. Ces établissements s’adressent aux personnes de plus de 60 ans. Certains EHPAD peuvent proposer un accueil à la journée (39).
Elles comportent (40) :
 des établissements médico-sociaux (maisons de retraite ou résidences-autonomie médicalisées),
 des unités de soins de longue durée.
Les EHPAD ont pour missions, l’hébergement, la restauration, les soins et les animations. Des infirmières et des aides-soignantes sont présentes 24H/24H et un médecin coordinateur est sur place pendant les heures d’ouverture (41).
D’après les données de la DREES (La Direction de la Recherche, des études de l’évaluation et des Statistiques), 8 résidents sur 10 sont de GIR 1 à 4 et 93 % des résidents ont besoin d’aide pour réaliser leur toilette, 86 % en ont besoin pour s’habiller et 70 % pour s’alimenter (42).
Ces données montrent à quel point le personnel soignant et aidant est important au sein des EHPAD pour apporter des soins de qualité.

Les intervenants médicaux et paramédicaux

 Le médecin coordinateur:
Le médecin coordinateur spécialisé en gériatrie (43), va examiner les résidents lors de leur arrivée en institution pour dresser le bilan global sur leur état de santé (40). Il s’occupe de l’organisation des soins et du personnel au sein de l’EHPAD.
Il a un rôle clef dans le dépistage de la maltraitance en EHPAD qu’elle soit physique ou psychologique. En pratique, le manque de personnel soignant ne permet pas de respecter la personne âgée sur le plan de la dignité, de l’intégrité physique et de la volonté (44). Enfin c’est le médecin coordinateur qui sera chargé d’orienter le patient vers un chirurgien-dentiste en cas de besoin. Les résidents conservent leur médecin traitant habituel.
 Le kinésithérapeute:
Le kinésithérapeute intervient sur prescription médicale en maison de retraite pour réaliser des soins de rééducation après une chute par exemple (45). La personne âgée peut faire intervenir un kinésithérapeute personnel qui se déplacera dans l’EHPAD.
Le kinésithérapeute a un rôle important dans la prévention des chutes chez le sujet âgé, qui comme vu précédemment présente une morbi/mortalité très élevée. Il propose aux résidents des exercices progressifs d’équilibre et de marche (39).
 L’infirmière et l’aide-soignante:
Ce sont les personnes les plus proches des patients au quotidien. Elles ont un rôle relationnel essentiel avec le patient et la famille. Les résidents en EHPAD nécessitent des soins médicaux adaptés à leurs pathologies chroniques qui sont parfois lourdes (43).
L’infirmier(e) va s’occuper des soins techniques et travaille en équipe avec les aides-soignants. Ces derniers sont chargés de s’occuper des toilettes, d’aider les résidents lors des repas, de la prévention des escarres et de la dénutrition.
Ils doivent intervenir lorsque des soins en bouche sont nécessaires, comme pour l’aide au brossage des dents, la réalisation d’un bain de bouche, le nettoyage des appareils dentaires (4). Cependant, ce personnel est souvent peu formé pour ce type de soins qui peut entraîner un rejet ou un dégoût. De plus, le manque de coopération de certains patients limite leurs actions.
Enfin, il est à souligner une nouvelle fois le manque de personnel. Ceci entraîne une urgence dans les soins qui ne laisse pas le temps aux soignants de réaliser toutes les tâches qu’ils devraient, en théorie, accomplir (43).
 La diététicienne:
La diététicienne intervient lors des nouvelles entrées en institution et lors des repas. Elle a pour objectifs d’identifier les aliments pouvant entraîner un dégoût chez la personne âgée. Ainsi les rejets alimentaires sont bien répertoriés. Cependant les aliments pouvant entraîner un plaisir lors des repas ne sont pas forcément mis en avant. Et les personnes âgées après cette rencontre avec la diététicienne ne la reverront que si ils présentent un problème de santé (46).
La dépendance et la qualité de vie des personnes âgées sont étroitement liées au statut nutritionnel. La dénutrition, son dépistage et les moyens de prévention sont développés ci-après.

Dépistage, diagnostic et conséquences

Il existe plusieurs marqueurs nutritionnels qui sont des outils simples de dépistage permettant le diagnostic de la dénutrition.
Il y a pour commencer (48) :
 le poids.
 le calcul de la perte de poids.
 l’indice de masse corporelle (IMC).
 l’albuminémie.
Pour affiner le diagnostic, le questionnaire MNA (Mini Nutritional Assessment) spécifique pour la dénutrition des personnes âgées, est fréquemment utilisé (3).
Le dépistage doit être distingué du diagnostic. Selon l’OMS (49) le dépistage est l’identification présomptive de maladie ou de trouble non reconnu par l’application de test, d’examen ou d’autres procédés. Ceci donne lieu à un diagnostic. Une prise en charge nutritionnelle adaptée peut alors être proposée.

Le dépistage de la dénutrition

La première étape du dépistage est l’identification des facteurs de risques, l’évaluation de l’appétit et des apports alimentaires ainsi que de la mesure des marqueurs nutritionnels (mesure du poids, mesure de la perte de poids, le calcul de l’IMC, des mesures anthropométriques (47).
Il n’est cependant pas possible de mesurer scientifiquement l’appétit de la personne âgée. Des échelles de mesure visuelles de 0 à 10 peuvent être utilisées. Il est possible de questionner la personne sur son appétit du jour.
Concernant les prises alimentaires, seul un diététicien peut les relever de façon exhaustive (48). Il est impératif que le personnel reste attentif aux erreurs alimentaires comme le fait de sauter un repas. Ils doivent pouvoir dépister une diminution des apports alimentaires, l’élimination ou le dégout de certains aliments (48).
Pour ce faire l’interrogatoire et la communication avec les personnes âgées sont les meilleurs moyens d’évaluer les changements récents d’habitudes au niveau de l’alimentation.
 La mesure du poids:
En institution le dépistage commence par une mesure du poids lors de l’entrée et une fois par mois d’après les recommandations de la HAS (3). Cela permet d’avoir un suivi du dossier et d’établir une courbe de variation pondérale. Un pourcentage de diminution du poids est calculé par rapport au poids mesuré lors de l’entrée dans l’établissement (48).
 L’indice de masse corporel (IMC):
L’IMC (Indice de masse corporel) est utilisé comme outil de dépistage calculé en divisant le poids par le carré de la hauteur mesurée en mètre (2). La taille est mesurée debout à l’aide d’une toise (3). Lorsque la station debout n’est pas possible ou que le patient ne peut plus se redresser (scoliose, cyphose dorsale), la HAS recommande d’utiliser la formule de Chumlea qui permettent d’estimer la taille à partir de la mesure de la hauteur talon-genou, ou bien d’utiliser la taille déclarée (3).
La formule de Chumlea permet de prédire la taille des personnes âgées de 60 ans ou plus en fonction de leur âge, de leur genre et de la mesure entre le talon et le genou (50,51).
 Femme : T (cm) = 84,88 – 0,24 x âge (années) + 1,83 x hauteur talon-genou (cm).
 Homme : T (cm) = 64,19 – 0,04 x âge (années) + 2,03 x hauteur talon-genou (cm).
La taille de la jambe est mesurée entre la partie fixe d’une toise pédiatrique placée sous le pied et la partie mobile appuyée au-dessus du genou au niveau des condyles, le patient étant en décubitus dorsal et le genou fléchi à 90° (3).
 Les mesures anthropométriques:
Des mesures anthropométriques peuvent être réalisées comme la mesure de la circonférence du bras et la mesure de l’épaisseur de graisse au niveau du triceps (47).
 Le Mini Nutritional Assessment (MNA):
Le MNA évalue l’état nutritionnel des patients par l’intermédiaire d’un questionnaire de 18 items avec un score maximum de 30 points. Par les items sont évalués les facteurs de risque de dénutrition, les marqueurs nutritionnels, l’appétit, les catégories d’aliments consommés.
Ce questionnaire long peut être difficile à compléter par les personnes âgées présentant des troubles psychiatriques, de la mémoire ou des périodes de confusion. L’aide de l’entourage est alors nécessaire pour répondre aux questions.
Cet outil permet d’évaluer le risque de dénutrition mais également de cibler les actions possibles afin de rectifier les erreurs alimentaires évidentes (48).
 L’index de comorbidité de Charlson:
Pour chaque résident le risque de comorbidité est calculé grâce à l’index de comorbidité de Charlson. C’est un index de poids prenant en compte le nombre et la sévérité des maladies des patients. Il est utilisable pour les études longitudinales (2).

Le diagnostic de la dénutrition

Le diagnostic de la dénutrition se fait grâce à l’interprétation des résultats donnés par les outils de dépistage.
 La mesure du poids:
On parle de dénutrition lors d’une perte de poids supérieure ou égale à 5 % en 1 mois ou supérieure ou égale à 10 % en 6 mois. Le poids de référence est celui pris lors de l’entrée en institution (3).
La déshydratation, les oedèmes, ou les épanchements liquidiens sont des facteurs à prendre en compte lors de l’interprétation du poids (3). Si le patient présente une pathologie aigüe, on prendra comme poids de référence celui avant le début de l’affection.
 L’indice de masse corporel (IMC):
Un IMC inférieur ou égal à 21 kg/m2 est un critère de dénutrition chez le sujet âgé. Mais un IMC supérieur à 21 kg/m2 n’exclut pas le diagnostic de dénutrition comme on le voit en cas d’obésité avec perte de poids.
 Le dosage en albumine:
Un dosage en albumine inférieur à 35g/l permet de diagnostiquer un état de dénutrition. Il faut prendre en compte le dosage de la protéine C réactive (CRP) qui traduit l’état inflammatoire du patient. Une hypoalbuminémie n’est pas caractéristique de la dénutrition (48). En effet, de nombreuses pathologies entraînent un syndrome inflammatoire qui n’est pas forcément en lien avec l’état nutritionnel du patient mais fait varier le dosage en albumine (3).
Le dosage en albumine permet de différencier deux types de dénutrition :
 la dénutrition par carence d’apport isolé, où l’albuminémie peut être normale ;
 la dénutrition associée à un syndrome inflammatoire et à un hyper catabolisme, où l’albuminémie baisse rapidement.
 Le Mini Nutritional Assessment:
Un MNA inférieur à 17 points indique une dénutrition. Entre 17 et 23.5 points cela traduit un risque de dénutrition et plus de 23.5 points révèle un bon état nutritionnel (2).
Il faut distinguer la dénutrition sévère de la dénutrition par une diminution de poids supérieure ou égale à 10 % en 1 mois ou supérieure ou égale à 15 % en 6 mois (3).
Le diagnostic de la dénutrition sévère entraîne une augmentation de la mortalité et de la morbidité justifiant une prise en charge nutritionnelle rapide (3).

Conséquences de la dénutrition

La dénutrition a pour conséquences l’apparition de nombreuses maladies, des infections ainsi que la détérioration des capacités fonctionnelles chez la personne âgée dénutrie. Cette perte de capacité entraîne des chutes, des fractures, une perte globale de mobilité augmentant le risque de mortalité.
Il a été démontré que la dénutrition a un réel impact sur la guérison des affections et qu’elle est fortement associée à une faible réponse immunitaire, à une fonte musculaire et à une diminution de la fonction respiratoire. Ceci entraîne un accroissement des complications de santé, du temps hospitalisé et une augmentation de la mortalité (4).
Une grande perte de poids entraîne une dépression, une fatigue ainsi qu’une perte de volonté à vouloir guérir (47).
La dénutrition a donc un impact sur la mortalité qui augmente avec l’âge (48).

Facteurs déclenchants

D’après les études, les patients âgées présentent plus de risques d’être dénutris que les autres patients (47).
Le mauvais état nutritionnel des personnes âgées est multifactoriel et prend en compte l’aspect physiologique, psychologique ainsi que les changements sociaux. Ceux-ci sont associés aux effets des prises alimentaires, du poids et exacerbés par les maladies (47).
La littérature et les autorités compétentes en matière de santé publique distinguent deux types de situations à risque de dénutrition : celles sans lien avec l’âge du patient et celles plus spécifique à la personne âgée (3).
Une association de plusieurs situations à risques doit alerter l’entourage et le personnel soignant et l’orienter vers un dépistage de dénutrition de la personne âgée. De plus une accumulation de facteurs augmentent le risque de dénutrition.

Les situations à risque de dénutrition sans lien avec l’âge.

Certaines pathologies peuvent entraîner une dénutrition quel que soit l’âge du sujet.
Ces situations à risque de dénutrition sont (3) :
 Les cancers.
 Les défaillances d’organes chroniques et sévères, comme les défaillances cardiaques, respiratoires, rénales ou hépatiques.
 Les pathologies digestives à l’origine de mal-digestion ou de malabsorption.
 L’alcoolisme chronique.
 Les pathologies infectieuses ou inflammatoires chroniques.
 Les situations pouvant entraîner une diminution des apports alimentaires.
 Les situations entraînant une augmentation des besoins énergétiques.

Les situations à risque de dénutrition spécifiques de la personne âgée.

Lors du processus de vieillissement l’accumulation de pathologies et de contexte psycho-sociaux favorisent la survenu d’un état de dénutrition.
Un classement des situations favorisant la dénutrition ou y participant a été réalisé et réparti en catégories (voir Fig.3) (3) :
 Les facteurs de risques psycho-sociaux environnementaux.
 Les affections aigües ou décompensation d’une pathologie chronique.
 Les traitements médicamenteux au long cours.
 La multiplication des traitements médicamenteux pris avant le repas entraînant un sentiment de réplétion précoce.
 Les troubles bucco-dentaires.
 Les régimes restrictifs.
 Les syndromes démentiels et autres troubles neurologiques.
 La dépendance pour les actes de la vie quotidienne.
 Troubles psychiatriques.
 Trouble de la déglutition.
Plusieurs de ces situations et pathologies peuvent entraîner une anorexie responsable d’une dénutrition. Il est essentiel de rechercher les causes de cette anorexie chez le sujet âgé afin de mettre en place une prise en charge adaptée (3).

Prise en charge nutritionnelle, suivi et prévention de la dénutrition

Chaque prise en charge doit s’appuyer sur des protocoles spécifiques pour les patients diagnostiqués comme dénutris.
Dans toute action de prévention, c’est le patient et son entourage qui doivent être sensibilisés afin d’adhérer au traitement proposé. Cela permet une meilleure compréhension des risques liés à un mauvais état nutritionnel et de participer activement à leur traitement et à leur suivi (52).

Actions à mener dans le cadre de la prévention de la dénutrition

Suivi des prises alimentaires

Chez la personne âgée, le risque de dénutrition est permanent et peut se révéler être un risque vital chez les sujets atteints. Indirectement l’état des individus se dégrade et aggrave des pathologies existantes fragilisant davantage des personnes âgées. En lien direct avec l’état nutritionnel, c’est le manque d’apport protéino-énergétique qui fait courir un risque vital aux personnes âgées. C’est pourquoi la surveillance d’une bonne alimentation doit être placée au premier plan (4).
Il est recommandé que le suivi des prises alimentaires soit notifiés dans le dossier du patient. Ce suivi doit être réalisé en collaboration avec une diététicienne.

Interrogatoire alimentaire

Cet interrogatoire permet de faire un bilan nutritionnel concernant les habitudes de la personne âgée. L’entourage est également questionné.
Il permet d’évaluer si l’alimentation est suffisamment diversifiée avec une consommation de fruits et légumes, de plats riches en protéines comme de la viande ou du poisson mais aussi les légumineuses comme les pois chiches, les lentilles sèches. Ceux-ci doivent être pris au moins deux fois par jour et il faudra évaluer si 3 produits laitiers sont consommés par jour.
De plus, les apports hydriques journaliers doivent être relevés avec 1 à 1.5L d’eau ou autre (jus de fruit, tisane) par jour (3).

La prise en charge nutritionnelle orale

La nutrition par voie orale doit être privilégiée et débutée par des conseils nutritionnels. Il est recommandé qu’une diététicienne intervienne dans cette étape de conseils.
En cas d’échec de prises alimentaires équilibrées dans le cadre d’un sujet dénutri, la complémentation nutritionnelle orale (CNO) sera proposée (48).
Dans un premier temps un enrichissement de l’alimentation afin d’augmenter les apports protéiques et énergétiques sans changer les rations sera mis en place. Cet enrichissement consiste à rajouter à l’alimentation traditionnelle du fromage râpé, de la crème fraîche ou des poudres protéiques.
Dans un deuxième temps la complémentation nutritionnelle orale peut être prescrite. Ces compléments oraux sont hyperprotidiques et/ou hyper-énergétiques présentés sous diverses formes, comme une boisson lactée, un potage ou une crème dessert. Ils peuvent être pris au moment des repas ou en guise de collation mais ne doivent pas se substituer au repas. Si ceux-ci sont pris comme collation il est recommandé d’espacer la prise de deux heures avant ou après le repas pour ne pas couper l’appétit. Enfin cette complémentation doit être présentée au patient dénutris comme un traitement pour faciliter la prise.
La prise d’aliments par voie orale permet d’améliorer le poids, la survie des patients avec la notion de plaisir de s’alimenter, de pouvoir goûter les aliments et d’interagir avec l’appareil manducateur de manière non négligeable (mastication, déglutition). Ce mode de prise alimentaire permet de réduire les risques rencontrés lors d’une prise en charge nutritionnelle entérale ou parentérale.

la prise en charge nutritionnelle entérale

La nutrition entérale doit être prescrite en cas d’échec à la prise en charge nutritionnelle orale ou lors de troubles sévères de la déglutition. Elle consiste à alimenter le patient par une sonde naso-gastrique.
Il est recommandé de commencer la nutrition entérale au cours d’une hospitalisation de quelques jours pour effectuer la mise en place de la sonde et de s‘assurer de la bonne tolérance du patient. En l’absence de complication, la nutrition entérale pourra être poursuivie en maison de retraite médicalisée avec l’aide d’un prestataire de service ou par une infirmière à domicile.
La nutrition entérale cyclique, c’est-à-dire qui suit le rythme des repas, est une solution aussi efficace que la nutrition entérale continue tout en respectant l’oralité du patient (53).

