Composition socioprofessionnelle des chefs de ménages interrogés

La communauté rurale de Kafountine est située au nord du département de Bignona. Elle est limitée au Nord par l’actuelle commune de Diouloulou, au Sud par le fleuve Casamance, à l’Est par le marigot de Diouloulou et à l’Ouest par l’océan atlantique. Sur le plan administratif, elle se trouve rattachée à l’Arrondissement de Diouloulou actuellement érigé en Commune. Cet Arrondissement est lui même situé dans le département de Bignona, le plus grand Département des trois que compte la région de Ziguinchor (Ziguinchor, Bignona et Oussouye).

Les Diola constituent le groupe ethnique majoritaire dans la C R de Kafountine, avec comme dominance la sous composante Karone surtout dans les îles portant le même nom. Sur la terre ferme, cette population est hétérogène. La population de la C R est inégalement répartie sur deux territoires distincts : les îles (832km) et la partie continentale (76km). La population communautaire s’élève selon le RGPH de 1988 à 12.505 habitants, ce chiffre est passé à 18169 habitants lors du dernier recensement de 2002.

Cependant, la population de cette communauté se trouve concentrer dans les villages de la terre ferme au détriment de ceux insulaires, plus particulièrement dans le village de Kafountine (chef- lieu de communauté rurale) qui fait l’objet de notre recherche. Le village de Kafountine compte à lui seul 6.417habitants en 2002, soit 35.5% de la population totale. Erigé en CR quelques années après les réformes administratives de 1.972, plus précisément en 1980, ce village n’a cessé de connaître des mutations démographiques, économiques et spatiales. L’ouverture sur l’océan atlantique sur plus de 15km de côte, la position frontalière sont autant de facteurs qui favorisent l’émergence de la zone. Cette partie du pays du fait de sa position géographique favorable et les perspectives d’emplois qu’il offre, constituent un pôle d’attraction pour les campagnes et villes environnantes.

LA SITUATION GEOGRAPHIQUE

Kafountine une localité frontalière

La frontière entre la basse Casamance et la Gambie s’étend sur environ 150km. Sa fixation relève d’une longue procédure de négociation entre les deux puissances colonisatrices de l’époque, notamment la France et la Grande Bretagne. Avant 1895, on ne pouvait pas véritablement parler de frontières du Sénégal. La première « limite du Sénégal » intervient par décret du 12 octobre créant la colonie des rivières du sud, alors que ni la Guinée Portugaise, ni la Gambie n’étaient délimitées et que l’autorité de la France dans ces rivières (du Rio Nuñez à la Mellacorée) était plutôt nominale. La frontière entre ces deux pays ne sera précisée que par la convention Francobritannique de 1889 et de 1904. Les Français s’emparent des « pays » alentours de la Gambie, au Nord et au Sud, s’installant après leur protectorat sur le Fouta Djallon (1er et5 juillet 1881), dans le Kantora en haute Gambie .

Le village de Kafountine est situé à environ 30 kilomètres de la frontière sud entre le Sénégal et la Gambie. L’absence ou la faiblesse de services administratifs marquant la frontière associée à l’inexistence d’obstacles naturels (pas de relief ni de fleuve infranchissable et autres). Le contrôle strict d’entrée et de sortie est rendu impossible à cause de l’existence d’une multitude de pistes à travers la frontière. Cette situation de libre circulation ajoutée à l’histoire de ces terroirs fait que les populations sont tellement imbriquées au point que la distinction du Sénégalais et du Gambien n’est possible qu’à partir de l’accent anglophone ou français. Les populations parlent pratiquement les mêmes dialectes. Ces populations étant apparentées, les mariages entre populations frontalières ne manquent pas et les baptêmes sont également des moments de cohésion et de consolidation des liens.

En effet, cette localité entretient des échanges commerciaux avec la Gambie. Un nombre important de produits commercialisés à Kafountine comme le riz et certains produits manufacturés comme le sucre, et autres est importés de manière frauduleuse de la Gambie à bon marché. La zone bénéficie également de la proximité de l’aéroport de « youndoum » (Gambie) ; la plupart des touristes surtout Anglais désirant visiter les sites touristiques de cette localité choisissent de passer par la Gambie, ce qui leur permet de faire moins de kilomètres avant d’atteindre ce village.

Du point de vue culturel, le brassage avec l’anglais et le Mandinka devient de plus en plus remarquable dans cette localité. Le contact avec ces deux langues parlées dans la Gambie voisine est favorisé par des manifestations culturelles telles que le carnaval annuel de Kafountine et le festival annuel d’Abéné, deux activités qui voient la participation massive de populations venant de la Gambie, mais aussi de touristes anglophones. Les échanges commerciaux transfrontaliers sont favorisés par l’inexistence d’une rigidité monétaire dans la convertibilité. Le CFA est accepté comme moyen de paiement sur tous les lieux d’échanges et les commerçants exerçant en Gambie le préfèrent au « Dalasi » (monnaie gambienne) qui n’est pas convertible .

