Comparaison entre la Blanc-Montmayeur et la RAMEAU: p. JO

Le personnel

Le personnel de la bibliothèque du Fort de Mons se constitue d’une équipe de quatre personnes, deux hommes et deux femmes. Un conservateur territorial est responsable de la bibliothèque dans laquelle il officie depuis une vingtaine d’années. L’équipe compte également une assistante de conservation, un agent qualifié du patrimoine et un agent administratif de catégorie C.
Les tâches quotidiennes sont réparties, le conservateur a en charge le secteur adulte, que ce soit les acquisitions ou le catalogage ; le secteur jeunesse est pris en charge par l’assistante de conservation. L’agent qualifié du patrimoine s’occupe des réparations et l’agent administratif de l’équipement des imprimés. Le rangement est effectué tous les jours par l’ensemble du personnel à l’exception du conservateur et tous assurent bien évidemment une activité de conseil auprès des lecteurs. Le prêt est effectué indifféremment par l’un ou l’autre membre du personnel.
Le gain de 1′ étage entraînera une augmentation de 1′ équipe ; deux embauches au moins sont en effet prévues. De plus, des transformations structurelles sont à envisager, la section jeunesse demeure au rez-de-chaussée alors que la section adulte ira à l’étage. Celui-ci abritera également une salle multimédia. Enfin, une réinformatisation est envisagée pour la fin de l’année (les conséquences de la réinformatisation sont évoquées plus tard).
En ce qui concerne l’organisation administrative de la bibliothèque, cette dernière ouvre durant 21 heures hebdomadaires. Le prêt est d’une durée de trois semaines (prolongées à six semaines durant les vacances estivales), chaque lecteur peut sortir jusqu’à dix documents sur sa carte. Aucun imprimé n’est exclu du prêt à l’exception des usuels. Les nouveautés sont empruntables aux mêmes conditions que les autres documents, c’est-à-dire qu’elles peuvent être prises dès leur mise en circulation pour une durée de trois semaines. Un service permet aux lecteurs de réserver jusqu’à cinq ouvrages sur leur carte. De plus, un service de portage à domicile est assuré, permettant aux usagers dont la mobilité est réduite d’emprunter des livres.