La prise en charge nutritionnelle parentérale

Cette solution est envisagée lorsque le tube digestif n’est pas fonctionnel. L’alimentation se fait alors par voie intra-veineuse.
La nutrition parentérale est réservée dans 3 cas (3) :
 Lors de malabsorptions sévères anatomiques ou fonctionnelles.
 Lors d’occlusions intestinales aiguës ou chroniques.
 En cas de mauvaise tolérance de la nutrition entérale.

La santé bucco-dentaire et l’accès aux soins de la personne âgée dépendante

Epidémiologie

En France peu d’études épidémiologiques ont été réalisées sur l’état bucco-dentaire des personnes âgées de plus de 60 ans.
La santé bucco-dentaire des personnes âgées institutionnalisées est très souvent dégradée. Cela est dû à l’âge avancé des résidents d’une part, et à la difficulté d’accès aux soins d’autre part (54). Les études réalisées sur le sujet montrent que la moitié des résidents n’ont pas reçu de consultation réalisée par un chirurgien-dentiste depuis 5 ans (55).
De plus, 1 personne sur 3 est édentée et 30 à 40% des résidents dentés ont besoins de soins conservateurs et parodontaux (55).
D’après les critères de la HAS, dans ses recommandations de stratégie de prévention de la carie dentaire (49), les personnes âgées dépendantes institutionalisées sont présentées comme une population cible à risque carieux élevé.
D’après une étude Finlandaise de 2013, 17 % des résidents ne brossent ni leurs dents ni leurs prothèses dentaires tous les jours. Elle révèle que ce sont le plus souvent des hommes avec un faible niveau d’éducation qui ne s’occupent pas de leur hygiène bucco-dentaire (2).
Le lien entre santé générale et santé bucco-dentaire est devenu important surtout chez les personnes âgées qui présentent de nombreuses pathologies chroniques (56). Et si le nombre de consultations chez le médecin augmente avec l’âge en relation avec l’augmentation des pathologies, le nombre de consultations chez le chirurgien-dentiste diminuent (4).
D’un point de vue technique, les résidents sont dans l’impossibilité de réaliser eux même les actes d’hygiène bucco-dentaire pour des raisons d’incapacités physiques ou cognitives. Ce manque d’hygiène n’affecte pas seulement les dents et la cavité buccale mais également la santé générale. De plus, les patients ne vont s’exprimer qu’en cas de douleurs ; seuls ces actes d’urgences seront pris en charges. En effet, il est difficile pour les personnes âgées de communiquer avec l’équipe soignante de leur problème d’hygiène orale qui peut être vécu comme une honte (54).
Enfin une bonne santé buccale est indispensable pour avoir une bonne mastication, une bonne alimentation et donc une bonne nutrition. Ces notions seront étudiées dans ce qui suit.

Pathologies dentaires liées au vieillissement

Comme le corps tout entier, la sphère orale subit un vieillissement physiologique qui altère la forme et les fonctions des organes dentaires et oraux. Le potentiel d’adaptation et de cicatrisation de ces organes est diminué.

Senescence des tissus dentaires

Les tissus dentaires comprennent l’émail, la dentine, la pulpe et le cément. Ces tissus subissent un processus de sénescence.
Des fêlures apparaissent sur l’émail et les tissus perdent de leur substance par érosion, attrition ou abrasion, ce qui est caractéristique du vieillissement dentaire. Ces phénomènes entraînent l’apparition d’une dentine sclérotique. De plus, la rétraction physiologique de la gencive ou les brossages traumatiques entraînent l’apparition des surfaces radiculaires recouvertes par le cément. Le collet dentaire, zone de jonction entre l’émail et le cément, est de moindre résistance et donc plus exposé au risque carieux (4).
Le vieillissement naturel de la pulpe dentaire se fait par une fibrose partielle ou totale associée avec un rétrécissement de la chambre pulpaire.
Avec l’âge, la prévalence de l’apparition de caries coronaires ou radiculaires augmente de 18 à 51% (57,58). De plus, des études ont montré le lien entre le Mini Mental Assessment (MMA) et le nombre de faces coronaires cariées (59).
Enfin, pour prévenir la dénutrition en EHPAD, il est recommandé de multiplier les collations, mais ceci va à l’encontre des recommandations concernant la santé bucco-dentaire et le risque carieux quel que soit l’âge de la personne ; ce qui se révèle paradoxal.

