Conflits entre paysans et faune sauvage

CONFLITS ENTRE PAYSANS ET FAUNE SAUVAGE

Cas du village Sia au Burkina Faso

Il s’agit ici d’une étude menée par Vermeulen (2001) sur les aires protégées, les conflits, l’emploi et l’immigration dans le village de Sia périphérique du Ranch de gibier de Nazinga au Burkina. L’étude aborde la problématique des conflits humains – faune sur le simple plan de l’accroissement de la population. Selon Vermeulen (2001) « au niveau du village Sia règne une situation sociale particulière (village en essor, à proximité du ranch) associé à une politique d’emploi particulière des gestionnaires, qui débouche sur une immigration importante et complexe. L’auteur a montré que si cette situation est corrélative d’un accroissement de biomasses animales à l’intérieur d’un espace jadis moins anthropisé, la situation débouchera tôt ou tard sur des conflits humains animaux importants, préjudiciables à l’intérêt des parties en présence».

Selon Vermeulen, les phénomènes migratoires sont difficiles à appréhender, car sauf exception, ils portent sur des temps longs qui dépassent l’observateur de passage Ce sont pourtant sur ces phénomènes lents, difficilement détectables que se joueront à terme l’avenir des ressources naturelles. Les gestionnaires d’aires protégées doivent être conscients de l’ampleur qu’ils peuvent prendre et doivent donc envisager un suivi régulier. Vermeulen pense que dans le cas de programmes d’appui à la conservation et au développement sur une aire protégée, l’immigration sera importante. Les responsables de ces programmes doivent donc d’emblée en tenir compte et apporter une réponse adéquate au phénomène qu’ils génèrent par un aménagement de l’espace villageois, base principale concerté avec les autorités coutumières pour gérer les immigrants de travail. Cette étude montre que la problématique de l’immigration autour des aires protégées n’est pas seulement propre au Cameroun.

En effet, d’après Cornelis (2000) « l’accroissement de la biomasse ces vingt dernières années à Nazinga s’est accompagné de celle de la population de SIA. Les conflits humains – faune ont donc pour origine le partage d’un même espace par deux populations en croissance dans la même période. Ici cet espace a pour gestionnaire une autorité coutumière, c’est à elle qu’il convient de s’adresser pour résoudre en terme d’aménagement de l’espace villageois les conflits à venir ». On note ici quelques similitudes avec Tchéboa et Sia par rapport à l’occupation du milieu par les migrants. Ce travail montre aussi le rôle central des autorités traditionnelles pour prévenir et gérer durablement les conflits.

Cas du Parc National de Taï en Côte d’Ivoire

Le Parc National de Taï (PNT), classé par l’UNESCO au Patrimoine Mondial, est le principal vestige de forêt primaire tropicale bien conservée en Afrique de l’Ouest (Pro-natura, 2008). Il regorge une riche flore et des espèces de mammifères menacées, comme l’hippopotame pygmée et onze espèces de singes, présentant un intérêt scientifique majeur (Pro-natura, 2008). « Grâce au soutien du Ministère des Affaires Etrangères (MAE) et du Fonds ivoirien de Développement pour la Formation Professionnelle (FDFP), Pro-Natura, en collaboration avec l’association ivoirienne Vie et Forêt, développe depuis plus de 6 ans une action de formation pratique agroforestière pour répondre aux besoins des paysans qui vivent en périphérie de ce Parc et réduire la pression exercée sur les ressources naturelles. L’action a pour but de proposer des alternatives à l’agriculture sur brûlis et à la chasse pratiquée dans le PNT. Elle est fondée sur le partage d’expériences locales, la promotion des pratiques traditionnelles et l’apport de connaissances venant d’autres régions du monde » (Pro-natura, 2008).

Selon la Loi n° 94/01 du 20 janvier 1994 complétée par le décret d’application N° 95/6786PM du 18 décembre 1995, les modalités de protection des personnes et des biens sont fixées par les articles 12 et 13 de la section III de ladite loi. Nous y notons qu’en cas de menaces sur les personnes et les biens, tout citoyen a le droit de se plaindre auprès des responsables locaux chargés de l’administration en charge des forêts et de la faune. Ce dernier saisi le responsable régional qui, sur la base d’une enquête préalable autorise la poursuite, le refoulement ou l’abattage des animaux ayant causé des dommages ou susceptibles d’en causer, à l’exception de ceux de la classe A3 dont l’abattage ne peut être autorisée que par le Ministre en charge de la faune. Conformément à cette loi, nul ne peut être sanctionné pour le fait d’acte de 3 Les animaux appartenant à la classe A sont intégralement protégées chasse d’un animal protégé commis dans le cadre de la nécessité immédiate de sa défense.