Le logiciel

La bibliothèque est équipée du logiciel OPSYS depuis 1988, date de l’informatisation de son fonds. Plusieurs réinformatisations ont depuis eu lieu, la dernière date de 1997, la version 8.10 d’OPSYS fut installée à cette occasion. Précisons d’emblée qu’au moment de la création de sa base la bibliothèque municipale de Mons-en-Ban~ul a repris une partie des notices des bibliothèques municipales de Tourcoing et d’Aulnoye Aymeries.
L’établissement bénéficie de trois postes informatiques destinés aux professionnels.
Deux sont placés dans la banque de prêt, le troisième est situé dans le bureau du personnel. Les trois ordinateurs ne donnent accès qu’à OPSYS, aucun logiciel de bureautique n’est mis à disposition. Cela complique passablement certaines tâches administratives, qu’elles s’inscrivent dans le quotidien de la bibliothèque ou non. Les postes permettent d’effectuer toutes les opérations de gestion du prêt (prêt, retour, inscription, réservation, … ), des recherches selon deux modes: l’un présente le même interface que la recherche dédiée aupublic, l’autre à plus de points d’entrée dans le catalogue. La gestion du catalogue et des index peut se faire indifféremment sur les trois ordinateurs ; toutefois, les bibliothécaires préfèrent cataloguer dans le bureau durant les horaires d’ouverture de la bibliothèque.
Deux minitels disposés dans la salle du public, 1 ‘un dans la section jeunesse et 1 ‘autre dans la section adulte, permettent à celui-ci de rechercher des ouvrages dans le catalogue.
Quatre points d’accès sont possibles pour consulter les index. Le lecteur peut réaliser une recherche par auteur, par titre, mots du sujet ou collection. Le logiciel offre plusieurs options pour aider l’usager: la troncature est acceptée, mais uniquement en fin de mot. OPSYS renvoie alors le lecteur au terme le plus proche alphabétiquement de la portion du mot qu’il a écrite. Il n’est pas possible d’introduire un caractère vide de sens (comme le point d’interrogation) au milieu d’un terme si l’on hésite sur son orthographe, car le logiciel fonctionnera alors de la même façon que pour une troncature en fin de mot, à savoir qu’il va rapprocher le lecteur du terme le plus proche alphabétiquement du début du mot tapé (jusqu’à l’éventuel point d’interrogation ou tout autre caractère inconnu du logiciel dans l’index sollicité par le lecteur au cours de sa recherche). La même chose se produit lorsqu’une faute d’orthographe est avérée dans une requête: OPSYS considère en quelque sorte que la faute est une troncature et ne prend en compte que la partie correcte du mot. Encore une fois, il renvoie l’usager au terme le plus proche alphabétiquement de la partie bien orthographiée.
Il est possible de faire une recherche par index cumulés, à condition de n’avoir qu’une valeur unique dans chaque champ. Par exemple, on veut trouver un livre d’un auteur que nous appellerons Paul Dubois dans une collection quelconque. Si Paul Dubois est la seule occurrence de Dubois dans l’index auteur (attendu que l’entrée dans l’index auteur se fait bien évidemment au nom de famille de l’auteur et non pas au prénom), le logiciel lancera la recherche sans demander plus de précision car il n’y a pas pour lui de risque d’erreur. En revanche, s’il existe un Pierre Dubois en plus du Paul Dubois dans l’index, le logiciel va exiger du lecteur qu’il précise au préalable sa requête avant de lancer la recherche. Il va alors proposer toutes les occurrences de Dubois qu’il a dans son catalogue, occurrences parmi lesquelles l’usager devra choisir celle qui l’intéresse. Cela fonctionne de la même façon pour tous les champs proposés à la recherche.
Les opérateurs booléens sont acceptés dans la recherche publique. Les majuscules et minuscules ne sont pas prises en compte par le logiciel, ainsi que l’accentuation des termes.
En revanche, le singulier/pluriel influe sur la recherche.
Le catalogage se fait sur le format UNIMARC commun à presque toutes les bibliothèques municipales.
OPSYS sépare la gestion des mots matière et des autorités matière. Cela constitue certes une qualité, mais peut se révéler assez fastidieux au moment de 1 ‘indexation, la navigation interne au logiciel étant malaisée.
Au moment de mon stage, beaucoup de problèmes sont survenus. Il semble que le logiciel commence à montrer des signes d’essoufflement. La bibliothèque doit être réinformatisée pour la fin de l’année ou le début de l’année prochaine. Le logiciel AGATE a été choisi au détriment d’OPSYS. Nous avons donc décidé avec mes collègues que je ne ferai pas les modifications sur informatique, les problèmes étant plus nombreux chaque jour, mais que je laisserai un listing de ce qui avait déjà été fait et de ce qui resterait à faire. Les interfaces d’AGATE étant différents de ceux d’OPSYS, il resterait certainement beaucoup de choses à corriger même si j’avais pu faire tous les changements.