En outre, il importe de mentionner que la faiblesse des coûts d’importations à partir de la Gambie s’explique par la chute du « Dalasi », ce qui aiguise davantage l’appétit des importateurs établis à Kafountine. Il ressort de cette analyse que la position frontalière de ce village est d’un avantage certain pour un développement économique, social et culturel.

Kafountine, une localité du littoral atlantique Sénégalais

L’une des particularités de cette localité est son ouverture sur l’océan atlantique. La localité borde le littoral sur plus de 15km du Nord au Sud. Le littoral lui même se définit en des termes multiples qui évoquent bien la diversité de ces aspects et celle de sa signification relative à ce qu’il représente pour les activités humaines : frontière et zone de contact à la fois, il est décrit dans ses formes, dans sa dynamique passée et présente. Du point de vue géomorphologique, le littoral se réduit à la bande comprise entre les hautes mers et les basses mers appelées estran. Les littoraux ont toujours joué un rôle important surtout dans les facteurs de répartition spatiale. Du fait des potentialités qu’ils offrent, ces littoraux attirent en général une population importante. Les rivages ont toujours attiré les populations, soit parce que le climat y est rendu plus agréable par les vents qui apportent la fraîcheur, soit pour ses sols alluviaux qui permettent des productions plus variées et plus abondantes. L’attrait de ces littoraux s’explique aussi par les possibilités de pêche, de culture et d’élevage. A Kafountine, le littoral attire de plus en plus les populations. Le souhait majeur de tout habitant ou étranger nouvellement installé dans cette localité est de s’acheter un terrain prés de celui-ci pour bénéficier des avantages cités ci-dessus. Ce village est connu grâce à son ouverture sur l’océan atlantique. A l’image d’une bonne partie des localités du littoral Sénégalais, ce village connaît une dynamique spatiale très rapide imputable à son évolution démographique qui, elle même est étroitement liée aux mouvements naturelles et à l’afflux des migrants. Cette dynamique spatiale s’est traduite par l’empiétement du domaine public maritime. Alors que les textes officiels stipulent que ses limites se situent à 100m à partir de la ligne des plus hautes marées vers l’intérieur des terres sur une longueur d’environ 30km. Et toute installation au niveau de cet espace n’est qu’à titre provisoire et sa démolition n’entraînerait aucune indemnisation. En effet, ce domaine maritime dans sa morphologie apparaît comme un endroit qui est au bout de la saturation. On y distingue essentiellement des établissements touristiques et quelques maisons de vacance pour les touristes.

Kafountine et la route départementale 

L’homme a toujours senti le besoin de se déplacer dans le cadre de la satisfaction de ses besoins. Dés lors, la mise en place d’infrastructures de transports apparaît comme une nécessité. La route occupe une place importante dans la vie socio économique des populations. Son utilité est beaucoup plus sentie dans les villes où les activités d’échanges, autrement dits les mouvements de personnes et de marchandises sont plus intenses. La route départementale a occupée une place importante dans la naissance de la ville de Kafountine. Avant sa construction, cette zone en dépit de ses nombreuses ressources et potentialités faisait face à d’énormes difficultés de développement essentiellement lié à l’absence d’infrastructures routières. L’enclavement a été une caractéristique principale de cette zone, rendant de ce fait très contraignante la vie de relation. Certains habitants étaient obligés de parcourir à pied les 23km qui séparent Kafountine de Diouloulou, localité à partir de laquelle ils pouvaient relier (en voiture) Bignona et Ziguinchor par la route nationale N°05. Cet enclavement a affecté pendant longtemps tous les secteurs d’activités dans ce village. Dans le domaine de la pêche beaucoup de pertes ont été souvent enregistrées car ce n’était pas rare que des débarquements de poisson pourrissent au quai à cause d’un manque de véhicule devant acheminer ce produit vers les marchés urbains. Selon les témoignages des notables interrogés, la durée du trajet due au mauvais état de la piste entraînait souvent des pertes de poissons. Ces mauvaises conditions d’acheminement avaient comme effet corollaire la dépréciation du prix de vente des produits sur les marchés urbains. En somme, la mauvaise qualité de la route a longtemps entravé le développement du secteur du tourisme et de la pêche dans cette partie sud du pays. Cependant, depuis la construction de la route en 1981, on a assisté à un afflux massif de touristes européens dans leur grande majorité surtout pendant les périodes de fraîcheur entre novembre et mars. La pêche connaîtra dans le même sillage un essor fulgurant, les voitures pouvaient dorénavant relier les centres urbains sans grande difficulté. La route a fondamentalement changé la nature du trafic avec une densification de celui ci. Le goudron présente des avenages certains. Le temps de parcours est devenu plus court et plus sûr qu’avant. Le transport de jours ou de nuit est donc bien moins risqué et plus rapide. Cette route a également précipité l’extension spatiale de Kafountine vers son voisin Diannakabar. Depuis sa construction, on assiste à une densification croissante de l’habitat et à une concentration de l’essentiel des infrastructures sur toute son étendue. En définitive, cette route occupe une place capitale dans la vie de relation et dans le développement socio-économique de Kafountine, où la population augmente d’une manière considérable. Cette voie de communication participe ainsi à la densification des échanges commerciaux entre Kafountine et les autres localités de la région. Elle joue ainsi un rôle non négligeable dans l’attractivité de la localité et contribue de ce fait à son évolution démographique, spatiale et économique.

