Connaissance et disponibilité des antidotes dans les structures sanitaires

Le nombre de molécules, naturelles ou synthétiques, ne cesse de croître chaque année. Malgré tous les efforts de protection des populations, il n’est pas étonnant que les intoxications restent fréquentes. Les intoxications aiguës, accidentelles ou volontaires, représentent une charge de travail importante pour la médecine préhospitalière, les services des urgences et de réanimation. Elles représentent une pathologie fréquente, le plus souvent accidentel chez l’enfant, et volontaire chez l’adulte. Récemment l’Organisation Mondiale de la Santé s’est inquiétée des problèmes mondiaux soulevés par les intoxications humaines. Elles constituent la seconde cause, après les maladies infectieuses, de mortalité chez les sujets entre 2 et 30 ans dans les pays en voie de développement. Au Sénégal, les intoxications représentaient environ 10% des admissions hospitalières au niveau des services d’urgence et de réanimation (Diallo, 2003). Le principe du traitement des intoxications a beaucoup évolué dans la dernière décennie, passant d’une attitude systématique, comme le lavage gastrique à des thérapeutiques fondées sur une évaluation la plus précise possible du bénéfice apporté. Ce traitement associe le plus souvent un traitement symptomatique à un traitement évacuateur et/ou épurateur et/ou antidotique. Les progrès thérapeutiques récents sont tels que les traitements antidotiques s’avèrent capables d’améliorer à eux seuls le pronostic vital ou fonctionnel d’un nombre toujours plus grand d’intoxications. Les antidotes peuvent diminuer de façon significative les ressources médicales nécessaires pour traiter l’intoxiqué, raccourcir la durée du traitement, éviter les séquelles permanentes, bien qu’il ne remplace pas les autres étapes du traitement. Dès 1985, le Programme International sur la Sécurité des substances Chimiques (IPCS) et la Commission des Communautés Européennes (CCE) formaient un groupe de travail qui devait évaluer l’efficacité de certains antidotes dont l’utilisation clinique est spécifique au traitement de certaines intoxications afin de favoriser leur disponibilité tant dans les pays développés que les pays en voie de développement. De nombreuses études ont montré que la plupart des centres hospitaliers ne maintenaient pas en réserve des quantités suffisantes d’antidotes (Lapostolle et coll, 2001; Benziane, 2007).

DEFINITIONS

Intoxication

Une intoxication a été définie comme l’ensemble des troubles dus à l’introduction volontaire ou non, dans l’organisme d’une ou de plusieurs toxiques (Ybert et Juvain,1997). Selon Fabre et Truhaut une intoxication est «une pénétration dans l’organisme d’une dose relativement élevée d’une substance étrangère susceptible d’entrainer des atteintes de survenue brutale » (Viala et Botta, 2005). Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) une intoxication est « un état pathologique lié à l’exposition à un toxique » (Viala et Botta, 2005). En résumé une intoxication est l’ensemble des troubles engendrés par l’exposition à un produit à une dose toxique. Cette notion de dose doit être obligatoirement présente dans la définition. En effet il n’y a que des différences quantitatives entre un poison, un médicament, voire un aliment. Il faut également distinguer l’intoxication de l’intolérance qui elle, est un accident non proportionnel à l’individu.

Toxique

Un toxique est une substance chimique capable de perturber le bon fonctionnement d’un organisme vivant (Bismuth et co ll, 2000). Selon Viala (2005) « une substance est dite toxique lorsque, après pénétration dans l’organisme, par quelle que voie que ce soit, à une dose relativement élevée en une ou plusieurs fois, très rapprochées ou par petites doses longtemps répétées, elle provoque immédiatement ou à terme, de façon passagère ou durable, des troubles d’une ou plusieurs fonctions de l’organisme pouvant aller jusqu’à leur suppression complète et amener la mort ». Cette définition permet déjà de distinguer des phénomènes de toxicité aiguë subaiguë et des effets de toxicité à long terme dite chronique.

CLASSIFICATION DES INTOXICATIONS

Il existe plusieurs types de classification selon les besoins et l’intérêt du classificateur. Dans cette présente classification nous retenons comme critère le mode de survenue de l’intoxication et le produit mis en cause.

