Comment différencier difficultés liées au tracé et compréhension de la propriété géométrique ? 

Ancrages théoriques

Représentations en géométrie : figure ou dessin ?

En géométrie la représentation tient une place centrale. Il convient donc de comprendre de quoi on parle, et en particulier de définir les notions de figure et de dessin.
Stella Baruk (1992) définit une figure comme un concept, un idéal. La figure possède donc exactement les propriétés théoriques qu’elle est supposée avoir. Un carré a des angles qui sont exactement droits, des côtés parfaitement parallèles, même si on les prolongeait sur des centaines de kilomètres, ils ne se couperaient jamais.
En revanche, elle définit le dessin comme la représentation de cette figure. Un dessin est donc imparfait. En effet on ne peut pas « rendre, sur du papier, des points sans dimension ou des droites sans épaisseur ». À cause de l’imprécision des instruments qui sont utilisés, de l’habilité du dessinateur, un dessin est plus ou moins précis, mais il reste toujours imparfait.
Les propriétés théoriques de la figure qu’il représente ne sont jamais totalement vérifiées.
Une seconde distinction entre figure et dessin faite par Stella Baruk (1992) tient au fait qu’un dessin se construit petit à petit en multipliant les tracés, tandis que la figure existe déjà.
C’est l’énoncé qui la révèle « en attirant l’attention sur elle ».
Le dessin malgré son imprécision joue donc un rôle fondamental dans les apprentissages en géométrie car c’est lui, qui s’il est suffisamment bien effectué, va permettre de percevoir les propriétés attachées à la figure qu’il représente.

Le tracé en géométrie

L’un des premiers obstacles évoqués lorsque l’on pense à la géométrie plane est celui du tracé. En effet, comme le souligne Jean Favrat (1991-1992) dans son étude sur les tracés en géométrie, les difficultés peuvent être relevées à plusieurs niveaux : technique, méthodologique et conceptuel. Ainsi, il montre la technicité de l’utilisation des instruments dans la dextérité et la coordination des gestes (tenir la règle et tracer en même temps, arrondi de l’équerre au point de raccordement, prendre et garder le bon écartement pour le compas, etc.). L’auteur souligne également que les élèves adoptent très fréquemment une démarche par imitation. C’est-à-dire qu’ils vont chercher la ressemblance avec la figure à reproduire par tâtonnements plutôt que de raisonner sur les propriétés géométriques de celle-ci. Ainsi, ils peinent à introduire des constructions auxiliaires comme marquer le centre d’un cercle déjà tracé ou bien prolonger un segment, qui les aideraient dans leur résolution de problème. De même, ils ont du mal à se détacher de la perception du segment pour penser à une droite et pour observer des alignements. Cet auteur nous montre combien le tracé est source de difficultés à plusieurs niveaux cognitifs (manipulation et représentation) et peut donc interférer dans la conceptualisation des différentes propriétés géométriques nécessaire à une reproduction correcte et réfléchie (argumentée, justifiée) des figures.

La manipulation dans le processus d’abstraction et la construction des connaissances