Les usagers

La bibliothèque du Fort de Mons accueille un public assez varié, tous les genres et tous les âges y sont représentés. J’ai pu remarquer que les familles constituaient une part non négligeable des lecteurs.
Il semble de ce fait évident que plusieurs stratégies de recherche documentaire vont être élaborées par ces usagers si variés. Le minitel mis à disposition m’a semblé peu utilisé.
Néanmoins, en en discutant avec mes collègues, je me suis aperçu que cette impression résultait surtout d’une habitude estudiantine de la recherche documentaire par ordinateur. En effet, de nombreux ouvrages de la bibliothèque universitaire ne sont accessibles que par le catalogue informatique. Une recherche en rayon peut certes être tentée, mais les résultats sont sans doute loin d’être probants. Les livres en libre accès ne représentant qu’une infime partie du fonds, le silence documentaire est souvent loin d’être anodin en de telles circonstances.
Mais les conditions d’accès aux documents sont très différentes dans les petites bibliothèques municipales où la majeure partie du fonds est mise à la disposition du public directement en rayon. En outre, le volume du fonds est bien moindre que celui de toute bibliothèque universitaire. Chaque classe Dewey compte un nombre raisonnable d’ouvrages et chaque thème ne comporte que quelques livres au plus. Dans ce cas, nul besoin de passer systématiquement par le catalogue informatique lorsque l’on sait ce que l’on veut trouver et que 1′ on arrive à le situer physiquement dans le fonds. On peut alors se rendre à 1′ endroit où les livres concernant le thème désiré sont susceptibles d’être rangés et faire son choix directement « sur pièce ». En conséquence, mes collègues étaient donc beaucoup moins exigeants que je ne l’étais sur le nombre de consultations sur minitel pour déclarer que celuici est souvent utilisé (quoique la notion d’utilisation fréquente ne fasse pas l’unanimité dans l’équipe).
Pourtant, le minitel est tout de même sollicité. Ce sont essentiellement les plus jeunes qui osent s’y aventurer. Il ressort de discussions informelles avec les usagers et les membres du personnel que les lecteurs les plus âgés (majoritairement des personnes âgées, mais pas seulement) ne veulent pas se servir du minitel. Ils évoquent une certaine réticence à utiliser la technologie et allèguent généralement qu’ils ne savent et ne sauront pas l’utiliser. Je leur demandais alors s’ils s’en étaient déjà servis et ce qui les avait mis en échec, ce à quoi ils me rétorquaient souvent qu’ils n’avaient jamais essayé la recherche informatique. Je leur proposais alors de faire la recherche avec eux, en les guidant dans la démarche à adopter. Les usagers se sont montrés surpris de constater qu’utiliser le minitel n’était pas si compliqué que cela. Je n’ai malheureusement pas pu réitérer souvent l’expérience au cours de mon stage.
La réserve affichée face au minitel peut en partie s’expliquer. Le logiciel est très lourd pour la recherche publique. Les professionnels renâclent à s’en servir, sa manipulation n’est pas aisée et prend, il est vrai, énormément de temps. J’avais remarqué que le minitel n’était pas systématiquement montré ou simplement mentionné lors de la visite qui suit 1′ inscription à la bibliothèque. Les gens qui découvrent par la suite son existence se montre agréablement surpris, reconnaissent que c’est « une bonne idée » mais ne vont pas pour autant s’en servir après.
Les lecteurs pallient cette absence de recherche par des relations interpersonnelles avec le personnel de la structure. Il me semble que demander à un professionnel représente pour le lecteur un gain de temps, de peine mais aussi une certaine validation des résultats. Ce n’est pas à lui qu’incombe de vérifier la validité des résultats proposés en regard de sa requête. Un lecteur qui utilise le minitel ne va pas forcément se précipiter en rayon retirer le livre qu’il convoite, et il m’est déjà arrivé de confirmer à un usager ce qui était affiché sur l’écran du minitel. Il s’agit d’un public d’habitués qui va volontiers demander conseil aux bibliothécaires pour choisir un roman ou trouver des ouvrages sur tel ou tel sujet, et ce d’autant plus que l’habitude est vite devenue une composante du rapport que le public entretient avec le personnel : ce dernier connaît bien les attentes du premier et y répondent souvent de manière adéquate. Les usagers ne ressentent donc aucun défaut, aucun manque qu’il conviendrait de pallier avec une recherche informatique. Ce lien est voué à perdurer puisque mes collègues incitent très peu à aller vers le minitel. Quand quelqu’un vient le demander un renseignement, leur premier réflexe est de répondre immédiatement à son attente sans le réorienter vers la recherche par minitel (bien entendu guidée). Cette tendance est assez naturelle, qui est le mieux placé que le bibliothécaire qui a une bonne connaissance de ce qui se trouve dans son fonds et où ? Et c’est en général un plaisir de pouvoir informer les gens rapidement. En outre, il n’est pas évident que le professionnel pense à regarder avec l’usager sur le minitel la référence d’un livre qu’il sait où trouver dans son fonds. Sur le plan relationnel cette situation est idéale, cependant on peut légitimement se demander s’il n’est pas souhaitable d’essayer de donner à l’usager les bases d’une habitude de recherche assistée par un catalogue informatique, développant de ce fait une autonomie chez lui. Il sera probablement moins désarmé non seulement à la bibliothèque mais aussi dans d’autres lieux où sa familiarisation avec les méthodes de recherche pourrait lui resservir.
D’autres stratégies sont mises en place par le lecteur pour trouver un livre. Le choix de romans voit une façon de procéder assez particulière. Les lecteurs dans ce domaine sont facilement attirés par les nouveautés et il faut fréquemment renouveler les ouvrages sur les grilles où ils sont présentés durant la journée à mesure que d’autres nouveautés «rentrent».
De même, il arrive souvent que l’on demande si le dernier roman de tel auteur a été acheté.
