Changements climatiques et stratégies paysannes d’adaptation

Les changements climatiques : impacts sur la population agricole et tendances évolutives

La convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques entend par changement climatique « des changements du climat qui sont attribués directement ou indirectement à une activité humaine, qui modifient la composition de l’atmosphèr e globale et qui viennent s’ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au cours de périodes comparables ».Les changements climatiques désignent ainsi une variation statistiquement significative de l’état moyen du climat ou de sa variabilité, per sistant pendant de longues périodes(généralement pendant des décennies ou plus).Ainsi définis, les changements climatiques affectent sérieusement la disponibilité des ressources naturelles telles que l’eau qui laisse de graves impacts sur l’agriculture et les populations. Au Bénin, il a été observé ces dernières années une perturbation du cycle global de l’eau. En effet, depuis la fin des années 1960, des perturbations climatiques sont intervenues et se sont manifestées par une réduction d’amplitude annuel le moyenne des hauteurs totales des pluies de 180mm. On a noté une intensification des sécheresses qui se sont produites pendant la même période, notamment dans les années 1970 et 1980(MEPN, 2008). Par ailleurs, les pluies du début de saison pluvieuse sont violentes, atteignant fréquemment une intensité supérieure à 100mm/h ce qui favorise l’inondation et l’érosion sur les sols mal protégés.
Les secteurs les plus affectés par les changements climatiques sont ceux des ressources en eau, de l’énergie, des zones côtières, de la santé, de l’agriculture et de la foresterie.
Dans la région septentrionale du pays, les données climatologiques enregistrées sur 40ans et l’application des modèles pertinents d’analyse des changements climatiques montrent une tendance à la baisse de la pluviométrie annuelle. De plus, le mode de répartition des pluies évolue vers le retard des événements pluvieux et le raccourcissement de l’unique saison pluvieuse qui caractérise normalement la région. Ce qui détermine l’allongement de la période sèche et la violence des pluies. Il faut ajouter que dans le sud du pays, excepté la zone côtière où la tendance est l’accroissement de la pluviométrie, l’on assiste également à un déficit et un raccourcissement de la seconde saison pluvieuse ; ce qui provoque une réduction des rendements agricoles et une diminution du taux de renouvellement de la couverture végétale.
Le changement climatique a eu d’énormes impacts sur le secteur de l’agriculture. Les paramètres agro climatiques présentent de particularités contraignantes pour l’agriculture surtout dans le sud-ouest et l’extrême nord qui connaissent parfois de grandes sécheresses (MEPN, 2007).
Les impacts directs des changements climatiques sur l’agriculture portent sur les comportements des cultures, les modifications pédologiques et les baisses de rendements. Au niveau des cultures s’observent des phénomènes de raccourcissement des cycles végétatifs et de floraison précoce, dus à l’élévation de la température. Par ailleurs, sous l’effet répété des récessions et perturbation pluviométriques, les rendements agricoles seront gravement affectés. Les prévisions faites sur la productivité agricole seront complètement faussées et des risques d’insécurité alimentaire seront élevés. Les travaux de Agbossou et Akponikpè (1999), cité par MEPN (2007) ont montré que les variations dans le bilan hydrique ne compromettent pas encore dangereusement le bouclage du cycle du mais, la plante alimentaire la plus cultivée dans le pays. Mais si le rythme des variations pers iste, la production nationale de mais sera hypothéquée. Déjà, durant la sécheresse exceptionnelle des années 70 où le département du zou a été très affecté, le mais est apparu comme la culture la plus vulnérable avant le niébé, le rendement moyen par département ayant été réduit de 50%.Le manioc et l’igname cependant n’ont pas souffert de la sécheresse. Le pays était largement autosuffisant jusque dans les années 80. Le bilan alimentaire national établi par le Ministère en charge de l’agriculture pour l’année 2003, montre qu’à l’exception du riz encore peu cultivé dans le pays, le bilan alimentaire du Bénin moyen demeure globalement satisfaisant. Cependant , de grandes disparités sont apparues entre les départements, avec des défis alimentaires plus ou moins importants au niveau des régions les plus soumises aux variations climatiques, notamment les départements du nord ouest, du centre et du sud.

