Bénéfices de la mobilité piétonne pour les personnes âgées

Bénéfices de la mobilité piétonne pour les personnes âgées

Vieillissement mondial de la population à horizon 2050 

Alors que la population mondiale croit de plus de 80 millions d’habitants par an (ONU, 2015) et que l’espérance de vie mondiale ne cesse de s’améliorer (ONU, 2013), les personnes âgées de 60 ans et plus représentent une part toujours plus importante de la population mondiale. Ainsi, entre 2015 et 2050, si la baisse de la mortalité continue, le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus devrait doubler dans le monde pour représenter, à terme, plus de 20% de la population mondiale, soit environ 2 milliards d’individus. Selon les projections de l’INSEE, la France devrait suivre la tendance mondiale, avec une augmentation particulièrement importante de la part de la population âgée de 75 ans et plus. En effet, si ceux-ci représentent 9,1% de la population en 2015 (soit environ 5,6 millions de personnes), leur part devrait passer à 15,1% de la population à l’horizon 2050, soit une augmentation de 95%, pour atteindre 10,9 millions de personnes .

L’accroissement du nombre d’individus âgés voire très âgés, l’amélioration de l’espérance de vie, les efforts politiques et sociaux menés pour le maintien à domicile des personnes vieillissantes, ainsi que la densification urbaine qui s’opère aujourd’hui partout dans le monde posent la question de la préservation de la mobilité et de la qualité de vie des personnes âgées dans des environnements urbains denses et pas toujours adaptés à cette population. Pour bien vieillir et pour prévenir la perte de mobilité et d’autonomie, une activité physique régulière telle que la marche à pied est souvent conseillée, compte tenu des bénéfices physiques, psychologiques et sociaux qu’elle apporte. Cette pratique doit toutefois prendre en compte les difficultés d’ordre urbanistique liées à l’aménagement de l’espace piéton en milieu urbain, et les difficultés d’ordre physique et cognitif associées au processus de vieillissement normal.

La marche préserve santé, qualité de vie et autonomie

La mobilité piétonne présente de nombreux intérêts en termes de préservation de la santé, de l’environnement et de la qualité de vie, qui sont largement mis en avant par les pouvoirs publics depuis quelques années dans le cadre du développement des politiques de mobilité durable (Feriel, 2015 ; Terrin, 2011). Les bénéfices de la marche à pied sont nombreux et variés dans le champ de la prévention des risques physiques liés au vieillissement. Ainsi, à travers plusieurs études longitudinales, on observe une baisse de la mortalité chez les personnes marchant régulièrement, qu’ils s’agissent de seniors âgés autour de 55-65 ans (Franco et al., 2005 ; Hakim et al., 1998) ou de personnes plus âgées (au-delà de 75 ans) (Benetos et al., 2005 ; Landi et al., 2004). La pratique régulière et modérée de la marche à pied (environ 20 minutes au moins 3 fois par semaine) mobilise les capacités cardio-respiratoires des individus âgés (Malbut et al., 2002), et est conseillée pour la prévention des risques cardio-vasculaires mais aussi de nombreuses maladies chroniques (Vogel et al., 2009). Le fait de marcher régulièrement, même de manière modérée, intervient ainsi positivement dans la réduction des risques de maladies coronariennes, du mauvais cholestérol et des triglycérides (Halverstadt et al., 2007), de la masse grasse (Irwin et al., 2003), du risque de diabète de type 2 (Jeon et al., 2007), du risque d’accident vasculaire cérébral (Wendel-Vos et al., 2004) et du risque d’hypertension artérielle (Whelton et al., 2002). La pratique de la marche à pied chez les personnes âgées permet également de prévenir le cancer du côlon et le cancer du sein (Hardman, 2001), d’améliorer la densité osseuse, ce qui limite le risque de fractures, en particulier chez les femmes (Cummings et al., 1995), de réduire le risque de chute (Tinetti, 2003), et d’améliorer la force musculaire (Fiatarone et al., 1994). Par ailleurs, la marche permettrait de préserver les capacités cognitives et de réduire les risques de maladie d’Alzheimer (Larson et al. 2006). Ces bénéfices sur la santé et la forme physique des individus âgés viennent s’ajouter à d’autres bénéfices de la marche en milieu urbain, d’ordres psychologiques et sociaux cette fois. Ainsi, plusieurs études s’intéressant à la marchabilité ont montré que favoriser la marche à pied comme mode de déplacement local permet de développer plus d’interactions sociales (Friedman et al., 2012) et une plus grande implication des âgés dans la vie de la communauté (Walford et al., 2011). Cette vie sociale permettrait par ailleurs de réduire les risques de dépression chez les personnes âgées (Berke, Gottlieb, Moudon, et Larson, 2007), souvent isolées et privées de moyens de transport leur permettant de sortir de leur périmètre d’habitation.

