Caractéristiques de la population DA et autres pathologies de dermatologie pédiatrique 

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Critères d’inclusion

Les critères d’inclusion étaient : être parent ou tuteur légal d’au moins un enfant de moins de 18 ans, suivi ou venant pour la première fois en dermatologie à la Timone dans le service du Pr Grob, aussi bien en consultation qu’en hospitalisation conventionnelle, hôpital de jour ou atelier d’éducation thérapeutique du patient (ETP).
Avoir donné son consentement oral et être capable de le faire.
Savoir lire et comprendre la langue française.

Critères d’exclusion

Les critères d’exclusion étaient : le refus d’un parent ou tuteur légal de répondre au questionnaire ou ne pas savoir lire et/ou écrire la langue française.

Élaboration et distribution du questionnaire

Nous avions choisi d’utiliser un questionnaire en format papier. Un seul questionnaire était fourni par famille, et rempli par un des deux parents. Si les parents venaient consulter pour plusieurs enfants, il était précisé de répondre uniquement pour le plus jeune d’entre eux.
Tous les participants étaient informés des objectifs de l’étude et de la confidentialité des données. Le consentement était considéré comme implicite chez les parents qui avaient rempli volontairement et anonymement le questionnaire. Un pré-test avait été réalisé sur une dizaine de personnes extérieures au service choisies au hasard. Ce qui nous a permis de corriger et valider notre outil de collecte des données notamment sur le niveau de compréhension de chaque item, l’acceptabilité et le temps nécessaire pour y répondre.
Il comprenait 37 questions, incluant trois thématiques :
1) Les données épidémiologiques sur les parents avec leur âge, sexe, niveau d’étude et catégorie socio-professionnelle selon la nomenclature des professions et catégories socio-professionnelles de l’INSEE (PCS-2017) (27).
2) Les données épidémiologiques concernant l’enfant et sa pathologie dermatologique avec l’âge, le sexe, la maladie de peau pour laquelle les parents venaient consulter (DA ou autres) et s’ils avaient eu recours à des médecines alternatives qui est selon l’OMS : « un vaste ensemble de pratiques de soins de santé qui n’appartient pas à la tradition du pays et ne sont pas intégrées dans le système de santé dominant ».
Si leur enfant avait une DA, on leur demandait s’ils avaient une autre maladie atopique associée, s’ils avaient participé à un atelier d’ETP qui est selon la définition de l’OMS : « un processus intégré aux soins qui a pour objectif d’améliorer la prise en charge des patients en les aidant à s’autonomiser, à acquérir et à conserver des compétences afin de les aider à vivre de manière optimale leur maladie ».
On évaluait également la corticophobie des parents pour connaitre leur degré d’adhérence vis-à-vis des corticoïdes locaux grâce à un score multidimensionnel appelé TOPIcal COrticosteroid Phobia (TOPICOP) qui comprenait 12 items dont les 6 premiers évaluaient les croyances des parents vis-à-vis des dermocorticoïdes et les 6 derniers leurs peurs. Ce score a été validé sur le plan national en 2013 (28) et sur le plan international en 2017 (29).
3) Les données concernant la vaccination de leur enfant avec un questionnaire d’HV appelé « Vaccine Hesitancy Survey question » (VHS), crée par le groupe de travail SAGE de l’OMS et validé en 2014 après essais pilotes au niveau mondial et revue de la littérature (6)(30). Les questions ont été adaptées à partir de l’enquête sur les attitudes des parents à l’égard des vaccins de l’enfance (« Parent Attitudes about Childhood Vaccines survey » ou PACV), précédemment développée par Opel et al. (31) et se sont avérées valables et fiables dans une population à haut revenu. Nous avons utilisé uniquement le questionnaire à choix fermé comprenant 10 items avec des réponses majoritairement dichotomiques « oui/non » sauf pour 4 questions où si les parents répondaient « oui », ils pouvaient s’exprimer en donnant un exemple.
Ce questionnaire est présenté en annexe 1.
Il a été traduit de l’anglais au français par un interprète natif du pays et spécialisé dans le langage médical. Quelques modifications ont été apportées afin de préciser le statut vaccinal de l’enfant à la question 26.
Nous avions mis sur la même page le schéma du dernier calendrier vaccinal français en vigueur de 2019 selon Santé publique France, présenté en annexe 3, en faisant un rappel sur les vaccinations obligatoires depuis le 1er janvier 2018 et celles recommandées (32). Les parents pouvaient s’ils le souhaitaient, découper ce schéma et le garder pour mieux comprendre et suivre la vaccination de leurs enfants.
Les autres modifications portaient sur les vaccins énumérés à la question 31 afin de correspondre aux noms commerciaux des vaccins disponibles sur le marché pour faciliter la compréhension des parents.
Les questionnaires étaient distribués par l’agent administratif au moment de l’enregistrement du parent pour la consultation ou hospitalisation de leur enfant. Puis ils étaient recueillis par les agents d’accueil avant la consultation pour ne pas influencer les réponses.
Le questionnaire était auto-déclaratif : aucune vérification des affirmations des patients n’était faite, aucun carnet de vaccination n’était demandé, seulement recommandé à la question 26 concernant le statut vaccinal de l’enfant.
Le questionnaire ainsi modifié est présenté en annexe 2.
Les données des questionnaires ont été collectées sur fichier Excel au fur et à mesure de l’étude.

