Cancers broncho-pulmonaires

Cancers broncho-pulmonaires

Les cancers broncho-pulmonaires sont, parmi les cancers les plus fréquents, ceux dont le pronostic reste redoutable. Il s’agit de cancers dont la découverte, demeure de nos jours tardive, avec pour la grande majorité d’entre eux, un diagnostic à un stade où ils ne sont plus curables [1]. Ils représentent un problème majeur de santé publique. Ils viennent en 3ème position des cancers secondaires après les métastases ganglionnaires et hépatiques. Ils sont retrouvés dans 30% des autopsies de cancéreux [2]. Selon GLOBOCAN 2012, les estimations de la prévalence pour 2012 montrent qu’on comptait 32,6 millions de personnes vivantes (âgées de plus de 15 ans) chez qui l’on avait diagnostiqué un cancer au cours des cinq années précédentes. Parmi les cancers les plus fréquemment diagnostiqués dans le monde, les cancers broncho-pulmonaires sont en tête avec 1,8 million de cas, soit 13,0 % de l’ensemble des cancers, et constituent les causes les plus fréquentes de décès par cancers avec 1,6 million de décès soit 19,4% du total [3]. L’incidence des cancers en France a été estimée à près de 350 000 nouveaux cas par an, dont près de 10 % soit plus de 30 000 nouveaux cas par an pour le seul cancer broncho-pulmonaire occupant ainsi le quatrième rang en termes d’incidence. L’âge médian lors du diagnostic était de 67 ans chez l’homme et de 68 ans chez la femme [4]. En termes de mortalité, le cancer représentait la première cause de décès en France en 2005 avec près de 146 000 décès, dont 20 % étaient liés aux cancers bronchopulmonaires occupant ainsi le premier rang des décès par cancer [5]. En Afrique, les cancers broncho-pulmonaires représentaient 1,8% des cancers en Algérie et 4,4% des cancers au Gabon [6,7]. En Tunisie, ils constituent la première cause de mortalité par cancer. Actuellement, on assiste à une augmentation de l’incidence de l’adénocarcinome atteignant 40% des tumeurs broncho-pulmonaires et représentant ainsi le type histologique le plus fréquemment rapporté [8].

Au Mali, selon les données du registre des cancers en 2010, les cancers bronchopulmonaires occupaient le dixième rang des cancers avec 2,9% chez l’homme et 1% chez la femme [9]. Les facteurs de risques les plus retrouvés sont le tabagisme (actif ou passif) et l’exposition antérieure à des produits toxiques notamment l’amiante, l’arsenic, le nickel, le cobalt, le chrome, le radon…). Le diagnostic de certitude des cancers broncho-pulmonaires repose sur l’examen anatomopathologique. [10]. La rareté des études sur les cancers broncho-pulmonaires, la disproportion de fréquence des cancers broncho-pulmonaires entre l’Afrique et l’occident et le pronostic sombre de ces cancers, nous ont motivé à faire le choix de notre sujet.

Rappels sur le registre des cancers

Définitions 

A priori, le terme registre n’a pas de connotation scientifique et évoque plutôt une forme de recensement administratif destiné à de simples dénombrements [11]. Dans le domaine médical, un registre est constitué par l’enregistrement permanent et exhaustif à partir d’une date donnée, de tous les cas d’une maladie survenant dans une population définie. Ainsi, le registre des cancers concerne tout les nouveaux cas de cancers survenus dans la population d’une aire géographique définie. Selon le Comité National des Registres CNR, créé en France en 1986, un registre est défini (arrêté du 06 novembre 1995) comme étant : « un recueil continu et exhaustif de données nominatives intéressant un ou plusieurs événements de santé dans une population géographiquement définie, à des fins de recherche et de santé publique, par une équipe ayant les compétences appropriées ». Les registres des cancers réalisent un enregistrement des cancers [12]. Selon qu’ils tiennent compte de toutes les tumeurs malignes ou non, on distingue :
• Les registres dits ‘‘généraux’’ qui collectent des informations sur l’ensemble des tumeurs malignes survenant dans la population.
• Les registres dits ‘‘spécialisés’’ qui ne recensent que certains cancers tels que les registres des cancers digestifs, des cancers hématologiques ou des tumeurs de l’enfant. Dans les deux cas, les registres sont divisés en deux grandes catégories [11].