La mobilité piétonne dans les déplacements des âgés

La marche comme moyen de déplacement en ville 

Les déplacements piétons sont aujourd’hui peu pris en compte dans les enquêtes relatives aux déplacements, le mode piéton étant souvent traité comme un mode de déplacement par défaut face à d’autres moyens de transport motorisé (voiture, bus) ou plus doux (vélo). Il est de ce fait peu questionné, et l’est en général sous le seul angle de la sécurité des parcours. Des données génériques existent cependant sur les déplacements piétons (ici données de l’Enquête Nationale Transports Déplacements de 2008). Ainsi, on sait que la marche à pied représente 22,3 % des déplacements en semaine en 2008, et qu’elle est impliquée en multi-modalité dans 46% des déplacements. Elle représente donc un moyen de transport conséquent au quotidien. La marche à pied est perçue comme un moyen de faire du sport, de se promener ou encore de se rendre sur un lieu de pratique sportive. Elle est également souvent pratiquée pour les achats quotidiens de proximité. Ainsi, trois déplacements à pied sur quatre se font sur des parcours de moins de 900 mètres, et d’une durée moyenne de 13,4 minutes. La marche représente une part de plus en plus importante dans les déplacements locaux dans les grandes villes (commune de plus de 100 000 habitants) alors que la part de la marche a diminué dans les agglomérations plus petites ou les aires rurales. Parmi les marcheurs, on compte 61% de femmes, et deux groupes sont très représentés : les jeunes et les personnes âgées.

La mobilité des personnes âgées

Avec l’avancée en âge, les personnes ont tendance à réduire le nombre de leurs déplacements quotidiens . On observe ainsi que, par tranche d’âge, le nombre de déplacements quotidiens par personne est d’abord croissant jusqu’à l’âge de 45 ans puis décroissant. Il se maintient à un niveau assez élevé jusqu’à 74 ans (2,67 déplacements par jour en 2008) avant de chuter fortement au-delà (1.59 déplacement par jour en moyenne en 2008).

Plusieurs facteurs peuvent expliquer la réduction du nombre de déplacements quotidiens avec l’avancée en âge. Le premier est le départ à la retraite et la diminution mécanique des déplacements liés à l’activité professionnelle. Ainsi, les personnes immobiles du lundi au vendredi sont avant tout des personnes âgées : 46 % ont plus de 65 ans contre 24 % en moyenne, et 63 % sont des retraités contre 24 % en moyenne. La seconde explication est relative à l’abandon progressif de l’automobile chez les plus âgés. En effet, les politiques publiques visant à réduire la conduite automobile, le coût afférant à la possession d’un véhicule personnel et les préoccupations en termes de compétences de conduite et de sécurité routière chez les âgés tendent à réduire leur usage de la voiture au profit de la mobilité piétonne (Dunbar et Holland, 2004). Si les personnes ayant eu une voiture ont tendance à continuer de l’utiliser (Mori et Mizohata, 1995), la part de leurs déplacements effectués à pied augmente considérablement, même en milieu rural (Noble, 2000). Ainsi, 69% des déplacements des retraités âgés de moins de 75 ans s’effectuent en voiture, mais cette part tombe à 51% chez les plus de 75 ans .