Selon le mode de survenue

Selon la dose et la durée de l’exposition nous pouvons distinguer trois types d’intoxication.

Intoxication aiguë
Elle résulte d’une exposition de courte durée à une dose unique et suffisante ou des doses répétées d’une substance chimique sur une période ne dépassant pas 24 heures. En général les effets se manifestent rapidement. La mort ou la guérison survient sans tardée (Lauwerys, 2000).

Intoxication subaiguë
C’est une exposition fréquente ou répétée à une substance chimique sur une période de plusieurs jours ou semaines (Lauwerys, 2000).

Intoxication chronique
Elle résulte d’expositions répétées de doses même très minimes d’une substance toxique pendant de longue période de temps (Lauwerys, 2000).

Les signes d’intoxication se manifestent :
– soit parce que le poison s’accumule dans l’organisme c’est-à-dire qu’à chaque exposition la quantité éliminée est inferieure à la quantité absorbée. La concentration du toxique dans l’organisme augmente progressivement pour atteindre une concentration susceptible d’engendrer des manifestations toxiques. C’est le cas de l’intoxication saturnine.
– soit parce que les effets engendrés par les expositions répétées s’additionnent sans que le toxique ne s’accumule dans l’organisme. C’est le cas des insecticides organophosphorés et des carbamates qui provoquent une baisse progressive de l’activité cholinestérasique.

Selon le produit

Intoxication médicamenteuses

Les intoxications médicamenteuses résultent de l’absorption accidentelle ou volontaire de quantités importantes de médicaments. En effet les progrès de la thérapeutique associés aux modifications de la pratique médicale sont à l’origine, au fil des années, d’une modification progressive des causes d’intoxications aiguës médicamenteuses. Malgré la grande vigilance développée vis-à-vis de la toxicité des médicaments, les intoxications médicamenteuses sont et restent une cause fréquente de consultations et d’hospitalisations. Avec des profils épidémiologiques différents, elles sont une source importante de morbidité particulièrement dans la population jeune, tant dans les pays industrialisés que ceux en voie de développement (Lheureux et Askenasi, 1994). Au Sénégal les intoxications aiguës médicamenteuses représentaient 4,5% des admissions au niveau de la réanimation de l’hôpital Principal de Dakar et 70,3% de l’ensemble des intoxications (Diallo, 2003).

En France les données des Centres Anti Poisons confirment cette prédominance des substances pharmaceutiques qui sont à l’origine de 53% des cas d’intoxications (Jaeger et Flesh, 1999). Au Canada les médicaments sont responsables de 44,5% des cas d’intoxications recensées par le Centre Antipoison de Québec en 2005 (www.inspq.qc.ca/ctq= bulletin d’information toxicologique consulté le 25/05/09). Tous les produits peuvent être rencontrés car ayant tous une toxicité propre. Au Sénégal la chloroquine venait au premier rang, elle est incriminée dans 49,49% des cas d’intoxications aiguës médicamenteuses (Diop, 2005), alors qu’en France les benzodiazépines sont responsables de 80% des cas d’intoxications aiguës médicamenteuse (Lambert et coll., 2005).

Intoxication aux produits ménagers

Les intoxications aux produits ménagers sont fréquentes et imposent des mesures de préventions sans cesse renouvelées. Dans la majorité des cas, elle intéresse le jeune enfant et le plus souvent sont heureusement bénignes ne justifiant, tout au plus, qu’une intervention médicale de courte durée. Cependant elles peuvent revêtir quelque fois une gravité nécessitant une prise en charge rapide et appropriée. C’est le cas de l’absorption accidentelle de soude caustique où le risque de pratiquer sur l’intoxiqué des gestes néfastes aggravent les lésions et transforment l’intoxication bénigne en une intoxication grave aux conséquences redoutables. Les produits en cause sont extrêmement variés et répondent à des compositions également très variables que le type d’utilisation ne permet pas de prévoir (Descotes et Pulce, 1992).