Analyse et saisie des données

Les parents dit « hésitants vaccinaux » selon la définition de l’OMS correspondaient aux individus ayant déjà retardé et/ou refusé un vaccin, et donc aux individus ayant répondu « oui » à la question 29 (« Avez-vous hésité à faire vacciner votre enfant ? ») et/ou 30 (« Avez-vous refusé à faire vacciner votre enfant ? »).
Les parents non hésitants correspondaient aux individus ayant répondu « non » à la question 29 et à la question 30.
Pour éviter toute confusion avec les parents dits « hésitants vaccinaux » comme d’après la définition de l’HV de l’OMS, le terme « hésité » a été remplacé par « retard à l’acceptation d’un vaccin ».
Le statut vaccinal de l’enfant était considéré « à jour » lorsqu’il était vacciné selon tous les vaccins obligatoires et recommandés du calendrier vaccinal pour son âge (annexe 3). C’est-à-dire lorsque les parents ont répondu « Tout ses vaccins obligatoires ou non sont à jour » à la question 26. Nous avons considéré que l’enfant n’était « pas à jour » de ses vaccins, si les parents avaient répondu : « ses vaccins sont partiellement à jour (il manque au moins une dose pour les vaccins obligatoires) » ou « uniquement les vaccins obligatoires ou « il n’est pas vacciné ».
Les réponses libres aux questions 34, 35, 36 ont été classées selon le modèle des déterminants de l’HV de l’OMS proposait à l’issue de son rapport en 2014 sur la base d’un examen systématique de la littérature et adapté à la population française (7)(33). Regroupant trois grands groupes :
– Les influences contextuelles.
– Les influences individuelles et de groupe.
– Les déterminants liés de façon spécifiques à un vaccin donné ou à la vaccination Le modèle est décrit en détail en annexe 4.
La corticophobie des parents était évaluée grâce au score TOPICOP. Quatre choix de réponses étaient proposés, de totalement en désaccord à totalement d’accord, avec des points attribués à chacun (0, 1, 2 ou 3), les valeurs plus élevées correspondaient à une corticophobie plus sévère. Le score maximal était de 36, exprimé en pourcentage.
Nous avons considéré également que le fait de répondre « oui » à la question numéro 13 :« Avez-vous des craintes ou réticences vis-à-vis des crèmes à base de cortisone ? » était prédictif de corticophobie chez ces parents-là.

Caractéristiques de la population globale

Les répondants étaient essentiellement des mères (78%). La classe d’âge la plus représentée était celle des 20 à 40 ans (63%). La catégorie socio-professionnelle la plus représentée était celle des employés et/ou ouvriers (41%). La plupart avait fait des études supérieures. Une minorité pratiquait des médecines alternatives (21%).
Les parents étaient classés en fonction de ce qu’ils avaient répondu aux questions 29 et 30, et étaient considérés comme « hésitants vaccinaux » ou « non hésitants ». L’hésitation à l’égard des vaccins était partagée dans l’échantillon puisque la moitié (57%) des parents déclaraient n’avoir jamais refusé et/ou hésité à faire vacciner leur enfant.
Les enfants qui consultaient étaient âgés de moins de 12 ans pour la plupart (83%), et le sex-ratio était équilibré (0,83).
Ils consultaient pour une DA dans un 1/3 des cas.
Les parents déclaraient à 71% que le statut vaccinal de leur enfant était « à jour » (vaccins recommandés et obligatoires).