Jean Piaget (1977) distingue trois types d’abstractions interconnectées entre elles. Le premier qu’il nomme « abstraction empirique » permet aux enfants de se construire un véritable répertoire d’images mentales. L’enfant par ce processus d’abstraction va mettre en relation les objets nouvellement rencontrés avec ces expériences antérieures, les relations entre les objets sont simplement figuratives. Mais pour que se construisent des liens logiques, il va devoir effectuer des opérations intellectuelles lui permettant de mettre en évidence des propriétés relationnelles entre les objets : c’est le deuxième type d’abstraction définit par Piaget, l’« abstraction pseudo-empirique ». Cette dernière n’est donc possible que par la manipulation de l’enfant sur le concret. Les actions de ce dernier vont lui permettre de mettre en évidence un lien de cause à effet entre la manipulation et la propriété de l’objet. C’est le troisième type, l’« abstraction réfléchissante », qui va permettre de construire une généralisation de ces opérations intellectuelles qui permettra à l’enfant de se passer du support concret pour identifier des propriétés d’un objet.
Ce que corrobore Bernard Betinelli (2001) en précisant dans son étude que « le raisonnement des enfants se fondent essentiellement sur l’action. C’est d’elle que parte les analyses qui permettent aux enfants de comprendre les liens entre les faits qu’ils observent. »
Ainsi, la manipulation va être un outil permettant la construction de connaissances et compétences géométriques. Cependant, seule, elle ne peut être efficace et doit faire l’objet d’un acte réfléchi de la part de l’enseignant. En effet, il doit identifier le but à atteindre et ce que la manipulation va permettre.
Ce qui va engendrer l’élaboration d’une connaissance est le travail de verbalisation autour de la manipulation. Il va ainsi favoriser la décentration des élèves de l’activité manipulatoire et facilité l’intellectualisation de ses propres actions pour pouvoir les formuler, les argumenter voire les justifier.
Les programmes de cycle 2 prennent en considération ces travaux sur la construction des connaissances puisque dans le volet consacré aux spécificités de ce cycle est précisé : « Au cycle 2, on ne cesse d’articuler le concret et l’abstrait. Observer et agir sur le réel, manipuler, expérimenter, toutes ces activités mènent à la représentation, qu’elle soit analogique (dessins, images, schématisations) ou symbolique, abstraite (nombres, concepts). Le lien entre familiarisation pratique et élaboration conceptuelle est toujours à construire et reconstruire, dans les deux sens. »

La manipulation en mathématique

Selon Thierry Dias (2012), manipuler correspond au « faire », c’est -à-dire à l’action de déplacer, manier, toucher et utiliser. Tandis qu’expérimenter correspond au « raisonner », c’est-à-dire à dire, expliquer, convaincre, prouver. Il existe une véritable dialectique entre la manipulation et l’expérimentation.
En effet, l’expérimentation mathématique est différente de celle des sciences physiques ou biologiques dans le sens où s’instaure un véritable dialogue entre les objets mathématiques théoriques et les objets sensibles construits qui se traduit par des rétroactions entre hypothèses et manipulations. En effet, confrontés aux obstacles et contraintes du matériel, les élèves sont poussés aux questionnements et aux tentatives pour aboutir à une résolution du problème.

Analyse à priori

État des connaissances attendues chez des élèves de cycle 2

Les activités de tri et reconnaissance des formes planes sont travaillées depuis la maternelle et ne devraient pas poser de problème d’un point de vue de la compréhension de la consigne et de l’intégration de la tâche à effectuer par l’élève.
On peut donc s’attendre à ce que les élèves reconnaissent de manière intuitive les différentes figures usuelles planes étudiées (carré, rectangle, triangle et cercle), qu’ils les nomment (le rond peut être utilisé à la place de cercle).
D’après les programmes de 2008 (programmes en vigueur ou appliqués lors de leur année de CP voire CE1), les élèves ont appris à reconnaitre et à nommer les figures usuelles (carré, rectangle, triangle voire triangle rectangle). Ils ont pu également aborder la notion d’angle droit et certaines propriétés des figures.

Question de progression : du plan vers l’espace ou de l’espace vers le plan ?

La plupart des manuels scolaires actuels (parmi ceux fréquemment utilisés : CAP Maths CE2 Ed. 2017 ; Maths tout terrain CE2, Ed. 2016 ; Pour comprendre les mathématiques CE2 Ed. 2017 ; voir progressions en annexe a) préconisent de traiter la géométrie du plan vers l’espace. Cependant certains chercheurs, et même certaines éditions précédentes des programmes (1985) préconisent le contraire. En voici les principaux arguments détaillés par Jean-François Grellier (2004) :
– Les objets réels qui nous entourent sont des objets à 3 dimensions. En revanche les figures sont des constructions intellectuelles. Il est donc plus facile de raisonner sur les premiers que sur les seconds.
– Certaines notions, complexes dans l’espace, sont plus difficiles à acquérir quand elles sont réduites par la compréhension préalable qui en aurait été acquise dans le plan. C’est par exemple le cas avec les notions de parallélisme et d’orthogonalité.

