Connaissances et manipulations des adhésifs

Ces dernières années ont été marquées par un important changement dans la prise en charge des pertes de substances dentaires. Un concept purement mécanique qui date du début du vingtième siècle (Black, 1917) a été remplacé par la tendance actuelle qui est la « dentisterie à minima » (28). Ce concept est surtout basé sur le principe de l’économie tissulaire c’est-à-dire la préservation au maximum des tissus sains lors des préparations en vue de restaurations. Cependant, ce principe a été rendu possible grâce aux progrès considérables apportés par la dentisterie adhésive particulièrement depuis que Buonocore en 1955 a introduit la technique du mordançage de l’émail avec de l’acide phosphorique pour améliorer l’adhérence (53). Il était alors possible de restaurer les pertes de substances dentaires en collant le matériau ; par opposition à l’amalgame dont la mise en œuvre était seulement basée sur le principe de la rétention macro mécanique (27). La demande esthétique sans cesse croissante des patients a pu également être pris en compte avec l’avènement de ces matériaux adhésifs car étant capables de restaurer la teinte initiale des dents. Il serait même envisagé, dans un futur proche, que ces matériaux adhésifs remplacent l’amalgame à cause de la pollution mercurielle que causeraient ce dernier et les risques sanitaires qui y sont liés (43). Cependant, l’inconvénient majeur des restaurations adhésives est leur durée de vie limitée en bouche (3 à 5 ans) (43). Les apports considérables de la dentisterie adhésive, en termes d’économie tissulaire, de biocompatibilité et d’esthétique font partie aujourd’hui de l’évidence clinique. La procédure adhésive est une étape courte du traitement restaurateur mais qui est cruciale car une petite erreur dans la manipulation du matériau de collage peut être la cause de sensibilités postopératoires et conduire vers la réduction sensible de la longévité de la restauration. Au Sénégal, Diallo dans une enquête auprès des praticiens du département de Dakar sur la manipulation et les connaissances sur les adhésifs et colles a rapporté que 97% de ces praticiens utilisent les résines composites. Parmi eux, 12,4% affirment ne trouver aucune différence entre ciment et colle (30). Par contre dans une étude similaire en Mauritanie, 28,9% des praticiens pensent que les colles et les ciments ne se différenciaient que par leurs indications et 31,6% ne trouvent aucune différence entre un ciment et une colle (44).

RAPPELS SUR L’ADHESION

LES TISSUS DURS DE LA DENT 

Les différents tissus minéralisés de la dent, comme l’émail, la dentine et le cément, sont composés (55) :
– d’une phase organique : ce sont des protéines spécifiques à chaque tissu ;
– d’une phase minérale : elle représente une part plus ou moins importante du tissu, elle est de nature généralement cristalline, avec une structure chimique et anatomique proche de l’hydroxyapatite, Ca10(PO4)6(OH)2.
– d’eau.

Selon les tissus, il existe de grandes différences concernant la taille et la forme des cristaux, le taux et la répartition des oligoéléments. Cela induit des propriétés physicochimiques (solubilité, densité, porosité), mécaniques, et fonctionnelles, propres à chaque tissu .

Email

Il constitue la couche la plus superficielle de la dent au niveau de la couronne. Il recouvre la dentine avec laquelle il entre en contact par la jonction amélodentinaire (JAD). Il rejoint le cément en regard du collet de la dent au niveau de la jonction amélo-cémentaire (JAC). L’émail est translucide, opalescent et très faiblement saturé.

Composition 
L’émail est la structure la plus minéralisée de tout l’organisme .Il contient 95 à 96% d’éléments minéraux, 0,6 à 1 % de matrice organique et 4 % d’eau, dont 2% d’eau libre et 2 % d’eau liée. Exprimés en volume, ces pourcentages donnent 87% de minéral, 2% de matrice et 11% d’eau, un volume non minéralisé de 13% environ où transports et diffusions vont pouvoir se produire (62). La phase minérale : elle représente 95 à 96 % de la masse de l’émail. Elle est accompagnée de 2 % d’eau environ et est essentiellement constituée d’hydroxyapatite : Ca10(PO4)6(OH)2. Chaque cristal d’hydroxyapatite est composé par la juxtaposition d’unités élémentaires de 18 ions. Elles ont la forme d’un parallélépipède de 0,942 nm de côté dont les angles ont respectivement est 60° et 120°. La phase organique ne représente que 2% du poids tissulaires de l’émail adulte elle est composée de protéine (58%) de lipides (40%) et d’eau (2%) .