L’usager n’a alors pas à effectuer une recherche très poussée, les nouveautés étant, comme indiqué précédemment, exposées à l’entrée de la salle des romans. Celle-ci étant placée de manière contiguë à l’entrée de la bibliothèque, les grilles d’exposition se trouvent de ce fait à l’entrée de la bibliothèque, une fois passé la banque de prêt. Il y a ensuite ceux qui n’ont pas d’idée précise et qui vont déambuler dans les rayons, noyés par la masse et attendant d’être attirés par un ouvrage ou un nom.
Cette situation pose le problème de la légitimité de l’existence d’un catalogue informatique, destiné avant tout à être consulté par le public. Quelle utilité trouver au minitel si celui-ci n’est pas mis en valeur? Et, prospectivement, que penser de l’installation d’un ordinateur, outil qui, s’il ne devrait pas déranger les usagers déjà coutumiers de la recherche par minitel, risque de rebuter davantage les personnes qui lui étaient réfractaires ?
On peut affirmer que la recherche en rayon est favorisée par le dispositif mis en place par l’équipe de la bibliothèque. Les indications des classes de la Dewey ne sont incontestablement pas l’apanage de la seule bibliothèque de Mons-en-Barœul, c’est en fait une pratique qui se trouve urbi et orbi. Toutefois, les indications portées dans cette bibliothèque sont extrêmement précises et permettent une navigation entre les différents rayons. Il n’est pas indispensable de saisir la classification pour s’y repérer de manière fine.
Il n’est pourtant pas évident que le rangement suivant une système numérique soit clairement perçu par tous. Une lectrice, qui recherchait des ouvrages sur le « nationalisme » (requête qu’il conviendrait d’affiner dans un premier temps) pour son fils, avait commencé par un repérage en rayon et s’était arrêtée aux livres de la section 320 (ce qui est effectivement un début de réponse). Elle est ensuite venue à la banque de prêt pour demander l’avis aux membres de l’équipe qui étaient présents. J’ai formulé la requête sur le logiciel (mais sans modifier le contenu puisque la personne ne savait pas préciser le sujet de recherche) et lui ai donné comme référence un livre dont la cote est 327 MIN. La lectrice est retournée en rayon mais m’a à nouveau demandé de l’aide parce qu’elle ne parvenait pas à localiser le livre dans le fonds. Une fois que je lui ai trouvé, je lui ai brièvement expliqué le fonctionnement et c’est seulement alors que la lectrice s’est aperçu qu’elle aurait pu mettre elle-même la main sur l’ouvrage sans grande difficulté si elle avait suivi les indications numériques des cotes. Elle avait apparemment opéré à un morcellement de la classification, ne se concentrant que sur le sujet qui l’intéressait. Comme elle a fait sa recherche en rayon, elle n’a pas du tout associé une signification à la cote, pas plus qu’elle ne l’a intégrée dans un ensemble plus vaste ayant une signification. Il est sans doute probable qu’il s’agisse d’un exemple isolé, mais il illustre parfaitement le décalage qui peut exister entre une personne qui n’est pas habituée aux techniques documentaires et un professionnel dans le domaine pour qui certaines choses« coulent de source». Il faut garder en mémoire que rien ne va de soi et que tout traitement documentaire est une opération de traduction dans un langage qui peut paraître abstrait si on n’y est pas coutumier.
Pour procéder à ses recherches, le lecteur s’oriente par la spatialisation de la bibliothèque qu’il a intériorisée et qui est devenue une habitude. Ce procédé fut frappant lors du déplacement de certaines collections pour que les travaux puissent débuter, particulièrement pour les romans policiers, de fiction et ceux en gros caractères. Les lecteurs habitués à les trouver dans la première salle après l’entrée ont réellement été déroutés par ce changement de place. Avant même de chercher ailleurs dans les locaux ils demandaient au premier professionnel en vue où ces romans avaient pu passer, malgré une signalisation indiquant clairement que certaines collections avaient dû être déplacées et un parcours fléché jusqu’à l’endroit où elles avaient été mises. Certains ont même cru qu’elles avaient purement et simplement été sorties du fonds.
D’une manière globale, les usagers n’ont qu’une conscience limitée du travail accompli en bibliothèque et de ce qui en découle. Il arrive encore régulièrement d’entendre que le seul travail d’un bibliothécaire consiste en la lecture des livres qu’il reçoit !
Pareillement, les gens se montrent toujours aussi surpris quand ils constatent que la bibliothèque est fermée alors «qu’il y a de la lumière et des gens à l’intérieur». Manifestement, des tâches telles que le rangement, le catalogage, les réparations (pour ne citer que ce qui touche de manière concrète au fonds) ne sont pas connues de l’usager. Le traitement documentaire échappant a priori à la conscience de l’usager, comment celui-ci peut-il envisager l’existence d’un langage documentaire et la manière dont il faut s’en servir?
Comment savoir qu’il y a une certaine façon d’interroger la base, reposant sur des codes et conventions? C’est là le point crucial du sujet; l’adéquation entre le professionnel et l’usager par le truchement d’un langage documentaire. L’usager doit utiliser le même langage dans sa requête que le catalogueur lors de l’indexation, sinon il risque de ne pas obtenir de réponse.
Un langage documentaire dont les lecteurs ne se servent pas n’a aucune utilité. Il s’agit d’un outil qu’il faut manier pour rendre un fonds plus accessible, mais il faut qu’il y ait symétriquement une demande adéquate de 1′ autre côté de la chaîne. A quoi sert une indexation au cordeau si aucun lecteur ne peut l’interroger? Le catalogue n’est pas un trophée de bibliothécaire, il doit être une clef mise à la disposition de l’usager pour qu’il puisse pénétrer dans le fonds de la bibliothèque. Toute la question revient à comment aider le lecteur dans sa recherche. Quelle légitimité aurait un outil fait à l’intention de ce lecteur mais qui lui reste totalement opaque puisqu’il n’en a pas conscience ni connaissance?

