Association entre la douleur chronique et la santé mentale

Types de douleur

Il existe plusieurs types de douleur qui ont différents mécanismes et différentes fonctions biologiques (Woolf, 2010). Tout d’abord, il y a la douleur nociceptive qui est causée par l’activation du système nociceptif suite à un dommage potentiel à l’organisme. Puisque ce type de douleur est en lien avec la perception des stimulations nocives pour l’organisme (Basbaum, Bautista, Scherrer, & Julius, 2009). Son rôle protecteur exige une attention et une action immédiates, par l’intermédiaire de réflexes de retraits, d’une sensation désagréable et des émotions qu’elle enclenche. Le deuxième type de douleur, la douleur inflammatoire, est tout aussi adaptatif et protecteur. Par l’augmentation de la sensibilité sensorielle d’une zone corporelle lésée, la douleur permettra la guérison de la blessure en créant une situation qui décourage tout contact physique ou mouvement. Cette douleur est causée par l ‘activation du système immunitaire lors de la lésion ou de l’infection. Finalement, il y a la douleur qui n ‘a pas de fonction protectrice et qui est mal adaptée. Elle résulte du fonctionnement anormal du système nerveux. Cette douleur pathologique , qui n’est pas un symptôme d’un trouble, mais plutôt un état pathologique en soi, peut se produire suite à des lésions du système nerveux (douleur neuropathique ), mais aussi dans des conditions dans lesquelles il n’y a pas de dommage ou d’inflammation (douleur dysfonctionnelle ). De cette dernière catégorie, nous pouvons citer la fibromyalgie, le syndrome du côlon irritable, la cystite interstitielle, le désordre temporomandibulaire, pour ne nommer que celles-ci. Comme le processus qui mène à chacune de ces douleurs est différent, les traitements doivent être ciblés et il importe donc que les professionnels de la santé sachent les distinguer.

Chemin de la douleur

La neurophysiologie de la douleur est très complexe puisqu’elle met en jeu le système nerveux périphérique, spinal et supra-spinal. La douleur aiguë tire son origine de la périphérie. L’influx nociceptif voyage par les nerfs périphériques le long des fibres Ao et C jusqu’à la synapse de la come dorsale de la moelle épinière. Une fois l ‘information transmise à ce niveau, l’influx se projette le long du faisceau antérolatéral vers la formation réticulée bulbaire et le thalamus pour former la deuxième synapse. L’information voyage ensuite vers le cortex pariétal, qui décode la sensation douloureuse pour déterminer le type de douleur, sa localisation et son intensité, tandis que la voie médiane atteint le cortex frontal et des structures limbiques (cortex cingulé antérieur [CCA] et l’insula) qui analysent et définissent l’aspect affectif (aspect désagréable) du message douloureux . La perception de la douleur est donc un phénomène neuronal et psychologique complexe impliquant plusieurs régions du système nerveux (Nashold & Briedman, 1977).

Impacts de la douleur chronique

Quand une douleur est chronique, elle cause une détresse émotionnelle considérable ainsi qu’une perturbation du fonctionnement occupationnel et social de l’individu qui en est atteint. Par exemple, les personnes atteintes de douleur chronique visitent fréquemment leur médecin, subissent plusieurs évaluations médicales (parfois inutiles) et ont un plus haut taux d’absentéisme au travail que la population générale (Gureje, Von Korff, Simon, & Gater, 1998). Il a également été démontré à maintes reprises que la DC peut avoir un impact négatif sur la santé mentale, la qualité de vie (Elliott et al., 2003; Wang et al., 2001) et la qualité du sommeil (M. T. Smith & Haythomthwaite, 2004). Finalement, la douleur peut également affecter la vie conjugale et amener une insatisfaction et des réactions négatives de la part du conjoint (Cano, Gillis, Heinz, Geisser, & Foran, 2004).
De par ces multiples impacts néfastes, il n ‘est donc pas surprenant de constater que des problèmes de santé mentale sont très fréquents chez la population douloureuse chronique, et vice versa.