Les registres des cancers hospitaliers 

Ils recueillent les informations utiles sur les patients souffrant d’un cancer, suivis dans un hôpital particulier. Ils permettent à l’administration d’évaluer l’efficacité thérapeutique d’un point de vue clinique. La population d’origine des malades n’est pas définie et aucune incidence ne peut être calculée, les données sont donc d’une utilité limitée en épidémiologie.

Les registres des cancers de population

Ils collectent les données sur tous les cas de cancer survenant dans une population bien définie, habituellement constituée de l’ensemble des habitants d’une région particulière. Le nombre de nouveaux cas observés pendant une période donnée, rapportée à la population surveillée constitue l’incidence des cancers pour cette période, et pour cette population. Ces registres ont donc une vocation épidémiologique.

Historique des registres des cancers

Les premières tentatives pour mesurer la survenue du cancer remontent au début du XXe siècle dans plusieurs pays européens, plus particulièrement en Allemagne, où l’on a essayé en 1900 d’enregistrer tous les patients cancéreux sous traitement. Des questionnaires ont été adressés à tous les médecins du pays, afin de déterminer la prévalence du cancer au 15 Octobre 1900 [13]. La même approche a été utilisée entre 1902 et 1908 au Danemark, en Espagne, en Hongrie, en Islande, aux Pays-Bas, au Portugal et en Suède. Toutefois, ces initiatives ont échoué en raison du faible taux de collaboration des médecins. Selon Wagner, le premier registre des cancers de population aurait été créé à Hambourg(Allemagne) en 1926 [14]. Mais d’autres sources citent plutôt le registre des tumeurs du Connecticut aux EtatsUnis créé en 1935. Celui de Hambourg aurait eu initialement le caractère d’un fichier hospitalier [15]. En Europe, le premier de l’enregistrement des cancers était le Danemark, où a été fondé depuis 1942 par Johannes Clemmensen le premier système national permanent d’enregistrement des cas. En 1970, le registre de Genève (Suisse) entreprend l’enregistrement de toutes les localisations cancéreuses sous l’initiative de Gustave Riotton [15]. En France, le premier registre a vu le jour dans le département du Bas-Rhin en 1975, créé par le Pr. P. Schaffer [16].

En Afrique, le premier registre a vu le jour au Sénégal en 1974. Plusieurs pays, par la suite, se sont lancés dans l’enregistrement des cancers : L’Ile de la Réunion (1988), l’Algérie à Sétif (1989), la Cameroun (1994), la Côte d’Ivoire (1994) [17]. Le registre des cancers du Mali a vu le jour en Janvier 1986 sous l’impulsion de l’équipe du Pr. Sinè Bayo. Depuis sa création, il a fait l’objet de nombreuses publications notamment dans “Cancer Incidence in Five Continents”, portant sur les périodes 1988-1992 [18] et 1994 1996 [19].Il se démarque par sa régularité et l’actualisation constante de ses données.

Fonctionnement des registres des cancers de population

Le registre du cancer organise le recueil systématique des informations concernant les individus atteints de cancer, le stockage de ces informations, leur analyse et l’interprétation des résultats. Il a trois rôles:
➧ Il améliore les connaissances scientifiques par l’estimation de l’incidence en fonction de divers paramètres tels que le sexe, l’âge, le lieu d’habitat. Ce qui constitue une source d’hypothèses pour la recherche de causes. Il facilite les enquêtes épidémiologiques sur les facteurs de risque.
➧ Il permet d’évaluer les actions entreprises pour lutter contre les cancers, en indiquant si des actions de prévention adoptées font régresser le nombre de cas.
➧ L’estimation du nombre (prévalence) et la gravité des cas présents dans une région à un moment, donne une information sanitaire et permet d’évaluer les besoins liés aux activités de diagnostic et de soins.

