COMPORTEMENTS DES ACTEURS CONCERNES PAR LE SYSTEME TOURISTIQUE KITSCH

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Les effets du Kitsch

Dans cette partie, en vue d’analyser les effets du Kitsch, nous diviserons les acteurs du système en deux : les gens qui fournissent les produits kitsch (les investisseurs, l’Etat, les commerçants, etc.) et les gens qui les utilisent (les touristes, les visiteurs, les consommateurs).

Effets du Kitsch sur les fournisseurs du système touristique

Le changement d’échelle : Le Kitsch fait disparaître les proportions et modifie l’échelle. En profitant de ce caractère, les fournisseurs changent la taille des objets. Ils peuvent tantôt accroître, tantôt diminuer les dimensions d’un objet originel. En effet, un critère important du Kitsch, est le rapport scalaire variable (par rapport à la réalité) : un faux cygne pédalo ayant une taille plus grande que le vrai est offert aux touristes comme un jeu, ou La Tour Eiffel dix fois plus petite que l’originel permet, à l’inverse, de la faire entrer intégralement dans un selfie. On applique ce principe non seulement dans la décoration de la ville, des sites touristiques, mais aussi dans les souvenirs : des Tours Eiffel de 10 cm de haut sous forme de porte-clés, ou les statues de David en taille réduite pour pouvoir entrer dans l’avion. L’objectif de ce changement d’échelle est d’avoir une dimension de visibilité maximum. La bonne échelle est celle qui permet aux touristes d’inclure tous les objets dans leur photo, c’est pourquoi une Tour Eiffel peut être dix fois plus petite que l’original (photo 1.13), tandis qu’une fraise doit être aussi géante qu’un cygne pour pouvoir entrer (photo 1.14).
La diminution des coûts permet d’accroître les quantités et la disponibilité par rapport aux touristes : Cet effet est lié au septième caractère de l’objet kitsch que nous avons présenté dans la partie précédente. Tout d’abord, on constate un remplacement des matériaux passant d’une matière noble à un sous-produit (régulièrement) et vice-versa (rarement). Pour la première, une matière noble est remplacée par d’autres moins onéreuses, cela se voit très clairement et souvent dans le monde kitsch, comme par exemple, la défense d’éléphant en plastique qui remplace l’ivoire, les faux animaux en béton ou en plâtre pour remplacer les vrais, etc. Tandis que, pour obtenir un effet inverse, il se peut qu’une matière noble remplace des matériaux ordinaires. Dans ce cas, le niveau du Kitsch touche au luxe. La tendance à recouvrir les plats d’une couche d’or de 24 carats, devient de plus en plus « à la mode » dans les pays du Golf. Ensuite, un matériau peut remplacer ou être lui-même remplacé par un autre. Tantôt le bois est repeint en imitant le marbre, tantôt il est imité par le plastique. Le laiton se substitue à l’or, lui-même imité par le plastique. Pour mieux comprendre la transformation de la matière, nous regarderons le tableau ci-dessous proposé par Abraham Moles qui relève ce caractère du Kitsch .