Structure
L’émail est un tissu inerte, acellulaire, avasculaire et non-innervé. On retrouve schématiquement deux types d’émail :
– l’émail prismatique : composé de cristaux d’hydroxyapatite, longs et fins. Ces cristaux sont organisés en prismes ou cordons de 2 à 3 microns de diamètre;perpendiculaires à la surface de la dent, traversant l’émail de la JAD à la surface dentaire (7) ;
– l’émail inter-prismatique : il est plus dense, mais moins structuré (57). Il permet la cohésion des prismes entre eux .

Email et dentine sont séparés par la jonction amélo-dentinaire (JAD) : les fractures d’origine amélaire peuvent se stopper préférentiellement à la JAD, prévenant une fracture catastrophique de la dent.

Dentine
Elle constitue la majeure partie du volume de la dent. En coronaire, elle est recouverte par l’émail (dont elle est séparée par la JAD) ; au niveau radiculaire, elle est recouverte par le cément (dont elle est séparée par la jonction cémentodentinaire JCD). Elle entoure le parenchyme pulpaire, avec lequel elle entretient des rapports étroits. On parle de complexe pulpo-dentinaire (68). La dentine est opaque, avec une fluorescence marquée et une saturation variant avec l’âge du patient (74).

Composition

La dentine est souple et plus tendre que l’émail. Elle est composée (9) :
– d’une phase minérale (70% de sa masse) : hydroxyapatite, phosphates, oligoéléments ;
– d’une phase organique (20% de sa masse) : principalement du collagène de type I. Elle donne notamment à la dentine ses propriétés de viscoélasticité ;
– d’eau (10% de sa masse). La dentine a certaines caractéristiques, dont sa teneur en eau, qui rendent difficile une adhésion durable et fiable des matériaux de restauration.

Structure
La dentine est un tissu acellulaire, avasculaire et non-innervé. Elle est histologiquement composée de 3 éléments (9) :
– les tubuli ou canalicules qui s’étendent de la pulpe à la JAD, dans la partie coronaire, et de la pulpe à la JCD, dans la racine. Leur densité est en moyenne de 50.000/mm² (36). Les canalicules contiennent le fluide dentinaire constitué d’eau à 95% (68) ; les prolongements cytoplasmiques des odontoblastes, dont le corps cellulaire est situé entre la dentine et la pulpe (36) ; les fibres nerveuses aδ et C provenant de la pulpe. Plus l’on se rapproche de la pulpe, plus la densité des tubuli augmente et donc plus la dentine devient perméable. La production de fluide varie et peut être accrue lors d’agression de la dentine, rendant l’adhésion de matériaux de restauration plus aléatoire.
– la dentine intertubulaire (32) : sa quantité varie en sens inverse de la quantité de tubules, elle est très présente dans les couches superficielles de la dentine et se raréfie en profondeur ; sa qualité varie aussi avec la profondeur de la cavité, elle devient plus tendre profondément. La proportion de la part minérale reste à peu près constante, mais la quantité d’eau augmente tandis que la phase organique diminue.
– la dentine péritubulaire : elle est située entre la dentine intertubulaire et les canalicules. Elle est plus minéralisée que la dentine intertubulaire, et contient moins de collagène .

Cément

Il est un élément du parodonte, constitué d’un tissu minéralisé et calcifiée, qui couvre la surface de la racine .Il n’est ni vascularisé ni innervé, il peut subir une résorption physiologique ou rénovations avec apposition progressive tout au long de la vie. Il permet l’insertion des ligaments de la surface de la racine pour qu’il participe au maintien de la dent dans son alvéole

Composition

Le cément est un tissu conjonctif minéralisé de couleur jaune claire qui recouvre pratiquement toute la surface radiculaire des dents. C’est à son niveau que sont insérées les fibres ligamentaires (fibre de sharpey). Le cément est constitué d’une fraction organique 25 à 50 % (fibre de collagène) de type 1 en grande quantité, protéoglycane, glycosaminoglycane), d’une fractionminérale 50 à 55 % (cristaux d’hydroxyapatite) et de l’eau 12% .Il assure les rôles :
– D’attache des fibres desmodontales ;
– De protection dentaire ;
– Et de répartition des lésions radiculaires.

