BIOLOGIE ET GENETIQUE DU LAMANTIN OUEST AFRICAIN, TRICHECHUS SENEGALENSIS

La Famille des Trichechidae

     La famille des Trichechidae est constituée d’un seul genre, le genre Trichechus avec trois espèces ayant chacune des biotopes différents. Il s’agit de:
-Trichechus manatus aux Indes Occidentales ou Caraïbes,
-Trichechus inunguis en Amazonie,
-Trichechus senegalensis en Afrique.
Trichechus manatus, selon la conformation du crâne et l’écologie, se subdivise en deux sous espèces dont une rencontrée en Amérique, le lamantin de Floride (Trichechus manatus latirostris) et une autre aux Antilles (Trichechus manatus manatus) [113], [116]. Ces trois espèces se ressemblent physiquement au point que le lamantin de Floride, Trichechus manatus latirostris et le lamantin d’Afrique occidentale, Trichechus senegalensis sont difficilement distinguables. En effet, ces deux espèces ont une forte ressemblance physionomique et de la couleur de la peau. Le museau présente une courbure descendante moins prononcée chez Trichechus senegalensis. Toutefois ces deux espèces peuvent vivre indifféremment en eaux douce, saumâtre, voire salée [38], [40], [109], [147]. Le lamantin d’Amazonie (Trichechus inunguis), contrairement aux deux précédentes espèces, est le plus petit et le moins lourd. Sa peau est de teinte beaucoup plus foncée et les nageoires pectorales sont dépourvues d’ongles. En plus d’être inféodé à l’eau douce, cette espèce a la particularité d’avoir une tache blanchâtre au niveau de la face ventrale de son corps aux alentours de l’ombilic [116], [118].

Appareil uro-génital

      Les reins sont multilobulés et en position caudale dans la cavité cœlomique sous la portion caudale des poumons. Ils sont plaqués contre le diaphragme. La structure anatomique des reins du lamantin suggère une capacité à concentrer les urines, ce qui peut être utile en eau salée. La vessie des lamantins est petite par rapport à la taille de l’animal.
Chez les mâles Les testicules, de forme ovoïde sont intra-abdominaux et en arrière des reins. Les lamantins mâles sont des énorchides. Le pénis est inclus dans un étui pénien dont les replis sont pareils aux replis vulvaires chez la femelle. Chaque épididyme est localisé dans une poche ou fosse hypogastrique à l’extrémité caudolatérale de la cavité abdominale. Chaque poche hypogastrique est parallèle à un plexus veineux inguinal recevant du sang frais des plexus thoracocaudaux superficiels.
Chez les femelles Les femelles possèdent aussi une fosse hypogastrique ainsi que des structures veineuses semblables à celles observés chez les mâles. Les ovaires, les tubes (ou canaux) utérins et les extrémités distales des cornes utérines se trouvent dans cette poche. L’utérus est bicorne et présente une plicature longitudinale.

Particularités physiologiques

      Les lamantins ont la particularité d’avoir une espérance de vie longue (60 ans voire 70 ans) [110]. Leur température corporelle est maintenue autour de 35,6ºC à 36,4ºC [122]. L’étude réalisée par Dekeyser [32] sur un lamantin ouest africain a montré que la température corporelle était influencée par la température de l’eau et celle du milieu extérieur. L’adaptabilité à l’eau douce et à l’eau salée est régulée par les électrolytes du sang.
Digestion Le gros intestin posséde de nombreux fermenteurs avec des longues sections pour assurer le transit des aliments. Le transit des aliments entre l’intestin grêle et le gros intestin est rapide. Le caecum est le lieu de production des acides gras volatiles et de la digestion de la cellulose par les microorganismes. Le système de digestion de la cellulose est très efficace comparée aux autres herbivores. L’absorption de la plupart des nutriments se fait dans le gros intestin. Un nombre important de glandes cardiales et fundiques a été trouvé par Lemire cité par Reynolds et Rommel [117] chez Trichechus senegalenis. Cela fait penser à une activité enzymatique beaucoup plus intense chez cette espèce que par rapport aux deux autres T. manatus et T. inunguis. Le métabolisme est extrêmement lent et cela se justifierait par un régime alimentaire pauvre en qualité, en protéines et en calories mais riche en fibres. Le lamantin africain peut rester de longues périodes sans manger.
Reproduction Le statut reproducteur de Trichechus senegalensis est très peu connu. La maturité sexuelle intervient autour de 4 à 5 ans mais elle peut être influencée par la taille de l’animal. La gestation est longue et dure en moyenne 12 à 14 mois. Les mises bas ont lieu en moyenne tous les 2 ans et demi voire 5 ans [113], [116]. La parturition a lieu dans des eaux peu profondes et tout au long de l’année avec une prédominance durant la saison des pluies. La femelle donne en moyenne un « veau » par mise bas. La gémellité est possible mais rare. A la naissance, le « veau » pèse en moyenne 30 à 50kg pour une taille comprise entre 30 et 50 cm. La durée de l’allaitement est de 2 ans au minimum.