Effets du Kitsch sur les clients

Quand le faux est plus vrai que le vrai : Le Kitsch est un produit adapté par hypothèse de ses promoteurs aux goûts du plus grand nombre. Par consentement mutuel, il est perçu comme plus vrai que le vrai auquel il se substitue. Autrement dit, il transmet aux répliques des objets (architecturaux, naturels et culturels) une valeur particulière, de conformisme et de confort sensible et intellectuel – qui rassure les consommateurs et crée une forme de nouvelle authenticité. Pour illustrer, nous prendrons l’exemple du vin local. Il est un produit né d’un mélange fait de mûres et de raisins de table, son goût est loin d’être celui d’un vrai vin. En se rendant compte de ce point faible, les entreprises viticoles de Dalat ont inventé une astuce, c’est d’y ajouter une boule de Xí muội (un bonbon très odoriférant et salé) pour relever le goût de ce liquide rouge. Ce nouveau procédé est devenu « à la mode ». Ainsi sur sa page Facebook, un distributeur de vin de Dalat (la société Ladofoods) donne quelques conseils de dégustation, en insistant sur le fait que : « Ce sera magnifique si vous ajoutez une boule de Xí muội » (photo 1.22). Aussi et alors que, durant nos années de travail à Dalatbeco – une entreprise qui fabrique aussi ce vin local, nous n’avons jamais ajouté ce genre de bonbon pour relever son goût, à ce jour, nous serions considérée comme amateur en ce domaine.
La naïveté : Grâce à l’ambiance soft que le Kitsch crée, les touristes entrent dans un monde immobilisé dans des objets soit grandiloquents, soit miniaturisés, aux couleurs criardes. Ce mini(ou macro)mundus irradie un esprit de naïveté, dans lequel les touristes n’ont pas besoin d’imagination car ce monde est à leur disposition. Le décor déroute immédiatement et il entre même dans un narratif féerique, voire enfantin. A titre d’exemple, nous prendrons le cas du site Thung lũng tình yêu (nom en français : la Vallée de l’amour) – un site naturel investi par un parc d’attractions à Dalat. Rien que son nom souligne le sujet principal. Les objets de décoration tournent directement autour de ce thème : que ce soit les cœurs en statue, en forme de bonsai (photo 1.23-1.27), la statue d’Adam et Eve (photo 1.24), les faux cygnes (on a choisi les cygnes à d’autres oiseaux car ils représentent la fidélité par leur comportement à vivre en couple jusqu’à la mort) (photo 1.25), les papillons, voire les ailes d’amour de Cupidon (photo 1.26), etc. Tous ces objets kitsch doivent être visibles, c’est pourquoi ils sont peints en rouge, rose, ou jaune et sont disposés aux endroits centraux du site. Cette mise en scène joue un rôle important, celle d’une capacité narrative destinée à ensorceler les consommateurs et à leur faire croire que dans ce monde « d’amour », il n’existe que du bonheur. En effet, avec un maximum d’accumulation de signes, le Kitsch peut apporter aux clients un expérientiel touristique le plus exceptionnel possible.
Le confort : Selon le sondage sur la santé réalisé par les scientifiques de l’université Stanford, Etats-Unis, parmi les 100 pays y ayant participé, le Vietnam fait partie des dix pays dont les habitants font le moins d’exercices physiques. Un adulte vietnamien marche environ 3.600 pas/jour, et seulement 600 pas/jour chez les employés – ceux qui travaillent souvent devant un ordinateur. Tandis que le chiffre
moyen dans le monde est de 6.000 pas10. Nous citons ce sondage pour montrer que les Vietnamiens n’ont pas l’habitude de marcher ou de faire des sports de plein air tels que la randonnée, le jogging, etc. En conformité avec cette habitude, dans les sites naturels, notamment les sites d’altitude, on installe des remontées mécaniques telles que des téléphériques, des luges électriques, des jeeps pour abolir la pénibilité des déplacements. Ces services kitsch attirent toujours la plus grande part de la clientèle malgré leur prix significatif. A titre d’exemple, pour monter en jeep au sommet du mont Lang-Biang – un site naturel situé au nord de Dalat, les touristes doivent payer 60.000 VND/personne, équivalant à 2,3EUR, soit deux fois plus cher qu’un billet d’entrée (30.000 VND). Avec une cinquantaine de jeeps pour transporter les touristes – cette activité est considérée comme le point d’attraction de ce site et génère un profit substantiel pour son propriétaire (photo 1.28).
Payer moins – profiter plus : A l’heure actuelle, la clientèle essentielle du Kitsch est populaire. Pour elle, le principe « payer moins – profiter plus » est le point primordial. Du fait de leur budget modeste, les touristes vietnamiens acceptent facilement des substituts. Sur les photos, des ponts en béton imitant l’écorce des troncs ne présentent qu’une infime différence avec l’originel. De faux produits de tissages industriels coûtent moins cher que ceux fabriqués d’une façon artisanale (un costume ethnique vendu en série au Marché de Dalat coûte 120.000 VND – 4,5 EUR, alors que le vrai artisanal coûte aux alentours de 1.000.000 VND – 38 EUR). Une bouteille de vin local coûte trois à quatre fois moins cher qu’une bouteille de vin importé, tandis que l’effet escompté est semblable : une belle couleur, une amertume, une ivresse, et surtout, l’impression d’être élégant, et chic, en le consommant. Impressions qui donnent aux touristes l’illusion de « sensations fortes ».
La « spontanéité » des selfies : « Je consomme, je jette », la consommation d’un circuit/d’un produit touristique a lieu rapidement et les souvenirs acquis ont été transformés en photos. « Les objets du décor entrent dans la catégorie du mémoriel, soit comme photographies de soi en situation, de ce que l’on ne peut ramener, ou de souvenirs achetés dans les boutiques. Ils certifient le récit des visiteurs particulièrement ouverts au consumérisme de soutènement de leur expérientiel » (Bachimon et al., 2016). De plus, le développement des réseaux sociaux consolide cette tendance, sans oublier l’apparition de selfies et leur influence sur les jeunes. Le terme selfie serait apparu pour la première fois en 2002 sur un forum d’Australie. Un homme ivre étant tombé, il se serait pris en photo et en aurait fait une publication sur un forum en l’appelant « my selfie ». En 2013, ce terme a été approuvé par OED – Oxford English Dictionnary comme le mot de l’année11. Au Vietnam, ce phénomène, consistant à se prendre soi-même en photo pour partager immédiatement sur les réseaux sociaux, a débuté vers 2010 et est devenu populaire jusqu’à présent. Q&Me Vietnam Market Research – un organisme de recherche sur les tendances sociales du marché vietnamien – a réalisé une enquête sur la pratique du selfie au Vietnam en 201412. Le résultat est intéressant, nous le résumons brièvement : 64% des Vietnamiens se prennent en selfies (77% chez les femmes et 55% chez les hommes), l’âge moyen se situe entre 16 et 22 ans. Concernant les femmes, 90% des participantes utilisent particulièrement les smartphones pour se prendre en selfies, 76% publient leurs photos sur les réseaux sociaux, parmi lesquels Facebook est dominant. On en trouve également d’autres tels que Zalo, Viber, Instagram, etc. Quels liens existent-ils entre le selfie et le Kitsch ? Dans des sites touristiques, on voit souvent ce scénario : Les touristes (notamment ceux venus d’Asie du sud-est) arrivent en groupe ou en couple, avec une perche de selfie à la main, et se réunissent devant le portail d’un site ou devant un dispositif scénique. Ce peut être une statue de cœurs symbolisant son nom comme dans le cas de la Vallée de l’Amour que nous avons présenté ci-dessus, ou devant une jeep au pied du mont Lang-Biang. De fait, ce phénomène est devenu un nouveau mode de se métamorphoser chez les jeunes, « je selfie, donc je suis » (Godart, 2016).
Si aux XIXème et XXème siècles, on utilisait les cartes postales afin d’informer ses proches de son voyage, à présent, les photos de soi jouent le rôle de cartes postales et les réseaux sociaux ceux d’un facteur. L’avantage la plus importante de l’ère virtuelle est la rapidité, l’envoi illimité aux destinataires et le fait que cela ne coûte presque rien en frais d’expédition. L’explosion des réseaux sociaux a inversé l’ordre des priorités lors de la visite d’un site, en même temps, qu’elle a transformé la preuve du voyage en la rendant partageable à l’infini dans l’instant même de l’expérience au risque d’une forme de nombrilisme, de mise en scène de soi dans un décor devenu « prétexte ».