Caractéristiques de la population DA et autres pathologies de dermatologie pédiatrique

Les caractéristiques sociodémographiques de la population DA et autres pathologies sont représentées par le tableau 2.
Parmi les parents d’enfants atteints de DA, il n’y avait pas de différence statistiquement significative concernant leur âge, sexe, profession et niveau d’étude par rapport à ceux atteints d’autres pathologies dermatologiques.
En revanche, les garçons étaient plus représentés dans la population DA (56% versus 41%, p=0,0012), de même que la classe d’âge 6-12 ans (37% versus 25%, p=0,002). Ceux souffrant d’autres pathologies de dermatologie pédiatrique étaient plus jeunes, puisque plus d’un tiers était âgé de moins de 2 ans (38% versus 18%, p=0,002).
La pratique de médecine alternative était plus fréquente dans la population DA (38% versus 12%, p<0,001).
On ne retrouvait pas de différence significative concernant le statut vaccinal de l’enfant entre les deux populations.

L’hésitation vaccinale et ses déterminants

Au total 43% des parents interrogés ont déclaré être « hésitants vaccinaux » c’est-à-dire ayant déjà refusé et/ou retardé à accepter un vaccin pour leur enfant (tableau 2).
Cinquante-deux pour cent des parents d’enfants atteints de DA étaient hésitants, contre 38% des parents d’enfants atteints d’une autre pathologie dermatologique. Cette différence était statistiquement significative (p=0,0021). Les parents d’enfants souffrants de DA exprimaient plus de refus catégorique (31% versus 18%, p=0,0014).
Les déterminants de l’HV sont représentés par les tableaux 3 et 4 pour les deux populations.

Hésitation vaccinale et ses déterminants dans la population globale

L’HV n’était pas associée de façon significative au niveau d’étude des parents ni sur leurs autres caractéristiques sociodémographiques. En revanche, elle était associée à leurs professions (p=<0,001) (tableau 3).
On notait plus d’HV s’ils pratiquaient une médecine alternative telle que l’homéopathie, naturopathie, phytothérapie, acupuncture, réflexologie avec une association statistiquement significative (28% versus 15%, p=0,006).
Parmi les enfants de parents dits « hésitants vaccinaux », seulement 61% étaient à jour de leurs vaccinations (obligatoires et recommandés) contre 79% chez les parents dits « non hésitants » (p<0,001), avec une plus grande proportion d’enfants vaccinés uniquement par les vaccins obligatoires (25% versus 7%).
Les autres déterminants de l’HV ont été analysés à partir des questions 27, 28 et à partir de la 31 (tableau 4).
A la question 27 « Pensez-vous que les vaccins peuvent protéger les enfants de maladies graves ? », près de 90% des parents au total ont répondu « oui », on note cependant un plus fort taux de réponse négative chez les hésitants (19% versus 6%, p=0,001).
Concernant la question 28 « Pensez-vous que la majorité des parents vaccine ses enfants selon le calendrier vaccinal, c’est-à-dire avec tous les vaccins recommandés ? », sur les 134 parents hésitants 61% avaient répondu « oui » comme la plupart de l’échantillon (65%). Le fait de percevoir l’immunisation comme norme sociale n’influençait pas l’hésitation à faire vacciner son enfant dans cette étude.

Hésitation vaccinale et ses déterminants dans la population DA

Les caractéristiques et déterminants de l’HV dans la population DA sont représentées par les tableaux 3 et 4.
Les caractéristiques propres de l’enfant atteint de DA, sont représentées par le tableau 11. Les enfants atteints de DA souffraient à 46% d’une autre pathologie du terrain atopique, principalement d’asthme (30%), d’allergie alimentaire (26%), de rhinite (19%) et de conjonctivite allergique (12%). Seulement 22% avait un frère ou une sœur atteinte de DA. Il n’y avait pas de différence significative entre les hésitants et non hésitants.

