Casa Grande del Pumarejo

Présentation générale

Un passé prospère

Ville du Sud de l’Espagne, Séville est la capitale de la région autonome de l’Andalousie.
Sa situation géographique, aux portes de la méditerranée et entre l’Afrique et l’Europe, en a longtemps fait un point de commerce stratégique et un objet de convoitise: les romains, les peuples germaniques, puis les wisigoths s’y sont succédé de l’antiquité au Moyen Âge, jusqu’à la conquête du territoire par les Musulmans en 711, marquant le début d’une occupation de 800 ans. Cette période, le temps de d’Al Andalusoù se côtoyaient les trois religions musulmane juive et chrétienne, a marqué considérablement la culture de la région et donne à la ville son caractère si particulier.
Après la reconquête de l’Espagne par les rois catholiques en 1492, c’est depuis Séville que s’organise la découverte du Nouveau Monde des Amériques. La cité est alors l’une des plus riches d’Espagne.

Un passé en crise

Son déclin commence au XVIIème siècle, avec l’épidémie de peste de 1649 qui décime un tiers de la population. L’ensablement progressif du Guadalquivir qui devient de moins en moins navigable, ainsi que la perte progressive des colonies espagnoles provoquent la chute de l’économie de la ville.
Au XIXème siècle, l’industrialisation repousse les limites de la cité hors de ses murailles.
La Guerre d’indépendance contre Napoléon en 1808 et plus profondément la Guerre civile de 1936 marquent la mémoire de la ville, dont la résistance de la classe ouvrière fait l’objet de violentes répressions.

Une dynamique nouvelle

Depuis l’exposition universelle de 1992, Séville entame un nouvel essor de son économie.
Bien que la région ai le taux de chômage le plus important du pays (29% de sa population), l’attraction de Séville est croissante, liée majoritairement au tourisme

Un imaginaire lié à la ville

Aujourd’hui l’imaginaire de la ville est lié à la richesse de son histoire et le mélange dont est issue la culture locale.
Cette ville du Sud vie au rythme particulier que connaissent les pays chauds (les températures dépassent les 40 degrés en été).
Les traditions y sont encore très présentes dans le quotidien des Sévillans, notamment visible lors de deux événements emblématiques: La Semana Santa, semaine de processions religieuse attirant des croyants du monde entier, et la Feria de Abril, le plus grand événement du genre en Espagne. La culture du flamenco, danse et musique des peuples gitans est peut être aujourd’hui celui qui marque le plus le rayonnement culturel de la ville. Séville

Un exemple singulier d’architecture domestique

Si tout le sud de l’Espagne se caractérise par la typique maison à patio, la ville de Séville en offre une variante unique: Le corral de vecinos. Il s’agit du principe de la maison à patio étendu à un ensemble de plusieurs logements, ceux-ci le plus souvent desservis par des coursives organisées autours de grands espaces communs. Si rares sont les exemples encore actifs, cette typologie offrait un style de vie dont beaucoup de Sévillans se souviennent.

Un quartier en marge

Ce que les habitants appellent communément « le quartier du Pumarejo » comprend en fait les quartier de San Luíset San Gil, zones Nord Est du centre historique de la ville. Il est délimité par l’ancienne muraille et traversé par la grande rue de San Luís, le Cardo Maximusromain de la ville dont la porte Nord est matérialisé par l’arc de la Macarena.
D’une population en majorité ouvrière depuis le XIXème ce quartier est longtemps resté en marge des politiques urbaines menées dans le reste du centre ville. Repère des opposants au régime sous Franco, il était alors surnommé le « quartier rouge » par les Nationalistes.
Cette image de révolutionnaire est alimentée par de nombreux mouvements sociaux dont il est le théâtre depuis les années 80.
En effet les opérations de spéculation alors à l’œuvre développent les tensions entre les populations injustement expropriées et la municipalité

Une dynamique de quartier

Ce passé de lutte à finalement contribué à créer un quartier solidaire qui se distingue par une dynamique particulière sur la base d’initiatives citoyennes. Foyer d’un grand nombre d’associations culturelles ou sociales, c’est aussi là que se concentrent le plus de petits ateliers d’artistes ou d’artisans.
L’exemple le plus remarquable est l’ensemble des Corralones del Pelícanoun des derniers exemples de ce type dans la ville, avec celui de la rue Castellar dont la moitié des locaux ont étés fermés ces cinq dernières années. Ce regroupement de hangars ou d’ateliers dont la plupart sont aussi les logements de ceux 1Voir histoire de Gasapard en Annexes ( p67) qui y travaillent suit le même principe que les corrales de vecinos Sevillans.
Le Pelícano est formé d’une trentaine de locaux dédiés à des activités d’une exceptionnelle diversité. S’y côtoient des danseurs de flamenco, circassiens, mécaniciens automobiles, artistes peintres, potiers, architectes, sculpteur sur marbre ou sur bois, tous réunis autours de ruelles et cours communes qui favorisent la mise en place de coopératives ou de créations croisées.
L’émulsion générée ne se cantonne pas cependant aux limites du corral, puisque d’autres ateliers s’implantent dans les rues avoisinantes ( Pasaje Mallol, Calle San Luís…)
Cette richesse culturelle s’accompagne d’un mode de vie que les habitants du quartiers s’attachent à défendre, basé sur le lien entre voisinage, l’échange culturel, l’intergénérationalité, la solidarité, la créativité, et le développement durable. Parmi les hauts lieux vecteurs de cette dynamique on compte le Huerto del Rey Moro, potager urbain auto-géré, un des 5 terrains de permaculture à Séville gérés par l’association La Boldina.
Cette dernière fait partie des 18 associations qui se partagent actuellement les locaux de la Casa del Pumarejo, qui compte a ce titre parmi les moteurs de la zone.