Les outils de l’indexation

L’indexation est une opération intellectuelle très complexe qui se heurte à des écueils qui peuvent réduire sa qualité. Il n’est pas facile d’instaurer une cohérence au niveau de son propre catalogage, et on voit la nécessité d’une normalisation qui permettrait plus de rigueur dans le travail. D’autre part, il est évidemment appréciable d’avoir cette cohérence à un niveau plus global. En effet, les professionnels ont tout à gagner si leur méthodes de travail demeurent les mêmes d’un lieu à l’autre. Ces besoins sont compensés par l’édition régulière de normes qui «réglementent» l’activité d’indexation. Mais le souci de cohérence n’est pas le seul obstacle de 1′ indexation matière d’un document. Le langage utilisé couramment, appelé langage naturel, est très ambigu par nature, d’où l’obligation de recourir à un système qui élimine ces ambiguïtés. On fera alors appel à un langage documentaire.

Les normes

Les normes sont établies à partir des ISBD (International Standard Bibliographie Description), elles-mêmes issues d’une instance internationale, l’IFLA. Les ISBD sont des descriptions normalisées des éléments constitutifs de la notice bibliographique. Elles furent tout d’abord rédigées de façon différente selon le type de document qu’elles concernaient, mais il est vite apparu plus judicieux de n’adopter qu’un format unique et identique quel que soit Je type de document traité. Les ISBD ont en effet gagné en homogénéité.
Diffusées de manière internationale, les ISBD ne constituent pas des normes à proprement parler, mais plutôt des recommandations. Chaque pays doit ensuite établir ses normes à partir d’elles. En France, l’organisme chargé de leur rédaction est l’AFNOR (Association Française de NORmalisation).