Lien entre l’HV et la corticophobie dans la population DA

On notait plus de craintes ou réticences vis-à-vis des dermocorticoïdes chez les parents d’enfants atteints de DA (tableau 12). Cependant, il y a beaucoup de données manquantes dans la population d’enfants atteints d’autres pathologies dermatologiques, probablement expliquées par le fait que cette population ne se sente pas concernée devant le peu d’expérience sur les dermocorticoïdes (13% seulement ont eu une prescription de crèmes à base de cortisone plus d’une 1 semaine). Ces résultats sont donc difficilement interprétables.
Concernant les hésitants vaccinaux avec un enfant atteint de DA, ils avaient tendance à avoir plus de craintes et de réticences à utiliser des crèmes à base de cortisone que les non-hésitants (p=0,053) (tableau 12).

Confrontation aux données de la littérature

Dans notre échantillon, 43% des répondeurs hésitaient à faire vacciner leurs enfants, nos résultats concordent avec ceux de l’étude de Larson et al. qui retrouvait un plus grand scepticisme à l’égard des vaccins en France avec 41% de réponses négative à la question « Je pense que les vaccins sont sûrs » contre 13% dans le reste du monde. Cette étude portait sur environ 66 000 personnes interrogées dans 67 pays différents (10). Cette variation peut être due aux différentes populations étudiées dans différents contextes (c’est-à-dire zones urbaines contre zones rurales, pays développés contre pays en développement, pays pratiquant des calendriers de vaccination différents).
Concernant les études portant sur une population plus proche de la nôtre à savoir sur des parents d’enfants de moins de 18 ans dans des pays uniquement développés, nos résultats concordent avec deux enquêtes menées respectivement au Canada en 2014 et Australie en 2012. Selon ces enquêtes, 40 % et 52 %, respectivement, ont déclaré avoir des doutes quant à la vaccination de leur enfant (34)(35). Les différences entre les études concernant la définition de l’HV et les populations étudiées rendent les comparaisons difficiles.
Le statut vaccinal des enfants de parents hésitants était moins « à jour » que ceux qui n’hésitaient pas (61% contre 79%, p<0,001) avec une part plus importante pour les vaccins « uniquement obligatoires » (25% versus 7%, p<0,001). Ces chiffres sont bien en deçà de l’objectif fixé par la loi relative à la politique de santé publique qui est d’obtenir une couverture vaccinale de >95% pour une immunité de groupe (36). Les préoccupations à l’égard des vaccins contribuent donc à une sous immunisation des enfants, ceci a été rapporté dans l’étude américaine de Gust DA et al. qui compare les ménages avec des enfants sous immunisés sur au moins deux vaccins avec ceux ayant un statut vaccinal à jour (37). L’étude canadienne de Dubbé E et al. le confirme avec 58% d’enfants « à jour » chez les parents hésitants contre 95,3% chez les parents non hésitants (p<0,001) (34). Le statut vaccinal peut donc être la conséquence d’attitudes, de croyances et de comportements néfastes dont il faut se préoccuper. Les personnes peuvent être entièrement vaccinées mais avoir des inquiétudes quant à la vaccination, c’est ce qu’Enkel et al. ont décrit en 2018 comme des « hésitants compliants » (38).
L’adhésion envers la vaccination est un phénomène complexe mettant en jeu plusieurs déterminants sociodémographiques à prendre en compte pour lever les réticences et redonner confiance dans la vaccination (7).
Dans notre étude, la répartition des catégories socio professionnelles était représentative de la population française (39).
La profession était liée significativement au statut d’hésitant vaccinal (p<0,001). Les parents exerçant en tant qu’ouvriers/employés étaient plus préoccupés et plus sceptiques à l’égard de la vaccination que les cadres et professions intermédiaires (p=0,008) et étaient donc plus susceptibles de demander des exemptions. En revanche nous n’avons pas trouvé de lien avec le niveau d’éducation qui est plus étudié et rapporté dans les autres études à ce sujet. Nous pouvons par extension rapporter le fait qu’être ouvrier et/ou employé est associé à un niveau d’étude plus bas que les cadres ou professions intermédiaires et donc que la propension à exprimer des attitudes défavorables à l’égard des vaccins diminue à mesure que le niveau d’instruction augmente. En effet, 68% des cadres et à moindre degrés les professions intermédiaires ont un diplôme supérieur à un bac+2 en comparaison de 2% et 8% des ouvriers et employés (40). La littérature rapporte que l’éducation supérieure peut être associée à des niveaux d’acceptation du vaccin à la fois plus faibles (13) et plus élevés (1). Ces données mitigées ne peuvent être prise isolément car de multiples influences entrent en jeu (30)(7). Cependant, en tant que déterminant social de la santé, l’éducation est un facteur qui n’a qu’un sens : plus d’éducation entraîne de meilleurs résultats en matière de santé (41).
Une autre caractéristique socio démographique était associée à l’HV dans notre échantillon, celle d’être un parent de fille plutôt que de garçon (p=0,0027). Ce résultat montre le probable impact de la réticence face au vaccin contre le papillomavirus (HPV) où 14% des parents hésitants ont retardé l’acceptation et 10% ont refusé la vaccination pour leurs filles comme le démontre l’étude suédoise de Byström et al. qui retrouve une plus grande proportion de parents de filles et d’enfants âgés de 11 à 15 ans dans le groupe « refuseurs sélectif » ce qui pouvait refléter la différence d’acceptation du vaccin anti-HPV (42). Le vaccin anti-HPV ne figure pas sur la liste des vaccins obligatoires (32), ce fait peut conduire les parents à penser à tort que la menace d’infection par le HPV est moindre que celle d’autres maladies et que la vaccination contre le HPV n’est pas nécessaire.
Cette hésitation est en partie due à la crainte de ses effets secondaires (43). En France, lors des récentes controverses sur le vaccin anti-papillomavirus, certains médecins ont même avancé des arguments contre son utilisation (44).
Dans notre étude, la majorité des hésitants vaccinaux faisait appel à la pratique de médecines alternatives (28% versus 15%). Les médecines douces ou alternatives comme l’homéopathie, la naturopathie ont également toujours fait partie du mouvement anti-vaccinal. Dans le climat sociétal actuel, les comportements éco responsables sont promus (45). Ces circonstances amènent à une certaine responsabilisation des choix de consommation. La vaccination rentre dans ce cadre, les patients cherchent à s’autonomiser dans leurs comportements de santé. Plusieurs études montrent une corrélation entre l’HV et l’adoption de médecines alternatives (35)(46).
Ce résultat est conforme à ceux de Verger et al.qui ont observé de plus fortes proportions de médecins pratiquant des médecines alternatives parmi les médecins les plus réticents à la vaccination (47). De même que les utilisateurs de médecines complémentaires et alternatives ont refusé la vaccination plus fréquemment que les autres (p < 0,001) dans l’étude de Zuzak et al., 2008 (45). La population de parents dont les enfants sont atteints de DA est également très sensible à ces pratiques (38%, p<0,001), et cela est largement reconnue (48). Les raisons évoquées par les parents sont de trouver un remède durable sans la peur d’effets secondaires. Ils se tournent donc vers des thérapeutiques dites plus « naturelles » au prix d’une sécurité et efficacité douteuse (49) et parfois grave (50).
La perception de la vaccination par un individu est complexe, elle repose non seulement sur des preuves et des faits scientifiques, mais aussi sur le contexte en termes de politiques économiques, ainsi que sur des facteurs psychologiques et des déterminants sociaux (7)(51).
Les déterminants de l’HV les plus souvent avancés sont semblables dans les deux populations et sont essentiellement ceux concernant la sécurité des vaccins, ce qu’avait également trouvé l’étude de Larson et al.(10), l’absence d’utilité du produit et la présence d’informations négatives relayées par les réseaux sociaux où la course au scoop a également créé un environnement fertile aux idées anti-vaccins (22). Ces facteurs sont des mesures différentes de la perception qu’ont les parents de la vaccination, et ont également été identifiées comme facteurs déterminants de la décision de vaccination dans de nombreuses études (42)(34)(11).
Il n’est pas surprenant que les problèmes de sécurité soient la principale raison invoquée pour avoir hésité et/ou refusé la vaccination, confirmant ainsi d’autres constatations figurant dans le la littérature (46)(42).
La crainte des maladies à prévention vaccinale a été peu à peu supplantée par la crainte des effets adverses des vaccins et la balance bénéfice-risque s’est totalement inversée dans la société. Au niveau mondial, les risques et les avantages, y compris les problèmes de sécurité des vaccins et les effets indésirables ont été identifiés comme les principales raisons de l’HV des pays ayant répondu à cette section du rapport annuel de l’OMS (52). La sécurité a été également la préoccupation la plus souvent citée comme motif d’hésitation dans les études menées en Europe (11).
Prendre la décision de faire vacciner son enfant résulte de la balance entre la perception du risque des maladies et celle du risque de la vaccination. La perception du risque est cognitive mais également affective et émotionnelle, et cette appréciation subjective semble avoir un impact plus important sur la prise de décision que la connaissance réelle et scientifique du risque (51).
Selon l’étude de Nugier et al., les arguments religieux, fréquents sur les sites anglo-saxons, sont peu présents en France, ce que confirme notre enquête (53).
Les parents ont déclaré que les vaccins les plus soumis à l’HV étaient ceux contre l’hépatite B (VHB) et la grippe. Notre étude met très largement en avant le doute des parents concernant le vaccin contre le VHB avec un parent sur 5 ayant retardé l’acceptation ou refusé, avec un lien pour les affections neurologiques auto-immunes.
Notre enquête montre bien l’impact des polémiques dans notre pays au cours des deux dernières décennies : celle de l’hépatite B en 1998, bien qu’aucune étude n’ait montré de relation causale entre cette vaccination et des maladies neurologiques démyélinisantes (54). Celle de la grippe A(H1N1) en 2009 (1) et celles des infections à papillomavirus humains (HPV) en 2013, conduisant parfois à de réelles crises sanitaires et médiatiques, où l’innocuité des vaccins est mise en doute par la population contribuant à augmenter le refus et l’hésitation des parents. Par exemple, en France, l’intention de refuser la vaccination contre la grippe pandémique est passée de 45 % à 78 % au cours des quatre derniers mois de 2009 (55).
En revanche, le vaccin ayant eu la meilleure acceptabilité est celui contre le DTP, seul vaccin obligatoire avant la loi du 1 er janvier 2018, mais recommandé qu’à partir de 6 ans, ce qui prouve que les parents ne savent pas forcément les valences présentes dans les vaccins, et de la nécessité d’élargir le nombre de vaccins obligatoires (56).
Deux tiers des parents (67%) déclarent être aujourd’hui favorables à cette extension des 11 vaccinations obligatoires, parmi lesquels 10% (selon leur souvenir) ne l’étaient pas en décembre 2017. Les efforts d’informations doivent continuer, puisqu’en dépit de la communication mise en œuvre autour de la mesure près de la moitié des parents indiquent ne pas savoir encore ce qu’elle recouvre et un tiers s’estime mal informé sur ces obligations (57). Ces impressions positives se font également ressentir chez les professionnels de santé, une majorité (69%) estime que l’obligation s’est accompagnée d’une diminution de la réticence des parents vis-à-vis de la vaccination (57). Ces vaccins pourraient également être perçus par les parents comme étant contre des maladies « bénignes », par rapport aux vaccins contre des maladies perçues comme « graves » et mettant la vie en danger. La disparition des grandes pandémies rend moins visible les effets positifs des vaccins. La perception du risque occupe une place centrale en matière de comportement santé comme le confirme la méta analyse de Brewer et al.(58). Dans notre étude nous mettons en lien le fait de penser que les vaccins protègent des maladies graves et le moindre risque d’être hésitant vaccinal (p=0,001), ce que démontre l’étude de Dubé et al. menée au Qubec (Canada) où les personnes ayant accepté les vaccins présentaient la plus grande proportion de gravité perçue (34). Il est donc urgent de rétablir la confiance des parents dans le vaccin.
La population de parents d’enfants atteints de DA était comparable à la population globale hormis sur les caractéristiques des enfants. Ils étaient pour la plupart âgés de plus de deux ans, or on sait que la DA est une maladie qui se développe vers le sixième mois de vie en moyenne (19), notre étude se déroulait en milieux hospitalo universitaire donc plus à même de recenser des cas graves de dermatologie pédiatrique et donc des DA résistantes aux traitements de première intention et trainante dans le temps avec des enfants plus âgés (59).
En effet nous retrouvions chez plus d’un quart des enfants atteints de DA d’autres maladies atopiques associées ce qui suggèrent des patients plus compliqués à prendre en charge, étant donné le lien présumé entre la gravité de la DA et le développement de comorbidités atopiques notamment pour l’asthme (15). Comme le montrent les résultats d’une enquête nationale menée aux États-Unis : la prévalence de l’asthme était de 36,9 % chez les patients avec DA sévère alors qu’elle n’était que de 24,3 % en cas de DA légère à modérée (p = 0,02)(60).