Une histoire riche et une mixité d’usages

Au cœur du quartier historique Nord de Séville, donnant sur la rue San Luís, se trouvent la Casa Palacioou Casa Grande del Pumarejo, et sa place du même nom.
Dans le dernier tiers du XVIIIème siècle, Pedro de Pumarejo, un riche commerçant indien ayant acquis titre de Noblesse, construisit sa résidence et la place adjacente auxquels il donna son nom. Il du détruire une soixantaine de maison pour établir sa propriété qui comprenait alors un jardin et de grands potagers.
En 1788 sa famille vendit le bien à la municipalité qui le céda à l’institution des Toribos pour l’établissement d’un hospice et d’une école tout au long du XIXème siècle.
Entre 1808 et 1814, la Guerre d’Indépendance mit fin à cet usage, les troupes française transformant l’édifice en prison pour les femmes et les rebelles locaux.
Après la guerre la Casa connu une période de désaffectation pour finalement accueillir en 1861 une école pour adulte et une bibliothèque qui furent très fréquentés.
En 1865, la maison recommença a fonctionner en tant que telle, avec l’accueil de plusieurs familles locataires.
C’est en 1886 que disparurent les jardins et les potagers attenants, avec l’acquisition de la propriété par Aniceto Sáenz Barrón, un riche entrepreneur qui donna son nom aux rues alors crées. La fonction résidentielle prit de plus en plus d’importance jusqu’à ce qu’un nouveau propriétaire décide l’édification de logements supplémentaires dans le patio arrière en 1911.
A partir des années 1940, les usages du rez de chaussée commencèrent à se diversifier avec l’apparition de commerces, entrepôts, ateliers et associations de tous types. C’est a cette époque que les ouvertures sur l’espace public se virent modifier, dénaturant la façade originelle mais augmentant en même temps la connexion avec le quartier et sa fonction de centre de service. A la fin des années 70 l’édifice entame une longue détérioration due à un mauvais entretient additionné à l’intensification de ses usages, parmi lesquels l’utilisation du patio arrière comme atelier de menuiserie.
La dégradation s’accélère à la fin des années 90, alors que les activités sont peu à peu abandonnées, autant les services que les logements qui se réduisent à l’accueil d’ une dizaine de familles.

Des références de stratégie

Face aux difficultés de consensus entre usagers et propriétaires, et dans l’urgence d’une mise en sécurité de l’édifice, des stratégies alternatives sont envisagées pour déclencher le chantier.
«Mais si beaucoup de nos actions ne sont pas « légales », elles ne sont pas pour autant illégitimes ou inadaptées. Elles ont repéré une éventuelle nécéssité de changer les lois ou la réglementation. Nous aimons rappeler qu’il est de la responsabilité de la population de comprendre et d’évaluer la loi » Santiago Cirugeda.
Un architecte Sévillan expert de ce type de situation s’intéresse alors à la question:
Santiago Cirugeda et son studio Recetas Urbanas.
S’inscrivant dans le mouvement LHN, son équipe livre une étude approfondie du cas du Pumarejo, pour élaborer une stratégie capable de déclencher le chantier. Le principe est de réaliser des échantillons de travaux en auto-construction et auto-financements sans attendre les autorisations officielles. Parfaitement encadrées par des juristes et faisant l’objet d’une communication publique, ces opérations une fois réalisées devrons convaincre de leur pertinence et être poursuivi dans la légalité avec les financements publics.
Acteurs promoteur maître d’oeuvre : association casa Pumarejo constructeur maître d’ouvrage : coopérative mixte

Légitimation

– Plusieurs articles de la section II de la LOUA, relative aux œuvres d’édification et ouvrages de biens immobiliers en général
– Ordre de conservation ( résolution de la gestion de l’urbanisme 9.6.2004)
– Du fait de sa non mise en œuvre par les propriétaires, les locataires ont le droit de faire des travaux de manière subsidiaire.
– Déclaration du BIC
– Loi du Patrimoine Historique Andalou ( art 14)
– Projet de travaux du service d’Urbanisme

