Comment méditer avec des enfants ?

Du geste spontané au geste volontaire

Les documents éduscol (le graphisme à l’école maternelle, p 6), différencient graphisme et écriture

Le geste graphique est le fait d’exécuter une trace écrite à l’aide d’un outil scripteur (Éduscol, le graphisme à l’école maternelle, p 6), il est donc présent tant en graphisme qu’en écriture.
Ce geste est un geste complexe, qui met en jeu une multiplicité de composantes. L’acte d’écriture, notamment l’écriture cursive est donc un acte coûteux en énergie impliquant le maniement d’un outil scripteur plus de nombreuses compétences : motrices, visuo-motrices, le respect des normes et des conventions (ductus).
En effet, il engage dans un premier temps la perception visuelle. Celle-ci permet de distinguer les choses les unes des autres selon des critères définis (manuel codéo, p11), elle est donc importante car elle va permettre de l’apprentissage de l’écriture (et de la lecture) car chaque lettre possède sa propre forme. Il va alors s’agir de coordonner la vue avec les gestes, de pouvoir se repérer dans l’espace (de la feuille notamment). Elle est nécessaire pour une bonne reproduction des formes graphiques (Denise Chauvel, Isabelle Lagouryte, 2005, p9). Cela va permettre à l’élève un guidage du geste par un contrôle visuel local et une prise d’indices par un contrôle visuel global (Éduscol, le graphisme à l’école maternelle, p6).
Il engage également des habiletés motrices et le tonus musculaire. En dehors des séances de graphisme et d’écriture, il est préconisé (Denise Chauvel, Isabelle Lagouryte, 2005, p9) de proposer aux élèves des activités pour développer leur habileté manuelle, leur motricité fine. Il est important de leur faire verbaliser les postures pour qu’ils en prennent conscience et puissent les reproduire par la suite. Il faut donc tenir compte du niveau de développement du schéma corporel qu’ont les élèves (Marie-Thérèse Zerbato-Poudou, 2007, p 104) car la connaissance qu’ils ont de leur corps va leur permettre de coordonner leurs gestes et de se construire des repères.
Ce geste graphique engage également la mémoire des élèves. La mémoire musculaire, c’est-àdire la mémoire du geste à effectuer pour que celui-ci soit le plus fluide possible, et la mémoire visuelle et auditive car il faut se rappeler des lettres, de leur nom, de leur ductus, pour faciliter l’écriture, la rendre plus fluide.
L’écriture entraîne également chez les élèves un engagement émotionnel. En effet, ils sont très impliqués dans l’exercice d’entraînement à l’écriture car ils prennent conscience de l’importance de l’écriture, notamment l’écriture entre des lignes. C’est pour eux la possibilité de transmettre des messages, notamment aux adultes et un élément important pour le passage au CP, le point de mire de la GS !

