Biomécaniques du corps

Biomécaniques du corps

Population

Au total, 66 ostéopathes ont été contactés par mail. 52 n’ont pas répondu à la proposition, 12 ont manifesté leur intérêt pour le sujet, 1 personne a refusé car n’exerçant plus l’ostéopathie, 1 autre a décliné la proposition car récemment installée et pensant ne pas avoir assez d’expérience sur le sujet. Sur les 12 ostéopathes ayant accepté de participer, 11 ont été interrogés, la dernière personne n’ayant pu participer faute de disponibilité. Les 11 entretiens ont été réalisés sur une période de 6 mois allant du 12 décembre 2014 au 26 mai 2015, dans le département de Loire-Atlantique. Les entretiens ont eu lieu pour 9 ostéopathes dans leur cabinet, pour l’un d’entre eux à son école d’enseignement, et pour une autre à son domicile. La durée moyenne de chaque entretien a été de 41 minutes, avec une variation allant de 31 à 52 minutes. Des ostéopathes provenant de 8 écoles différentes ont ainsi été recrutés (tableau 1). 5 d’entre eux avaient initialement obtenu un diplôme dans une profession de santé : 4 en kinésithérapie et 1 en soins infirmiers. Il s’agissait des personnes les plus âgées pour 4 d’entre elles.

Les ostéopathes interrogés exerçaient exclusivement l’ostéopathie en libéral; toutefois l’un d’entre eux avait gardé une activité de kinésithérapie dans centre de soins de suite et de réadaptation. 6 parmi eux avaient une activité d’enseignement associée. 6 ostéopathes sur les 11 étaient âgés de moins de 35 ans, 4 exerçant depuis moins de 5 ans. 3 ostéopathes avaient plus de 50 ans (tableau 2).

La globalité du corps

Au cours des entretiens, les praticiens ont insisté sur le fait qu’ils utilisaient « un concept de base en ostéo : c’est voir le corps dans la globalité ». Cette notion pouvait être décrite comme « l’inter relation (…) des différentes zones du corps, la globalité ». Elle consistait à ne « pas insister sur un symptôme qui va être lombalgique, alors qu’on a un décalage très très fort à admettre en dessous. Qu’il faut corriger ». « Donc la globalité, c’est (…) ne pas s’arrêter sur ces 10 centimètres carré de douleur,(…). Il faut peut être prendre du recul avec ça ». Le corps humain était donc considéré par les ostéopathes comme une unité fonctionnelle indissociable : « on part sur le principe que dans le corps humain tout est relié », « la personne, elle est une et entière ». Cela se manifestait par des liens de réciprocité d’action entre des structures voisines : « Toujours (…) Cette notion de vice-versa, en fait. L’un influence l’autre et l’autre vient influencer l’un ». L’un des interrogés expliquait que ces interactions, notamment entre la région lombaire et les viscères, pouvaient également se réaliser par le biais du système nerveux : « une bonne part des viscères, en tous cas en sous-mésocolique, ça va être (…) innervé au niveau lombaire… et du coup, en lien direct, soit de cause, soit d’effet ». La bonne santé d’un individu passait donc pour eux par la nécessité d’une harmonie de fonctionnement entre les composants de l’organisme : « si vous redonnez une harmonie de mobilité de toutes les structures, il y aura une harmonie de fonction de toutes les fonctions qui dépendent de ces restrictions, de cette mobilité là. Que ça soit viscéral, articulaire ou musculaire ». « Et quand il y a une harmonie de mobilité, il n’y a plus de contraintes sur la zone en lésion. Et la zone en lésion va être libérée parce que on a rétabli l’harmonie de la mobilité susjacente et sous jacente ».

La santé est liée à la mobilité

Pour tous les ostéopathes interrogés, la mobilité des tissus était considérée comme le paramètre déterminant dans l’évaluation de l’état de santé de la personne : « parce que tout doit bien bouger dans le corps humain »; « ce qu’on cherche, (…) Ce qui est important pour nous c’est le mouvement ». Cette notion s’appliquait à tous les tissus : « Le mouvement des structures, que ce soit les structures osseuses, fasciales, toutes les structures ». Cette importance s’expliquait par le fait que « si la mobilité est respectée, le corps humain fonctionne mieux ». Un élément du corps repéré comme présentant un manque de mobilité était donc considéré pathologique : « le but pour toutes les structures, c’est… Si tout bouge bien tout marche bien, si tout bouge mal tout marche mal ». Inversement, une structure bien mobile n’était pas en mauvais état de santé ostéopathique : « Moi je ne vais pas aller traiter quelque chose qui bouge bien ».