Les programmes et nos objectifs d’apprentissages

Concernant le domaine des mathématiques, les programmes de 2015 détaillent six grandes compétences à travailler : chercher, représenter, modéliser, raisonner, calculer et communiquer.
L’enseignement de la géométrie permet de travailler la plupart de ces compétences. En effet, comme le mettent en avant les programmes de 2015, les tentatives de résolution d’une situation problème par le biais de l’observation, la manipulation, la modélisation va amener l’élève à chercher et à raisonner sur ses propres productions, celles de ses camarades ou éventuellement sur une production donnée. La verbalisation pour expliquer son raisonnement et argumenter ses productions vont conduire l’élève à construire des connaissances géométriques sous le guidage, l’étayage et le contrôle du professeur.
Aussi, nous retenons concernant notre sujet d’étude deux objectifs de connaissances et compétences du sous-domaine « espace et géométrie » à savoir :
• « Reconnaitre, nommer, décrire, reproduire, construire quelques figures géométriques »
• « Reconnaitre et utiliser les notions […] d’angle droit, d’égalité de longueurs, […] »
Ces objectifs sont associés aux connaissances et compétences suivantes : « -Décrire, reproduire des figures ou des assemblages de figures planes sur papier quadrillé ou uni.
– Utiliser la règle, le compas ou l’équerre comme instruments de tracé.
-Reconnaitre, nommer les figures usuelles.
-Reconnaitre et décrire à partir des côtés et des angles droits, un carré, un rectangle, un triangle rectangle. Les construire sur un support uni connaissant la longueur des côtés.
– Connaitre le vocabulaire approprié pour décrire les figures planes usuelles : carré, rectangle, triangle, triangle rectangle, polygone, côté, sommet, angle droit ;
– Connaitre les propriétés des angles et égalités de longueur des côtés pour les carrés et les rectangles. »
Cependant il est évident que pour la classe expérimentale de Marion, les objectifs de construction ne sont pas retenus ainsi que tout apprentissage relatif au tracé. Ces apprentissages seront travaillés ultérieurement dans sa progression.
Les programmes mettent également en avant l’importance du langage et notamment la précision du vocabulaire utilisé par le professeur et les élèves. Ils précisent aussi des types d’activités permettant l’apprentissage de connaissances dans notre domaine d’étude : « […]
Les notions de géométrie plane et les connaissances sur les figures usuelles s’acquièrent à partir de résolution de problèmes (reproduction de figures, activités de tri et de classement, description de figures, reconnaissance de figures à partir de leur description, tracés en suivant un programme de construction simple). »
Ainsi, ils proposent quelques exemples comme le jeu du portrait ou encore des problèmes de reconstruction/restauration de figures. Les activités de type « jeu de portraits » sont mises en place dans les deux classes car la seule construction de dessin géométrique (par le tracé comme par manipulation) n’est pas suffisante pour évaluer la compréhension par les élèves des propriétés géométriques mises en jeu. Les activités de restauration ne sont mises en place que dans la classe de Sarah.

Les tâches cognitives de l’élève dans la construction des connaissances

Les connaissances que l’on cherche à développer demandent aux élèves de réaliser certains processus d’abstraction. En effet, l’élève doit reconnaitre des figures : il doit identifier de façon perceptive la figure parmi un ensemble et pour cela il faut qu’il identifie les caractéristiques propres à cette figure pour la relier à celles déjà rencontrées précédemment et présentant les mêmes caractéristiques. Il en donnera le nom si ce dernier a été mémorisé pour cette catégorie. Ce type de tâche ne présente pas de difficulté notoire et est travaillée depuis la maternelle lors d’exercices de tri, regroupement, classement.
Maintenant nous souhaitons que l’enfant n’identifie plus la figure de manière globale mais grâce à des propriétés qui lui sont propres et immuables. Pour cela plusieurs prérequis sont nécessaires : il faut que l’enfant connaisse le vocabulaire mathématique et les concepts qui en découlent. Par exemple : qu’est-ce qu’un côté ? Une longueur ? Un angle droit ? Ainsi l’élève doit dans un premier temps se familiariser avec le vocabulaire et le sens mathématique de ce dernier. Nous souhaitons également que l’enfant soit capable de décrire cette figure ce qui met en jeu un autre niveau d’abstraction puisque la description d’une figure nécessite de se détacher du support réel donc de se décentrer et d’utiliser un vocabulaire adéquat pour être compris et répondre aux attentes des enseignants. Nous reviendrons plus en détail sur les activités des élèves dans le paragraphe détaillant les différentes activités retenues pour nos expériences.