Posture de l’enseignant et points de vigilance

L’enseignant a dans l’apprentissage de l’écriture, notamment de l’écriture cursive, un rôle décisif.
Il doit en effet outiller les élèves au mieux, en leur donnant de bons réflexes, afin de pouvoir acquérir au mieux une écriture fluide et spontanée. Selon la définition de Bruner, l’enseignant est présent auprès des élèves pour conduire, étayer et guider les apprentissages. En ce sens, il soutient l’attention, propose des remédiations, énonce les règles, donne des aides verbales ou concrètes, soutient, encourage et félicite.
En ce sens, il convient que l’enseignant choisisse la situation la plus propice aux apprentissages des élèves. En effet, il définit le moment opportun pour chaque élève pour la mise en pratique de l’écriture, chacun n’étant pas prêt au même moment. Il passe d’un apprentissage collectif de l’écrit (écriture de la date au tableau, institutionnalisation, oralisation du ductus des lettres) pour que les élèves se sentent membre du groupe classe à un travail en ateliers pour suivre au plus près le travail de chaque élève.
Les points de vigilance auxquels il doit porter attention sont nombreux. Il se doit d’être au plus proche des élèves lors des séances d’écritures de façon à ce que les élèves prennent de bonnes habitudes.
Il devra, tout d’abord, vérifier la posture des élèves et la rectifier si nécessaire lors de l’exercice.
Selon Marie-Thérèse Zerbato-Poudou (2015, p104), il doit vérifier la place de l’avant-bras qui détermine le mouvement de translation de l’écriture, ainsi que la flexion de la main qui écrit et la place de la main libre qui doit tenir la feuille ou le cahier. Les pieds sont posés bien à plat au sol, les cuisses sont posées à plat sur la chaise, le dos ne touche pas le dossier, le corps est même légèrement penché sans toutefois être couché sur le bureau ou la feuille (la distance par rapport aux yeux est d’environ 30 cm).
Ensuite, la tenue de l’outil scripteur est un autre point de vigilance, elle est normalement travaillée dès la PS et il est souvent déjà trop tard en GS pour rectifier une tenue inadaptée, mais il est quand même nécessaire d’y remédier pour les élèves ayant le plus de mal à écrire. Il est possible de proposer des exercices d’échauffement des doigts et de la main avant de commencer à écrire. Il peut être également proposé des exercices, jeux ou comptines (jeux de pinces poucemajeur) pour aider à une prise appropriée de l’outil scripteur. Marie-Thérèse Zerbato-Poudouprécise que « les mauvaises tenues induisent une fatigue musculaire qui peut s’avérer fâcheuse »(2015, p 104).
L’enseignant doit également être vigilant quant à la latéralité des élèves et proposer des postures adaptées, notamment pour les élèves gauchers. En effet, il devra veiller à ne pas positionner d’élèves à leur gauche, ce qui pourrait entraver leur geste. Il devra également proposer une inclinaison de la feuille vers la droite dans l’axe du bras afin de faciliter la position de la main et éviter ainsi une main positionnée par-dessus (Éduscol, l’écriture à l’école maternelle, les enfants gauchers)
Et enfin, l’enseignant doit veiller à enseigner rigoureusement le ductus des lettres cursives, la difficulté étant ensuite la liaison des lettres en elles. Il ne faut pas alors qu’il hésite à donner le ductus en collectif, le rappeler en atelier puis en individuel.
L’élève doit assimiler et automatiser toutes ces compétences pour apprendre à écrire, c’est une activité exigeante où l’élève doit simultanément « écrire de gauche à droite en maintenant l’horizontalité, tout en traçant une lettre dont il faut respecter la forme, le sens de rotation, la hauteur, son attache avec la lettre précédente et la suivante, à cela s’ajoute la maîtrise de l’outil scripteur et le contrôle de la tenue corporelle ». (Marie-Thérèse Zerbato-Poudou, 2015, p110).

Conclusion

L’activité d’écriture est une activité complète et complexe, faisant intervenir de nombreux facteurs, demandant une charge cognitive importante aux élèves et donc une grande attention (Marie-Thérèse Zerbato-Poudou, 2015, p110). Ceux-ci s’impliquent en général bien dans cette tâche, notamment en grande section, car ils sont motivés par la future entrée au CP. Toutefois, il s’agit ici de pouvoir faciliter cet apprentissage pour les élèves et d’alléger la charge émotionnelle et cognitive.
En quoi la méditation de pleine conscience pourrait apporter une aide aux élèves ?

La méditation de pleine conscience

Marie-Thérèse Zerbato-Poudou (2015, p21 et documentation ageem, 2013) insiste sur l’attention et la concentration qui sont demandées aux élèves pour travailler l’écriture.
Comment pourrait-on favoriser cette attention et cette concentration pour favoriser l’apprentissage des élèves de GS ? La méditation de pleine conscience pourrait-elle être une réponse ? Avant de répondre à ces questionnements, nous allons voir ce qu’est la méditation de pleine conscience.

