Chocs de change, dynamique des prix et conduite de la politique monétaire

Théorie du triangle d’incompatibilité

La théorie du triangle d’incompatibilité préconise le fondement des objectifs économiques simultanément sur deux dimensions de la politique économique (Obstfeld et al., 2003) . Pourtant, les trois dimensions sont primordiales et essentielles. En d’autres termes, la trinité impossible stipule que les autorités monétaires sont contraintes à poursuivre la réalisation de deux objectifs, choisis parmi les trois objectifs suivants :
✦ L’adoption d’un régime de change fixe dans le but de préserver la compétitivité et la valeur externe et interne de la monnaie.
✦ L’intégration dans les marchés internationaux des capitaux dominés par la mobilité des flux des capitaux. Cette intégration est essentielle pour la flexibilité de l’économie.
✦ La conduite d’une politique monétaire indépendante afin de réaliser l’objectif de stabilisation de la croissance réelle .

À l’image de la théorie bipolaire , la théorie de la trinité impossible renforce l’idée que le flottement pur et le régime de change fixe constituent les seules options de change compatibles avec le nouveau paysage monétaire. Pourtant, un courant imposant de la littérature soutient la viabilité et l’efficacité des régimes de change intermédiaires, notamment pour les pays émergents {Eichengreen (1998), Calvo et Reinhart (2000) et Williamson (2001)}. D’ailleurs, la classification officielle du FMI présente quatre types de régimes de change intermédiaires .

Les différentes combinaisons proposées par la trinité impossible sont présentées ci après.

1ère Combinaison : régime de change fixe, contrôle des capitaux et indépendance de la politique monétaire 

La littérature économique soutient que la stabilité du taux de change est incompatible avec la conduite d’une politique monétaire indépendante orientée vers un objectif de croissance économique stable. Étant donné que le taux de change réel est une fonction des prix domestiques et étrangers et sachant que les changements de l’offre de monnaie agissent directement sur les prix domestiques (théorie quantitative de la monnaie, Fisher, 1911), les fluctuations du taux de change réel deviennent inévitables. Toutefois, le modèle MundellFleming montre que, combinée avec les contrôles des flux des capitaux, cette option peut être envisagée à long terme, à condition que les autorités monétaires adoptent une politique monétaire de ciblage de l’inflation. En pratique, cette option est difficile dans la mesure où l’équilibre du compte courant requiert la libéralisation des flux des capitaux.

2ème Combinaison : régime de change fixe, libéralisation des capitaux et dépendance de la politique monétaire 

Cette option implique que la politique monétaire n’est plus en mesure d’agir sur les variables économiques telles que la production réelle et le chômage en raison de la perte des instruments d’ajustement des effets des chocs exogènes et endogènes . De plus, elle peut être coûteuse pour l’économie, en particulier pour le système financier qui est privé du prêteur du dernier ressort . Toutefois, l’étendu des coûts de la perte de l’indépendance de la politique monétaire dépend de la nature des chocs réels, du degré de la mobilité des facteurs de production (travail) et de l’usage effectif de l’indépendance de la politique monétaire (Panizza et al., 2003). En effet, si les autorités monétaires pratiquent de facto la «peur du flottement» de Calvo et Reinhart (2000), la perte de l’autonomie de la politique monétaire n’est pas indéniable .

Le maintien de cette option requiert de larges réserves de change afin de défendre le rattachement fixe du taux de change. Cette combinaison décrit concrètement une zone monétaire optimale : taux de change fixe, ouverture financière et dépendance de la politique monétaire. La Jordanie adopte cette combinaison. Les économistes du FMI (2007 c) affirment que les autorités jordaniennes attribuent l’ajustement et la stabilité macroéconomique à la politique fiscale.

3ème Combinaison : choix libéral : régime de change flottant, libéralisation des capitaux et indépendance de la politique monétaire

La dernière option du triangle incompatible consiste en une libéralisation totale de l’économie. Elle repose sur le flottement libre et propre du taux de change, la libéralisation des flux des capitaux et l’indépendance de la politique monétaire. En pratique, cette option est réalisable et correspond aux recommandations et orientations économiques libérales du FMI. Cependant, en réalité, afin de contenir les volatilités du taux de change dont l’impact peut être déstabilisateur pour l’économie, les autorités monétaires pratiquent le flottement avec différents degrés d’administration .

Typologie des régimes de politique monétaire 

Le choix approprié de politique monétaire a toujours ravivé les polémiques. Habituellement, les controverses portent notamment sur les questions suivantes :
• L’indépendance et la responsabilité politique de la Banque Centrale.
• Le choix de l’objectif final, notamment la mise en place d’une hiérarchie entre l’objectif d’inflation et l’objectif de plein emploi.
• Le choix de la cible intermédiaire parmi les agrégats monétaires, le taux de change et les prévisions de l’inflation.
• La forme appropriée de la fonction de réaction de la Banque Centrale.