Usages actuels

Ces dernières années, les locaux investis se sont vidés peu à peu de leurs activités pour aboutir à une fermeture de plus de la moitié de la maison désormais en état d’abandon.
Un des derniers espaces de la partie arrière à avoir été désinvesti est celui de l’ancienne métallerie, donnant sur la rue Aniceto.
Seule 3 habitantes, âgées, vivent encore sur les lieux.
Le rez-de-chaussée a malgré tout conservé une forte activité, abritant différents locataires. Le bar Mariano, à l’angle Nord de la façade principal, fonctionne pleinement.
Un local de la rue Aniceto est loué a un poissonnier qui l’utilise rarement, et un particulier occupe une partie de l’aile Sud.
Le reste des locaux encore ouverts abritent plus de 18 associations, qui conjointement avec les résidentes se regroupe sous le nom de l’association Casa del Pumarejo.
Parmi les espaces les plus actifs et entretenus on compte le centro vecinal, ou maison de quartier, grande salle équipée d’une cuisine et connectée à un demi niveau inaugurée en 2004, que se partagent la plupart des associations au cours de la semaine.
Les usages y sont extrêmement variés, allant du marché solidaire, au repas de quartier en passant par les conférences, l’atelier couture ou le cours de capoeira. Également le local du Bajo 5, plus petit, est investi depuis 2006 par la Plate-forme de sauvegarde pour le Pumarejo et l’atelier d’Italien. Enfin, en 2009, un des derniers espaces à ouvrir avec succès fut celui de la Bibliopuma, bibliothèque solidaire ( ses ouvrages sont tous issus de dons ) directement connectée à la place.
Une grande quantité d’événements publics sont organisés au cours de l’année. L’usage festif de la maison est donc de première importance, avec notamment deux fêtes emblématiques organiséesdans son patio : la Zambomba et la Cruz de Mayo.

Un projet

La réhabilitation du Pumarejo, c’est donc le projet de toute une communauté de quartier, attentive à ce que la Casa Grande continue de représenter le mode de vie qu’elle revendique.

Enjeux

Pour dresser l’état-des-lieux actuel, il convient d’examiner trois enjeux principaux du projet. Un enjeu technique, celui du diagnostique en terme de pathologie et de réparations. Un enjeu programmatique, qui nous permettra d’aborder la mixité des usages prévus. Et enfin un enjeu stratégique, celui du mode d’action selon lequel pourra se déclencher le chantier et qui nécessite de faire un point sur l’état des négociations et des discordances entre la mairie et les usagers.

Des perspectives concrètes

« La « recette » ou la stratégie fondamentale est plutôt la communication entre les uns et les autres, entre des personnes aux intérêts très proches: créer une masse critique qui donne vie aux idées et en génère de nouvelles.» Santiago Cirugeda.
Je perçois qu’il sera important de donner une forme construite à mon projet qui devra être communiqué au public du quartier. Sous forme de workshop ou de construction temporaire, il devra tenter de révéler les ressources du lieu et le potentiel d’action des habitants pour tenter d’en catalyser la dynamique.

L’Histoire

Parmi ces pistes on peut citer la source historique. En effet chaque élément de la maison raconte un peu de ses usages successifs et des personnes qui l’ont habité.
Les colonnes d’acajou par exemple, renvoient directement à l’histoire du créateur de la Casa, Mr. de Pumarejo, riche commerçant indien en bois exotiques dont les voyages sont remplis de mystères. Les stigmates que l’édifice donne à voir sont autant de narrations vers une mémoire  collective, comme celle de l’époque où les lieux se sont vus transformés en prison pour femmes rebelles.

Le Vivant

On note l’omniprésence du champ lexical du vivant dans le discours des habitants. Dans un principe d’écologie, c’est la vision d’un écosystème dans toutes les échelles qui est transmise. Sur l’exemple du jardin de permaculture, dont la résilience est garantie par la variété des composants du système et de leurs échanges, on peut retranscrire une vision de la planète, de la ville, du quartier ou de la maison. Jusqu’à la traditionnelle symbolique du patio peut y être reprise, le patio comme microcosme, petit bout de terre, de ciel et de flore au cœur de la maison. Extrêmement porteur, cet imaginaire de la maison comme organisme vivant à soigner pourra être source de projet.

«Trouver une forme qui accommode le désordre» telle est aujourd’hui la tâche de l’artiste.»

L’analyse des enjeux liés à la réhabilitation de la Casa Grande del Pumarejo mène à envisager un projet d’architecture singulier. En effet, l’autogestion revendiquée du projet par ses usagers apparaît comme fondement essentiel à toute démarche, ce qui pose la question du rôle de l’architecte et de la forme que pourront prendre ses prévisions.
Plus qu’un projet fini, c’est un outil à mettre en main des habitants dont j’envisage la conception. Sous forme de code ou de manuel pour l’auto-réhabilitation de la maison, il faudra parvenir à donner une règle vectrice d’harmonie. Indépendamment des acteurs et des temporalités de travaux variables, les actions de réparation pourront ainsi faire œuvre d’Architecture.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Introduction
I Présentation
1 Séville et l’Andalousie
2 Le quartier
3 La Casa
II Enjeux
1 Technique
2 Programmatique
3 Stratégique
III Démarche
1 technique
2 Programmatique
3 Stratégique
4 Symbolique
Perspectives
Lexique
Bilbliographie
Annexes

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *