COMPORTEMENT DES MOUCHES EN PRESENCE DU SUPPORT D’APPLICATION DE REFERENCE

COMPORTEMENT DES MOUCHES EN PRESENCE DU SUPPORT D’APPLICATION DE REFERENCE

Les mouches des légumes

Dégâts

Les mouches des légumes (Diptera : Tephritidae) sont les ravageurs principaux des cucurbitacées et cultures maraichères dans le monde entier. La famille des Tephritidae comprend environ 4000 espèces dont 700 qui appartiennent aux D’acine. 250 espèces ont une importance au niveau économique. Elles causent des dégâts directs sur les cultures (fruits piqués invendables), ainsi que des dégâts indirects (développements de microorganismes au niveau des blessures causées par l’oviposition). Les femelles peuvent pondre une grande quantité d’œufs pendant leur vie d’adulte et se déplacent rapidement de fruits en fruits ce qui en fait un ravageur redoutable. Les pertes dues aux mouches des légumes peuvent atteindre 90% si aucune mesure n’est prise (Vayssières, 1999). Les fruits perdent en qualité et leur coût augmente notamment à cause des barrières limitant les exports des produits touchés. Cela place ces produits en mauvaise position face à la concurrence sur le marché international (Nishida 1957).

Protection contre les mouches

Une lutte agrochimique inefficace

La mise en place de méthodes de lutte efficaces contre les Dacini ravageurs des cucurbitacées s’avère très difficile, sachant que les différents stades du cycle biologique sont localisés dans divers sites: les œufs et les larves se développent dans les fruits tandis que la pupe est enfouie dans le sol. La plupart des méthodes de lutte ciblent donc le stade adulte.
Pour obtenir une efficacité optimale, la lutte doit être menée pendant la période de préoviposition (période de maturation sexuelle) de la femelle afin d’empêcher la ponte. Il existe actuellement deux approches de lutte chimique contre les mouches : la lutte chimique classique et la lutte chimique raisonnée. La première est la plus couramment utilisée par les agriculteurs malgré les conséquences sanitaires et écologiques néfastes qu’elle engendre.
Elle consiste en la pulvérisation d’insecticides pendant la période de sensibilité des fruits, (Roessler, 1989). Des études ont révélé que le malathion était le plus efficace (Jones &Skepper, 1965). Des résultats assez bons ont été attribués à la lutte chimique, du fait notamment qu’il n’a pas été réellement recensé de résistance aux insecticides chez les Dacini (Roessler,1989). Actuellement, il est admis que la lutte chimique, contre les ravageurs et plus particulièrement, contre les Mouches des Cucurbitacées, mène à des impasses économiques, environnementales et sociales (Deguine et al, 2008). Afin de limiter ces effets néfastes, la lutte chimique raisonnée a été envisagée. Celle-ci apporte une attention accrue aux modalités de traitements (fréquence, techniques d’application) et aux choix des insecticides (doses, familles). Néanmoins, cette lutte reste peu satisfaisante.

Les méthodes de lutte existantes à travers le monde

– Les méthodes culturales sont un complément indispensable afin d’abaisser les populations de mouches en dessous des seuils de nuisance. Par exemple, une méthode prophylactique consiste à collecter puis détruire ou isoler tous les fruits infestés qui constituent des réservoirs de mouches (Nishida&Bess, 1957).
– La lutte par suppression des mâles ou « Male Annihilation Technique» (MAT) a été mise au point par Steiner & Lee en 1955. Cette méthode vise les mâles que l’on attire et tue grâce à un attractif sexuel (Cue Lure®) associé à un insecticide placé dans le même dispositif. Le Cue Lure® s’est avéré particulièrement puissant pour attirer les mâles B. cucurbitae à Hawaii (Mc Gregor, 2007). A La Réunion, cet attractif n’attire que les mâles de B. cucurbitae et de D.
demmerezi. Dans ce contexte, cette méthode ne peut être utilisée seule car elle pourrait provoquer un remplacement de ces espèces par D. ciliatus qui n’est pas attirée.
– La lutte autocide ou « Sterile Insect Technique» (SIT) a été conçue par E.F Knipling (1955). Elle est basée sur l’élevage, la stérilisation par radiations ionisantes ou par chimiostérilisation et le lâcher d’un nombre suffisant de mâles stériles compétitifs en vue de les mettre en compétition avec la population de mâles sauvages. Le ratio de mâles stériles doit être suffisant pour permettre la diminution du potentiel reproductif de la population cible.
Des succès d’éradication de populations de B. cucurbitae sur diverses îles d’Hawaii ont été obtenus (Steiner et al., 1965 ; Îto & Koyama, 1982 ; Shiga, 1989 ; Kakinohana et al; 1997).
– La lutte biologique: les premiers travaux contre les Tephritidae ont commencé au début du siècle. Une des premières actions fut menée à Hawaii contre B. cucurbitae par Fullaway (1920) grâce à des lâchers de Psyttalia fletcheri Silvestri (Braconidae) un parasitoïde larvopupal. Contre D. ciliatus à l’Ile Maurice, Moutia (1934) introduisit Opiusphaeo stigma Wilkinson à partir de l’Afrique du Sud. A La Réunion, après des introductions massives de plusieurs espèces de parasitoïdes, Etienne (1974) a reconnu des résultats très limités dans leur établissement. Psyttalia fletcheri provenant d’Hawaii a été acclimaté avec succès à La Réunion à la fin des années 90 (Quilici et al., 2004).
– La lutte biotechnique: ce terme a été utilisé pour la première fois par Bolier dans les années 80. Cette lutte consiste en l’utilisation des connaissances sur le comportement des espèces en réponse à des stimuli olfactif et visuel pour une meilleure manipulation des populations (attraction, piégeage, …).

Le Synéis Appât®

• Composition du Synéis Appât®
Le Synéis Appât® (figure 5) est composé de spinosad (0,02%), la matière active, ainsi que de protéines de maïs, de sucres et de composés stimulant l’appétence des insectes cible comme l’acétate d’ammonium. Le spinosad est synthétisé par une bactérie du sol Saccharopolyspora spinosa, c’est un mélange de spinosines A et D. La composition du Synéis Appât® lui permet d’associer une action d’attraction de l’insecte avec un effet insecticide. Le Synéis Appât® est un homologue du GF 120, produit utilisé à Hawaii dans le cadre d’un vaste programme de protection des cultures (HAWPM).
NB : Pour la suite, le Synéis Appât® sera appelé « SA ».
• Mode d’action
Le spinosad agit principalement par ingestion mais il peut aussi avoir une action par contact sur certains insectes. Lorsqu’il est absorbé, le spinosad atteint le système nerveux central et agit au niveau d’un site spécifique du récepteur d’acétylcholine, distinct de celui des autres insecticides. Il dépolarise les neurones qui commandent les muscles moteurs.
Cela provoque une hyperexcitation nerveuse (Salgado 1998) qui est suivie par une paralysie des muscles. Le ravageur ne peut plus s’alimenter et meurt. Quand le processus est engagé, il n’est pas réversible.
• Efficacité
L’homologue du Synéis Appât®, le GF 120, a été utilisé avec succès à Hawaii contre B.
cucurbitae et B. dorsalis dans le cadre du « HAWPM program ». Il est communément appliqué sur la végétation bordant la parcelle pour contrôler les populations de mouches des légumes (Prokopy et al. 2004). En effet, en étudiant le comportement des mouches il a été montré que les attractifs proteinés ont leur efficacité qui se voit augmentée lorsqu’ils sont appliqués sur la végétation environnante de la parcelle cultivée (Nishida and Bess 1950, 1957). Il a été démontré que le GF 120, associé à des plantes pièges (figure 6) était efficace pour prévenir l’entrée de femelles B.cucurbitae âgées de 4 semaines sur une parcelle de concombres (Prokopy et al. 2003). Cependant, dans la pratique des variations importantes d’efficacité sont observées entre les agriculteurs (Vargas, 2009). La densité de plantation et l’espèce des plantes pièges choisies peuvent modifier l’efficacité du GF 120 (Vargas 2009).
Lorsque ces bordures sont denses (135 cm) la technique est plus efficace qu’avec des bordures plus minces de l’ordre de 30 cm à 90 cm par exemple.
Les symptômes liés à l’ingestion apparaissent immédiatement (paralysie de l’insecte, perte de la fonction de vol), la mortalité en revanche apparaît quelques heures après. En grandes cages le GF 120 peut être efficace jusqu’à 14 jours (Mangan 2005).
• Effets collatéraux
Bien que le GF 120 soit considéré comme une bonne alternative aux insecticides à large spectre en raison de son faible impact sur l’environnement et de sa non-toxicité pour lesmammifères, les avis sont partagés sur ses effets collatéraux, notamment sur les ennemis naturels des mouches des légumes. Les études se multiplient à ce sujet. Williams et al. (2003), ont crée une banque de données regroupant toutes les informations publiées, sur l’effet du GF 120 sur les prédateurs et les parasitoïdes des mouches des légumes. Aux vues des publications, les hyménoptères parasitoïdes sont plus susceptibles au spinosad que les prédateurs. Leur durée de vie et leur capacité de reproduction en sont affectées.
D’autres impacts néfastes ont été répertoriés. Wang (2006), a observé une forte sensibilité au GF 120 de 3 espèces de Tephritidae introduites à Hawaii pour lutter contre certaines adventices. La fiche signalétique du Synéis Appât® note un effet létal du produit sur les abeilles en pulvérisation directe.
L’utilisation du spinosad doit être par conséquent soigneusement contrôlée, lorsqu’il est appliqué dans un plan de protection nécessitant la conservation de parasitoïdes, ou de pollinisateurs.