La norme AFNOR Z 44-070

La norme concernant plus précisément l’élaboration des vedettes matières (ou l’entrée sujet d’un catalogue) fut rédigée par l’AFNOR en 1957. Il s’agit de la norme numéro NF Z 44-070, sur le «catalogue alphabétique de matières». Elle ne fut révisée qu’en avril 1986 sous la demande instante des professionnels. Ces derniers étaient en effet confrontés à une évolution rapide des enjeux de l’indexation matière due à l’informatisation de plus en plus répandue des catalogues et la norme était trop datée et imprécise pour leur offiir des réponses suffisantes à leurs problèmes. Un comité s’est donc réuni pour revoir la norme Z 44-070, qui changea de titre pour «Indexation analytique par matière». L’objectif principal était de guider plus particulièrement la construction des vedettes matières. La norme demeure inchangée à ce jour.
La norme en elle-même fait une bonne dizaine de pages. La première partie, les «Généralités», fait le point sur les documents concernés par la norme, sur la ponctuation employée dans une vedette matière, sur l’acception des termes utilisés dans le propos et enfin sur la graphie à adopter pour construire la vedette matière.
Suit une seconde partie sur la forme que peut prendre la vedette. Celle-ci peut être un nom propre, un nom de lieu, un sigle ou un nom commun, ce dernier étant soumis à quelques règles. Les sigles doivent toujours être entrés sous leur forme développée dans la base. Un renvoi doit être effectué à partir de leur forme abrége pour que le lecteur qui effectuerait une recherche sous cette forme sans en connaître le développement puisse réorienter sa requête.
Les noms communs, quand à eux, doivent être des termes français, sauf si le terme étranger n’a pas d’équivalent dans notre langue (à l’instar de camping). Un renvoi peut être fait de la forme française à la forme étrangère. Le terme le plus usité sera choisi de préférence. AFNOR préconise également l’emploi du singulier (même pour les classes sociales) et du masculin. Toutefois, ces deux règles souffrent des exceptions : le pluriel est accepté pour les classes zoologiques et botaniques, les mots dont le sens diffère selon le nombre (comme échec et échecs) et ceux dont l’usage fait qu’ils sont au pluriel (comme arts plastiques). On pourra utiliser le féminin lorsque la distinction de genre apporte un complément d’information.

