Changement climatique en Afrique : Prévisions et impacts sur le l´élevage

Changement climatique en Afrique : Prévisions et impacts sur le l´élevage

Les prédictions scientifiques sur les changements climatiques en Afrique 

Si les tendances en matière d’émission de gaz à effet de serre ne changent pas de manière fondamentale, les températures vont augmenter d’environ 1,4 à 5,8° C d’ici à 2100 (IPCC, 2007). Les conséquences à long terme du changement climatique ne sont pas encore clarifiées car difficiles à prédire. Certaines simulations informatiques du changement climatique prédisent un reverdissement du sahel et du Sahara australe qui serait la conséquence d’une augmentation de l’effet de serre due à l’augmentation des concentrations de CO2 atmosphérique (Brooks, 2006). Selon cet auteur, même si une augmentation de la pluviométrie au sahel au cours des décennies à venir ne semble pas être une réelle possibilité, cette région pourrait bénéficier du changement climatique anthropogénique car les 350 ppm et 577 ppm sur lesquels se sont basés les prédictions de Wang et al., (2002) et de Maynard et al., (2002) sont susceptibles d’être dépassés quand on sait qu’une concentration de 550 ppm est attendue avant 2050. Une fois de plus, l’action de l’Homme semble être la cause de l’évolution rapide des paramètres climatiques. Cependant, une prédiction à l’échelle régionale ou à l’échelle d’un pays reste difficile. La grande variabilité du climat à l’échelle du globe reste le seul repère pour les climatologues. Ces derniers s’accordent à une hausse des phénomènes climatiques extrêmes certes, mais aussi sur le fait que ces conséquences seront variables d’une région à une autre et d’une population à une autre au sein de la même région. Nori et al. (2008), résument les principaux effets du changement climatique à l’échelle planétaire comme suit :
– modification des régimes pluviométriques, avec une grande variabilité attendue et un repli des équilibres hydriques ;
– variation de la biodiversité, à la fois dans le temps et dans l’espace ;
– modification des tendances du vent ;
– inondations et sécheresses plus fréquentes ;
– changement dans l’oscillation des phénomènes récurrents comme El Nino, les vagues de chaleur et les cyclones tropicaux.

Au Burkina Faso, les projections donnent sur l’ensemble du territoire, une augmentations des températures moyennes de 0,5° C à l’horizon 2025 et de 1,7° C à l’horizon 2025 ; tandis que la pluviométrie connaîtra une diminution d’environ 3,4% en 2025 et 7,3% en 2050 (SP / CONEDD, 2006). Cette augmentation de la température s’accompagne de variations saisonnières ; les mois de décembre, janvier, août et septembre devenant nettement plus chaud que d’habitude tandis que les mois de novembre et mars connaissent une faible augmentation de la chaleur. La diminution de la pluviométrie sera doublée d’une très forte variabilité interannuelle et saisonnière Ces effets, du changement et de la variabilité climatiques ont des répercussions sur les communautés vulnérables comme les pasteurs dont le mode de vie est dépendant du climat.

Impacts des changements climatiques sur le pastoralisme en Afrique

L’une des caractéristiques de l’élevage pastoral est sa forte dépendance des ressources naturelles. Il subit de ce fait les conséquences directes du changement et de la variabilité du climat. Le changement climatique affecte la structure et le fonctionnement de l’écosystème et donc la production pastorale et agricole saisonnière (Galvin et al., 2001). En effet, la production et la productivité des pâturages sont très variables quantitativement et qualitativement dans le temps et dans l’espace en raison de la variabilité de la pluviométrie. En Ethiopie, les communautés pastorales affirment que les sécheresses sont toujours accompagnées de pénurie d’eau et de fourrage pour les animaux, de famines, de la propagation des maladies humaines et animales, et de l’exacerbation des conflits pour l’utilisation des ressources naturelles (Wongtschowski et al., 2009). Au Niger d’après les mêmes auteurs, les pasteurs soulignent la dégradation des sols et la désertification avec comme conséquence une réduction des pâturages, une diminution des espèces ligneuses et herbacées et une insuffisance de la régénération naturelle. Dans les années à venir, les inondations, les sécheresses ainsi que l’augmentation des températures auront certainement des conséquences sur la santé (apparition de nouvelles maladies) et la productivité des animaux. Au Burkina Faso, dans le domaine de l’élevage l’impact de l’augmentation de la température et de la diminution de la pluviosité prévues va se traduire surtout par (i) une réduction drastique et une dégradation des pâturages, (ii) un déficit du bilan fourrager et alimentaire (iii) et une aggravation des conditions d’abreuvement du bétail (SP / CONEDD, 2006). L’amplification de la variabilité climatique, l’augmentation de la fréquence des phénomènes climatiques extrêmes et leurs conséquences (sécheresses, inondations, invasions de criquets, etc.) risquent, comme lors des sécheresses des années 1972/73 et 1983/84, de causer d’importantes mortalités animales et ruiner de nombreux agropasteurs des zones sahélienne et nord-soudanienne (MRA, 2009). La baisse de la productivité animale et le déficit d’approvisionnement en produits d’élevage qui résulteront de la variabilité climatique affecteront les revenus des pasteurs des pays sahéliens et augmenteront leur vulnérabilité (MRA, 2005). Pour atténuer l’effet du changement climatique sur ces derniers, il est indispensable de comprendre comment arrivent – ils à s’adapter à l’évolution du climat jusqu’à présent.