Définitions

Concentration et attention

« Les sciences cognitives le confirment : l’attention constitue le premier pilier de tout apprentissage » (manuel codéo, 2019, fiche enseignant, rituels de concentration).
L’attention est définie par le Petit Larousse illustré (2001) comme l’« action de se concentrer sur quelque chose, d’être vigilant ».
La concentration, quant à elle, est définie comme l’action de « fixer son attention, son regard, etc., sur quelque chose ou quelqu’un ».
Les deux notions sont donc interdépendantes. On pourra toutefois dire que l’attention peut-être la capacité à écouter ou à exécuter une tâche, alors que la concentration est la capacité à se centrer sur une tâche et découle de l’attention.
Chez les enfants la capacité de concentration est innée mais elle augmente avec l’âge et est variable selon l’âge. Pour des élèves de maternelle, notamment de GS, elle est de 10 minutes maximum pour l’explication d’une leçon, des règles d’un jeu ou d’une activité, au-delà, inutile d’insister: l’enfant s’échappe, est distrait, … Il est bon ensuite de passer à l’application : cette fois, le «faire» peut durer 20 minutes (Pauline Boegli, 2016, p13).
La concentration et l’attention sont deux choses qui s’apprennent et s’entraînent. La méditation de pleine conscience peut-elle en être un entraînement efficace ?

Qu’est-ce que la méditation ?

Le terme méditation désigne une pratique mentale ou spirituelle. Il est issu du latin meditatio dérivé de meditari signifiant préparation à un discours, à écrire, réflexion.
Le terme de méditation a évolué au cours de l’histoire, en effet, au moyen âge il s’agissait plutôt de l’«action de réfléchir sur un mystère de la religion» (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales – https://www.cnrtl.fr). A partir de 1495, il s’agirait plutôt de «préparer quelque chose par une longue réflexion, (…) préparer, avoir en vue quelque chose, s’exercer».
Le petit Larousse illustré 2001 définit la méditation comme l’« action de réfléchir, de penser profondément à un sujet, à la réalisation de quelque chose » mais aussi comme l’«attitude qui consiste à s’absorber dans une réflexion profonde ».

Définition de la pleine conscience (mindfulness)

Lors de cet écrit scientifique réflexif, je vais utiliser le terme de pleine conscience, c’est le terme le plus usité en France. On peut également parler de pleine attention (Frédéric Lenoir). En effet, ces deux termes viennent du mot anglophone Mindfulness qui vient de « to be mindful », pouvant être traduit par « être attentif », on pourrait alors parler d’« attention consciente ».
La méditation a très souvent une connotation religieuse et pour cause : elle apparaît il y a près de 500 ans avec Bouddha, premier à décrire des pratiques menant à l’éveil et à un état de paix intérieure. Mais elle a également été pratiquée sous diverses formes dans d’autres religions : au moyen âge avec les traditions kabbales du judaïsme, dans l’islam avec le dhikr (récitation d’une prière répétitive), et dans le christianisme dans certains ordres monastiques.
A compter des années 1970, la pratique commence à intéresser la communauté scientifique occidentale et se laïcise.
En effet, en 1979, le Docteur Jon Kabat-Zinn, pratiquant lui-même le yoga et la méditation, a l’intuition d’adapter cette pratique dans le contexte hospitalier où le stress est très présent en proposant un protocole précis. Il conçoit alors un programme éducatif et préventif appelé MBSR (Mindfulness-Based Stress Reduction – Réduction du Stress basée sur la Pleine Conscience). Ce programme est la rencontre entre la tradition de la psychologie bouddhiste sous la forme d’enseignements et de pratiques (vipassana) développant les qualités universelles de présence attentive, de compassion et de sagesse ; et le monde de la science, de la médecine et de la psychologie occidentale.
Jon Kabat-Zinn définit alors la méditation de pleine conscience comme « un état de conscience qui résulte du fait de porter son attention d’une manière particulière, délibérément, au moment présent et sans jugement de valeur, sur l’expérience qui se déploie moment après moment »(Bondolfi, Jermann, Zermatten, 2011).
Christophe André dans la préface du livre d’Eline Snel, Calme et attentif comme une grenouille (2012), définit la pleine conscience comme « cette aptitude de notre esprit à se tourner vers ce qui est là, ici et maintenant, à se rendre pleinement présent à chaque instant que nous vivons. »
La méditation n’a pour but ni de se détendre, ni de s’arrêter de penser. Au contraire, elle invite à observer nos pensées en les mettant à distance, se recentrer sur soi afin de mieux percevoir ce qui se passe en soi, place est alors faite aux sensations corporelles plutôt qu’aux sensations mentales.
Cette pratique demande d’être bienveillant envers les autres mais aussi envers soi-même. En effet, il s’agit d’accueillir les pensées, les émotions, sans les minimiser mais sans les juger. Il s’agit de les observer et de les laisser passer.