Le recueil proprement dit

Il existe deux modes de recueil :
➧ Le recueil actif
Mode habituel de recueil pour les pays en développement. Le personnel du registre se déplace sur le terrain vers les différentes sources d’information, avec des formulaires de recueil de données spécifique.
➧ Le recueil passif
Le personnel sanitaire remplit des formulaires de notification mis au point et distribués par le registre ou envoie au registre des copies des bulletins de sortie. Dans certains pays, pour faciliter le recueil, la déclaration de cas de cancer est obligatoire, mais cela ne garantit pas l’exhaustivité de l’enregistrement.

Les informations recueillies 

Elles sont fonction de la perspective dans laquelle le registre a été crée, du mode de recueil des données et des moyens mis à disposition du registre.

Il est important de surtout mettre l’accent sur la qualité des données et non sur la quantité. Certains éléments essentiels sont recommandés aux registres des pays en développement . Il s’agit:
➧ Des éléments d’identification : nom, sexe, date de naissance, ils permettent d’éviter les enregistrements répétitifs d’un même patient. L’appartenance ethnique est nécessaire lorsque l’on est confronté à des communautés constituées de groupes ethniques différents.
➧ Adresse habituelle du patient : elle est indispensable. Primo pour exclure tous les patients qui ne sont pas résidants de la région concernée ; secundo pour permettre une analyse en fonction du lieu de résidence ; et tertio pour assurer le suivi des patients.
➧ La date d’incidence : elle correspond soit à la date de la première consultation ou à celle de l’admission dans un hôpital /clinique ; soit à la date du diagnostic ou celle du premier compte-rendu d’anatomo-pathologie ; soit à la date de décès si le cancer est signalé pour la première fois par un certificat de décès.
➧ Le mode de diagnostic le plus valide : Un registre de cancer doit au moins faire la distinction entre les tumeurs vérifiées sous microscope et celles qui ne l’ont pas été.
➧ La (les) source (s) d’identification des cas : nom du médecin, de l’hôpital, du laboratoire.

Classement et codage des tumeurs

Il est conseillé aux registres des cancers de se référer à la Classification Internationale des Maladies-Oncologie (CIM-O) , pour coder la topographie (localisation primitive) et la morphologie (type histologique) des tumeurs. La topographie est l’élément le plus important, car elle est à la base du mode de tabulation des données du registre.

Qualité des informations 

Pour évaluer la qualité des données d’un registre du cancer, il faut soigneusement considérer l’exhaustivité et la validité des informations. Pour déterminer le degré d’exhaustivité des enregistrements, on peut faire des comparaisons avec les certificats de décès et les dossiers hospitaliers. Quant à la validité des données, on dispose de certains indices tels que la proportion des cas vérifiés sous microscope et la proportion des cas enregistrés quand les sujets sont encore en vie. Des systèmes internes de vérification de qualité doivent être mis au point par les registres des cancers.

CONCLUSION

Les cancers broncho-pulmonaires constituent au Mali un problème de santé publique car le diagnostic est tardif et l’évolution est péjorative. C’est un cancer lié dans la majorité des cas à la consommation de tabac. Tous les âges peuvent être atteints avec une prédominance dans la cinquième décade de la vie. Les hommes sont plus touchés que les femmes. Le carcinome épidermoïde reste le type histologique le plus représenté. La mise en place d’une politique nationale de lutte contre le cancer, d’une équipe pluridisciplinaire constituée de pneumologues, d’anatomo-pathologistes, d’oncologues, de radiologues, de chirurgiens thoraciques et de radiothérapeutes et la réduction de la consommation de tabac pourraient être des facteurs de réduction de la morbidité et la mortalité liée aux cancers broncho-pulmonaires.

 

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Table des matières

INTRODUCTION
OBJECTIFS
I. GENERALITES 
A- Rappels sur le registre des cancers
B- Cancers broncho-pulmonaires
II. MATERIEL ET MÉTHODES.
III. RESULTATS 
IV. DISCUSSION
CONCLUSION

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