Caractéristiques des personnes perçues comme handicapées intellectuelles

Historique de mon cheminement professionnel

   Dans le but d’éclairer le lecteur sur mon cheminement professionnel et académique, je propose un tableau synthèse (tableau 1, p. 16 et 17) qui décrit sommairement et chronologiquement le déroulement de ce cheminement. Voici donc une description de ce vécu dans lequel apparaît l’ensemble des préoccupations professionnelles qui m’ont conduite dans un processus de démarches de recherche. Une vie de groupe intense dans un camp de vacances pour personnes handicapées intellectuelles est ma première expérience de travail significative dans le domaine. D’abord vivre intensément 24 heures consécutives avec des groupes d’enfants, d’adolescents et d’adultes handicapés intellectuels m’indique que j’ai de l’intérêt et un « préjugé favorable » à l’égard de ces personnes. C’est ma première mise en situation avec des personnes handicapées intellectuelles. Ma préoccupatian première est de les amener à profiter de leurs vacances d’été. J’entends parler pour la première fois de la philosophie de la normalisation dans ce camp d’été. Selon certains auteurs, la normalisation signifie de « mettre à la disposition de la personne handicapée intellectuelle des conditions et des modèles de vie quotidiens qui soient aussi près que possible des normes et des modèles de la majorité de la société ». « Il y a lieu de présenter ces personnes à la société de façon à faire ressortir ce qu’ils ont en commun avec les gens plutôt que ce qui les distingue d’eux. Il faudrait aussi les amener à vivre des expériences susceptibles de  susciter ou de maintenir un comportement normal ou accepté. (Wolfensberger 1970) ». « Selon les principes de la normalisation, l’intégration est l’ objectif ultime qui ne peut être atteint que lors que les personnes handicapées sont disséminées dans toute la population plutôt que regroupées ». J’éprouve beaucoup de malaises face à la discipline de groupe imposée aux personnes handicapées intellectuelles. Il m’est difficile de mettre en place des conditions de vie quotidiennes aussi près que possible de la normale qui tiennent compte des traits de caractère de chacun. Cette courte expérience estivale confirme mon désir de poursuivre un cheminement de carrière s’orientant dans le domaine de l’intégration sociale de la personne handicapée intellectuelle. A l ‘intérieur du baccalauréat en psycho-éducation, des stages sont au programme. J’effectue à l’hiver 1982 un stage pratique qui se déroule à Clair Foyer dans un C.R.A. (Centre de réadaptation adulte). Le C.R.A. est un service dispensé par les services externes de Clair Foyer inc. Ce centre de travail comprend trois ateliers: la menuiserie, le décapage et l’artisanat. L’objectif poursuivi par le C.R.A., est de leur apprendre différentes techniques de travail, pour qu’éventuellement ces adultes puissent réinvestir ces habiletés acquises, dans un milieu de travail, sous forme d’intégration en stage ou de travail rémunéré. Je constate que les efforts sont axés en grande partie sur 1 ‘apprentissage de techniques de travail. Une conception du développement et de la réadaptation devrait, à mon avis, être plus globale, c’est-à-dire tenir compte du développement personnel, social, cognitif et professionnel.