IMPORTANCE DU LAMANTIN EN AFRIQUE

       En Afrique, l’importance du lamantin est indéniable dans tous les pays. Cette importance se retrouve sur plusieurs plans: nutritionnel, social, économique, culturel et mythique.
Importance nutritionnelle La chair du lamantin est très prisée par les populations bien qu’elle soit très grasse. La viande et le sang constituent une source importante de protéines [109]. Son goût rappelle celui de la viande de bovin ou de porc. Lors de la première guerre mondiale, il avait même été préconisé d’élever des lamantins dans les lagunes côtières [9]. La capture d’un animal est synonyme de fête dans la population, car l’animal est devenu rare, surtout après l’interdiction de sa chasse. Un lamantin adulte peut nourrir tout un village d’environ 50 à 100 d’habitants pendant une semaine. Le plus souvent la viande est partagée dans la communauté mais de rares fois, elle peut être vendue; la vente a lieu sur place [28], [40]. Au Sénégal, le lamantin est consommé dans la région du Delta du Saloum et en Basse Casamance. En milieu diola, mandingue et peul, cette viande n’est pas consommée [155], [156].
Importance commerciale La viande fait l’objet d’un trafic intense et illégal entre le Tchad et le Cameroun. En Côte d’Ivoire, le tas de viande d’environ 400g vaut 450 à 500 F CFA. Un lamantin adulte peut rapporter à la vente 150 000 à 170 000 F CFA. Au Nigeria, un sujet mâle adulte est échangé contre une pirogue de 10 mètres et un moteur hors bord pour une valeur estimée à près de 300 000 F CFA [198]. En 1996, le Toba Aquarium (Japon) a acquis un couple de lamantins en provenance de la Guinée Bissau. Le Japon a dû débourser la somme de 1 800 000 $ US [108], [201]. Au Sénégal, la commercialisation de la viande de lamantin n’existe qu’au Sine Saloum. Autrefois la vente se faisait au tas mais de plus en plus elle se fait au kilogramme. Dans les années 1980, le prix du tas tournait autour de 100 à 300F CFA. Le prix actuel de la viande de lamantin varie de 1300 à 2000F CFA le kilogramme [155].
Importance thérapeutique En Afrique, certaines parties du lamantin sont considérées comme ayant des vertus médicinales, pour le traitement des rhumatismes essentiellement mais aussi certaines parasitoses comme la gale. Les organes génitaux de Trichechus senegalensis auraient des vertus aphrodisiaques. Au Sénégal, il serait possible de traiter les personnes souffrant de démence à l’aide des os du crâne de l’animal.