L’authenticité est-elle antagoniste au Kitsch ?

Définition de l’authenticité

Comme le Kitsch, l’authenticité est un concept influençant plusieurs domaines. Dans le cadre de notre sujet de thèse, nous résumerons les idées essentielles prises pour cette notion via les analyses réalisées par des chercheurs ayant travaillé sur ce terme.
Généralement, l’authenticité est la qualité de ce qui est authentique, vrai, pur15. A son origine, ce mot vient du Latin « authenticus », qui veut dire se déterminer par sa propre autorité.16
En philosophie, l’authenticité est une vertu, selon Jean-Paul Sartre – un maître à penser du XXe siècle, « il s’agit d’une saisie thématique de la liberté, de la gratuité, de l’injustifiabilité » (Sartre, 1983, p. 490). Tandis que pour Charles Taylor, l’authenticité est considérée comme la « vérité intérieure » à laquelle un individu doit être fidèle (Spector, 2014).
Dans le domaine des arts, cette notion est apparue assez récemment, à partir de la Renaissance et notamment au XIXe siècle, elle est devenue la qualité essentielle des œuvres d’art (Kervenoaël & Ghestin, 2006). On trouve plusieurs définitions selon chaque auteur mais en général, l’authenticité est considérée comme la phrase célèbre d’André Comte-Sponville :
Je suis ce que je suis : est-ce ma faute à moi si je ne peux être quelqu’un d’autre ? » (Comte-Sponville, 2013, p. 73). En effet, elle désigne simplement l’immanence d’un objet, d’un produit, qui se reflète lui-même et n’accumule aucun signe pour devenir la silhouette d’un autre objet.

Relation entre l’authenticité et le Kitsch

En se basant sur la définition de nos deux concepts, il semble qu’ils soient totalement opposés : l’un représente la vertu, la vérité et la pureté ; l’autre accumule des signes, mélange des choses, et crée la surcharge. Leur caractéristique opposée provient de leur objectif différent : l’un porte la valeur intrinsèque et satisfait un groupe de clientèle choisi, tandis que l’autre est constituée par des facteurs extrinsèques pour satisfaire la clientèle populaire.
Par contre, parfois le Kitsch peut approcher l’authenticité, voire l’occulter pour devenir son tour une nouvelle sorte d’authenticité comme le cas du Vin de Dalat avec son nouveau mode de dégustation (page 44). Brièvement, si le Kitsch peut être pensé comme antinomique de l’authenticité, grâce à l’accumulation des signes, il créera une surréalité en se basant sur le modèle de la réalité. A titre d’exemple, prenons le cas du village ethnique de Sandu – Chine (Gauché, 2017). Sur la photo 1.29 ci-dessous, le Kitsch renforce le caractère pittoresque et fascinant, en ajoutant de fausses façades de maisons derrière les vraies, cela donne aux touristes l’impression que le faux est plus vrai que le vrai.
Hormis le côté antagoniste, entre eux, il existe également une relation redondante : l’authenticité peut être kitschisée pour devenir un produit kitsch. Cette relation peut être résumée dans la célèbre parabole Le rêve du papillon de Tchouang-Tseu : « Zhuangzi rêva une fois qu’il était un papillon, un papillon qui voletait et voltigeait alentour, heureux de lui-même et faisant ce qu’il lui plaisait. Il ne savait pas qu’il était Zhuangzi. Soudain, il se réveilla, et il se tenait là, un Zhuangzi indiscutable et massif. Mais il ne savait pas s’il était Zhuangzi qui avait rêvé qu’il était un papillon, ou un papillon qui rêvait qu’il était Zhuangzi. Entre Zhuangzi et un papillon, il doit bien exister une différence ! C’est ce qu’on appelle la Transformation des choses » (Levi, 2011, chap. 9). Entre Zhuangzi – représentant le réel, et le papillon dans le rêve – représentant l’illusion, ils peuvent se transformer. En appliquant ce principe à la relation de nos deux concepts : quand l’authenticité a été kitschisée, elle n’est plus authentique. Reprenons le cas du village de Sandu ci-dessus, la valeur culturelle et patrimoniale des maisons de l’ethnie Shui a été kitschisée sous forme de fausses façades. Dans ce cas, ces fausses façades sont le papillon (qui sont jolies et « légères »), la valeur culturelle et patrimoniale joue le rôle de Zhuangzi (la pureté indiscutable et massive). La perplexité de Zhuangzi, ne sachant pas de qui était le rêve, serait la sensation des touristes en venant à ce village. Ils ne sauront plus quelle façade est la singularité et la pureté de la culture de cette ethnie montagnarde.