Le cément peut subir une résorption physiologique ou une résorption pathologique.

Structure
On distingue :
– le cément intermédiaire retrouvé à la jonction amélo-cémentaire, sans fibres ni cellules ni structure bien définie. On y retrouve des débris cellulaires qui sont des restes d’odontoblastes et de gaine de Hertwig.
– Le cément primaire au niveau du 1/3 cervical radiculaire, il est acellulaire avec des lignes de croissance parallèles à la surface radiculaire.
– Le cément secondaire au niveau des 2/3 apicaux de la surface radiculaire et dans les zones interdentaires. Il est cellulaire et on y retrouve des cémentocytes.

ADHESION AUX TISSUS DENTAIRES CALCIFIES 

Définitions

– L’adhésion est un ensemble des interactions qui contribuent à unir deux surfaces entres elles, et donc s’opposent à leur séparation.
– Le collage est une procédure consistant à unir une substance à une autre, par un adhésif par exemple.
– L’adhésif est un biomatériau d’interface, un lien idéalement adhérent et étanche entre tissus dentaires calcifiés et biomatériaux de restaurations ou d’assemblage.
– L’adhérent est une surface ou substrat sur lequel l’adhésif est collé, et la cohésion attraction entre atomes des molécules d’une même substance.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: RAPPELS SUR L’ADHESION
I. LES TISSUS DURS DE LA DENT
Email
1.1.1Composition
1.1.2 Structure
Dentine
1.2.1 Composition
1.2.2 Structure
Cément
1.3.1 Composition
1.3.2 Structure
II. ADHESION AUX TISSUS DENTAIRES CALCIFIES
2.1. Définitions
2.2. Principes
2.3. Facteurs influençant l’adhésion aux tissus dentaires
2.3.1. Composition et structure de l’émail et de la dentine
2.3.2. Changements dans la structure de la dentine
2.3.3. Boue dentinaire
2.3.4. Perméabilité de la dentine
2.3.5. Qualité et durabilité de l’interphase adhésif /dentine
2.3.6. Rétraction de polymérisation des résines composites
III.MOYENS DE COLLAGE EN ODONTOLOGIE
3.1 Les adhésifs amélo-dentinaires
3.1.1 Définition
3.1.2 Critères requis
3.1.2.1 Biocompatibilité
3.1.2.2 Adhésion et étanchéité
3.1.2.3 Durabilité
3.1.2.4 Simplicité et fiabilité de mise en œuvre
3.1.3 Classifications
3.1.3.2.1 Les systèmes à mordançage et rinçage (MR)
3.1.3.2.1.1 Les adhésifs en 3 temps (MR3)
3.1.3.2.1.2 Les adhésifs en 2 temps (MR2)
3.1.3.2.2 Les systèmes auto-mordançants
3.1.3.2.2.1 Les systèmes auto-mordançants à 2 étapes (SAM2)
3.1.3.2.2.2 Les systèmes auto-mordançants à 1 étape (SAM1)
3.2 Les moyens d’assemblage
3.2.1 Les ciments
3.2.2 Les colles
3.2.2.1 Les colles sans potentiel adhésif propre
3.2.2.2. Les colles avec potentiel adhésif
3.2.2.3 Les colles auto-adhésives
3.2.3 Les matériaux hybrides
IV. INDICATIONS
DEUXIEME PARTIE : CONNAISSANCES ET MANIPULATION DES ADHESIFS, CIMENTS ET COLLES DENTAIRES PAR LES PRATICIENS DE TUNIS (TUNISIE)
I. JUSTIFICATIONS
II. MATERIEL ET METHODE
III. RESULTATS
3.1. Caractéristiques de l’échantillon
3.1.1. Sexe
3.1.2. Secteur d’activité
3.1.3. Année d’obtention du diplôme
3.1.4. Expérience professionnelle
3.2. Connaissances sur les adhésifs et colles
3.2.1 Famille d’adhésifs