En accord avec les conditions économiques spécifiques de chaque pays, les autorités monétaires optent pour le régime de politique monétaire capable de contenir les prix et de maintenir une croissance économique stable et soutenue. Le régime de politique monétaire s’articule autour des contraintes imposées par les différentes institutions et limitant le pouvoir des autorités monétaires d’influencer l’évolution des agrégats macroéconomiques (Bordo et Schwartz, 1995). Selon Stone et Bhundia (2004), les différents régimes monétaires peuvent être définis et classés sur la base de deux critères : le choix de l’ancrage nominal et la transparence de l’engagement des autorités monétaires envers cet ancrage.

Un ancrage nominal est une variable nominale officiellement annoncée par les autorités monétaires. Elle représente une cible à atteindre au titre de l’objectif intermédiaire de la politique monétaire. Le choix de l’ancrage nominal peut porter sur les variables suivantes : le métal or ou argent, une monnaie étrangère forte et stable, une monnaie commune dans le cas d’une union monétaire, une cible monétaire (telle que les agrégats monétaires), une parité cible du taux de change, une cible d’inflation…

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Table des matières

Introduction
Première partie : Le choix d’un régime monétaire et de change; et dynamique de l’inflation : une analyse comparative des économies du groupe d’Agadir
CHAPITRE I : LE CHOIX D’UN RÉGIME MONÉTAIRE
1. Revue de la littérature
1.1. Théorie du triangle d’incompatibilité
1.2. Typologie des régimes de politique monétaire
1.2.1. Régime de politique monétaire non autonome
1.2.2. Régime d’ancrage monétaire
1.2.3. Régime d’ancrage du taux de change
1.2.4. Régime de ciblage ferme de l’inflation
1.2.5. Régime d’ancrage implicite de la stabilité des prix
1.2.6. Régime de ciblage lâche de l’inflation
2. Politiques monétaires des pays de l’accord d’Agadir
2.1. Accord d’Agadir et Présentation générale des pays signataires
2.2. Classification des politiques monétaires des pays du groupe d’Agadir
2.3. Description des politiques monétaires des pays du groupe d’Agadir
2.3.1. Politique monétaire en Égypte
2.3.2. Politique monétaire en Jordanie
2.3.3. Politique monétaire au Maroc
2.3.4. Politique monétaire en Tunisie
3. Régimes de change de facto des pays du groupe d’Agadir
CHAPITRE II : MONNAIE, TAUX DE CHANGE ET INFLATION DANS LES PAYS
DU GROUPE D’AGADIR
1. Étude analytique de la relation entre le taux de change nominal et les cibles
intermédiaires et finales de la politique monétaire
2. Dynamique et persistance de l’inflation; et ajustement des effets inflationnistes des
chocs : approche de Gerlach et Gerlach-Kristen (2006)
3. Pouvoir de transmission du taux de change nominal aux prix et ajustement des effets inflationnistes des chocs
3.1. Pouvoir de transmission du taux de change nominal : définition et revue de la
littérature
3.2. Modèle d’estimation de la transmission du taux de change nominal aux prix du FMI (2007 f)
3.3. Approche d’Edwards (2006)
3.4. Application du modèle d’Edwards (2006) aux pays du groupe d’Agadir
Deuxième partie : Analyse des chocs et politique monétaire dans deux pays membres de l’accord d’Agadir : la Tunisie et la Jordanie
CHAPITRE III : RÉGIME MONÉTAIRE DE LA TUNISIE
APPROFONDISSEMENT ET APPROCHE TRIDIMENSIONNELLE
1. Caractéristiques et perspectives d’avenir de la politique monétaire en Tunisie
1.1. Les conditions d’une politique d’ancrage monétaire
1.2. Relation monétariste entre l’offre de monnaie et les prix en Tunisie
1.3. Les différentes options de politique monétaire en Tunisie : discussion et
recommandations
1.4. Vérification des conditions d’une politique de ciblage de l’inflation en Tunisie
2. Politique de gestion du compte de capital en Tunisie
3. Politique de change en Tunisie
4. Conduite implicite d’une politique d’ancrage souple généralisé en Tunisie
5. Nouveau paysage monétaire de la Tunisie : transition, progrès et réalisations
5.1. Le relâchement de la règle du taux de change effectif réel constant (TCERC)
5.2. Le développement des marchés monétaires et financiers
5.3. La prévision de la conjoncture
Conclusion

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