Le développement du Kitsch dans la société vietnamienne

Y-a-t-il une « psychologie » vietnamienne qui serait réceptive au Kitsch ?

Etant donné le contexte social du Vietnam, nous constatons que la destination Vietnam a un environnement qui permet au Kitsch de se développer, particulièrement dans les activités touristiques. De plus, le Kitsch est une stratégie politique que l’Etat utilise dans la mise en tourisme dont le tourisme domestique est reconnu comme le créneau principal.
Nous commencerons d’abord par l’analyse de la psychologie des Vietnamiens – un des critères essentiels qui favorise le Kitsch. Nous avons recensé six caractères principaux :
Un esprit ouvert sur les objets et les cultures exotiques
Le goût pour les choses venant d’ailleurs correspond à un caractère très spécial chez les Vietnamiens que nous appellerons le « mode exotique ». Pourtant, la question posée est : d’où provient-il ce mode de vie ?
Il faut revenir dans le passé afin d’observer le contexte historique du pays pendant et après les deux guerres, celle avec les Français puis avec les Américains. On peut constater qu’elles ont beaucoup contribué à la naissance du mode exotique. Les intelligentsias étaient les premiers qui y ont été influencés par le mouvement des cultures occidentales. Durant l’ère coloniale, les Français avaient apporté la civilisation française qui était absolument neuve et étrange pour les autochtones. L’habillement, l’art culinaire, l’agriculture (des fruits et légumes occidentaux ont été importés et plantés à partir de cette époque), et particulièrement, l’écriture latine a totalement remplacé le Nôm17. Cette latinisation restée utilisée en vietnamien moderne, et l’a transformée en « la seule langue d’Extrême-Orient à avoir abandonné les idéogrammes au profit des caractères latins » (Duteil, 1997, 2002). Après la colonisation, ce fut l’arrivée des Américains. La francisation a été donc remplacée par l’américanisation. En comparant deux devoirs différents, celui de la République du Vietnam du Sud et celui du Vietnam du nord communiste, nous voyons clairement comment cette occidentalisation s’est opérée : Le Nord était pauvre, le Sud s’était plus développé grâce aux supports matériels fournis par les Américains. Hormis la prospérité de la matérialisation, les gens du Sud ont été influencés par la culture américaine. Les bars et les boîtes de nuit implantés partout dans les grandes villes (Saïgon, Da Nang, Dalat, Nha Trang) afin de répondre aux besoins des soldats américains et du fait, ils attiraient un grand nombre des Vietnamiens. Le pop art et le style vintage étaient également « à la mode » chez les jeunes Vietnamiens vers les années 60-70 de cette époque (photo 1.30, 1.31).
Après l’indépendance, l’économie du pays a subi le dirigisme du Parti Communiste comme la plupart des pays socialistes de cette époque. Cela joue aussi un rôle important dans la psychologie kitsch des Vietnamiens. Lorsqu’ils comparaient les produits domestiques (qui étaient de faible qualité et d’apparence moins attractive, du fait de la stagnation de l’industrie du pays) avec les produits étrangers importés par des Viet-Kieu18 pour les revendre au Vietnam. Ils constataient ce grand écart qu’il y avait. Cela a ancré un stéréotype encore vivant dans la pensée des Vietnamiens : les produits provenant de l’étranger sont toujours meilleurs que ceux fabriqués dans le pays.
A présent, même si la production des marchandises du pays s’est beaucoup améliorée, cette préoccupation persiste. On remarque une nouvelle tendance, les Vietnamiens aisés acceptent de payer 5-6 fois plus cher le prix des fruits exotiques importés (myrtilles, cranberries, raisins japonais, etc.) même si des fruits équivalents sont cultivés localement.
Viet-kieu : des Vietnamiens expatriés. L’expatriation des Vietnamiens avait débuté pendant l’époque de l’Indochine sous la forme de l’éducation. Elle est devenue un phénomène vers 1975, le moment où les Américains se retiraient du Vietnam et avaient permis à la plupart des américanophiles de s’expatrier aux pays du capitalisme, particulièrement aux Etats-Unis.
Ils acceptent facilement de faux objets
Lors de notre deuxième étude de terrain à Dalat, en posant la question à Diep Nguyen – représentant d’une agence de voyages à Dalat : « Que pensent les touristes de faux objets de décoration dans les sites touristiques ? », il nous a répondu : « Ils sont satisfaits de ces faux objets, même s’il en existe des vrais, ce sera préférable. Ils acceptent le contexte actuel car de fausses images les aident à imaginer les vraies ». En effet, sa réponse a relevé le côté pratique du Kitsch : remplacer des choses réelles pour s’adapter au contexte actuel. Comme par exemple, les faux tigres peuvent aider les touristes à imaginer la forme d’un vrai tigre qui est devenu une des espèces en voie de disparition à protéger. La facilité que les Vietnamiens ont d’accepter des substituts peut être expliquée par l’habitude qu’ils ont de considérer les signifiants sans la présence des signifiés. Dans leur pratique et la religion bouddhiste, les dieux et les Bouddha s’incarnent au travers de statues, de fait, ces signifiants qui sont automatiquement considérés comme les vivants. Les gens leur parlent, leur apportent des offrandes pour la réalisation de leurs souhaits, etc. Cette coutume a de plus l’avantage d’être efficiente. Ainsi elle a sauvé la population dans des situations périlleuses, comme par exemple la famine des années 1945 qui a tué environ deux millions d’habitants au Nord du Vietnam (Gunn, 2011; Surhone et al., 2010). On manquait grandement de denrées. Pour survivre, dans les familles pauvres, une astuce fût trouvée : on fabriquait un poisson en bois et on le pendait au plafond. A chaque repas, toute la famille se réunissait devant ce faux poisson, chacun mangeait un bol de riz (qui était souvent mélangé avec des patates), en regardant ce faux poisson, imaginant qu’on mangeait du vrai.
Plus de 70 ans après la famine, cette caractéristique persiste encore très clairement dans la pratique culinaire végétarienne. La plupart des Vietnamiens sont bouddhistes, ils ont l’habitude de manger végétarien dans les jours stables (le 1-2 et le 15-16 des mois du calendrier lunaire). Les restaurants fabriquent des plats dont les ingrédients sont totalement végétariens (légumes, tofu, pâtes, riz, etc.) mais en apparence, ils sont presque identiques aux plats à base de viande. Aussi les appelle -t-on plats de viande « végétariens » pour les distinguer des vrais. Ainsi on nomme ces plats : porc végétarien (photo 1.32), crevettes végétariennes (photo 1.33) ou poulet au curry végétarien, etc. L’idée essentielle du Bouddhisme en mangeant végétarien – ces jours-là – est d’éviter de tuer des animaux. Le Kitsch, finalement fonctionne sur un modèle identique dans lequel il n’y a plus l’objet d’origine mais l’évocation de celui-ci se suffit à lui-même.

