Béni, un personnage ironique de l’entre-deux langues

Béni, un personnage ironique de l’entre-deux langues

Chapitre II: Béni ou le paradis privé, un titre ironique :

« Il faut commencer l’étude du texte par celle de son titre » 23 , ainsi nous avons choisi d’ouvrir l’étude de notre corpus par l’analyse de l’un des éléments les plus importants qui le désigne de plus prés « le titre ». Le titre est donc le premier indice qui suscite la curiosité du lecteur, et c’est cette tonalité qui se dégage de Béni ou le paradis privé qui nous a précisément interpellé. Par sa structure grammaticale disjointe, ce titre évoque l’enjeu principal de l’œuvre. Nous y reviendrons quand le moment sera venu. Ainsi le titre, qui est en premier lieu un élément paratextuel, sert à désigner d’une manière ou d’une autre le monde de la fiction qui se déploie à l’intérieur des pages du volume. Il est en effet sans conteste le premier élément qui nous invite à lire ou pas le récit dont il est le porte-parole.
De nombreux titres ont laissé chez le lecteur une impression indélébile, une opinion immortelle et une idée fixe. C’est le cas de La Dame aux Camélias d’Alexandre Dumas fils. C’est le cas aussi de Germinal de Zola, de Madame Bauvary de Gustave Flaubert, du Père Goriot de Balzac, et beaucoup d’autres encore auxquels les gens se réfèrent pour appuyer leur argumentation, expliquer une situation similaire ou pour une toute autre raison quelconque. Bien qu’il nous arrive des fois d’oublier le contenu général d’une œuvre, les titres, eux, restent toujours gravés et résonnent encore longtemps dans notre mémoire. En effet, le titre « représente le premier contact que nous établissons avec tous les produits du quotidien. En littérature, il s’agit d’un élément du paratexte qui distingue les œuvres les unes des autres et auquel nous nous fions souvent lorsque l’auteur nous est inconnu» Pour entamer notre analyse, nous allons d’abord commencer par rappeler ce qu’est le paratexte étant donné que le titre est l’un de ses éléments. Certains théoriciens disent qu’il « a longtemps été sous-estimé, voire ignoré, par la critique au motif qu’il était bien souvent étranger à l’influence de l’auteur et qu’il n’était guère plus qu’un emballage commercial et titrologique de l’œuvre romanesque de Malek Haddad,Mémoire élaboré en vue de l’obtention du diplôme de Magistère, Option: Sciences des textes littéraires, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Université de Batna, 2005, P.37. éditorial dévolu à faire vendre et à contenir des informations factuelles sans lien direct avec le contenu du livre ».Mais à partir des années 70, on a commencé à s’intéresser sérieusement à la question et à l’étudier en profondeur. C’est à Phillipe Lejeune que l’on doit cette prouesse puisqu’il a eu le mérite d’inaugurer cette étude dans son écrit Le Pacte autobiographique, dans lequel il donne le nom d’une « frange de texte imprimé » 26 pour désigner tout ce qui entoure le texte et qui selon lui, commande toute la lecture. Vient ensuite Gérard Genette compléter le travail amorcé et forge ainsi la notion de « paratexte » que l’on retrouve dans son ouvrage Palimpsestes et qu’il développe par la suite en 1987 dans seuils, où il a étudié en détail tous les éléments du paratexte. Le paratexte d’une façon générale est tout ce qui accompagne un texte, une œuvre. Il regroupe donc l’ensemble des informations et renseignements donnés sur le texte qui figurent sur les quatre pages de couverture, ce qui facilite le contacte entre le texte et le lecteur. Selon G.Genette le paratexte désigne : « un certain nombre de productions, elle-même verbales ou non, comme un nom d’auteur, un titre, une préface, des illustrations. » mais pour ces dernières, Genette ajoute qu’on ne sait pas toujours si l’on doit les considérer qu’elles [ …] appartiennent [au texte], mais qui en tout cas l’entourent et le prolongent, précisément pour le présenter »
Le paratexte renvoie donc à tout ce qui entoure le texte sans être le texte proprement dit, et V. Jouve ajoute aux éléments paratextuels évoqués par Genette : la table des matières, les notes, les titres de chapitres, les intertitres, le nom de l’éditeur, le titre de la collection, les préfaces et les postfaces. Le titre stimule notre curiosité et occupe « ainsi une place indéniable dans le péritexte28
Il joue un rôle très important dans la relation du lecteur avec le texte. En effet « en l’absence d’une connaissance précise de l’auteur, c’est souvent en fonction du titre qu’on choisira de lire ou non un roman: « il est des titres qui « accrochent » et des titres qui rebutent, des titres qui surprennent et des titres qui choquent, des titres qui enchantent et des titres qui agacent » C’est l’approche dite « titrologie»30 qui s’occupe de l’étude des titres, c’est une approche bien récente, elle s’est imposée depuis quelques décennies, à partir des années 70 après l’avènement de la sémiologie. Elle a bien tardé à s’installer dans le paysage, car la nomination des ouvrages est d’usage ancien. Il est clair qu’on a toujours nommé nos créations, littéraires soient elles ou artistique, «L’intitulation des textes et ses usages codés sont des phénomènes datés. Ils appartiennent à l’histoire du livre et de l’édition, mais aussi à celle de la lecture et de la littérature»