Caractéristiques des personnes perçues comme handicapées intellectuelles

  La notion de personne ayant un handicap intellectuel a évolué surtout au cours du dernier siècle. Ces changements reflètent les perceptions de la société à l’égard de ces personnes. plusieurs définitions de la déficience mentale. Il existe La définition qui suit semble rallier les principales associations  canadiennes et américaines: « Un déficient mental est une personne dont les capacités d’apprentissage ou de compréhension sont de beaucoup inférieures à celles que possèdent normalement les personnes de son âge et de son expérience, mais qui peut s’acquitter très bien de certaines tâches sous une surveillance raisonnable. Cette définition de la déficience est évidemment rattachée à la définition de la normalité pour une société donnée. Dans notre société moderne où la tendance est de reconnaître des valeurs comme l’intelligence et le succès et où les exigences intellectuelles sont très valorisées, tout individu dont les facultés intellectuelles sont atteintes est automatiquement considéré comme un anormal ou  déficient . La personne ayant un handicap intellectuel a certains traits de caractère, certains comportements problématiques qui nuisent tant à leur épanouissement personnel qu’à leur intégration sociale. Ces comportements se posent dans un contexte social et familial déterminé. Ce qui caractérise avant tout cette personne est son infériorité intellectuelle. Cette infériorité se traduit par: contenu sensoriel pauvre, jugement, perception et raisonnement faibles, attention limitée, mémoire logique pauvre, imagination rêveuse, stéréotypée et enfantine, langage pauvre et défectueux. La difficulté  d ‘abstraction de cette personne l’amène à percevoir les choses d’une façon unidimentionnelle, se traduisant ,.dans son vocabulaire, dans son raisonnement, dans ses impressions, dans sa communication. De ce fait, les conversations d’ordre social, politique ou autres la dépassent. Un développement physique plus lent est également présent. A ceci s’ajoute des problèmes sensoriels (vision, audition), une dextérité motrice et une résistance physique moins grande que la normale. Les difficultés affectives et sociales sont aussi le lot de ces personnes. Louise Doré (1982) dresse un éventail de ces caractéristiques. Selon elle, on y retrouve une dépréciation de soi, un manque de confiance en soi et défaitisme, une difficulté de se saisir, un manque de jugement critique, une rigidité des traumatismes causés par l’échec,la peur du nouveau, un malaise face à son corps, des comportements souvent enfantins, des difficultés à contrôler son émotivité, des difficultés à prendre des responsabilités. Sur le plan social, on observe un égocentrisme, un repliement sur soi, une timidité, la peur de l’autre, des relations de dépendance ou d’infériorité face au milieu dit normal, des comportements sociaux inadéquats et une grande vulnérabilité (se laisse manipuler et exploiter).Un des problèmes auquel est appelé à faire face une personne ayant un handicap intellectuel est la difficulté de répondre aux attentes du milieu, en rapport avec son fonctionnement indépendant, ses responsabilités personnelles et sociales.

Un lieu pour vivre: Bonneuil -Maud Mannoni

   Maud Mannoni, (1964, 1976, 1979) psychanalyste française, apporte un éclairage nouveau dans la connaissance des personnes handicapées intellectuelles. Elle se bat depuis longtemps contre les contraintes administratives et économiques qui selon elle devraient être conçues de façon à ne  pas nuire aux obligations thérapeutiques. Mannoni ( 1964) rapporte que la débilité est généralement conçue comme un déficit capacitaire du sujet et cette conception, poursuitelle, isole le sujet dans son défaut. « A chercher à la débilité une cause définie, on nie qu’elle puisse avoir un sens, c’est-à-dire une histoire, ou qu’elle puisse correspondre à une situation … Elle se questionne même à savoir si le débile n’aurait pas plus à gagner à être traité comme un malade mental (avec un espoir de récupération) que figé dans une orientation basée sur un déficit capacitaire. Mannoni ne veut rien connaître dans un premier temps du QI ou de l’atteinte organique de la personne traitée. Elle préfère écouter le sujet parler, pour saisir, à travers son discours et celui des parents, le sens qu’avait pu prendre la débilité pour lui et pour eux. Elle s’efforce d’aller au-delà d’une étiquette qui, dit-elle est souvent le point de départ de la cristallisation d’une angoisse familiale. Face à un diagnostic, Mannoni cherche à comprendre et se donne toujours le temps de réflexion. Elle rapporte que dans chaque cas, ils’est dégagé au-delà du symptôme une signification qui pourrait avoir son importance dans un traitement éventuel. Selon elle, il n’y a pas de pédagogie qui correspond à l’ensemble des enfants déficients. A des QI égaux ne correspondent pas des types d’enseignements identiques. A des difficultés socio-affectives .. égales .. ne correspondent pas non plus des mesures pédagogiques identiques. Mannoni reconnaît la valeur de certaines rééducations spécialisées (classe spécialisée, opération, médicaments) mais fait entrevoir une approche radicalement « antiraciste » du problème humain. Il est essentiel, selon l’auteure, d’entrevoir le problème médicopsychologique en ne négligeant jamais l’éclairage que peut en donner la psychanalyse. Sur le plan thérapeutique, elle propose une analyse personnelle de type analytique comme base indispensable au travail éducatif. La psychanalyse des débiles est une expérience très particulière qui se rapproche des autres types d’analyse pour d’autres clientèles par la manière dont la famille du sujet entre en jeu lors d’une thérapie. L’étude du débile, comme celle du psychotique, ne se limite pas au sujet mais commence par l’étude de la famille.

Les acquis amenés par un changement de travail

  Un changement professionnel survient en octobre 1983. Je délaisse l’enseignement et travaille comme spécialiste en activités cliniques pour Clair Foyer. Mon rôle est de superviser l’aspect clinique (plan d’intervention, etc.) des personnes handicapées intellectuelles inscrites au service externe. Se développer en tant que personne et faire l’apprentissage d’habiletés et d’attitudes nécessaires à un bon fonctionnement en société correspond au concept d’ intégration dont s’imprègne Clair Foyer face à ces personnes. Avec l’occupation de ce nouveau poste, je prends mieux conscience du contexte social élargi dans lequel vit la personne adulte handicapée intellectuelle (p.a.h.i.). Cette vision globale m•amène à constater la complexité de ce contexte social. J’observe que la majorité des p.a.h.i. ont des comportements de dépendance affective (par exemple, ils recherchent constamment la approbation, prennent peu d’initiative, se conforment docilement, etc.). Ces personnes ont aussi des comportements enfantins: egocentrisme, recherche d’attention, cri ses de larmes, comportements affectueux exagérés. Je réalise que la p.a.h.i. a peu d’emprise sur sa réalité personnelle et sociale. Elle est très souvent tenue à l’écart des préoccupations des gens de son âge sous prétexte qu’elle n’est pas capable de réfléchir , de faire des choix ou de trouver des solutions pouvant lui convenir. On ne prend pas toujours au sérieux, non plus, ses préoccupations. Nourri par les meilleures intentions du monde, l’environnement (parents naturels, famille d’accueil, frères, soeurs, intervenants) a tendance à vouloir tout faire pour ces personnes. N’ayant pas confiance en leurs possiblités et n’ayant pas toujours la patience de les laisser agir, nous les surprotégeons et avons à leur égard des attentes très limitées. Comme on a peu montré à ces personnes à se sortir du cercle vicieux « échec/dévalorisation » dans lequel elles sont souvent prises et comme on ne leur a pas beaucoup appris à se voir positivement, à découvrir leurs capacités, à prendre des responsabilités à leur mesure, il est difficile pour elles de penser qu’elles puissent un jour devenir autonomes.

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Table des matières

AVANT-PROPOS
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION
CHAPITRE I:Le contexte de la recherche
1.1  Ma présente situation professionnelle et l’objet de ma recherche
1.2 Historique de mon cheminement professionnel 
1.3 Mes questionnements et choix du problème à étudier 
1.4 Les limites de la recherche
1.5 La méthodologie
CHAPITRE II: Les différentes philosophies d’intervention présentées par la littérature
2. 1 Caractéristiques des personnes perçues comme handicapées intellectuelles
2.2 Description d’expérience de formation auprès de personnes handicapées intellectuelles
2.2.1 Une pédagogie de la vie par la vie – Frantisek Bakulé
2.2.2 Un lieu pour vivre: Bonneuil – Maud Mannoni
2.2.3 Eduquer avec amour – Ginette Lépine
2.2.4 Le droit d’être – Jean Lafontaine
2.2.5 Des gens comme tout le monde- Louise Doré.
2.2.6 Particularités, divergences et convergences des expériences citées
2.3 Perspectives historiques de la personne handicapée intellectuelle 
2.3.1 Première période (1800 – 1870)
2.3.2 Deuxième période (1870 – 1940)
2.3.3 Troisième période (1960 à date)
2.3.4 Dans les commissions scolaires du Québec
CHAPITRE III: Pratique et théorie
3.1 Description de mon expérience pratique de formation auprès de personnes adultes handicapées intellectuelles 
3.1.1 Les débuts de l ‘expérience
3.1.2 Première session (octobre à décembre 1983)
3.1.3 Deuxième session (janvier à mai 1984)
3.1.4 Troisième et quatrième sessions (octobre à décembre 1984 – janvier à avril 1985)
3.1.5 Les acquis amenés par un changement de travail
CHAPITRE IV: Une approche théorique de formation auprès de la personne adulte handicapée intellectuelle
4.1 Finalité, but, objectif
4.2 Eléments essentiels d’une éducation adaptée auprès de la personne adulte handicapée intellectuelle 
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNE XE

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