CHANSONS FRANCOPHONES ET INTERCULTURALITÉ

Rapport identité et appartenance

     L’identité est par essence, un système dynamique. Elle est en construction sans interruption en gardant une organisation stable comme le dit Abdallah Pretceille : « l’identité n’est pas une donnée, elle n’est pas figée et sculptée dans le marbre comme le suggère des formules comme « garder son identité », « retrouver ses origines », « sauvegarder ses origines ». Elle est en construction permanente, elle est potentielle, créatrice, donc métamorphose ». Pour Tajfel & Turner, « l’identité est constituée par les aspects de l’image de soi d’un individu qui dérivent des catégories sociales auxquelles il voit qu’il appartient »8 Effectivement, une identité sans l’autre n’est pas possible. Vue comme un ensemble dynamique, l’identité permet aux individus de se définir et d’interagir comme des acteurs sociaux mais de reconnaître que les autres ont aussi une identité. Pour Rodrigo Alsina (1999)9 l’identité est divisée en l’identité personnelle ou individuelle qui est un produit de la culture qui donne une existence unitaire et l’identité sociale et culturelle qui se base sur le sens d’appartenance à une ou plusieurs communautés (sociétés) ayant des caractéristiques déterminées qui donnent l’existence groupale. Abdallah Pretceille (1996) parle d’une « relation à l’autre comme communication entre acteurs sociaux qui manifestent dans un contexte situationnel spécifique les indices d’une appartenance culturelle. »10 Continuant sur cette même ligne, Rodrigo Alsina (1999), affirme que dans l’enseignement des langues, les identités jouent un rôle très important dans la formation individuelle et sociale car elles s’affirment ou se distinguent des autres, les identités changent et invitent à la reconstruction à partir de l’interaction avec l’autrui par rapport aux rôles sociaux. De ce fait, les langues permettent aussi d’attribuer une identité à une personne. La notion d’appartenance locale ou sociale, la ou les langues contribuent à remplir la liste des supports d’identification. Finalement, Pour Abdallah Pretceille (1996)11, être en contact avec la diversité culturelle n’est pas perdre l’identité. Au contraire, c’est exercer la solidarité en la reconstruisant. Ainsi, à partir de ces auteurs, l’identité est conçue comme le résultat de multiples constructions que, comme la culture, évoluent et se recomposent, elles sont dynamiques.

La notion de « langue »

     La langue est un des éléments essentiels de notre recherche. Elle s’établit entre l’homme et le monde comme moyen de connaissance du monde. Humbolt soulignait déjà au début du XIXè siècle qu’à travers toute langue se profile « une vision du monde particulière »16, propre aux individus appartenant à la nation qui la parle. En effet, parler de vision du monde, c’est parler de représentation que l’individu se forge sur la base d’une langue transmise dans une durée historique et investie d’une valeur de patrimoine national. Il est, par exemple, difficile de rendre en français l’expression « tratry ny taona », utilisée entre les Malagasy pour se féliciter d’être encore en bonne santé à chaque nouvel an. D’une part, la langue est un puissant moyen de cohésion dans un groupe. Comme composante de la problématique identitaire, nous considérons qu’elle constitue un substrat représentatif d’une expérience commune, d’un vécu commun. La langue est « un instrument de communication selon lequel l’expérience humaine s’analyse différemment dans chaque communauté » Pour Saussure: « Le langage a un côté individuel et a un côté social et l’on ne peut concevoir l’un sans l’autre » 18. Il est donc nécessaire de tenir compte de ces deux aspects, les liens langue et diversité sociale et culturelle L’individu vivant dans une communauté particulière utilise, pour communiquer, la langue de son groupe, langue dont les unités constituées de mots spécifiques sont aptes à reproduire et à perpétuer un système particulier de pensée car ils sont représentatifs d’une vision particulière du monde, de sa communauté propre et des relations que cette communauté entretient avec le monde « Les mots sont issus des discours : ils ne sont pas engrangés à l’intérieur de l’esprit dans un état d’isolement et d’unicité sémantique » . Les mots qui composent une langue ne sont donc pas des unités isolées mais résultent de schémas interactionnistes qui leur confèrent certaines particularités comme leur polysémie ou le nombre de leurs synonymes, ce nombre variant selon les langues.