Information générale

Description géographique et démographique

Dalat est une ville appartenant à la province de Lam Dong qui se situe à environ 1.500 m d’altitude. Cette ville n’a pas de frontière administrative avec d’autres provinces, ses quatre communes frontalières sont : la commune de Lac Duong (au nord), la commune de Lam Ha (à l’ouest), la commune de Don Duong (à l’est et au sud-est) et la commune de Duc Trong (au sud-ouest). Cette station climatique est comprise entre les latitudes 11°48’36’’N et 12°01’07’’N, ainsi que les longitudes 108°19’23’’E et 108°36’27’’E (Trần, 2008, p. 61).
Au Nord de Dalat (à 20 km du centre-ville), se trouvent les deux sommets les plus hauts du plateau du Lang-Biang (1.950 et 2.167 m d’altitude), symboles de cette station climatique dont l’existence est liée à la découverte d’Alexandre Yersin en 1893. Avec une superficie de 391,06 km², le territoire de Dalat offre une grande variété de paysages naturels. Elle est couverte de massifs forestiers, sans oublier des espaces ruraux où se développent les cultures du thé, du café et des fleurs. L’eau joue également un rôle important dans la création des paysages montagnards, elle se présente sous la forme de cascades, de rapides et d’une grande quantité de lacs artificiels.
Géographiquement, Dalat est à 300 km au nord de Ho Chi Minh-ville. Pour s’y rendre, on peut prendre la route nationale No. 20 (environ 6-7 heures en voiture) ou l’avion (45 minutes), l’aéroport Lien Khuong se trouve à 30 km du centre-ville.
Quant au réseau hydrographique, Dalat n’a pas de fleuve, mais des sources naturelles donnant des rivières dont celle de Cam Ly, la plus déterminante pour le paysage de cette station. En construisant un barrage sur cette rivière, pendant l’ère coloniale, les Français ont créé des lacs artificiels pour fournir de l’eau potable aux habitants ainsi qu’un élément de décoration alors indispensable à toute station touristique. Jusqu’à présent, le système hydrographique de ces lacs perdure comme ressource principale d’eau potable et agricole pour toute la ville. Selon la Monographie de Dalat, cette ville possède 16 lacs artificiels, plus de 20 torrents de plus de 4 km de long. Quelques ressources importantes sont illustrées dans la carte 3 ci-dessous : la rivière de Cam Ly dont sa longueur est de 64,1 km ; à proximité du centre-ville (encadré par le contour rouge), nous trouvons le lac Xuan Huong et le lac Da Thien ; le lac Tuyen Lam se situant
Concernant la démographie, selon les derniers recensements fournis par le Service de la Culture, des Sports et du Tourisme de Dalat (SCSTD), en 2018, la population de Dalat a atteint 226.978 habitants, ce qui représente 17,4% de la population de Lam Dong et une densité de 575 personnes/km². Les natifs de cette région sont appelés Dalatois en français et người Đà Lạt en vietnamien.
Selon la classification des centres urbains du Vietnam, Dalat appartient à la deuxième catégorie de villes (équivalant à Hoi An et Nha Trang)22. Pour la province du Lam Dong, elle est prépondérante dans le développement de l’économie, de la politique et de la culture.