Pourquoi méditer ?

Jeanne Siaud-Facchin intitule le premier chapitre de son livre Tout est juste là (2014): « Je cours, tu cours, nous courons … Pause ! ». Cela résume parfaitement notre société actuelle, en perpétuel mouvement, où tout va vite, où l’on zappe aussi vite sur les écrans que dans nos choix,nos activités …une vie où la peur de ne pas réussir, le stress sont très, trop, présents. Alors il faut savoir se recentrer sur soi et apprendre à profiter de l’instant présent.
De nombreuses recherches en neurosciences cognitives et en psychologie se sont intéressées à la méditation de pleine conscience et ont révélé de multiples bénéfices tant au niveau social, mental que physique. En effet, la méditation de pleine conscience améliorerait la régulation émotionnelle (stress, anxiété, humeur, ruminations mentales …), les facultés cognitives (augmentation de la concentration et de l’attention, de la mémoire, de la créativité …), les troubles du comportement alimentaire (boulimie, anorexie), l’image de soi (meilleure confianceen soi), et les relations interpersonnelles (sciences humaines n°307, oct 2018).

Méditation et régulation émotionnelle

« Le stress entrave le développement de l’enfant » (Dr Catherine Gueguen, 2018, p207).
Ce stress est en réalité une peur. Cette dernière est une émotion ressentie généralement en présence ou dans la perspective d’un danger ou d’une menace. En d’autres termes, la peur est une conséquence de l’analyse d’un danger et permet au sujet de le fuir ou de le combattre. Ellepeut entrainer une inhibition de la pensée et prépare l’individu à fuir ou à se défendre.
Biologiquement parlant, la peur est un instinct de survie qui permet aux animaux d’éviter des situations dangereuses pour eux-mêmes ou leur progéniture. La complexité de l’esprit humain a néanmoins transposé cette émotion et l’a dirigée vers des objets et des situations aussi diverses que peuvent être les activités humaines. Certaines peurs sont donc liées à des activités sociales récentes et propres uniquement aux sociétés occidentales modernes (peur de ne pas réussir, peur de ne pas avoir le temps, peur de ne pas être à la hauteur, difficultés familiales, maltraitance …), on ne peut donc raisonnablement pas supposer qu’elles aient une origine biologique.
Ce stress a des répercussions physiologiques et psychologiques sur l’enfant, il sera en état de perpétuelle méfiance, il peut alors se sentir déprimé, développer des maux de ventre, de tête et développer des problèmes de comportement, son esprit est occupé et il faut essayer de le libérerdes ruminations mentales.
La colère, quant à elle, est considérée comme une émotion secondaire à une blessure physique ou psychique, un manque, une frustration. Elle est l’affirmation de sa personne et sert au maintien de son intégrité physique et psychique, ou alors elle est l’affirmation d’une volonté personnelle plus ou moins altruiste. Une colère saine est sans jugement sur autrui. La colère, cependant, est le plus souvent de courte durée, elle s’efface lorsque l’attention se centre sur un objet neutre et ses effets s’estompent.
Quant à la tristesse, elle est une souffrance psychologique associée, ou caractérisée par des sentiments de désavantages, à une perte, au désespoir ou au chagrin. Un individu triste fait face à une léthargie et se replie face aux autres. La tristesse fait partie de l’enfance. Connaitre une telle émotion permet plus facilement d’exprimer des problèmes d’ordre émotionnels.
Les élèves peuvent connaître ces trois émotions. Leurs apprentissages peuvent être entravés par celles-ci. En effet, les élèves peuvent facilement être en colère ou tristes, suite à un geste, des mots d’un ou d’autres élèves (voire d’adultes), ce qui peut entraver leur processus de cognition.
Il en est de même pour le stress, les élèves peuvent avoir peur de s’engager dans l’acte d’écriture car ils auront peur de ce que cela implique, peur de ne pas réussir, peur du regard de l’adulte sur leurs productions.
En tant qu’enseignant, nous devons être en capacité de rassurer les élèves, de les encourager etnous pouvons leur donner des outils pour, également, y parvenir seuls.
Ainsi, selon Jeanne Siaud-Facchin (2014, p132) « c’est d’abord en reconnaissant les émotions de notre enfant, en les acceptant, en les accueillant, avec bienveillance et sans jugement, que nous lui permettrons d’acquérir des compétences émotionnelles solides, sécurisantes, compréhensibles ». Pour que les émotions ne prennent pas le contrôle de leurs décisions, de leur vie, les enfants devront apprendre à les reconnaitre pour mieux les accepter. Ainsi, toutes les émotions négatives citées précédemment, induisent une réaction comportementale ou physiologique qu’il faudra apprendre à reconnaître. La méditation de pleine conscience peut permettre un moment de recentrage sur soi, permettant de ressentir les signaux que nous envoie notre corps. L’exercice de la météo intérieure (Eline Snel, 2012, p 84 ou Jeanne Siaud-Facchin, 2014, p133) permet de ressentir et reconnaitre l’émotion et de pouvoir y répondre de façon adaptée : en la regardant passée, en l’acceptant pour ce qu’elle est. « Quand on a appris à les repérer on arrive mieux à s’adapter et à comprendre ce qui est important pour nous » (Jeanne Siaud-Facchin, 2014, p135). Les enfants apprennent alors à ne plus s’identifier à leurs sentiments : « je ressens de la tristesse, mais je ne suis pas un pleurnicheur », « j’ai peur de ne pas y arriver, mais je ne suis pas un peureux ».