Cela dit, cette discipline a donné au titre une place très importante dans la critique littéraire. Les théoriciens, à savoir, Léo H. Hoek dans La Marque du titre publié en 1981 ; Gérard Genette dans Palimpsestes (1982) et surtout dans Seuils (1987) ; Claude Duchet dans La Fille abandonnée et la Bête humaine, éléments de titrologie romanesque en1973 ; Vincent Jouve qui a essayé de résumer le travail de G.Genette dans Poétique du Roman et encore Barthes, Achour Christiane et Rezzog dans Convergence critique, ont tous insisté sur le fait que l’analyse d’une œuvre ne pourrait être complète si on ne tient pas compte de l’analyse du titre. Outre la critique littéraire, plusieurs autres domaines se sont intéressés à l’étude du titre : la pragmatique, la sémiotique, la linguistique, la rhétorique, la peinture, la presse, le cinéma …etc. et cela a engendré plusieurs définitions plus au moins distinctes. Etymologiquement parlant, le mot « titre » vient du latin « titulus », qui renvoie à
plusieurs significations : « inscription, épitaphe, marque, étiquette, titre de gloire» Le Petit Larousse 2009 en donne aussi plusieurs définitions, mais celle qui nous intéresse particulièrement est celle-ci : le titre est « Mot, expression, phrase, etc, servant à désigner un écrit, une de ses parties, une œuvre littéraire ou artistique, une émission, etc. à en donner le sujet. » Du côté de la critique littéraire, le titre selon LéoHoek désigne « cette partie de la marque inaugurale du texte qui en assure la désignation et qui peut s’étendre sur la page de titre, la couverture et le dos du volume intitulé » Il ajoute en d’autres propos: « Le titre désigne, appelle et identifie un texte » Claude Duchet pour sa part l’explique en ces termes que le titre : « …est un message codé en situation de marché : il résulte de la rencontre d’un énoncé romanesque et d’un énoncé publicitaire ; en lui se croisent nécessairement littérarité et socialité : il parle de l’œuvre en termes de discours social mais le discours social en terme de roman»
Anne Ferry définit le titre comme étant « Une parole écrite au dessus du texte (..)dans l’espace qui lui a été réservé, depuis l’avènement de l’impression » Toutes ces définitions, précisent clairement que le titre lie intimement le texte et le lecteur. Ce que Claude Duchet semble confirmer dans cette citation : « titre et roman, dit-il, sont en rapport de complémentarité et proclament leur interdépendance : l’un annonce, l’autre explique, développe un énoncé programmé, jusqu’à reproduire parfois en conclusion son titre, comme mot de la fin, et clé de son texte » l’oeuvre romanesque de Malek Haddad. Cas de : L’Elève et la leçon et Le Quai aux Fleurs ne répond plus,  Quelles sont les fonctions du titre ?
Le titre a tendance à être de plus en plus travailler par l’auteur, sinon l’éditeur, pour mieux exercer l’influence sur le lecteur, pour le séduire par le produit et l’inciter par la suite à l’acheter. Entre autres, la forme d’écriture du titre, sa sonorité, sa longueur, son aspect visuel en général, ainsi que, sa signification et son écho, joue un rôle primordial dans son influence sur le lecteur, le laissent pensif, curieux et imaginatif. Le titre l’intrigue tout en le séduisant. Et cela, inévitablement, travaille l’intérêt de l’éditeur qui cherche toujours à faire du livre un produit de consommation, un produit de marketing. Il n’échappe à personne que dans une société capitaliste comme la notre, le titre est d’abord un objet commercial comme n’importe quel autre produit de consommation. Il est considéré comme étant une publicité et pour le livre et pour la maison d’édition, ce que confirment C.Achour et S.Rezzoug, dans Convergence critique, le titre est : « une partie d’un ensemble et étiquette de cet ensemble » il est un « emballage » « incipit romanesque » Selon G.Genette, le titre d’une œuvre littéraire assure une ou plusieurs fonctions :
1- La fonction de désignation : le titre sert à identifier et à nommer un livre, il est la généralement suffisant pour identifier un texte sans tenir compte de son auteur ou éditeur. 2- La fonction descriptive : le titre dans ce cas nous donne des renseignements et des informations sur le contenu et la forme de l’ouvrage, ainsi il peut être : * Titre thématique, qui renvoie au contenu, au thème du livre, à ce dont on parle, qui à son tour peut se manifester sous plusieurs formes : a- titre littéral qui renvoie directement et explicitement au sujet central du texte ; b-titre métonymique quand il renvoie à un élément ou un personnage secondaire de l’histoire, mais cet élément ou personnage va se doter d’une valeur symbolique grâce à ce titre. c-titre métaphorique qui évoque le contenu du texte de manière symbolique. d- enfin on trouve le titre dit antiphrastique qui renvoie au contenu du texte avec ironie ou euphémisme (il évoque le contraire de ce que le texte annonce).

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Table des matières

Introduction
ChapitreI : Le cadre définitionnel du comique et de l’ironie 
ChapitreII : Béni ou le paradis privé, un titre ironique
Chapitre III : Béni, un personnage ironique de l’entre-deux langues et de l’entre-deux cultures
III.1. Béni, un personnage ironique de l’entre-deux langues
III.2. Béni, un personnage ironique de l’entre-deux cultures
Conclusion
Références bibliographiques

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