La naissance de l’exotisme colonial de Dalat

Selon plusieurs ouvrages traitant de l’époque de l’Indochine (Bertrand, 2006; Boudet & Masson, 1931; Brocheux & Hémery, 1995, 1995; Cooper, 2005; Copin, 1996; Debay, 2016; Demay, 2013a; Doumer, 1902; Duteil, 2002; Evans, 2004; Jennings & Larcher-Goscha, 2013; Kennedy, 1996; Peyvel, 2018; Robequain, 1930; Tardif, 1949; Thomas, 2005; Vann, 1999), décrivant la naissance de Dalat, au début, la ville était censée être un espace français au cœur de l’Indochine selon la demande du Gouverneur général Paul Doumer. Il s’agissait de fonder un sanatorium montagnard pour que les fonctionnaires et les colons puissent y passer leurs congés au lieu d’être obligés de rentrer en France. Même en juillet 1897, le Gouverneur énumérait les diverses raisons poussant à la création d’une station d’altitude à Dalat. Soit réduire les dépenses afin d’économiser sur les trajets de permissions en Métropole, améliorer la productivité en écourtant les périodes de ressourcement, créer une oasis de fraîcheur pour éviter la chaleur de la Cochinchine et finalement, « façonner un morceau de France en Indochine ». (Jennings & Larcher-Goscha, 2013, p. 63). Etant donné la particularité de la naissance de Dalat, nous trouvons plusieurs éléments exotiques afférant à cette station. Géographiquement, c’est un déplacement de valeur tangible, comme par exemple, l’aménagement et la construction de l’infrastructure de la ville qui ont été copiés intégralement dès l’origine sur le « modèle français » (Herbelin, 2006, 2010). Culturellement, la station emprunte à des valeurs intangibles : le mode de vie et l’environnement social de cette époque ont été organisés par les Français et pour les Français. Cette exotisation peut être considérée comme le préambule de l’empire du Kitsch de cette station réappropriée par les Vietnamiens depuis la décolonisation et les années 2000 en particulier.
En parlant des personnes importantes ayant contribué à la création de cette station, on ne saurait ignorer Alexandre Yersin – un bactériologiste-explorateur français d’origine suisse ayant découvert le bacille de la peste bubonique appelé Pesta Yersinia en 1894 à Hongkong. Intéressé fortement par le projet de sanatorium du gouverneur Paul Doumer. Il dépose auprès du Gouverneur le dossier qu’il a constitué pendant les années 1892, 1893 et 1894 sur les hautes régions de l’Annam. Après avoir été approuvé, en février 1894, il retourna sur le plateau du Lang-Biang pour y faire des recherches. Il y enregistrait déjà des températures de 2 degrés toutes les matinées. Aussi le paysage et la température de ce plateau avaient-ils des points communs avec son pays. A un moment donné, cette ressemblance lui remémorait sa ville natale d’Aubonne (Deville, 2012; Jennings, 2003).
En 1897, le plateau du Lang-Biang, recommandé par Yersin, a été officiellement choisi comme station d’altitude du centre de l’Annam, où Dalat serait fondée quelques années plus tard.
Puisque Lang-Biang était très vaste, il fallait déterminer encore l’endroit où l’on construirait la future ville. A cette époque, deux options s’offraient : soit Dankia (située au nord du plateau où existait déjà un village ethnique), soit Dalat (située au sud-est du plateau). Bien que Dalat soit moins peuplée que Dankia, elle a été choisie du fait de son altitude plus élevée. Un point fort pour la faire bénéficier d’une meilleure salubrité. Paul Doumer écrit au Ministre des Colonies le 24 janvier 1901 pour exprimer son choix : « Le village de Dalat, qui est placé dans un site admirable et jouit d’un climat d’une salubrité incontestée, a été choisi définitivement comme emplacement de la future station sanitaire. » (Lorin, 2006). Plus que du tourisme on envisage alors les soins et le bien-être du climatisme, même si le terme n’est pas employé.
Au moment où l’on décida de choisir Dalat pour construire une ville française, on relevait déjà la présence des ethnies montagnardes : « En 1898, le capitaine Henri Wolf, de retour de mission, signalait que le plateau du Lang-Biang comptait près de 250 habitants appartenant à des minorités, pour la plupart installées dans les villages de Dankia, Bendonn, Prenn et Ankroët, sur le versant ouest du plateau » (Jennings & Larcher-Goscha, 2013, p. 151). Le mot Dalat est une transcription d’un terme ethnique venant du peuple Lach, et signifie « la rivière des Lach ». On pourrait dire que les indigènes représentaient en quelque sorte l’authenticité de cette future station. L’arrivée des colons ayant apporté l’idée de déplacer un h morceau de France » dans la région en construisant une ville exotique, le nom de Dalat fut aussi latinisé pour lui trouver une racine explicative : « Dat Aliis Laetitiam Aliis Temperien ». Cette devise latine signifiant : « Offrant la joie à certains, et un climat tempéré à d’autres » (Jennings, 2003). Si les indigènes représentaient l’authenticité de Dalat, l’arrivée des Français apportait une forme d’exotisme colonial. Plus la francisation va s’y développer, plus le milieu de vie de ces ethnies va se resserrer. La culture coloniale allait remplacer cette ethnicité originelle par un caractère métropolitain importé. Nous allons voir à présent, les traces de cette époque telles que celles laissées par les villas et l’urbanisme.
Comment Dalat est-elle devenue rapidement une ville française ?