Les symptômes résultent d’un déséquilibre. La bonne équilibration du corps était une notion fondamentale pour les ostéopathes qui le percevaient comme un moyen de préservation de l’état de santé de l’individu. « Si le corps est aligné, si le corps est équilibré, il y a moins de chances (…) pour la personne, en faisant un faux-mouvement, que ça parte en vrille tout de suite! Et puis qu’elle se fasse une lombalgie! ». Une perturbation de cet équilibre pouvait par conséquent provoquer l’apparition de la symptomatologie : « le corps, il gère à peu près, il reste à peu près en équilibre, jusqu’au moment où il ne peut plus compenser dans cette direction parce que il y a autre chose qui coince, cela gêne autre chose donc il va compenser ailleurs. Et encore ailleurs et encore ailleurs. Mais au bout de la chaîne, (…) il n’a plus l’outil en mains pour pouvoir gérer la situation. Et là souvent, il y a le symptôme qui apparaît ».

Les ostéopathes expliquaient donc que d’autres régions du corps étaient susceptibles d’être sollicitées afin de palier à ces déséquilibres : « si il y a une articulation qui est moins libre, qui bouge moins bien, il n’y aura pas forcément de symptômes tout de suite. Le corps va s’arranger pour que le mouvement se fasse quand même, mais en sollicitant peut-être plus cette chaîne musculaire là plutôt que telle autre. Du coup il y a des structures qui vont être sollicitées de façon plus importante par rapport à d’habitude ». Ces mécanismes de compensation permettaient d’assurer la continuité du fonctionnement de l’organisme : « Quand la rotation cervicale se fait mal et que vous êtes par exemple debout, vous allez compenser en faisant tourner les lombaires pour compenser ce qui ne peut pas marcher dans les cervicales ».

Et c’était donc ces zones compensatoires qui selon les ostéopathes pouvaient souffrir et être susceptibles d’exprimer le symptôme : « Ca peut être une coxo-fémorale qui entraîne des douleurs lombaires, parce que lorsque l’articulation de la hanche fonctionne mal, il y a compensation lombaire ». Ainsi, des adaptations dans le corps pouvaient se mettre progressivement en place, selon eux, selon une certaine logique, pouvant générer des chaînes mécaniques de déséquilibres : « lorsque vous vous tordez la cheville, ça va tirer sur les muscles fibulaires, donc ça va tirer sur la fibula, qui va elle-même tirer sur le long biceps, (…) qui va tirer sur l’iliaque. Donc vous voyez on a déjà un bassin déséquilibré parce qu’on s’est tordu la cheville… Si le bassin est déséquilibré, on va forcément faire des compensations, puisque le regard est horizontal. Et, donc, on a des tensions au niveau de la base du cou. Et donc, des maux de tête ».

L’installation de ces chaînes mécaniques pouvait parfois être identifiée par l’analyse chronologique des événements : « un footballeur qui s’est tordu la cheville (…) qui me dit: « voilà, ça fait 3 mois que j’ai mal dans le bas du dos, (…) il y a 4 mois, j’ai eu une entorse de cheville, ensuite j’ai eu mal au genou, j’ai eu mal au niveau de la hanche et, maintenant j’ai mal dans le bas du dos » (…) là, effectivement, la chaine lésionnelle elle est assez simple à trouver ». L’un des ostéopathe précisait que certaines de ces compensations, anciennes, pouvaient être à respecter car utiles au bon équilibre du corps : « le patient peut avoir développé des compensations anciennes (…) Qui font partie de son équilibre aussi à lui ».

La lésion ostéopathique.