La communication et les représentations

     Pour Moscovici, les individus trouvent dans les représentations « un code pour leurs échanges et « un code pour nommer et classer de manière univoque les parties de leur monde, de leur histoire individuelle et collective». Il y a donc un apport réciproque des représentations aux communications et des communications aux représentations. C’est au sein de la communication, dans ses différentes formes sociales, interindividuelle, intergroupale ou médiatique, que vont pouvoir se constituer les représentations ainsi qu’une pensée consensuelle propre à une société donnée. Celles-ci vont contribuer à déterminer les contours de la pensée sociale, à actualiser des connaissances spécifiques et, en sous-tendant les interactions des individus, orienter leurs conduites. Le parcours de l’information à l’intérieur des groupes revêt donc une importance considérable dans la détermination des représentations sociales qui peuvent alors dépendre des écueils rencontrés. Des facteurs émotionnels peuvent préfigurer une représentation particulière de certains faits dans des situations collectives porteuses d’anxiété ou d’insécurité. C’est le cas notamment des rumeurs collectives comme ce fut le cas à Orléans dans les années 1970. L’importance de la communication dans la transmission des représentations culturelles a été soulignée dans le domaine de l’anthropologie par D. Sperber : « Une représentation publique est généralement un moyen de communication entre un producteur et un utilisateur distincts l’un de l’autre, [… ]. Les représentations mentales sont communiquées, c’est-à-dire amènent leur utilisateur à produire une représentation publique qui à son tour amène un autre individu à construire une représentation mentale»28. Nous considérons que cette observation est pertinente pour l’ensemble des travaux relatifs aux représentations en sciences humaines car la communication est un moteur essentiel des phénomènes représentatifs.

L’identité insulaire et la mondialisation

     L’insularité est le caractère d’un espace ou d’un territoire confiné sur une ou plusieurs îles. Cette spécificité donne aux populations qui y vivent des caractéristiques particulières liées à la limite géographique et aux contraintes géopolitiques. Cet isolement considéré pendant longtemps comme symbole de l’enfermement. Mais le tourisme a pu modifier cette image. On le considère désormais comme un atout : ces lieux exercent une attirance et une fascination sur les continentaux. En outre, nous assistons actuellement à l’apogée de la Nouvelle Technologie de Communication et d’Information (NTIC), un élément de la mondialisation qui a complètement transformé l’ancienne image des insulaires. Les natifs reçoivent les mêmes informations que le monde entier au même moment, à temps réel. C’est le cas de Madagascar : le fait d’être une île n’affecte en aucun cas le contact des Malagasy avec le reste du monde grâce au tourisme mais aussi à la NTIC. La psychologie propose une approche de la vie insulaire qui donnent un sens aux pratiques individuelles et sociales, de même qu’à l’environnement physique où elles prennent place. La prise en compte de ces pratiques est pour l’individu le signe de son intégration, de son appartenance à une société. Elle marque par là même sa distinction par rapport à l’Autre, celui qui vient d’ailleurs, dont le système de représentation est différent. A ce propos, il est intéressant de noter que l’unité culturelle qui en résulte, qui fait que des individus se reconnaissent du même groupe, ne correspond pas nécessairement à l’unité spatiale qu’est l’Ile. Celle-ci ne conduit pas obligatoirement à « une culture uniforme », si on peut dire. Il n’y a pas en la matière de déterminisme géographique : l’espace culturel des îles, même des plus petites, est différencié. Cela ne signifie pas, pour autant, qu’il ne puisse exister d’identité insulaire. Si on considère l’exemple de Madagascar, il apparaît en effet que l’élaboration d’une identité insulaire peut passer par le regard de l’Autre, du non-insulaire qui « colonise » le, politiquement ou autrement. En réaction à cette intrusion, s’édifierait et se déploierait une culture insulaire unificatrice. L’identité insulaire ainsi revendiquée serait une manière de mobiliser, à l’occasion politiquement, les insulaires contre 1′ « intrus». Il y aurait dans ce contexte un insularisme comme il y a des régionalismes et des nationalismes. L’identité insulaire procéderait donc d’une relation entre l’autochtone et l’étranger, une relation où, par un jeu de miroirs souvent déformants, une image est créée afin d’influencer ce dernier, de se positionner par rapport à lui, etc. Cette identité, en tant que construction imaginaire, renvoie en fait moins à une réalité qu’à une virtualité. Elle traduit en l’occurrence un projet politique et culturel.