Choix du matériel et description

Notre sujet « s’affranchir du tracé pour construire des compétences géométriques » nous a amenées à rechercher dans la bibliographie et les manuels scolaires un matériel répondant à plusieurs exigences. Il devait pouvoir être accessible à des élèves de cycle 2 (niveau CE2) afin de pouvoir être utilisable par tous. Les élèves devaient pouvoir s’approprier le matériel rapidement et donc celui-ci ne devait présenter aucune complexité dans son utilisation. Il devait également pour des raisons économiques ne pas présenter un investissement excessif.
Mais au-delà des aspects techniques et financiers, il était fondamental que les diverses exploitations du matériel puissent répondre à nos objectifs de compétences et connaissances que nous nous étions fixées.
Ainsi nous avons retenu le géoplan ou « planche à clous ». Ce matériel fût inventé par Caleb Gattegno (1911 – 1988), mathématicien d’origine égyptienne. Il est constitué d’une planche sur laquelle sont plantés des clous formant un ensemble de carrés isométriques. Celui utilisé est composé de 25 clous (5*5) avec des espacements de 3 cm. (Annexe b). Les clous permettent ainsi de tendre des élastiques pour former rapidement et « parfaitement » des figures en s’affranchissant ainsi du tracé.

Expérimentations et analyse à postériori

Séance 1 : Évaluation diagnostique

Dans les deux classes, la première séance a été consacrée à l’évaluation diagnostique (Annexe e). Dans la classe de Sarah elle est introduite comme étant un travail destiné à mieux savoir ce que savent déjà les enfants pour préparer le travail des séances suivantes. L’exercice 1 nécessite plusieurs reformulations de la consigne pour la rendre plus claire pour tous. Dans la classe de Marion, pour introduire cette évaluation, l’enseignante procède à un rappel en sollicitant les élèves sur ce qui avait été vu en géométrie durant la période précédente (travail sur les solides). Les élèves ont pu se remémorer ce qu’était un solide, le vocabulaire pour le décrire puis ce qu’était un patron. Cela a permis d’évoquer les formes planes et d’introduire l’évaluation diagnostique pour connaitre l’état des connaissances des élèves sur les formes planes.
Les évaluations ont été corrigées en s’appuyant sur le même barème de correction dans les deux classes (annexe f). Quatre compétences ont été évaluées :
– Reconnaitre et nommer les figures usuelles (compétence 1) ;
– Reconnaitre et décrire à partir des côtés et des angles droits, un carré, un rectangle, un triangle rectangle (compétence 2) ;
– Connaitre les propriétés des angles et égalité de longueur des côtés pour les carrés et rectangles (compétence 3) ;
– Connaitre le vocabulaire approprié pour décrire les figures planes (compétence 4).
Les élèves de CE1 de la classe de Sarah étant peu nombreux (5/23) et ayant obtenu des résultats assez similaires aux autres élèves, ils ne seront pas séparés lors de l’analyse des résultats.
Dans la classe de Sarah, les compétences 1, 3 et 4 sont acquises ou dépassé pour au moins la moitié des élèves (Figure 1 A), dans la classe de Marion, c’est le cas pour la compétence 3. On note une forte disparité entre les deux classes. La compétence 2 est celle qui pose le plus de difficultés aux élèves des deux classes.
Par ailleurs, dans la classe de Marion beaucoup d’élèves utilisent le vocabulaire des solides pour décrire les figures planes. Le mot sommet est utilisé à bon escient, mais le mot arête est utilisé à la place du mot côté (23 occurrences), le mot face est également employé à une occurrence. Dans la classe de Sarah, cet emploi du vocabulaire des solides est plus rare (1 occurrence du mot arête). Nous attribuons ce résultat à nos progressions. En effet, dans la classe de Sarah, les élèves ont travaillé sur les notions d’alignement, de milieu et d’angle droit lors de la période précédente, tandis que dans la classe de Marion ils ont travaillé sur la notion de solides.