Part de la marche dans les déplacements des personnes âgées 

Si les promenades et la marche à pied peuvent être des pratiques choisies, dont les personnes âgées identifient bien les avantages pour la santé (Carp, 1972), la mobilité piétonne demeure par ailleurs souvent le seul moyen de transport de populations ayant dû renoncer à l’usage de la voiture pour se déplacer. La mobilité piétonne constitue ainsi un des modes de déplacement principaux des personnes âgées, en particulier en ville. Ainsi en 2008, en France, si 24% des déplacements s’effectuaient à pied chez les jeunes retraités âgés de 60 à 74 ans, contre 64% en voiture, cette part montait à 39% chez les 75 ans et plus, contre 51% pour la voiture. Le recours à la mobilité piétonne est particulièrement important dans les déplacements locaux, puisqu’elle est utilisée à plus de 45% chez les femmes âgées de 75 ans et plus, et plus de 25% pour les hommes (ENTD, 2008). La différence homme/femme dans le recours à la mobilité piétonne peut s’expliquer en partie par le fait que les femmes âgées sont plus rarement titulaires du permis de conduire que les hommes  . Ainsi, environ 90% des hommes et seulement un peu plus de 40% des femmes âgées de plus de 75 ans possédaient le permis de conduire en 2008.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1 – LA MOBILITE PIETONNE, UN ENJEU POUR L’AUTONOMIE DES PLUS AGES
1- Bénéfices de la mobilité piétonne pour les personnes âgées
1.1- Vieillissement mondial de la population à horizon 2050
1.2- La marche préserve santé, qualité de vie et autonomie
2- La mobilité piétonne dans les déplacements des âgés
2.1- La marche comme moyen de déplacement en ville
2.2- La mobilité des personnes âgées
2.3- Part de la marche dans les déplacements des personnes âgées
3- Difficultés rencontrées dans la mobilité piétonne avec l’âge
Synthèse
CHAPITRE 2 – NAVIGATION SPATIALE ET VIEILLISSEMENT
1- Navigation et cognition spatiale : concepts généraux
1.1- Cognition spatiale à petite et grande échelle et navigation
1.2 – Recherche d’itinéraire et orientation
1.3-Rôle des cartes cognitives dans la navigation spatiale
2- Informations spatiales et intégration de connaissances
2.1- Modes d’acquisition d’informations spatiales
2.2- Cadres de références et stratégies égocentrées et allocentrées
2.3- Modèle Repère-Itinéraire-Configuration
2.4 – Capacités et habiletés visuo-spatiales
2.4.1 – Orientation spatiale et intégration de trajet
2.4.2 – Mémoire de travail spatiale et attention visuo-spatiale
2.4.3 – Visualisation spatiale
3- Perception
3.1- La vue
3.2- L’ouïe
3.3- Le système somesthésique
3.4 – Le système vestibulaire
3.5– Intégration multisensorielle
4- Le rôle pluriel de l’attention pour la navigation
4.1- Les différentes formes de l’attention
4.1.1- Une définition de l’attention
4.1.2- Pluralité de l’attention
4.2- Les formes d’attention mises en jeu dans la navigation spatiale piétonne
4.2.1- Attention préparatoire
4.2.2- Attention sélective
4.2.3- Attention partagée
4.2.4 – Attention en navigation et situation awareness
4.3- Déclins attentionnels liés à l’âge
Synthèse
CHAPITRE 3 – AIDES A LA NAVIGATION PIETONNE
1 – Carte papier et aides technologiques à la navigation
1.1 – Principes génériques de conception des aides à la navigation
1.2 – Avantages et limites des cartes papiers
1.3 – Avantages et limites des aides technologiques à la navigation
1.4 – Aides technologiques à la navigation et guidage pas-à-pas
2 – Aides technologiques visuelles
2.1 – Texte
2.2 – Flèche 2D
2.3 – Cartes numériques 2D
2.4 – Cartes 3D
2.5 – Réalité augmentée
2.6 – Limites des aides visuelles
3 – Les aides auditives
3.1 – Aides auditives verbales
3.2 – Aides auditives non-verbales
3.3 – Limites des aides auditives
4 – Les aides haptiques
4.1 – Aides haptiques et encodage d’informations
4.2 – Aides haptiques et confirmation de trajet
4.3 – Limites des aides haptiques vibrotactiles
5 – Vers des aides à la navigation multimodales
Synthèse
CHAPITRE 4 – EXPERIENCE UTILISATEUR
1- L’acceptabilité et l’expérience utilisateur
1.1 – Modèles génériques
1.2 – Modèles d’acceptabilité des aides à la navigation
2- UX et principes de conception pour les personnes âgées
2.1 – L’UX chez les personnes âgées
2.2- Synthèse des dimensions de l’UX à questionner
2.3 – La conception numérique des interfaces et des instructions de guidage pour les personnes âgées
2.3.1 – Conception d’interfaces numériques
2.3.2 – Conception d’instructions de guidage
3- Méthodes d’évaluation de l’UX
3.1 – Questionnaires
3.2- Mesures physiologiques et d’observation
3.3 – Méthodes par verbalisation
CONCLUSION

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