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Table des matières

I. LA PERSONNE AGEE ET LA DENUTRITION : CONTEXTE ET GENERALITES
I.1. LA PERSONNE AGEE DEPENDANTE
I.2. EVALUATION DU DEGRE DE DEPENDANCE
I.3. DEFINITION DU SUJET AGE
I.4. PATHOLOGIES CHRONIQUES DU SUJET AGE ENTRAINANT UNE DEPENDANCE
I.4.1. Pathologies entraînant un déficit moteur
I.4.1.1. La maladie de Parkinson
I.4.1.2. Impact de la maladie de Parkinson sur la dépendance
I.4.1.3. Les troubles de la déglutition
I.4.1.4. Pathologies rhumatismales
I.4.2. Pathologies entraînant un déficit cognitif
I.4.2.1. La démence sénile
I.4.2.2. La maladie d’Alzheimer
I.4.2.3. Maladie d’Alzheimer et dépendance
I.4.3. Conséquences de ces pathologies entraînant une dépendance
I.4.3.1. Immobilité liée aux chutes
I.4.3.2. L’immobilité entraînant des escarres
I.4.3.3. Le syndrome de glissement
I.4.3.4. La personne âgée polymédiquée
I.5. STRUCTURE D’ACCUEIL POUR PERSONNES AGEES DEPENDANTES
I.5.1. Les intervenants médicaux et paramédicaux
II. LA DENUTRITION
II.1. DEPISTAGE, DIAGNOSTIC ET CONSEQUENCES
II.1.1. Le dépistage de la dénutrition
II.1.2. Le diagnostic de la dénutrition
II.1.3. Conséquences de la dénutrition
II.2. FACTEURS DECLENCHANTS
II.2.1. Les situations à risque de dénutrition sans lien avec l’âge.
II.2.2. Les situations à risque de dénutrition spécifiques de la personne âgée.
II.3. PRISE EN CHARGE NUTRITIONNELLE, SUIVI ET PREVENTION DE LA DENUTRITION
II.3.1. Actions à mener dans le cadre de la prévention de la dénutrition
II.3.1.1. Suivi des prises alimentaires
II.3.1.2. Interrogatoire alimentaire
II.3.1.3. Recommandations données par le PNNS
II.3.2. Objectifs de prise en charge nutritionnelle
II.3.3. Les différents modes de prise en charge nutritionnelle
II.3.3.1. La prise en charge nutritionnelle orale
II.3.3.2. La prise en charge nutritionnelle entérale
II.3.3.3. La prise en charge nutritionnelle parentérale
III. LA SANTE BUCCO-DENTAIRE ET L’ACCES AUX SOINS DE LA PERSONNE AGEE DEPENDANTE 
III.1. EPIDEMIOLOGIE
III.2. PATHOLOGIES DENTAIRES LIEES AU VIEILLISSEMENT
III.2.1. Senescence des tissus dentaires
III.2.2. Le vieillissement du parodonte
III.2.3. Les muqueuses buccales
III.2.4. Senescence des glandes salivaires et xérostomie.
III.3. POTENTIEL MASTICATOIRE ET ALIMENTATION
III.3.1. Texture des aliments
III.4. CONSEQUENCES DES TROUBLES BUCCO-DENTAIRES
III.4.1. Sur la nutrition
III.4.2. Impact sur la qualité de vie des personnes âgées.
III.4.3. Sur le risque infectieux
III.5. ACCES AUX SOINS BUCCO DENTAIRES DE LA PERSONNE AGEE DEPENDANTE
III.5.1. Les freins aux soins
III.6. LA SANTE BUCCO DENTAIRE DES RESIDENTS AU SEIN DES HEPAD
III.6.1. L’hygiène buccal au quotidien
III.6.2. Consultation par le chirurgien-dentiste
III.6.3. Pistes d’actions à mener pour l’amélioration de la prévention bucco-dentaire au sein des HEPAD
CONCLUSION
ANNEXE
BLIOGRAPHIE

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