Méditation et facultés cognitives

Si la méditation, c’est apprendre à accueillir, reconnaître les émotions. Lorsque l’on développe nos compétences émotionnelles, nous pouvons développer notre empathie, nous pouvons penser plus sereinement et peut-être peut-on alors être plus disponible pour les apprentissages.

Méditation et concentration

Les distracteurs sont nombreux. Ils peuvent être internes : en effet, nous avons une tendance naturelle à nous laisser emporter par nos pensées soit dans le passé, soit dans le futur, notre cerveau étant de nos jours sollicité et ainsi amené à zapper d’une idée à l’autre sans cesse (Méditer pour mieux se concentrer, Rebecca Shankland et Valentin Flaudias, Sciences humaines n°298, décembre 2017, p5). Ils peuvent être externes : les messages qui arrivent sur le téléphone, la télévision ou les jeux vidéo « qui nous appellent » …
Dans nos classes, nous faisons face à des élèves qui ont des difficultés d’attention multiformes (dys, problèmes personnels, TDAH …). Bien souvent, nous pouvons repérer ces élèves car ils peuvent être agités, bruyants, ils peuvent vouloir toujours parler, bousculer, diriger … et alors, bien souvent, ces élèves peuvent être rejetés tant par leurs camarades de classe que par les adultes qui ne supportent pas cet enfant en perpétuel mouvement et qui ne fait attention à rien.
Selon Jeanne Siaud-Facchin (2014, p 162), de plus en plus d’études montrent que la méditation de pleine conscience entraine l’attention et permet une amélioration significative du contrôle de l’impulsivité. Ainsi, la méditation de pleine conscience permet d’entrainer notre mental à revenir à l’instant présent, à repérer quand il répond aux stimulis extérieurs.
Bien souvent nos émotions apparaissent d’abord dans notre corps : la respiration est influencée par le stress, la peur … C’est à nous, adultes, enseignants, à apprendre aux élèves à leur prêter attention, il leur sera alors plus facile de revenir au moment présent, et de se recentrer sur la tâche en cours (Ilios Kotsou, 2018). Des chercheurs ont constaté que les méditants de longuedurée arrivent à rester longtemps et efficacement concentrés.