Dans ce cas, la preuve de la légitime défense doit être fournie dans un délai de soixante-douze heures au responsable de l’administration chargée de la faune la plus proche. Concernant la réparation du préjudice causé par les animaux sauvages, la loi ne responsabilise pas le Ministère chargé des forêts et de la faune. Pour combler ce vide juridique, c’est la Présidence de la République et le Ministère de l’administration territoriale qui jusqu’ici ont dédommagé les populations victimes des dégâts causés par les éléphants dans l’extrême Nord Cameroun. Au niveau de la ZIC 19 de Tchéboa, des dégâts d’éléphants et ceux d’autres animaux sauvages sont régulièrement enregistrés, mais des dédommagements sont rarement, sinon jamais, offerts. Cette revue de la littérature montre que beaucoup d’études se sont consacrées aux problèmes des conflits dans les aires protégées. Le cas du Cameroun n’est donc pas isolé. Il est nécessaire de prévenir ou gérer durablement ces conflits pour éviter qu’ils ne dégénèrent et qu’ils provoquent des réactions violentes. Dans le cas contraire, ces conflits risquent de provoquer une dégradation de l’environnement et des moyens de subsistance des populations. L’agroforesterie pourrait constituer une solution à la réduction des conflits dans les aires protégées habitées.

Potentiel des méthodes agroforestières

Agroforesterie Combiner les acquis techniques de la production agricole, pastorale et forestière dans un même système de production et sur un même lopin de terrain est la préoccupation de l’agroforesterie. D’après Lundgren et Raintree (1982), l’agroforesterie réfère à tout système d’utilisation des terres où des ligneux pérennes ou les espèces végétales arborescentes sont délibérément associés aux cultures et/ou aux animaux sur une même unité de gestion des terres de manière simultanée ou séquentielle dans l’espace ou dans le temps afin d’induire des interactions écologiques et économiques dont la gestion aide à optimiser la production de chacune des composantes associées. Ces auteurs mettent en avant le fait que les ligneux pérennes ou le végétal arborescent ne sont choisis qu’en fonction soit de leurs aptitudes à résoudre un problème de production très bien ciblé au préalable, soit des biens et/ou des services qu’ils sont susceptibles de procurer ou de rendre. De cette considération, on conclut que l’agroforesterie n’est pas une fin en soi mais plutôt un moyen (Olivier, 2013).

Selon le Mémento du forestier (2013), l’agroforesterie est un ensemble de techniques d’aménagement des terres, impliquant la combinaison d’arbres forestiers, soit avec des cultures, soit avec l’élevage soit même avec les deux. La combinaison peut être simultanée ou échelonnée dans le temps et dans l’espace. Elle a pour but d’optimiser la production par unité de surface, tout en respectant le principe du rendement soutenu. Le but visé d’après la définition du mémento est la production soutenue, or d’après Leakey (1996) « l’agroforesterie est un système de gestion des ressources dynamiques, écologiques et naturelles qui, par l’intégration des arbres dans les fermes et le paysage, permet une production durable et diversifiée, procurant aux paysans des avantages sociaux, économiques et environnementaux accrus ». Ces définitions ne sont pas exhaustives, plusieurs auteurs en ont développé d’autres. De la myriade de définitions qui existent, Nair (1985) conclut que l’agroforesterie est un système conçu pour minimiser les dégâts environnementaux, diversifier la production agricole, restaurer et maintenir la fertilité des sols, produire du bois d’énergie, de service et de construction, générer plus de surplus de production, minimiser les risques d’échec, produire de la protéine animale, assainir le sol et combattre biologiquement les pestes et les maladies des cultures, minimiser l’effet de serre et finalement, favoriser une coexistence pacifique entre agriculteurs, éleveurs et forestiers..

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Table des matières

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION GÉNÉRALE
1.1. CADRE DE CRÉATION DES AIRES PROTÉGÉES AU CAMEROUN
1.2. PROBLÉMATIQUE DE GESTION DES CONFLITS DANS LES AIRES PROTÉGÉES
1.3. CAS DU VILLAGE SIA AU BURKINA FASO
1.4. CAS DU PARC NATIONAL DE TAÏ EN CÔTE D’IVOIRE
1.5. CONTEXTE INSTITUTIONNEL ET LÉGAL DE LA GESTION DES CONFLITS AU CAMEROUN.
1.6. POTENTIEL DES MÉTHODES AGROFORESTIÈRES
1.7. QUESTIONS DE RECHERCHE
1.8. OBJECTIFS ET HYPOTHÈSES DE L’ÉTUDE
CHAPITRE 2 : L’AGROFORESTERIE, UNE SOLUTION POUR RÉDUIRE LES CONFLITS ENTRE PAYSANS ET FAUNE SAUVAGE?
2.1. INTRODUCTION
2.2. MATÉRIELS ET MÉTHODES
2.2.1. Zone d’étude
2.2.2. Collecte des données
2.2.3. Traitement et analyse des données
2.3. RÉSULTATS
2.3.1. Systèmes agraires existants dans la ZIB
2.3.2. Essences d’arbres présentes dans les SAFs
2.3.3. Systèmes agroforestiers de la ZIC 19
2.3.4. Conflits dans l’utilisation et l’occupation des terres
2.3.5. Perception du rôle de l’agroforesterie dans la résolution des conflits
2.3.6. Enquêtes menées auprès des agents de l’administration
2.4. DISCUSSION
2.5. REMERCIEMENTS
CHAPITRE 3 : CONCLUSION GÉNÉRALE
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXE 1 : ESPÈCES D’ARBRES PRÉSENTES DANS LES CHAMPS
ANNEXE 2 : INSTRUMENTS DE COLLECTE DE DONNÉES
ANNEXE 3 : GUIDE D’ENTRETIEN
ANNEXE 4. QUELQUES PHOTOS DES SYSTÈMES AGROFORESTIERS IDENTIFIÉS DANS LA ZIC 19, NORD CAMEROUN

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