Le parasitage du contrat didactique

Le contrat didactique tel que défini par Brousseau (1986) joue un rôle primordial dans la réponse des élèves. Ainsi ce phénomène est perçu aussi bien dans la classe de Marion que dans la classe de Sarah.
Dans la classe de Marion, lors de la séance 2, une grande partie des élèves reproduisent l’ensemble des figures sur géoplan en faisant abstraction de la consigne « à l’identique » afin de satisfaire la demande du professeur. Ce phénomène entraine un véritable débat en classe qui va pousser le professeur à intervenir en pointant l’importance du mot « identique ». Afin de prévenir cette situation et d’apporter aux élèves une validation mathématique et non magistrale, il aurait été judicieux d’utiliser un puzzle constitué de pièces à échelle du géoplan et de demander aux élèves dans un second temps de trouver une méthode permettant de valider chacune des figures reproduites (découpage des pièces du puzzle et superposition sur les figures reproduites sur papier pointé).
Dans la classe de Sarah, c’est probablement ce phénomène qui influence les réponses données par les élèves en séance 5 (évaluation formative). En donnant l’exercice, Sarah précise que toutes les définitions peuvent ne pas correspondre à une figure, qu’on peut donner plusieurs réponses pour une même figure et qu’une même figure peut correspondre à plusieurs définitions (ce qui est le cas dans la majorité des exercices de ce type donnés dans la classe). Cependant la majorité des élèves semble considérer qu’à une définition doit correspondre une et une seule définition, allant même jusqu’à se corriger quand ils constatent qu’ils ont utilisé plusieurs fois une même figure (pourtant à juste titre).

Comment différencier difficultés liées au tracé et compréhension de la propriété géométrique ?

Dans la classe de Sarah, le travail sur le tracé de figures a été réalisé principalement à la règle graduée et à l’équerre. En fin de cycle 2, ces instruments sont encore d’une utilisation complexe pour les élèves (Favrat 1991-1992, Offre et al 2006) notamment à cause de difficulté de coordination des gestes. Cela pose le problème d’évaluer la compréhension des propriétés géométriques à la seule vue du tracé produit par les élèves. En effet, Sarah a pu constater dans sa classe, qu’en interrogeant certains élèves ayant réalisé des tracés très éloignés de ce qui était attendu, ils étaient capables d’expliquer les propriétés géométriques de la figure qu’ils tentaient de reproduire. Ce phénomène était particulièrement vrai pour le tracé des angles droits dans les carrés et les rectangles. Certains élèves allant jusqu’à ajouter un symbole pour marquer des angles droits qui ne le sont manifestement pas (Figure 6). Cependant l’enseignant ne peut pas toujours interroger l’ens emble de ses élèves au moment où ils réalisent leurs tracés. Il semble donc fondamental d’associer aux activités de tracé des activités permettant de détecter les élèves ayant des difficultés de tracé mais une bonne compréhension géométrique et ceux n’ayant pas encore compris les propriétés géométriques sous-jacentes. Les activités permettant de construire les propriétés des figures et les activités de tracé sont des tâches cognitives différentes. Il pourrait être important de mettre en place des situations permettant aux enfants de faire le lien entre les deux tâches. Par exemple des situations dans lesquelles ils ont besoin de découvrir puis de recourir aux propriétés géométriques pour tracer des figures géométriques qui vont leur permettre de réaliser un objet répondant à un projet.