3.2.2 Critères de choix d’un matériau adhésif
3.2.3 Différence entre les systèmes adhésifs (MR ET SAM)
3.2.4 Différence entre ciment et colle
3.2.5. Formation continue
3.3. Manipulation des adhésifs, ciments et colles dentaires
3.4. Utilisation des composites
3.4.1. Type de fabriquant d’adhésif amélo dentinaire
3.4.2. Type de ciment ou de colle
3.4.3. Durée d’application de l’agent de mordançage
3.4.3.1 Au niveau de l’émail
3.4.3.2. Au niveau de la dentine
3.4.4. Respect des recommandations des fabricants
3.4.5. Moyens de conservation
IV. DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXESTABLE DES MATIERES
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: RAPPELS SUR L’ADHESION
I. LES TISSUS DURS DE LA DENT
Email
1.1.1Composition
1.1.2 Structure
Dentine
1.2.1 Composition
1.2.2 Structure
Cément
1.3.1 Composition
1.3.2 Structure
II. ADHESION AUX TISSUS DENTAIRES CALCIFIES
2.1. Définitions
2.2. Principes
2.3. Facteurs influençant l’adhésion aux tissus dentaires
2.3.1. Composition et structure de l’émail et de la dentine
2.3.2. Changements dans la structure de la dentine
2.3.3. Boue dentinaire
2.3.4. Perméabilité de la dentine
2.3.5. Qualité et durabilité de l’interphase adhésif /dentine
2.3.6. Rétraction de polymérisation des résines composites
III.MOYENS DE COLLAGE EN ODONTOLOGIE
3.1 Les adhésifs amélo-dentinaires
3.1.1 Définition
3.1.2 Critères requis
3.1.2.1 Biocompatibilité
3.1.2.2 Adhésion et étanchéité
3.1.2.3 Durabilité
3.1.2.4 Simplicité et fiabilité de mise en œuvre
3.1.3 Classifications
3.1.3.2.1 Les systèmes à mordançage et rinçage (MR)
3.1.3.2.1.1 Les adhésifs en 3 temps (MR3)
3.1.3.2.1.2 Les adhésifs en 2 temps (MR2)
3.1.3.2.2 Les systèmes auto-mordançants
3.1.3.2.2.1 Les systèmes auto-mordançants à 2 étapes (SAM2)
3.1.3.2.2.2 Les systèmes auto-mordançants à 1 étape (SAM1)
3.2 Les moyens d’assemblage
3.2.1 Les ciments
3.2.2 Les colles
3.2.2.1 Les colles sans potentiel adhésif propre
3.2.2.2. Les colles avec potentiel adhésif
3.2.2.3 Les colles auto-adhésives
3.2.3 Les matériaux hybrides
IV. INDICATIONS
DEUXIEME PARTIE : CONNAISSANCES ET MANIPULATION DES ADHESIFS, CIMENTS ET COLLES DENTAIRES PAR LES PRATICIENS DE TUNIS (TUNISIE)
I. JUSTIFICATIONS
II. MATERIEL ET METHODE
III. RESULTATS
3.1. Caractéristiques de l’échantillon
3.1.1. Sexe
3.1.2. Secteur d’activité
3.1.3. Année d’obtention du diplôme
3.1.4. Expérience professionnelle
3.2. Connaissances sur les adhésifs et colles
3.2.1 Famille d’adhésifs
3.2.2 Critères de choix d’un matériau adhésif
3.2.3 Différence entre les systèmes adhésifs (MR ET SAM)
3.2.4 Différence entre ciment et colle
3.2.5. Formation continue
3.3. Manipulation des adhésifs, ciments et colles dentaires
3.4. Utilisation des composites
3.4.1. Type de fabriquant d’adhésif amélo dentinaire
3.4.2. Type de ciment ou de colle
3.4.3. Durée d’application de l’agent de mordançage
3.4.3.1 Au niveau de l’émail
3.4.3.2. Au niveau de la dentine
3.4.4. Respect des recommandations des fabricants
3.4.5. Moyens de conservation
IV. DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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