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Table des matières

 INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: SYNTHESE BIBBLIOGRAPHIQUE DES CONNAISSANCES SUR LA BIOLOGIE ET L’ETHOLOGIE DU LAMANTIN
CHAPITRE I: GENERALITES SUR LE LAMANTIN
I.1- Synonymie et taxonomie
I.1.1- Synonymie
I.1.2- Taxonomie
c- La famille des trichechida
d- La famille des dugongidae
I.1.2.1- Classification
I.1.2.2- Evolution
I.2- Particularités anatomo-physiologiques
I.2.1- Particularités anatomiques
I.2.1.1- Les organes
a- Organes externes
b- Organes internes
c- Histologie
I.2.1.2- Caractères distinctifs
a- Dimorphisme sexuels des lamantins
b- Dissemblance entre Trichechidae et Dugongidae
I.2.2- Particularités physiologiques
I.2.2.1- Digestion
I.2.2.2- Reproduction
I.3- Particularités génétiques et bio-éthologiques
I.3.1- Caractéristiques génétiques
I.3.2- Caractéristiques bio-éthologiques
I.3.2.1- Habitat et alimentation
a- Habitat
b- Alimentation
I.3.2.2-Comportement social
a- Groupe social
b- Rythmes d’activité
Mouvements migratoires
CHAPITRE II : LES LAMANTINS EN AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE 
II.1- Les lamantins en Afrique de l’Ouest
II.1.1- Sites écologiques
a- Mauritanie
b- Gambie
c- Sénégal
d- Guinée Bissau
e- République de Guinée
f- Sierra Leone
g- Liberia
h- Côte d’ivoire
i- Ghana
j- Togo
k- Benin
l- Nigeria
m- Mali
n- Niger
II.1.2- Dynamique démographique
II.2- Le lamantin en Afrique Centrale
II.2.1- sites écologiques
a- Cameroun
b- Tchad
c- Guinée Equatoriale
d- Gabon
e- Congo
f- République Démocratique du Congo
g- Angola
II.2.2- Dynamique démographique
II.1.3- Le lamantin au Sénégal
II.1.3.1- Distribution et habitat du lamantin au Sénégal
a- La Vallée du Fleuve Sénégal
b- La Petite Côte
c- Le Delta du Saloum
d- La Vallée du Fleuve Casamance
CHAPITRE III: IMPORTANCE DU LAMANTIN ET MENACES SUR SA SURVIE EN AFRIQUE DE L’OUEST ET DU CENTRE
III.1- Importance du lamantin en Afrique
III.1.1- Importance nutritionnelle
II.1.2- Importance commerciale
III.1.3-Importance thérapeutique
III.1.4- Importance écologique
III.1.5- Importance culturelle
III.1.5.1- Pratiques culturelles
III.1.5.2- Croyances et mythes
a- Mythe de la sirène
b- Autres mythes
c- Croyances
III.2- Menaces sur la survie du lamantin en Afrique
III.2.1- Contraintes biologiques
III.2.2-Contraintes environnementales
III.2.2.1- Chasse
III.2.2.2- Prise accidentelle dans les filets de pêche
III.2.2.3- Perte de l’habitat
a- Pollution
b- Conflits entre populations et lamantins
III.2.2.4- Changements climatiques
III.2.2.5- Autres facteurs néfastes
Chapitre IV: Stratégies de conservation du lamantin en Afrique
IV.1- Dispositions internationales
IV.1.1- Convention de Washington
IV.1.2- Convention de Bonn
IV.1.3- Disposition de l’UICN
IV.1.4- Convention de Rio
IV.1.5- Convention de Ramsar
IV.1.6- Convention sur la lutte contre la désertification
IV.2- Dispositions en Afrique
IV.2.1- Convention d’Abidjan
IV.2.2- Convention d’Alger
IV.2.3- Décret de 1947 des Territoires d’Outre – Mer et des Colonies Françaises
IV.2.4- Programme Régional de Conservation du lamantin ouest africain
IV.2.5- Autres mesures de conservation en Afrique
IV.3- Les initiatives de conservation du lamantin au Sénégal
IV.3.1- Code de la chasse et de la protection de la faune
IV.3.2- Code de l’environnement du Sénégal
IV.3.3- Autres actions de conservation au Sénégal
DEUXIEME PARTIE : BIOLOGIE ET GENETIQUE DU LAMANTIN OUEST AFRICAIN, TRICHECHUS SENEGALENSIS (LINK 1795) AU SENEGAL 
CHAPITRE I : MATERIEL ET METHODES
I.1- Cadre de l’étude
I.2- Matériel
I.2.1-sur le terrain
I.2.1.1- Enquêtes de terrain
I.2.1.2- Opération de sauvetage
I.2.1.3- Prélèvements des échantillons pour la génétique
I.2.2- Au laboratoire
I.3- Méthode
I.3.1- Sur le terrain
I.3.1.1- Enquête sur le terrain
a- Les enquêtes
b- Traitement des données
I.3.1.2-Suivi satellitaire
a- Méthode de capture et de lâcher des lamantins
b- Prise des données biométriques
c- Collecte des échantillons pour la biologie moléculaire
d- Méthode de pose des balises
I.3.2- Méthode au laboratoire
I.3.2.1- Préparation des échantillons
I.3.2.2- Extraction de l’ADN
I.3.2.3-Réaction de polymérisation en chaîne (pcr)
I.3.2.4- Séquençage
I.3.2.5. Traitement des données
CHAPITRE II: RESULTATS
II.1.1- Enquêtes par zone
II.1.2- La biométrie
II.1.3- Sur le suivi satellitaire
II.1.3.1- Variation de la position des lamantins dans le temps
a- Localisation des lamantins du 14 janvier au 2 février 2009
b- Localisation des lamantins du 2 février au 16 mars 2009
c- Localisation des lamantins du 16 mars au 13 avril 2009
a- Localisation des lamantins du 13 avril au 19 mai 2009
d- Localisation du lamantin femelle du 19 mai au 28 juillet 2009
e- Localisation du lamantin femelle du 23 juillet au 25 août 2009
II.1.3.2- Variation dans l’espace
II.1.2- Résultats de laboratoire
II.1.2.1-Prélèvements
II.1.2.2- Résultats de l’analyse des prélèvements
a- Résultats de la nanophotométrie
b- Résultats de l’électrophorèse
c- Résultats du séquençage
CHAPITRE III : DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS
III.1- Discussion
III.1.1- Limites de l’étude
III.1.2- Choix du milieu d’étude
III.1.3- Matériel et méthodes
III.1.3.1- Sur le terrain
III.1.3.2- Au laboratoire
III.1.4- Résultats
III.1.4.1- Sur le terrain
III.1.4.1.1- Les enquêtes
a- Distribution et habitat du lamantin
b- Les observations
c- Estimation de la taille de la population
d- Biologie du lamantin africain
d- Menaces
e- Le lamantin dans la pharmacopée
f- Le lamantin dans les mythes et croyances
g- Pourquoi conserver le lamantin ?
III.1.4.1.2- Le suivi à l’aide de balise
III.1.4.2- Au laboratoire
a- Les haplotypes
b- Répartition phylogénétique
c- Diversité génétique
III.2- Recommandation
III.2.1- A l’endroit de l’Etat sénégalais
IV.2- A l’endroit des ONG de préservation de l’environnement
III.2.3- A l’endroit des populations
II.2.4- A l’endroit des scientifiques
CONCLUSION
REFERERENCES BIBILIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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