Méditation et apprentissages

Comme nous l’avons abordé précédemment, la méditation réduit considérablement le stress, comme la tristesse et la colère, et améliore grandement les facultés de concentration et de mémorisation. Lorsque nous sommes plus concentrés, que notre cerveau n’est pas happé par diverses distractions, nous sommes plus à même de mémoriser ce qui est important (pour les élèves : une notion, un exemple …). De plus, ne dit-on pas que le stress est le grand ennemi de l’apprentissage ? En effet, « les lobes frontaux du cerveau responsable des facultés cognitives et de la réflexion sont coupés et la région limbique et reptilienne, responsable respectivement des émotions et de l’instinct (notre cerveau primaire en quelque sorte) reprend le relais. À l’approche d’un examen, d’une interrogation écrite, le stress généré, s’il représente un aiguillon salutaire pour se mettre à travailler (le bon stress), représente un obstacle à l’apprentissage : les capacités cognitives et donc de mémorisation en sont réduites » (Jean-François Michel, 2019).
La méditation permet donc également le bien être des pratiquants. Selon Catherine Gueguen (2018), un enfant heureux est enfant qui apprend mieux. En effet, si l’enfant se sent en sécurité tant physiquement, qu’émotionnellement, alors son cerveau est libre de toute contrainte, apaisé et est disponible pour les apprentissages.

Méditation et image de soi

« Avoir confiance en soi, c’est d’abord connaître son univers intérieur » (Jeanne SiaudFacchin, 2014, p159). La méditation de pleine conscience apprend à repérer les émotions, le stress, dans le corps et ainsi à en réguler le flux émotionnel qui en découle.
Rappelons également qu’elle est à la base de la bienveillance, envers les autres (empathie) et avant tout envers soi-même. Elle nous oblige à porter un regard neutre, objectif sur nous-même et ainsi elle apprend à chacun de nous à s’accepter tel qu’il est, avec ses qualités et ses défauts.
Comme chacun accueille ses émotions qu’elles soient positives ou négatives. Jeanne SiaudFacchin écrit que « la confiance en soi est une question d’équilibre » (2014). Il s’agit, en effet, de reconnaitre nos forces et d’accepter nos points de fragilité.
L’enjeu d’une confiance en soi stable et solide est de permettre à chacun d’être rassuré sur ses capacités et ainsi pouvoir progresser, notamment dans les apprentissages, librement, plus aisément.
La confiance en soi est aussi nourrie par le sentiment de réussite, souvent présent à l’école. Pour cela, il faut faire attention de ne pas fixer des objectifs trop ambitieux, et il faut reconnaitre le droit à l’erreur et donc ne pas nourrir un sentiment d’échec. Il faut apprendre aux élèves à se servir de leurs ressources intérieures pour avoir la capacité de rebondir, cela influe sur l’estime de soi. Ainsi selon Catherine Gueguen (2018), la perception et l’attention que les adultes ont à l’égard de l’enfant ont une incidence sur l’estime de soi du jeune enfant.
Ainsi des élèves valorisés, rassurés sur leur travail vont pouvoir s’engager pleinement et sereinement dans la tâche d’écriture. Leur geste sera plus libre, moins crispé et leur posture plus naturelle. Leur esprit libre va leur permettre de se concentrer sur le geste d’écriture et ainsi mieux le mémoriser.

Comment méditer avec des enfants ?