Pastoralisme africain et changement climatique

Définition du pastoralisme 

Plusieurs définitions du pastoralisme existent mais on peut retenir celle de Nori et al. (2008), qui définissent le pastoralisme comme une relation symbiotique finement tissée entre l’écologie locale, le bétail domestiqué, et les personnes, dans les milieux à faibles ressources et au climat marginal et extrêmement variable. Il constitue une forme complexe de gestion des ressources naturelles, et implique un équilibre écologique continu entre les pâturages, le cheptel et les humains. Cette définition met en exergue la trilogie du système d’élevage et indique que le pastoralisme est une pratique qui vise à maintenir un certain équilibre au sein du système. En outre cette pratique est propre aux environnements stressant donc aux milieux arides où les ressources sont extrêmes, variables dans le temps et dans l’espace mais aussi imprévisibles. Les pasteurs cherchent donc dans ces milieux hostiles à gérer les ressources naturelles de façon à maintenir un équilibre écologique entre les pâturages, le bétail et les populations. Il s’agit en réalité d’une forme d’adaptation à ces milieux.

La perception du changement climatique 

La perception du changement climatique désigne la façon dont l’individu voit le processus d’évolution du climat dans le temps. La perception est le premier facteur qui conditionne les stratégies d’adaptation (Gbtebouo, 2009). L’histoire et l’évolution du pastoralisme indique que les pasteurs ont un savoir sur la dynamique des écosystèmes; ce qui les rends aptes à déceler le moindre changement et d’adapter leurs pratiques. Ils ont une grande vision de l’évolution des paramètres climatiques dans le temps, ce qui leur permet d’anticiper. Les nombreuses études scientifiques sur la perception se basent sur cette vision des paramètres climatiques notamment la température et la pluviométrie. Ces études ont montré que les populations locales perçoivent le changement du climat dans leur zone et leur perception est généralement juste car corrobore le plus souvent les données météorologiques (Maddison, 2006 ; Majule et al., 2008 ; West et al., 2008 ; Gbetibouo, 2009 ; Wongtschowski et al., 2009 ; Lema et Majule, 2009). Dans la vallée de la rivière du Limpopo en Afrique du Sud, la grande majorité des pasteurs s’accordent sur une augmentation des températures et une baisse de la pluviométrie durant les vingt dernières années (Gbetibouo, 2009). Si leur perception sur la température a corrobore les données météorologiques, le contraire a cependant été observé au niveau de la pluviométrie car celle ci n’a connu une baisse que durant les deux dernières années de l’étude. L’auteur conclut que la mémoire des producteurs a été influencée par les derniers événements. Les populations de deux terroirs en Tanzanie perçoivent une augmentation des températures, une baisse des pluies et une fréquence plus élevée de sécheresses durant les dix dernières années (Lema et Majule, 2009). Ces résultats confirment les données secondaires. Des études au Sahel ouest africain ont abouti à des résultats similaires. En effet au Niger, agriculteurs et pasteurs ont constaté une augmentation des températures, des vents violents, des tempêtes de poussière ainsi qu’une baisse et une inégale répartition des pluies dans le temps et dans l’espace (Wongtschowski et al., 2009). L’analyse des paramètres pluviométrique depuis 1965 montre une diminution significative de la pluviométrie et du nombre de jour de pluies pour les mois de juillet et août, ce qui a entraîné une baisse de la hauteur d’eau tombée. Cependant depuis le milieu des années 1990, on a noté une amélioration mais aussi une grande variabilité interannuelle de la pluviométrie au Niger. Ce qui ne coïncide pas avec les perceptions des producteurs qui notent une forte baisse de la pluviométrie. L’auteur conclut alors, que la perception ne serait donc pas influencée par le souvenir des années de sécheresse seulement mais aussi par la grande différence interannuelle de la pluviométrie. West et al., (2008) ont également trouvé que les pasteurs du Plateau Central du Burkina Faso perçoivent une mutation de leur climat avec une saison pluvieuse de plus en plus brève (installation tardive et arrêt précoce), une baisse générale des précipitations et une saison sèche de plus en plus longue et chaude. Cela a été confirmé par l’analyse des données météorologiques qui a montré une baisse des précipitations surtout durant les mois habituellement pluvieux (juillet – août) et une augmentation des températures. La perception du changement climatique dépend certes des phénomènes observés, des conditions naturelles mais aussi d’autres facteurs qui peuvent influencer la capacité des communautés à répondre. Ce sont surtout les caractéristiques sociodémographiques. L’âge, le statut matrimonial, le niveau d’instruction, la taille du ménage et la taille de l’exploitation influencent la perception de la dégradation de l’environnement (Regassa, 2008 ; Wei, 2009). Des facteurs tels que le niveau d’éducation, l’expérience et l’accès aux services accroissent la perception (Gbtebouo, 2009). Il est donc important de prendre en compte ces facteurs dans l’étude de la perception de la variabilité climatique par les éleveurs.

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Table des matières

Dédicace
Remerciements
Sigles et abréviations
Illustrations
Tableaux
Figures
cartes
Introduction
Chapitre 1 : Revue bibliographique
1.1. Changement climatique en Afrique : Prévisions et impacts sur le l´élevage.
1.2. Pastoralisme africain et changement climatique
Chapitre 2 : Matériel et Méthodes
2.1. Sites d’études et systèmes de production
2.2. L’approche méthodologique
Chapitre 3 : Résultats et discussion
3.1. Résultats
3.1.1. La perception des pasteurs du changement et de la variabilité des paramètres
climatiques
3.1.2. Opinion des pasteurs sur l’impact du changement climatique sur la disponibilité des ressources
3.1.3. Stratégies locales d’adaptations au changement et à la variabilité climatique
3.2. Discussion générale
Conclusion générale et recommandations
Bibliographie
Annexes

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