La même proportion de ces maladies atopiques était retrouvée dans les autres études : 30% d’asthme, 26% d’allergie alimentaire, 19% rhinite allergique et 12% de conjonctivite allergique ce qui fournit la base du concept de « marche atopique » (15).
Les garçons étaient plus représentés dans la population DA dans notre étude (p=0,0012). Le sex ratio est variable selon les études, on retrouve plus de garçons également dans la série de Kay et al. (19).
Les facteurs génétiques dans les manifestations de la DA ne font aucun doute, en effet on retrouve 22% ayant un frère ou une sœur atteinte de DA également. Les études familiales retrouvent un diagnostic d’eczéma atopique plus fréquent pour ceux dont le frère ou la sœur souffrent également d’eczéma atopique que pour ceux qui n’en souffraient pas (36% versus 24%, p = 0,05) (20). Ces facteurs font même partis des critères diagnostiques simplifiés définis par le groupe UK Working Party’s (61).
Le désir des parents de trouver une cause externe à l’état de leur enfant peut entraîner une focalisation sur l’allergie et expliquer probablement aussi la recherche acharnée de cette cause « externe » (22)(20). Dans notre étude, les déterminants de l’HV dans la population DA se distinguaient de la population globale sur une part plus importante de « mauvaise expérience, réaction dans le passé avec le vaccin » dans la question à choix multiple. Les vaccins sont souvent incriminés par les familles, même si plusieurs études en démontrent le contraire (62). Les programmes de vaccination n’expliquent pas la prévalence croissante des maladies atopiques, et il est rare que des enfants développent une réaction grave à un vaccin (62)(21). Toutefois, les risques de ne pas vacciner les enfants dépassent de loin le risque d’allergie. Les parents doivent être encouragés à ne pas retarder la vaccination efficace de leurs enfants parce qu’ils soupçonnent que les vaccins pourraient favoriser les allergies au cours des premières années de la vie.
Le nombre de consultations pour une DA chez le moins de 18 ans représentait plus d’un tiers des activités du secteur de dermatologie pédiatrique, ce qui suggère un impact socio-économique non négligeable (18). Ce chiffre de consultations pour DA est important car notre service regroupe un programme d’ETP avec une file active d’une centaine de patients sur ces dernières années.
Une étude épidémiologique suisse retrouvait une fréquence de consultation pour DA en dermatologie similaire (26% chez les moins de 16 ans) avec plus de trois quarts des patients adressés par les pédiatres. La DA constituait le motif de consultation le plus fréquent dans toutes les tranches d’âge (59).
Malgré des recommandations et les stratégies de prise en charge thérapeutique (61), les pratiques diffèrent encore fortement. La discordance des discours entre les soignants, les nombreuses croyances populaires autour de cette maladie et la corticophobie des malades et des soignants rendent la prise en charge difficile (63).
Nous avons montré que les parents d’enfants atteints de DA avaient plus de craintes ou réticences envers les dermocorticoïdes que ceux dont l’enfant avait une autre pathologie dermatologique (54% versus 22%, p<0,001). Cela a été évalué par la simple question binaire : « Avez-vous des craintes ou réticences concernant les crèmes à base de cortisone ? ». Cela constitue une force de notre étude car ce lien est également retrouvé dans des études antérieures réalisées sur de plus gros effectifs (28)(29)(64).

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Table des matières

I. INTRODUCTION
II. MATERIELS ET METHODES
1) Type d’étude
2) Critères d’inclusion
3) Critères d’exclusion
4) Élaboration et distribution du questionnaire
5) Analyse et saisie des données
6) Analyses statistiques
III. RESULTATS
1) Caractéristiques sociodémographiques
a) Caractéristiques de la population globale
b) Caractéristiques de la population DA et autres pathologies de dermatologie pédiatrique
2) L’hésitation vaccinale et ses déterminants
a) Hésitation vaccinale et ses déterminants dans la population globale
b) Hésitation vaccinale et ses déterminants dans la population DA
3) Lien entre l’HV et la corticophobie dans la population DA
IV. DISCUSSION
1) Résultats principaux
2) Confrontation aux données de la littérature
3) Biais et limites de l’étude
4) Propositions d’amélioration
V. CONCLUSION
VI. BIBLIOGRAPHIE

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