Les ostéopathes expliquaient que des lésions spécifiques ostéopathiques étaient impliquées dans ces déséquilibres et ces compensations. Il s’agissait d’une altération de la mobilité des tissus : « des zones qui ne vont pas bouger de manière harmonieuse, qui ne vont pas avoir toute leur souplesse, toute leur mobilité », « des noeuds, en quelque sorte, des points de rétention! », « des points qui vont sembler plus durs, plus sensibles, plus douloureux… Plus fixes ». L’un d’eux expliquait que pour une articulation il était question d’une modification de son positionnement optimal : « Il peut arriver qu’une coxo-fémorale soit mal centrée dans sa cavité ».

Ces restrictions de mobilité pouvaient selon eux potentiellement affecter n’importe quelle structure anatomique : « des structures articulaires, viscérales, fasciales ou respiratoires comme le diaphragme ou comme les piliers du diaphragme », « un problème musculaire, (…) des para vertébraux, des carrés des lombes, des psoas », « une tension ligamentaire », « un problème de capsule articulaire », « une conformation osseuse, structurelle, qui fait qu’on est bloqué au niveau osseux directement », « une anomalie, une dysfonction viscérale », « un problème neurologique aussi, avec des lombosciatiques, des lombo-cruralgies », « une zone cicatricielle au niveau (…) d’une césarienne ».

Ces dysfonctions ostéopathiques pouvaient s’installer selon différents mécanismes. Elles avaient souvent pour origine un traumatisme ayant un impact immédiat sur la structure touchée : « Ces blocages peuvent être traumatiques. Se tordre le pied, rater un trottoir, ou même tout simplement une entorse de cheville ». Ces traumatismes responsables pouvaient être violents ou minimes : « des petits chocs qu’on peut prendre sans s’en rendre compte (…) ils restent en mémoire dans le corps, et toutes ces choses là s’accumulent ». Elles pouvaient aussi se mettre en place par un mécanisme secondaire adaptatif : « un genou (…), un bassin qui va se mettre en antériorité, du côté de la cheville en entorse, parce que il y a moins d’appui de ce côté là (…) le traumatisme était (…) au niveau de la cheville … Mais la dysfonction elle se met en place au niveau du bassin… En adaptation à la posture ».

Cela pouvait concerner certains actes chirurgicaux comme « une occlusion intestinale, avec des brides… d’adhérences qui vont se situer au niveau du colon droit ou du colon gauche, et qui vont donner des perturbations à la fois des angles du colon et de la racine du mésentère ». Ainsi que les accouchements : « des blocages de la mobilité des 2 reins, principalement après des accouchements chez les femmes ». Les atteintes ostéoarticulaires pouvaient être associées à des dysfonctions viscérales : « souvent quand on trouve des tensions au niveau des sacro-iliaques, on retrouve les viscères (…) en dysfonction ». Quelques pathologies médicales également risquaient d’amener ces contraintes au corps : « l’arthrose une fois développée provoque des manques de mobilité, vu qu’il y a une création d’os en plus. Ça limite finalement la mobilité d’une articulation ». Enfin, les émotions et le stress ressenties par le patient pouvaient avoir un impact sur les tissus et engendrer des dysfonctions ostéopathiques : « le stress, je pense que ça (…) amène des dysfonctions », « Il y a des (…) points de rétention au niveau tissulaire où (…) clairement ça va être une cause (…) psychique ».

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Table des matières

LISTE DES ENSEIGNANTS DE LA FACULTE
COMPOSITION DU JURY
SIGLES ET ABREVIATIONS
PLAN
INTRODUCTION
METHODE
Choix de la méthode qualitative
Choix de la technique d’entretien
Constitution de l’échantillon
Méthode de recueil des données
Méthode d’analyse des données
RESULTATS
Population
I/ Les ostéopathes abordent la lombalgie chronique avec des concepts du corps qui leur sont propres
II/ Le raisonnement des ostéopathes face aux patients lombalgiques chroniques
III/ Les représentations de la lombalgie chronique par les ostéopathes
IV/ Les mots porteurs de sens pour les ostéopathes
V/ La place des ostéopathes dans le système de soins
DISCUSSION
Principaux résultats
Forces et faiblesses de l’étude
La plainte lombalgique n’est pas un élément déterminant dans le raisonnement ostéopathique
Les ostéopathes incorporent certains facteurs psychosociaux dans leurs concepts
biomécaniques du corps
Des difficultés de compréhension entre les discours médical et ostéopathique
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES MATIERES
ANNEXES
Guide d’entretien

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