La première raison découle de la compatibilité du climat et du paysage naturel de Dalat avec ceux de l’Europe en général, et de la France en particulier. Un récit de 1908 décrit ainsi le voyage des premiers arrivants Français sur le plateau : « Après l’ascension suffocante, par la forêt de fièvre et de mort, l’air s’allège ; c’est une montagne de sapins, on respire de la France » (Ajalbert, 1913, p. 200). Le magazine à grande diffusion l’Illustration disait la même chose. A savoir que Dalat se présentait comme une expérience nostalgique : « Après avoir traversé les luxuriances de la Cochinchine et bu l’air lourd de la vallée, on a la sensation de pénétrer dans un monde nouveau […] et voici que vous grimpez progressivement en Europe. Au paysage indochinois se substitue un paysage des Alpes » (Jennings & Larcher-Goscha, 2013, p. 116).
En effet, Dalat est un substitut idéal de leur patrie grâce à quelques points communs du paysage, des collines, des forêts ou à la fraîcheur du climat. Le système paysagé révèle la nostalgie des expatriés français. A leurs yeux, elle ressemble tantôt aux Landes, tantôt aux Vosges, ou aux Alpes, aux Pyrénées, voire en particulier, elle devient un faux semblant de Paris. En effet, cette capacité à évoquer la nostalgie des coloniaux lui a conféré un rôle de cure : « une cure contre l’anémie, la malaria mais aussi contre le mal du pays, en clair, une thérapie contre l’Indochine elle-même. » (Jennings, 2006).
La deuxième raison qui a poussé Dalat à devenir une ville française est l’ambition du Gouverneur Paul Doumer. Il voulait la transformer en « un centre français au cœur de l’Indochine » (Demay, 2013b; Jennings, 2005). Cette station climatique est non seulement un sanatorium comme primitivement prévu mais aussi un centre multifonctionnel pour « servir de pouponnière à la « race » française en Indochine, de site de convalescence et de lieu de vie pour les familles européennes. Dalat allait tout simplement permettre à la présence française en Indochine de se pérenniser ». (Doumer, 1902, p. 112‑114)
Dalat aura connu cinq plans d’urbanisation. Citons le plan de Paul Champoudry en 1905, de Jean O’Neil en 1919, d’Ernest Hébrard en 1923, de Louis-Georges Pineau en 1932 et de Jacques Lagisquet en 1942. Chaque urbaniste avait son style et sa façon d’aménager. Malgré leurs différences d’approche, ils se sont retrouvés autour de cette ambition évoquée par Paul Doumer.
Nous pouvons conclure que pendant cette époque (qui va de 1893 à 1954), Dalat a été quasi francisée par l’urbanisme de la station, de la construction et de l’architecture. Si nous utilisons une image métaphorique, nous pourrions dire que Dalat à l’origine, était considérée comme une jeune fille dans l’innocence de sa beauté naturelle, et a été transformée en une femme sophistiquée du fait de cette première intervention coloniale.
Entre l’époque post-coloniale et la paix (soit entre 1955 et 1974), Dalat resta toujours une station climatique attirant les touristes. Si nous la comparons à d’autres stations d’altitude ayant la même fonction de « tourisme de repos » (Demay, 2013a) telles que Ba Na se situant au centre du Vietnam, ou Sapa au nord du Vietnam, Dalat est plus chanceuse, ses activités touristiques fonctionnent de façon stable et elle n’a pas connu la ruine, malgré les guerres. Tandis que les deux autres stations ont stagné durant cette époque. Station de second rang du centre de l’Annam, Ba Na a été créée en 1919 par Victor Adrien Debay et a rapidement émergé dans « les pratiques de repos touristiques » (Demay, 2013a, p. 246) grâce aux avantages du climat et de la beauté de ses sites (Gaide, 1930, p. 49). Etant une ville d’environ 130 habitations, deux hôtels, une piscine, un court de tennis et un service de transport collectif pour accueillir 1.000 touristes par mois en 1937 (Fife, 2009), elle a été détruite et totalement oubliée pendant une cinquantaine d’années, de 1945 jusqu’en 1997. Sapa a dû subir le même destin. Ouverte en 1910 en tant que sanatorium militaire et établissement sanitaire, la période de développement de cette station d’altitude commence au début de 1940, quand elle est devient « la capitale d’été du Tonkin » (Demay, 2007) avec deux plans d’urbanisation conçus par Cerruti et Lagisquet, elle comptait alors 300 villas de villégiature. Après que les civils et militaires français eurent quitté la station pour rentrer à Hanoi au début de 1947, les partisans nationalistes l’ont récupérée et ont détruit son infrastructure et ses édifices coloniaux. La station était en ruines à partir de là. Jusqu’en 1990, quand la haute région fut ouverte à la circulation touristique pour la première fois depuis 1947, le tourisme commença à se rétablir. Revenons à Dalat, malgré les guerres, les activités touristiques se développèrent. Nous trouvons même des posters de publicité du tourisme des années 1960 – la période de guerre avec les Américains. Le contenu de ces posters insistait de façon importante sur le paysage dont les forêts de pins, les sources d’eau et les animaux sauvages, le climat tempéré et la présence des ethnies montagnardes (photos 2.1, 2.2). En outre, le Romantisme et la mélancolie soulignaient le « parfum désuet » (Nguyễn, 2016) de l’Indochine. La Vallée de l’Amour et le Lac des Soupirs ont été reconnus comme des sites d’escapades romantiques de cette époque. Les principaux visiteurs étaient notamment les militaires américains et les élites sud vietnamiennes provenant de Saigon. Ils s’y rendaient pendant leurs permissions et leurs vacances pour profiter de la fraîcheur et du paysage de Dalat.
Quand la paix fut rétablie après le 30 avril 1975, sous la gouvernance communiste, Dalat va évoluer différemment. C’est ce que nous allons étudier dans la partie suivante.