La Blanc-Montmayeur

Le langage Blanc-Montmayeur est une liste d’autorités matière ouverte ou liste de vedettes matières de référence. Ecrite conjointement par mesdames Martine BlancMontmayeur et Françoise Danset, ce Choix des vedettes matières à l’intention des bibliothèques est le plus souvent désigné par le nom de Mme Blanc-Montmayeur. Au moment de la première parution, en 1984, Mme Blanc-Montmayeur était conservatrice à la bibliothèque universitaire de Nanterre et Mme Danset bibliothécaire à la bibliothèque publique de la ville nouvelle de Cergy-Pontoise. En 2002, date de la dernière édition, Mme Blanc-Montmayeur était conseillère pour le livre et la lecture à la Direction des Affaires culturelles de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et Mme Danset directrice de la bibliothèque départementale des Bouches-du-Rhône. A 1′ origine, la liste de vedettes matières fut élaborée pour constituer un catalogue matière à la bibliothèque de la ville nouvelle de Cergy-Pontoise qui en était dépourvue. La démarche adoptée pour ce faire est assez originale : plutôt que de constituer une liste qui s’enrichirait au fur et à mesure de descripteurs retenus pour l’indexation, les auteurs ont décidé de créer une liste a priori qui pouvait ensuite être employée en bibliothèque. En d’autres termes la liste a préexisté à l’indexation du fonds pour lequel elle fut créée. Depuis, plusieurs éditions successives ont permis de maintenir la liste à jour. La liste se présente sous forme alphabétique, ce qui lui confère certains avantages, tout un chacun étant a priori capable de se repérer dans un système alphabétique. Par contre, l’alphabet comme seul critère de classement occasionne une dispersion des thèmes. La BlancMontmayeur ne propose de ce fait aucune vision encyclopédique des savoirs, les termes d’un domaine étant dispatchés au gré de leur orthographe.
Il me fut possible de comparer plusieurs éditions, en particulier celles de 1984, 1987 et 2002. La première édition de 1984 est très intéressante car elle intervient avant la révision de la norme Z 44-070 dont elle met en lumière les dysfonctionnements. Il en ressort qu’elle pèche par manque de précision et par l’absence d’une ébauche de structuration de liste. Cette première édition pose d’emblée les bases de l’indexation avec la Blanc-Montmayeur, même si les remaniements postérieurs sont constants et même si la prise en compte dans l’édition de 1987 de la norme modifiée l’année précédente occasionne quelques changements plus importants. Il est intéressant de mettre les deux éditions de 1984 et de 1987 en regard. Une comparaison de 1′ introduction des deux ouvrages montre en quoi la norme a transformé l’indexation matière. Enfin, l’édition de 2002 est la dernière, à ma connaissance, à être parue.
De nouveau, une comparaison avec les versions antérieures fut intéressante. D’une part, l’informatique ayant réalisé des progrès considérables, les enjeux de l’entrée sujet du catalogue d’une bibliothèque se sont trouvés modifiés, d’autre part, l’utilisation de la liste par les professionnels a entraîné des ajustements, la pratique fait parfois ressortir des difficultés ou des incohérences qu’il convient de rectifier par la suite. Toutefois, la disposition générale de l’ouvrage ne change pas. Un sommaire précède toujours une présentation générale, ellemême placée avant la liste proprement dite. Les éditions de 1987 et 2002 possèdent une préface qui fait le lien avec les éditions précédentes, mais également avec le langage RAMEAU pour l’édition de 2002. La préface présente aussi les enjeux d’une telle liste et amorce la partie méthodologique en énonçant quelques préceptes à prendre en compte lors de 1′ indexation.

LaRAMEAU

Présentation

La RAMEAU (acronyme de Répertoire d’Autorité-Matière Encyclopédique et Alphabétique Unifié) est un langage pré-coordonné à facettes élaboré et utilisé par la Bibliothèque nationale de France (BnF). Son origine remonte à 1980, date à laquelle la BnF s’inspire du« Répertoire des vedettes matières: Subdivisions» (le RVM) de la bibliothèque de l’université de Laval au Québec, lui-même traduit du « Subject Cataloging Manual : Subject Headings » (le LCSCM : SH) de la bibliothèque du Congrès aux Etats-Unis. Dès 1987, la BnF s’associe au Ministère de l’éducation nationale afin de diffuser sa liste d’autorités matières. L’informatisation des fichiers a permis la mise en ligne du catalogue sur BN-OPALE. RAMEAU est consultable grâce à trois outils : le guide papier, le cd-rom et la version en ligne (BN-OP ALE). Le langage est géré par deux instances : le bureau des autoritésmatière (le bureau AMA) du service de coordination bibliographique de la Bibliothèque nationale de France d’une part et l’agence bibliographique de l’enseignement supérieur (l’ ABES) du Ministère de l’éducation nationale d’autre part. Le premier a en charge la gestion intellectuelle. Treize personnes veillent à 1′ évolution du fichier, traitent les propositions de modification ou de création, chacune ayant un domaine particulier qui lui est dévolu. La seconde instance s’occupe essentiellement des parties technique et commerciale. Toutefois, des changements structurels intervenus en mai 2003 ont modifié les dénominations des différents services. Ainsi, le bureau AMA est-il devenu le bureau RAM, rattaché au service de coopération bibliographique (le COBffi). L’ ABES, quant à elle, est devenue l’ ABN (Agence Bibliographique Nationale).
Le guide (sur lequel je me suis basée) est rédigé par le bureau RAM (AMA au moment de sa parution). Il est divisé en deux tomes. Le premier tome s’organise autour d’une présentation générale et du répertoire. La présentation débute par un sommaire général. Suit une introduction au guide, stipulant les modifications par rapport à la version précédente et les institutions dont dépend le langage.