Utilité des documents authentiques

       Un document authentique est celui qui n’a pas été créé à des fins pédagogiques. Par opposition aux supports didactiques, rédigés en fonction de critères linguistiques et pédagogiques divers, les documents authentiques sont des documents « bruts », élaborés par des francophones pour des francophones à des fins de communication. Ce sont des énoncés produits dans des situations réelles de communication et non en vue de l’apprentissage d’une seconde langue. Les documents authentiques, par définition, sont ceux auxquels seront confrontés les apprenants dans le monde francophone leur permettant ainsi d’avoir un contact direct avec l’utilisation réelle de la langue. Ces documents appartiennent à un éventail étendu de situations de communication et de messages écrits, oraux et la variété de documents est d’une telle richesse qu’il n’est pas possible de les énumérer tous mais en voilà quelques exemples : menus de restaurants, dépliants touristiques, horaires de train, fiches d’inscriptions, cartes, documents médiatiques écrits, sonores et télévisés, photos, tableaux, films et chansons. On pourrait dire quřil est inutile d’utiliser des documents authentiques dans l’enseignement car il existe sur le marché de nombreuses méthodes d’enseignement, méthodes développées par des spécialistes en didactique et des personnes ayant des années d’expérience sur le terrain. Mais le professeur peut avoir recours à d’autres méthodes comme utiliser des documents authentiques. Les documents authentiques ancrent l’apprentissage dans la vie réelle, celle de la langue cible et celle des apprenants. Ces documents permettent d’unir l’enseignement de la langue et de la civilisation et « de régler ainsi un épineux problème de la didactique des langues »53. En prise sur la réalité et sur des modes de vie et de pensée, les documents authentiques sont une grande source de motivation, mais ont également une valeur de récompense, car l’apprenant peut avoir le plaisir de constater l’aboutissement de ses efforts et de son apprentissage : « comprendre la langue de l’autre ».

La chanson, motivation et plaisir

     Michel Boiron (2006b : 36) parie qu’un adolescent apprendra plus rapidement le code de la route en vue de conduire que le vocabulaire français en vue d’apprendre la langue. La raison en est que « la motivation est déterminante dans l’apprentissage » et pour la plupart des élèves le français n’est pas une langue mais une matière scolaire. Il ajoute que si cette motivation n’existe pas c’est au professeur de l’inventer avec un enseignement original, inventif, novateur, dynamique pour que le français soit considéré comme un atout, une chance indéniable. La motivation, qui recouvre des éléments cognitifs et affectifs, apparaît dans l’apprentissage des langues comme un paramètre déterminant de la réussite. La motivation ne peut se résoudre en termes de recettes. Cependant, la motivation interne, «liée au plaisir d’apprendre » sert de support à l’attention et à la mise en mémoire de connaissances nouvelles (Le Roux, 2008). « La motivation intrinsèque signifie que l’on pratique une activité pour le plaisir et la satisfaction que l’on en retire ». Les méthodes pour enfants ou jeunes adolescents, dans une classe de FLE contiennent souvent des chansons. A titre d’exemple, regardons Alex et Zoé (Clé International), pour les enfants et Adosphère (Hachette) qui s’adresse aux jeunes adolescents : pour ces méthodes, chaque unité contient une chanson, soit une chanson qui fait partie de la culture commune, soit une chanson créée spécialement pour la méthode. Ce qui n’est pas le cas des manuels scolaires utilisés dans les lycées. D’où l’exploitation de la chanson dans un autre angle vu qu’elle est un moyen ludique, motivant et original pour les jeunes comme les moins jeunes, car « elle est langue, elle est culture, elle est plaisir et elle peut être un moyen pédagogique (Calvet,1980 :20).

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Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
PREMIERE PARTIE : CADRAGE CONCEPTUEL
CHAPITRE 1 : IDENTITÉ CULTURELLE
CHAPITRE 2 : LA REPRESENTATION SOCIALE
CHAPITRE 3 : LA PLACE DE LA FRANCOPHONIE FACE A LA MONDIALISATION
CHAPITRE 4 : LA CHANSON : UNE EXPRESSION ARTISTIQUE
CHAPITRE 5 : L’APPRENTISSAGE DANS LE DOMAINE PARASCOLAIRE
DEUXIÈME PARTIE : L’IDENTITÉ CULTURELLE DES JEUNES, MEMBRES DES ASSOCIATIONS PARASCOLAIRES AU LYCÉE
CHAPITRE 7 : DEFINITION DE L’ETUDE
CHAPITRE 8 : ANALYSE DES REPRESENTATIONS CULTURELLES A TRAVERS LE REGARD SUR SOI ET LES AUTRES
TROISIЀME PARTIE : LA MISE EN ROUTE ET LA MISE EN ŒUVRE DE L’APPRENTISSAGE CULTUREL A TRAVERS LA CHANSON
CHAPITRE 9 : Présentation du programme scolaire malagasy
CHAPITRE 10: L’organisation de l’enseignement de la culture en milieu bilingue
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

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