Il existe deux types de pratique, l’une informelle, pratiquée spontanément dans les gestes du quotidien (ralentir pour mieux ressentir, porter attention à tous les détails, prendre conscience de tous les aspects de la nourriture que nous mangeons…) et l’autre, formelle, codifiée et planifiée. Il s’agit alors sur un temps donné de se poser de préférence dans un endroit calme.
La position du méditant pouvant être allongée, assis en tailleur (position assise du lotus) ou sur une chaise les pieds bien posés au sol, le dos est bien droit et la tête dans l’alignement de la colonne vertébrale. Il s’agit alors de tourner son attention vers soi. Il s’agit d’observer sa respiration, ce qui se passe en soi : les pensées, les émotions, les ressentis et de les accueillir etles accepter avec bienveillance, sans jugement.
Pendant longtemps, on a pensé que les enfants n’avaient pas besoin de la méditation de pleine conscience car ils ne souffraient pas (Christophe André, Préface Calme et Attentif comme une grenouille, 2012). Or, les enfants sont très tôt touchés par le stress (le leur, celui de leurs parents), les angoisses (de réussite scolaire, sociale … ), les difficultés à comprendre et gérer leurs émotions qui peuvent entrainer des difficultés relationnelles, d’attention, de comportements, etc. Même si la journée des enfants est remplie de jeux, de rires ; ils arrivent à l’école avec leur baluchon d’inquiétudes, de pensées, d’émotions (papa et maman qui se sont disputés, l’évaluation que l’on n’est pas sûr de maitriser, une mauvaise nuit, une dispute avecun copain …).
On pensait également que l’activité de pleine conscience était une activité trop intellectuelle et compliquée pour de jeunes enfants (Christophe André, préface calme et attentif comme une grenouille, 2012). Mais dès lors que nous avons compris que les enfants ont une vie intérieure aussi complexe que la nôtre, adultes, alors il est intéressant de partager cette pratique avec eux. « De plus, contrairement à ce que l’on croit, la méditation de pleine conscience passe beaucoup par le corps, et les enfants comprennent facilement le langage du corps. » (Christophe André, Préface de Calme et attentif comme une grenouille, 2012)
Alors oui, les enfants peuvent pratiquer la méditation de pleine conscience et nous allons voir comment les y aider.
Dans les écoles américaines ou néerleandaises, des programmes intitulés Mindfulness sont mis en place et les enseignants sont formés à la méditation de pleine conscience. Si la pratique est régulière, elle est plus aisée pour les élèves, elle leur apporte bien-être, celui-ci ayant un effet positif sur le processus cognitif et socio-émotionnel (Ilios Kotsou, 2018, p14). Il n’y a actuellement pas assez d’études chez les élèves pour en démontrer les bien faits. Cette méditation n’aurait toutefois pas d’impact sur la réussite scolaire, c’est le bien-être qu’elleengendre qui peut l’être.
En effet, lors de l’entraînement à l’écriture, la méditation peut ne pas avoir d’influence sur la formation des lettres, sur la tenue du crayon, sur le suivi des lignes, en résumé sur la réussite de l’exercice. En revanche, elle peut permettre aux élèves de s’impliquer plus facilement, plus librement, sans entrave émotionnelle, dans la tâche.
La méditation de pleine conscience peut, dès la maternelle, être proposée comme de petits temps de pause à plusieurs moments de la journée : après une récréation, après un conflit, avant un apprentissage qui demande une pleine attention, comme avant une séance d’écriture quidemande une grande concentration au vu de la complexité de la tâche.
Celle-ci peut se faire grâce à des méditations guidées (par exemple : La petite grenouille, issue du CD inclus dans l’ouvrage Calme et attentif comme une grenouille, Eline Snel, 2012) mais également être présentée sous forme de petits exercices simples et ludiques : ralentir le pas pour aller se mettre en rang, apprendre le souffle en soufflant dans un ballon, écouter le son d’une cloche le plus longtemps possible …
Et puis, il est possible avec les enfants d’écouter sa météo intérieure (Eline Snel, 2012, p84). Il est alors question de comparer ce qui se passe en soi à la météo : y a-t-il de l’orage aujourd’hui ? juste une petite pluie ? ou au contraire un grand soleil ? Cela va permettre aux enfants d’identifier leurs émotions et de s’en détacher, remarquer qu’ils ne sont pas cette émotion mais qu’elle est à l’intérieur d’eux : « je ne suis pas un gros froussard mais je vois que parfois j’ai une grosse peur » (Eline Snel, 2012, p85). Les plus petits peuvent dessiner leur météo, les plus grands aussi bien sûr mais ils peuvent aussi l’exprimer à l’aide d’un thermomètre qu’ils peuventfabriquer.
Ainsi dans la prochaine partie, nous allons voir comment la méditation de pleine conscience a été mise en pratique dans ma classe, et quelle répercussion elle a eu sur les élèves et sur leur apprentissage du l’écriture cursive.