Les facteurs de risque de l’environnement du paysan

Beaucoup d’auteurs ont tenté de faire l’inventaire des facteurs de risque de l’environnement du paysan :
Boehlje et Eidman (1984), cité par Sènahoun (1994) répartissent les risques agricoles en deux groupes : les « Business risk » et les risques financiers (Financial risk). Selon eux, les « Business risk » comprennent les risques de variation des prix et les risques de variations de la production. Ces derniers (risques de variation de la production) sont les plus importants dans un pays comme le Bénin où l’agriculture est largement dépendante de la météorologie. Les facteurs de variation de la production sont des facteurs climatiques, des facteurs biologiques…etc.
Les risques financiers sont liés à la variation des taux d’intérêt et à la non disponibilité du crédit.
Kay (1981), cité par Sènahoun (1994) distingue quant à lui cinq catégories de sources de risque :
– les risques techniques et de production. – Les risques de variation de prix – Les risques financiers – Les politiques du gouvernement – Les individus
Dans sa thèse récente, Huijsman (1986), cité par Sènahoun (1994) affirme que l’incertitude
dans la prise de décision du ménage agricole provient de de ux types de facteurs : les facteurs
aléatoires environnementaux (qui regroupe les facteurs physiques et les prix) et le comportement des autres preneurs de décision.
Aken Ova (1988) cité par Sènahoun (1994) répartit lui les facteurs de risque en acte de Dieu (Act of God) et actes de l’homme (Act of men). Dans cette classification, le vol, l’incendie sont des exemples d’actes de l’homme alors que la variation pluviométrique est un exemple d’ « Act of God »
Enfin, Mahawonken, cité par Sènahoun (1994), dans un article présenté au séminaire sur « la gestion du risque et l’administration de l’assurance agricole au Nigéria » a distingué:
– les risques naturels – les risques sociaux – les risques économiques et – les risques personnels (personal risks)… Malgré la variation de forme de ces typologies, elles effectuent toutes la classification des mêmes risques. Les différences ne proviennent de la précision que chacun a voulu mettre dans sa typologie.Beaucoup d’auteurs ont mis l’accent sur l’importance du risque cl imatique dans une agriculture de subsistance comme celle du Bénin.
Pour Schweigman (1985), cité par Sènahoun (1994), l’une des principales causes de variation des rendements dans une agriculture non irriguée est la variation pluviométrique. Par ailleurs de nombreuses études statistiques qui se sont attachées à relier les rendements des principales cultures vivrières sahéliennes (mils, sorgho, arachide, niébé) aux pluviosités annuelles reçues, font en général état d’une assez bonne corrélation entre ces grandeurs (SNIJDERS,1986 ;SICOT ,1989 ; GROVZIS et ALBERGEL ,1989)1.
Selon une enquête effectuée par OGOU (1993) dans le département du Borgou au nord du pays, le climat et les oiseaux sont les principaux facteurs incertains susceptibles de modifier la production (100% de l’échantillon). Ensuite viennent par ordre d’importance la disponibilité monétaire, le prix des produits, la maladie et les insectes. Ainsi, les « Business risk » (selon Boehlje et Eidman) sont les plus importants pour les paysans du Bo rgou.
En raison de la similitude des conditions de production (agriculture dépendante de la pluviométrie, niveau des techniques de production) nous pensons que les risques identifiés au Borgou auront également une importance dans le Centre -Bénin.

 Les Stratégies paysannes d’adaptation

La faiblesse ou l’échec de très nombreuses opérations de développement s’explique en partie, par une méconnaissance ou une sous – estimation de la capacité des producteurs à développer des stratégies différenciées selon les groupes et les milieux, et tenant compte, le plus souvent, des contraintes et des objectifs de type multidimensionnel (Yung et Za slavsky, 1992). Dans la plupart des régions tropicales, les producteurs sont de plus en plus confrontés au besoin urgent d’adapter leurs systèmes de cultures aux circonstances changeantes qu’ils traversent. Le changement technologique et institutionnel est nécessaire pour faire face : à la croissance de la population, la baisse de la fertilité des sols, le c hangement des climats, des marchés, des prix, des demandes et besoins (Haverkort et al, 1988).
Depuis les premières étapes de l’agriculture, les producte urs ont été actifs dans le développement des technologies pour la production, la transforma tion et le stockage d’aliments. Les producteurs découvrirent, sélectionnèrent et domestiquèrent toutes les majeures cultures vivrières et les animaux. A travers leurs activités innovatrices, plusieurs différents systèmes de cultures émergent, s’adaptant au x conditions locales et ressources disponibles (Haverkort et al, op. cit). Rhoades en 1988 a conclu que les producteurs aussi bien que les scientifiques suivent les étapes de : formulation d’un problème, formulation d’hypothèses testables, test des hypothèses de façon empirique et la validation ou l’invalidation des hypothèses.
En milieu rural, les fluctuations des revenus des ménages sont particulièrement marquées en raison de la volatilité importante des prix agricoles et des aléas climatiques. A l’instar de Lamark qui, parlant des capacités adaptatives de l’homme à son milieu de vie, avance que « la fonction crée l’organe », les paysans développent des stratégies de survie et d’amélioration du bien-être. Yung et Zaslavsky en 1992 définissent les stratégies des acteurs comme « …l’ensemble de combinaisons plus ou moins structurées de réponses élaborées des acteurs pour faire face aux défis auxquels ils se trouvent confronter ou qu’ils s’assignent (objectifs) ». On peut donc dire dans le cadre des changements climatiques que l’adaptation est le changement de procédures, de pratiques et de structures visant à limiter ou effacer les dommages potentiels ou à tirer bénéfice des opportunités créées par les changements climatiques.