Les limites de notre étude

Pertinence du choix des outils et des activités

– Quelle vision géométrique est favorisée par le géoplan ?
Pour Raymond Duval et Marc Godin (2005), les instruments de manipulation tels que les pièces de puzzle, les tangrams, les pailles sont des instruments géométriques au même titre que les instruments de tracé. Cependant ils en diffèrent sur deux points essentiels : les instruments de manipulation permettent « des opérations de retournement des pièces, d’ajustement des formes des pièces, deux à deux, pour les assembler » qui sont impossibles avec les instruments de tracé, et, si « on peut superposer des pièces en les empilant […] cela ne conduit à aucune fusion visuelle des pièces superposées, comme dans une figure produite graphiquement ». Cela induit que l’utilisation d’instruments de tracé « impose des contraintes de réduction de représentation mais aussi ouvre des possibilités cognitives nouvelles pour l’exploration géométrique ». Tandis que les géoplans impliquent la manipulation d’objets matériels et permettent de traiter les figures selon leurs contours contrairement aux tracés sur la feuille qui malgré eux imposent une vision de surface. Ainsi en utilisant des élastiques identiques, un phénomène de superposition visue lle des tracés est possible. Ils sont donc à notre avis à mi-chemin entre ces deux catégories définies par les auteurs. Cela suggère qu’ils puissent permettre d’initier ce travail de rééducation des représentations mais nécessitent que le recours aux instruments de tracé vienne compléter cette initiation.
– Les situations proposées aux enfants étaient-elles des situations de type problèmes permettant de les aider à transformer la vision géométrique.
Pour Raymond Duval et Marc Godin (2005), comme pour l’équipe de Bachir Keskessa (2007) faire évoluer la vision géométrique des élèves est un travail long qui nécessite de confronter les élèves à des tâches de restauration de figures complexes avec à leur disposition des panels variables d’instruments. Ce travail n’a été que partiellement initié dans la classe de Sarah. À cela nous voyons trois raisons principales :
– Pour que les élèves progressent dans ce type de tâches il faut qu’ils y soient très souvent confrontés, ce qui était difficile à mettre en place sur une seule séquence de géométrie et en n’étant qu’à mi-temps dans la classe ;
– De même il était difficile d’avoir à disposition un choix d’instruments variés suffisamment important pour que chaque élève dispose de son propre set d’instruments, nous avons donc choisi de fabriquer les géoplans pour la classe de Marion, mais de travailler avec les instruments présents dans la classe de Sarah : doubles décimètres, gabarits d’angles droits, équerre ;
– Dans les programmes scolaires en vigueur, les attendus du cycle 2 sont très centrés sur le vocabulaire géométrique et c’est donc difficile de respecter ces attendus en travaillant vraiment sur des problèmes de restauration et de reproduction destinés à faire progresser la vision géométrique des élèves.
R. Berthelot et M.-H. Salin (1993-1994) expliquent d’ailleurs la persistance d’un enseignement par le biais de situation de recherche « déguisée » ayant uniquement pour but la transmission de savoirs sur la mise en place de situation de recherche de type a-didactique en partie par des causes institutionnelles : « L’enseignant a la responsabilité de la communication du savoir et du contrôle que ce que l’élève a appris est bien conforme à ce savoir. De plus, il est comptable de l’avancée du programme devant les instances officielles, devant les parents d’élèves et les élèves.»

Biais de comparaison : des tâches différentes dans les deux classes

Nous avions envisagé de proposer aux élèves des tâches identiques dans les deux classes, mais réalisées dans la classe de Marion par la manipulation sur géoplan, et dans la classe de Sarah par le tracé. Cependant pour des raisons liées à nos contraintes d’enseignements (Marion présente dans sa classe uniquement un jour par semaine), Marion n’a pas pu mettre en place d’activités de restauration de figure dans sa classe. En effet, le travail par manipulation est très chronophage et la séquence a pris plus de temps que nous ne l’avions envisagé. Cela entraine donc un biais si on veut comparer les acquisitions des élèves dans nos deux classes.