Le tourisme : revenu important de Dalat

Depuis son apparition, le tourisme joue un rôle important dans l’économie de la province du Lam Dong en général ainsi que pour la ville de Dalat en particulier.
Durant l’ère coloniale, à l’aide d’un grand investissement dans l’urbanisme et l’infrastructure, Dalat fut désignée comme capitale estivale au service des colons. Une période florissante du tourisme dans les années 30 du XXe siècle, particulièrement après la création de la route nationale reliant Dalat à Saigon en 1932, a raccourci le temps du trajet, à seulement « six heures en voiture pour aller de Saigon à Dalat » (Pineau, 1937, p. 35). Parallèlement au développement de la voie routière, la construction de la voie ferrée a débuté en 1918, pour s’achever en 1932, et la Gare de Dalat a été inaugurée six ans plus tard (Herbelin, 2006). Ces évolutions ont amené plus de touristes à Dalat. Si en 1925, Dalat avait seulement 8.000 touristes, en 1940, ce chiffre est passé à 12.000, puis à 20.000 en 1942 (Berjoan, 1943, p. 2). En particulier, pendant la Seconde Guerre Mondiale, les Français ne pouvant pas retourner en France ont pris Dalat comme destination de vacances, et par moment, comme par exemple, en 1942, où cette station pouvait facilement recevoir « 2.537 visiteurs européens par mois qui y convergeaient chaque été » (Jennings & Larcher-Goscha, 2013, p. 177). De beaux paysages, des sentiers, de vastes campagnes, etc. ont permis à Dalat de développer le tourisme de pleine nature dont les randonnées, les excursions, la chasse et les sports étaient les activités principales.
La seule période où l’on connaît une stagnation du tourisme est celle située entre 1975 et 1993, comme pour la plupart des villes du Vietnam à cette époque. Le système dirigiste du régime communiste et le blocage des échanges avec les Etats-Unis avaient bloqué totalement l’économie du pays. La vie des Vietnamiens a dû subir alors une période difficile d’appauvrissement. A partir de 1995, l’administration américaine, sous la présidence de Bill Clinton, a officiellement levé les sanctions. L’économie a pu se développer, le niveau de vie des gens s’améliorer, ce qui a également permis au tourisme de Dalat de redémarrer.
Depuis une quinzaine d’années, Dalat a connu une forte augmentation du nombre de touristes. D’après les recensements fournis par le Comité Populaire et le Service de la Culture, des Sports et du Tourisme de Dalat, le domaine du tourisme joue un rôle primordial dans l’économie de la province. Concrètement, en 2016, le tourisme a généré 10.500 d’emplois à 75% professionnel. Les secteurs phares du tourisme sont en général l’hébergement, la restauration, et les activités de loisirs. Le revenu provenant de ces secteurs a atteint 9.712 milliards VND (l’équivalent de 370 millions d’euros), et a augmenté de 16% par rapport à 2015 représentant 29,3 % du PIB de l’économie de toute la province.23

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
1 CHAPITRE I : FONDEMENTS DE LA RECHERCHE
1.1 Définition du terme Kitsch
1.2 Genèse du Kitsch
1.3 Caractéristique du Kitsch
1.4 Les effets du Kitsch
1.5 Mesure du Kitsch
1.6 L’authenticité est-elle antagoniste au Kitsch ?
1.7 Le développement du Kitsch dans la société vietnamienne
2 CHAPITRE II : DESCRIPTION DU SYSTEME TOURISTIQUE ACTUEL DE DALAT 
2.1 Information générale
2.2 Le tourisme : revenu important de Dalat
2.3 Le tourisme kitsch : un système touristique central pour Dalat
3 CHAPITRE III : IMPACTS DU KITSCH SUR LA DESTINATION DALAT
3.1 Impacts matériels
3.2 Impacts immatériels : A propos de la culture et de la typicité de Dalat
3.3 Le Festival des Fleurs – sera-t-il l’atout principal du tourisme de Dalat ?
4 CHAPITRE IV : COMPORTEMENTS DES ACTEURS CONCERNES PAR LE SYSTEME TOURISTIQUE KITSCH
4.1 Méthodologie de recherche
4.2 Sondage 1 : « Le niveau de participation des touristes dans les sites touristiques à Dalat »
4.3 Sondage 2 : « Interview sur le système touristique kitsch de Dalat »
5 CHAPITRE V : EXISTE-IL D’AUTRES MODELES DU KITSCH ?
5.1 Dalat et ses projets de développement à long terme
5.2 Etudes de cas dans la recherche de modèle(s) compatible(s) pour Dalat
5.3 Modèle 1 : Barcelonnette – « le Mexique en Ubaye »
5.4 Modèle 2 : Bandung – « Paris Van JAVA »
5.5 Conclusion de deux modèles proposés
CONCLUSION GENERALE : QUEL AVENIR DU KITSCH A DALAT ?
Le Kitsch et ses contributions
La contextualisation du système touristique de Dalat
La contextualisation de la destination Vietnam
La conceptualisation du Kitsch après avoir analysé les modèles
BIBLIOGRAPHIE

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