Rôle dans un plan de protection agroécologique

Le Synéis Appât® possède plusieurs caractéristiques qui lui donnent une place privilégiée dans la gestion agroécologique des mouches des légumes. Il est très actif en faible quantité, il n’est donc pas nécessaire de le pulvériser sur toute la parcelle. Il est généralement utilisé en association avec des plantes pièges qui concentrent préalablement la population de mouches à l’extérieur de la parcelle (Deguine et al. 2009). Son application se fait par « tâches » espacées de 5 mètres environ (Prokopy et al. 2003) et doit être renouvelée au minimum toutes les semaines, du fait de la perte d’efficacité qui apparaît avec le vieillissement du produit (Vargas et al. 2008).Ainsi la quantité de produit utilisée par les agriculteurs est plus faible qu’avec les insecticides à large spectre comme le malathion.Au niveau environnemental, son mode d’action spécifique au niveau du système nerveux des mouches limiterait l’apparition de résistances chez les insectes (Dow Agro). Des études réalisées sur la toxicité résiduelle du produit, ont montrées qu’il se dégrade rapidement au champ (3 à 7 jours de toxicité post application), réduisant ainsi les risques environnementaux (Williams 2003).

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Table des matières

INTRODUCTION
1. ETAT DES CONNAISSANCES 
1.1. LES MOUCHES DES LEGUMES
1.1.1. Dégâts
1.1.2. Mouches présentes à la Réunion
1.1.3. Le cycle biologique des trois espèces de mouches des Cucurbitacées
1.2. PROTECTION CONTRE LES MOUCHES
1.2.1. Une lutte agrochimique inefficace
1.2.2. Les méthodes de lutte existantes à travers le monde
1.2.3. Vers une gestion agroécologique des mouches des Cucurbitaceae à la Réunion
1.3. LE SYNEIS APPAT®
1.3.1. Ce qu’on en connaît
1.3.2. Rôle dans un plan de protection agroécologique
1.4. CAHIER DES CHARGES DE LA TECHNIQUE RECHERCHEE : UN SUPPORT D’APPLICATION ADAPTE AUX CONTRAINTES DE LA REUNION 
1.4.1. Application du Synéis Appât® sur un support
1.4.2. Contraintes imposées pour La Réunion
2. TESTS EN GRANDES CAGES.
2.1. MATERIEL ET METHODES
2.2. COMPORTEMENT DES MOUCHES EN PRESENCE DU SUPPORT D’APPLICATION DE REFERENCE
2.3. MISE A L’EPREUVE DU SUPPORT DE REFERENCE 
2.3.1. Modalités d’application du Synéis Appât ® dans le parapluie jaune
2.3.2. Part des différents éléments du parapluie dans l’attractivité
2.3.3. Test d’efficacité selon l’âge des mouches de l’espèce B. cucurbitae
2.3.4. Test d’efficacité sur 3 espèces de mouches des fruits
2.4. MISE AU POINT D’UN SUPPORT OPTIMAL
2.4.1. Type de support
2.4.2. Couleurs
2.4.3. Prise de nourriture sur 2 supports
3. TESTS AU CHAMP
3.1. ETUDE COMPORTEMENTALE
3.2. COMPARAISON DES SUPPORTS 
3.2.1. Matériel et méthodes
3.2.2. Résultats
3.2.3. Conclusion
3.3. COMPORTEMENT DU SUPPORT RETENU AU CHAMP, FACE A LA PLUIE ET AU SOLEIL
3.3.1. Matériel et Méthodes
3.3.2. Résultats
4. DISCUSSION 
4.1. PERTINENCE DES RESULTATS PAR RAPPORT AUX OBJECTIFS
4.1.1. Mise au point d’un nouveau support du Synéis Appât® adapté aux contraintes imposées par La Réunion
4.1.2. Comparaison avec les supports existants
4.1.3. Application des résultats
4.2. LIMITES ET PERSPECTIVES D’ETUDE
4.2.1. Difficultés expérimentales
4.2.2. Limites méthodologiques
4.2.3. Perspectives
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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