Biais de comparaison : des progressions différentes dans les deux classes

Les progressions que nous avons suivies pour l’enseignement de la géométrie étaient très différentes. De plus, nous avons très vite constaté qu’elles avaient un impact fort sur les productions des élèves. C’est donc un biais important dans la comparaison des deux approches que nous avons menées au cours de cette séquence : l’étude des figures planes via la manipulation et via le tracé. En effet les effets « type de progression » et « type d’approche des figures planes » se confondent. Cependant cela a permis de mettre en lumière d’autres éléments importants. Dans les deux classes nous avons pu observer une progression de tous les élèves, mais plus les élèves avaient des résultat s faibles à l’évaluation diagnostique, plus cette progression était importante. Par ailleurs, la progression suivie a influencé les connaissances les plus immédiatement disponibles pour les élèves et donc les images mentales qui étaient le support de leur réflexion. Les élèves de la classe de Marion, qui avaient travaillés sur les solides depuis le début de l’année, recourraient à des images liées aux objets sensibles et employaient spontanément le vocabulaire des solides pour décrire les figures planes. De plus le regard qu’ils portaient sur les figures géométriques était très axé sur des perceptions globales. A l’inverse les élèves de la classe de Sarah ayant travaillé sur des notions telles que les angles droits, les alignements, les milieux, ont eu plus de facilité pour employer le vocabulaire de la géométrie plane, mais également pour identifier les propriétés usuelles des figures géométriques étudiées.

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Table des matières
Sommaire
Introduction
• Présentation de la problématique du mémoire
• Conditions d’expérimentation
• Composition des classes
1. Ancrages théoriques 
a. Représentations en géométrie : figure ou dessin ?
b. Le tracé en géométrie
c. La manipulation dans le processus d’abstraction et la construction des connaissances
d. La manipulation en mathématique
2. Analyse à priori 
a. État des connaissances attendues chez des élèves de cycle 2
b. Question de progression : du plan vers l’espace ou de l’espace vers le plan ?
c. Les programmes et nos objectifs d’apprentissages
d. Les tâches cognitives de l’élève dans la construction des connaissances
e. Choix du matériel et description
f. Choix des tâches et analyse des procédures de réalisation
• La reproduction et la restauration
• Le tri et la description
• La production
g. Les prérequis
3. Expérimentations et analyse à postériori 
a. Séance 1 : Évaluation diagnostique
b. La classe « témoin » (classe de Sarah) (Annexes c et g)
• Séance 2 tri de figure
• Séance 3 : les polygones
• Séance 4 : les polygones et les carrés
• Séance 5 : évaluation formative et manipulation de l’équerre
• Séance 6 : rectangles, triangles et triangles rectangles
c. La classe « manipulation » (classe de Marion, annexes h)
• Séance 2 « Le puzzle » (annexe h.2)
• Séance 3 « Élastiques contre pailles » (annexe h.3)
• Séance 4 « Le plus de … » (annexe h.4)
• Séance 5 : les angles droits (annexe h.5)
• Séance 6 : Évaluation formative/bilan de fin de période (annexe h.6)
d. Évaluation sommative
4. Bilan
a. L’impact de la progression sur les procédures des élèves
b. Le parasitage du contrat didactique
c. Comment différencier difficultés liées au tracé et compréhension de la propriété géométrique ?
d. Les limites de notre étude
• Pertinence du choix des outils et des activités
• Biais de comparaison : des tâches différentes dans les deux classes
• Biais de comparaison : des progressions différentes dans les deux classes
Conclusion
Bibliographie
a. Ressources bibliographiques
b. Ressources utilisées pour la construction des documents élèves
Annexes 
a. Progressions de manuels scolaires actuels
b. Le Géoplan
c. Déroulement des séquences
• Sarah
• Marion
d. Fiches de préparation
• Sarah
• Marion
e. Évaluations diagnostiques et sommatives
• Supports utilisés pour les deux évaluations
• Résultats dans la classe de Sarah
• Résultats dans la classe de Marion
f. Barème de correction des évaluations
g. Supports utilisés et travaux d’élèves dans la classe de Sarah
• g.1. Tri de figures
• g.2. Tri de figures et polygones
• g.3. Polygones et carrés
• g.4. Jeu de portrait et angles droits
• g.5. Les rectangles et les triangles
h. Supports utilisés et travaux d’élèves dans la classe manipulation
• h.1 : Le papier pointé
• h.2 : Séance 2 : Le puzzle
• h.3 : Séance 3 : Élastiques contre pailles
• h.4 : Séance 4 : Le plus de
• h.5 : Séance 5 : Les angles droits
• h.6 : Séance 6 : Évaluation formative
• h.7 Séance 7

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