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I. DEFINITIONS
I.1 Intoxication
I.2 Toxique
II. CLASSIFICATION DES INTOXICATIONS
II.1 Selon le mode de survenue
II.1.1 Intoxication aiguë
II.1.2 Intoxication subaiguë
II.1.3 Intoxication chronique
II.2 Selon le produit
II.2.1 Intoxication médicamenteuse
II.2.2 Intoxication aux produits ménagers
II.2.3 Intoxication par les produits industriels
II.2.4 Intoxications par les plantes
III. CIRCONSTANCE DES INTOXICATIONS
III.1 Volontaire
III.1.1Tentative de suicide
III.1.2 Tentative d’avortement
III.2 Accidentelle
III.2.1 Intoxication professionnelle
III.2.2 Intoxication par erreurs thérapeutiques
IV MECANISME D’ACTION DES TOXIQUES
IV.1 Action sur les enzymes
IV.2 Action sur les transporteurs
IV.3 Action sur les coenzymes
IV.4 Action sur les lipides
V. CIBLES ET EFFETS DES TOXIQUES
V.1 Cibles des toxiques
V.2 Les effets toxiques
V.2.1 Effets locaux et effets systémiques
V.2.2 Effets réversibles et effets irréversibles
V.2.3 Effets immédiats et effets retardes
V.2.4 Effets morphologiques, fonctionnels ou biochimiques
VI. TRAITEMENT DES INTOXICATIONS
VI.1 Traitement symptomatique
VI.2 Traitement évacuateur
VI.2.1 Vomissements provoqués
VI.2.2 Lavage gastrique
VI.2.3 Irrigation digestive
VI.3 Traitement épurateur
VI.3.1 Diurèse
VI.3.2 Hémodialyse
VI.3.3 Dialyse péritonéale
VI.3.4 Exsanguino- transfusion
VI.4 Traitement antidotique
VII. ANTIDOTES
VII.1 Définition
VII.2 Mode d’action
VII.2.1 Antidotes à visée toxicocinétique
VII.2.2 Antidotes à visée toxycodynamique
VII.2.3 Antidotes corrigeant l’effet toxique
Deuxième Partie : Travail Personnel
I. CADRE DE L’ETUDE
II. METHODOLOGIE
II.1 Type d’étude
II.2 Population d’étude
II.2.1 Critère d’inclusion
II.3 Matériel
II.4 Méthode
III. RESULTATS
III.1 Praticiens enquêtés
III.1.1 Répartition des médecins traitants selon la structure
III.1.2 Répartition des médecins selon leurs spécialités
III.1.3 Répartition selon l’ancienneté des médecins traitants
III.1.4 Formation en toxicologie
III.1.5 Connaissance relative à un toxique et exemple de toxique
III.1.6 Connaissance relative à une intoxication
III.2 Produits responsables d’intoxication rencontrés par les médecins
III.3 Circonstances des intoxications
III.4 Voies d’intoxication
III.5 Prise en charge
III.6 Connaissance des antidotes
III.6.1 Connaissance relative à un antidote
III.6.2 Exemples d’antidotes et leurs indications
III.6.3 Utilisation d’un antidote dans le cadre de la prise en charge des intoxications
III.6.4 Disponibilité des antidotes dans les services enquêtés
III.6.5 Délai d’utilisation d’un antidote
III.6.6 Traitement possible des intoxications par les antidotes
III.6.7 Autres utilisations des antidotes
III.7 Pharmaciens enquêtés
III.7.1 Répartition des pharmaciens par structure
III.7.2 Répartition selon l’ancienneté des pharmaciens
III.7.3 Formation en toxicologie
III.7.4 Connaissance relative à un toxique
III.7.5 Connaissance relative à une intoxication
III.8 Intoxications rencontrées par les pharmaciens
III.9 Participation à la prise en charge des cas intoxications
III.10 Dispositif de prise en charge des cas intoxications
III.11 connaissance des antidotes par les pharmaciens
III.11.1 connaissance relative à un antidote
III.11.2 Exemple d’antidote et leurs indications
III.11.3 Disponibilité des antidotes dans les pharmacies
III.11.4 Approvisionnement
III.11.5 Autres utilisations des antidotes
III.11.6 Disponibilité des produits pouvant être utilisés comme antidote
III.11.7 Connaissance des antidotes par les pharmaciens
DISCUSSION
CONCLUSION

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