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Table des matières

CERTIFICATION
DEDICACES
REMERCIEMENTS
RESUME
Listes des sigles
Liste des photos
Liste des tableaux
Listes des figures
Listes des graphiques
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION
1.1. Introduction générale
1.2. Problématique et justification
1.3. Objectifs et Hypothèses de la recherche
CHAPITRE 2 : CADRES CONCEPTUEL ET ANALYTIQUE
2.1. Le cadre conceptuel de l’étude
2.1.1. La perception
2.1.2. Les Savoirs locaux
2.1.3 Changements climatiques et stratégies paysannes d’adaptation
2.1.3.1 Les changements climatiques : impacts sur la population agricole et tendances évolutives
2.1.3.2. Les facteurs de risque de l’environnement du paysan
2.1.3.3 Les Stratégies paysannes d’adaptation
2.1.4. L’innovation technique et sa mise en œuvre par les paysans
2.1.5 Vulnérabilité des modes et moyens d’existence due aux changements climatiques
2.2.1. Approche d’analyse de la perception
2.2.2. Approche d’analyse des moyens d’existence durable
2.2.3. Approche d’analyse retenue pour l’étude
CHAPITRE 3 : GENERALITES SUR LA ZONE D’ETUDE ET CARACTERISTIQUES SOCIO ECONOMIQUES ET DEMOGRAPHIQUE DES PERSONNES ENQUETEES
3.1. Cadre physique
3.1.1. Situation géographique
3.1.2. Climat
3.1.3. Relief
3.1.4. Sols
3.1.5. Réseau hydrographique
3.1.6. Végétation
3.2- Cadre humain
3.2.1. Population
3.2.2. Religions
3.3. Présentation des deux villages d’étude et caractéristiques socio – économiques des enquêtés
3.3.1. Présentation sommaire des deux villages d’étude
3.3.2. Caractéristiques socio-économiques et démographiques de l’échantillon enquêté
CHAPITRE 4 : LA METHODOLOGIE DE L’ETUDE
4.1. Introduction
4.2. La revue documentaire
4.3. Choix de la zone d’étude
4.4- La phase exploratoire
4.4.1- Choix des villages d’étude et de la population opérationnelle
4.4.2- Unité d’observation et échantillonnage
4.5- La phase d’étude approfondie
4.5.1- Etude de terrain
4.5.2 – La phase de traitement des données, d’analyse et d’interprétation des résultats obtenus
CHAPITRE 5 : PERCEPTIONS PAYSANNES DE L’EVOLUTION DU CLIMAT DANS LES DEUX ZONES D’ETUDE, IDENTIFICATION DES INDICATEURS DE S CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET ANALYSE DES TENDANCES CLIMATIQUES
5.1. Perceptions Socio-Anthropologiques de l’évolution du climat dans les deux villages d’étude
5.1.1. Perceptions paysannes des changements pluviométriques
5.1.2. Perceptions paysannes des changements thermiques et solaires
5.1.3. Perceptions paysannes des changements du vent
5.2. Niveau de cohérence entre les perceptions paysannes et les données (statistiques) sur l’évolution du climat
5.3- Perceptions socio- anthropologiques des causes des changements climatiques
CHAPITRE 6: LES CONSEQUENCES DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LE MILIEU
6.1. Introduction
6.2. La diversité toposéquentielle du paysage agr aire : les différentes unités de paysage des terroirs étudiés
6.3. Comportements différenciés des sols abrités par les différentes unités de paysage face aux changements climatiques
6.4. Dynamique des espèces végétales et animales pendant les changements climatiques
CHAPITRE 7 : LES CONSEQUENCES DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LE QUOTIDIEN DES POPULATIONS LOCALES
7.1. Introduction
7.2. Les conséquences sur les activités agricoles
7.2.1. Les niveaux d’affectation des principales cultures par les changements climatiques
7.2.2. Les effets des changements climatiques sur les animaux d’élevage
7.3. Les conséquences sur les conditions de vie des populations
7.4. Les changements climatiques et les effets ressentis selon le genre
CHAPITRE 8 : MESURES D’ADAPTATION DES POPULATIONS LOCALES FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES : Adaptations réalisées et prévues
8.1. Introduction
8.2. Adaptations réalisées par les producteurs agricoles
8.2.1. Conduite des cultures
8.2.2. Gestion des sols
8.3. Conduite des animaux d’élevage
8.4. Diversification des sources de revenu
8.5. Les mesures d’adaptations prévues par les populations locales
CHAPITRE 9 : ANALYSE DES INTERRELATIONS ENTRE PERCEPTIONS, SAVOIRS LOCAUX ET STRATEGIES D’ADAPTATION
9.1. Introduction
9.2. Changements climatiques : relations Perceptions- Savoirs locaux
9.3. Analyse des mécanismes de mise au point et de transmission d es savoirs
9.4. Logique entre perceptions, savoirs et stratégies d’adaptation des producteurs face aux changements climatiques
CHAPITRE 10 : CONCLUSION ET SUGGESTIONS
10.1. Synthèse des résultats
10.2. Suggestions
Références bibliographiques
ANNEXES

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