L’hydrologie 

Kafountine est sillonné par une multitude de cours d’eaux connus sous le nom de « bolong », formant un véritable labyrinthe soumis à l’influence de la marée. Les 2/3 de la superficie de la CRK sont composées d’îles. En effet, la densité du réseau hydrographique nous permet d’affirmer sans risque de nous tromper que Kafountine est une zone humide. Cette hydrographie est essentiellement dominée par un seul fleuve, le fleuve Casamance qui sépare cette communauté du département d’Oussouye et se jette en mer au niveau de l’embouchure où se trouve le dernier village de la CR Diogué. A partir de ce fleuve qui est devenu un bras de mer à cause de l’intrusion marine sont issus des affluents comme le marigot de Diouloulou, le « Kounambéne », le « Ouniomounéye », etc. Le marigot de Diouloulou qui est un affluent du fleuve Casamance traverse du sud au nord la CR et apparaît donc comme la limite Est de la CR. Ce dernier présente plusieurs affluents :

– Le « Kalissaye » est un affluent du marigot de Diouloulou ; il forme quelques îles et îlots dans son écoulement avant de se jeter à la mer au niveau de la pointe de « Sankoye ». Il s’est considérablement élargi au niveau de l’embouchure. En effet, les populations autochtones du village « Bliss » de Saloulou témoignent qu’autrefois la traversée de ce fleuve s’effectuait avec de petites pirogues, chose devenue aujourd’hui périlleuse à cause de l’agrandissement de cette embouchure.
– Le « bolong » « Essoulou » dont le nom est dérivé du nom du village de Saloulou se jette en mer à hauteur de ce village. Ce marigot longe le littoral créant une mince bande de terre sous forme de flèche littorale jusqu’à hauteur du dernier hôtel touristique de Kafountine appelé Hôtel Karone.

Comme du reste des marigots de cette localité, il est navigable durant toute l’année, même sil présente par endroits des bas-fonds qui rendent difficile la navigation, surtout pour les grandes pirogues.

Cependant, la densité du réseau ne permet pas de nommer ces marigots, car ils portent souvent le nom d’un des villages qu’ils traversent. L’hydrodynamique de ces marigots est étroitement liée à la marée qui conditionne de ce fait la navigabilité de ces marigots.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
Discussion conceptuelle
PREMIERE PARTIE : PRESENTATATION DE KAFOUNTINE
CHAPITRE I : LA SITUATION GEOGRAPHIQUE
A- Kafountine une localité frontalière
B- Kafountine, une localité du littoral atlantique Sénégalais
D-Le milieu biogéographique
A : Le peuplement de Kafountine
1 : Les premiers occupants : les Diola Karone
2: L’installation progressive des autres ethnies
1- L’évolution démographique
2 – La composition socioprofessionnelle
Graphique 1: Composition socioprofessionnelle des chefs de ménages interrogés
C- Le croit naturel
E: La problématique de la migration
DEUXIEME PARTIE : LES ACTIVITES ECONOMIQUES
A-LA PECHE
B- Le tourisme
Cependant, le tourisme a eu des impacts sur le mode de vie et sur les valeurs culturelles des populations de Kafountine
A-L’activité agricole
B – L’artisanat
C- Le commerce
CHAPITRE I : L’ORGANISATION DE L’ESPACE
A- La dynamique spatiale de Kafountine
B -La morphologie du tissu villageois
CHAPITRE II : LES CARACTERISTIQUES DE L’EMERGENCE DE KAFOUNTINE
A- La vie de relation
B-Equipements et besoins de déplacement
C-L’aire d’influence de Kafountine
D- La spéculation foncière
CONCLUSION GENERALE
ANNEXES

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