METHODE

Comme nous avons pu le voir dans la première partie, les effets de la méditation de pleine conscience chez les jeunes enfants (moins de 7 ans) sont à ce jour peu étudiés. Les élèves de la classe étant souvent agités et en proie permanente à de petits conflits, j’ai ressenti tant pour eux que pour moi, le besoin d’un temps d’apaisement, de pause. C’est donc intuitivement que j’ai instauré un temps de méditation non régulier (au besoin) l’après-midi avant ma séance de graphisme. Je me suis alors demandé si, outre l’apaisement qu’apporte la méditation, quels effets elle pouvait avoir sur les apprentissages et notamment sur le geste graphique, et plus particulièrement en période d’apprentissage de l’écriture cursive, geste complexe qui met enjeu une multiplicité de composantes.

Les participants

L’étude a été menée dans une classe de Grande Section (GS) de maternelle de 23 élèves, composée de 12 garçons et de 11 filles. Les élèves sont âgés de 5 à 6 ans. L’un d’entre eux a des troubles autistiques, et n’est pas présent dans la classe sur les moments de l’étude, il n’est présent que deux jours par semaine pendant 1h45 et accompagné d’une AESH. Cette classe fait partie d’une école maternelle composée de dix classes dont trois de GS, et est située en REP (réseau d’éducation prioritaire).
Dans cette classe, 13 élèves sont allophones, parmi eux certains ne parlent pas ou très peu français à la maison. Parmi eux un élève est dysphasique et a des difficultés d’oralisation, mais a une très bonne compréhension du français ; et quatre d’entre eux sont en difficultés delangage : ils parlent difficilement et ne semblent pas toujours comprendre ce que l’on dit (bien qu’il y ait eu des progrès -hétérogènes- au cours de l’année).
Dans cette classe, des élèves sont particulièrement bavards, et manquent parfois d’attention. De nombreux petits conflits, notamment sur les bancs lors des temps de regroupement, peuvent venir parasiter les apprentissages. Les profils des élèves sont très variés, il est toutefois à noter qu’il y a dans cette classe une petite fille – que nous appellerons A – qui a un comportement agité, elle parle beaucoup et fort, son travail est brouillon et peu appliqué, elle est souvent en conflit avec ses camarades : elle semble être en constante demande d’attention.

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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I – ETAT DE L’ART
I. L’écriture à l’école maternelle
1. L’écriture : rappel historique
2. Définition du graphisme et de l’écriture
3. Du graphisme à l’écriture
4. Du geste spontané au geste volontaire
5. Posture de l’enseignant et points de vigilance
6. Conclusion
II. La méditation de pleine conscience
1. Définitions
1.1 Concentration et attention
1.2 Qu’est-ce que la méditation ?
1.3 Définition de la pleine conscience (mindfulness)
2. Pourquoi méditer ?
2.1 Méditation et régulation émotionnelle
2.2 Méditation et facultés cognitives
2.2.1 Méditation et concentration
2.2.2 Méditation et apprentissages
2.3 Méditation et image de soi
3. Comment méditer avec des enfants ?
PARTIE II – METHODE 
I. Les participants
II. Déroulement de la démarche
1. Méditation de pleine conscience
2. Ecriture
3. Observation
PARTIE III – RESULTATS
I. Au niveau quantitatif
II. Au niveau qualitatif
PARTIE IV – DISCUSSION
I. La méditation de pleine conscience a-t-elle un impact sur le geste d’écriture ?
II. Propositions didactiques
III. Limites et perspectives
1. Limites
2. Perspectives
3. Retour sur expérience
BIBLIOGRAPHIE

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