Le langage

C’est ensuite le langage qui est abordé. RAMEAU se compose d’autorités-matière qui s’ordonnent dans le fichier sous forme de notices. Celles-ci sont distinguées les unes des autres par différents types : on sépare les notices de noms communs de celles des noms propres (de personnes, de collectivités, … ). Par ailleurs, suivant la place qui leur est assignée pour l’indexation, les autorités-matière n’appartiennent pas au même type de notice. Trois solutions existent : la notice de l’autorité qui ne se trouve qu’en tête de vedette, la notice de 1′ autorité qui ne se trouve qu’en subdivision et enfin la notice de l’autorité mixte qui peut être mise aussi bien en tête de vedette qu’en subdivision.
La richesse des zones déclinées permet de retirer beaucoup de renseignements à sa simple lecture. Selon que 1 ‘on consulte la version éditée sur microfiches ou celle sur cd-rom, les notices ne donneront pas les mêmes informations. L’élément le plus important est évidemment la vedette, complétée éventuellement des subdivisions qui peuvent la préciser. Elle est précédée d’une annotation qui permet de discerner la catégorie à laquelle elle appartient. Celles-ci sont au nombre de huit et elles sont abrégées par deux lettres. Ainsi, la vedette peut-elle être un titre d’anonyme (repéré par les lettres AN), un nom de collectivité (CO), un nom commun (NC), un nom géographique (NG), un nom de personne physique (NP), un nom commun utilisable en subdivision seulement (SU), un titre de publication en série (TP) ou encore un titre uniforme (TU). Un système très développé de liens est ensuite mis en jeu : la notice stipule les termes exclus de l’indexation renvoyés sur la vedette concernée par les lettres EP, Employé Pour (c’est la relation descripteur/non descripteur). Mais sont également mentionnés les termes associés, génériques et spécifiques à la vedette. En fin, une dernière zone fournit des données de gestion telles que les dates de création et de dernière mise à jour de la vedette, son origine et son numéro de notice.
La version sur cd-rom, quant à elle, est accessible sous trois formats, un format «clair», c’est-à-dire rédigé, un format UNIMARC et un format INTERMARC (qui est le format sous lequel la BnF indexe). Les mêmes champs que sur microfiches sont indiqués, avec parfois une graphie différente. Par contre, l’équivalent anglais de la vedette (la vedette LCSH) et l’indice Dewey auquel se rapporte l’autorité sont aussi signalés, ce qui permet à des regroupements thématiques. La vedette LCSH permet de garder une cohérence entre les deux listes et évite les problèmes de traduction dasn le cadre du réseau OCLC.Enfin, des notes d’application précisent occasionnellement l’emploi d’une vedette si celui-ci s’avère ambigu au moment de l’indexation.
La version sur cd-rom présente une divergence dans la ponctuation qui sépare la tête de la vedette de la subdivision éventuelle: les deux astérisques (**) de la version sur microfiches sont remplacées par deux tirets ( –) sur cd-rom. Il faut de ce fait prendre garde à la graphie adoptée par le support consulté.

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Table des matières
Remerciements
Introduction
Il Présentation du lieu de stage: la bibliothèque du Fort de Mons
11 La bibliothèque
21 La disposition matérielle
31 Le personnel
41 Le logiciel
51 Les usagers
III Les outils de l’indexation
11 Les normes
21 La norme AFRNOR Z 44-070
31 Les langages documentaires
41 La Blanc-Montmayeur
51 La RAMEAU
al Présentation
bi Le langage
cl La vedette
dl La construction des vedettes matières
el Le répertoire
61 Comparaison entre la Blanc-Montmayeur et la RAMEAU: p. JO
III/ Les pratiques de la Blanc-Montmayeur 
Il D’une manière générale
21 Les écarts de pratique et leur remédiation à la bibliothèque du Fort de Mons
al Les vedettes de points de vue, peuples, races, religions, styles
bi Les catégories sociales
cl Le milieu naturel
dl Les vedettes de relation
el Les renvois
fi Les siècles
gl Les concepts historiques généraux
hl La localisation géographique
il Les sous-vedettes de forme
Conclusion
Bibliographie 
Index
Annexes

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