TROUBLES PSYCHIATRIQUES

Diagnostic
Les troubles psychiatriques (ou mentaux) sont des troubles psychologiques ou comportementaux, généralement associés à une détresse subjective ou un handicap. Il existe actuellement deux systèmes de classification des troubles mentaux -la Classification Internationale des Maladies (CIM-10), publiée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), et le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM), publié par l’Association Américaine de Psychiatrie (APA- American Psychiatrie Association).
Dans le cas du DSM-IV (APA, 1994), on peut catégoriser les troubles selon cinq axes :
Axe I : Les troubles majeurs cliniques;
Axe II : Les troubles de la personnalité et le retard mental;
Axe III : Aspects médicaux ponctuels et troubles physiques;
Axe IV : Facteurs psychosociaux et environnementaux;
Axe V : Échelle d’Évaluation Globale de Fonctionnement.
Les troubles communs de l’ Axe I incluent la dépression, les troubles anxieux, le trouble bipolaire, le trouble de déficit de l’attention (TDA), les troubles du spectre autistique, l’anorexie mentale, la boulimie et la schizophrénie.

Anxiété et douleur

La prévalence des troubles anxieux est plus élevée chez les gens souffrant de douleur chronique que chez la population générale (Asmundson, Jacobson, Allerdings, & Norton, 1996). Dans une étude populationnelle, la prévalence des troubles anxieux était de 35 % chez les gens atteints de douleur chronique comparativement à 17% chez la population générale (Mc Williams et al., 2003). Il semblerait que cette relation soit d’ailleurs plus forte pour le trouble d’anxiété généralisé (TAG) que pour les autres troubles anxieux (Beesdo, Hoyer, et al., 2009). À l’inverse, très peu d’études ont investigué la présence de douleur chronique chez des sujets présentant un trouble anxieux (principalement le stress post-traumatique et les troubles paniques). Asmundson et al. ont relevé 3 études dans lesquelles 20 à 70 % des patients avec trouble panique rapportaient de la douleur chronique (Asmundson & Katz, 2009). Ainsi, il devient difficile de déterminer si c’est le trouble anxieux qui prédispose à la douleur ou si c’est l’inverse. Même si cette influence est probablement bidirectionnelle, il semble qu’il faille retenir la première hypothèse. En effet, selon Knaster et ses collègues, la majorité des désordres anxieux (77 %) ont émergé avant le début de la douleur, tandis que seulement 37% des troubles de l’humeur se sont développés avant la douleur (Knaster et al., 2012).

Dépression et douleur

Il est bien établi qu’un lien épidémiologique important existe entre la dépression et la douleur chronique (Currie & Wang, 2004; R. H. Dworkin & Gitlin, 1991; Fishbain, Cutler, Rosomoff, & Rosomoff, 1997; Munce & Stewart, 2007; Ohayon & Stingl, 2012; Rush, Polatin, & Gatchel, 2000) et que la dépression est la comorbidité la plus fréquente chez les patients atteints de douleur chronique (Leo, Pristach, & Streltzer, 2003 ; M. D. Sullivan, Edlund, Steffick, & Unutzer, 2005). Bien que l’ incidence de la dépression identifiée dans plusieurs études varie sensiblement, on estime que la dépression est deux fois plus fréquente chez les patients souffrant de douleur chronique que dans la population générale (R. Large, New, Strong, & Unruh, 2002). Plus spécifiquement, des études de prévalence ont montré que 18 à 56 % des patients atteints de douleur chronique étaient également atteints de dépression, et que la dépression majeure atteindrait entre 9 et 20% de cette population (Bair et al., 2003; Miller & Cano, 2009). Une forte association entre douleur et dépression a également été observée dans une étude canadienne basée sur l ‘ESCC cycle 1.1 de 2001 (Munce et al., 2006), de même que dans une étude européenne où 50% de la population ayant des épisodes de dépression majeure présentait également de la douleur (Demyttenaere et al., 2006). À l’instar des études sur les populations anxieuses, quelques études ont évalué la prévalence de douleur chronique chez les populations dépressives. Bair et al. en ont recensé 14 (Bair et al., 2003) et la prévalence moyenne des études répertoriées était de 65% (15 à 100 %).

 

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

1. INTRODUCTION
1.1. AVANT-PROPOS
1.2. PROBLÉMATIQUE
1.3. OBJECTIFS DE L’ÉTUDE
2. RECENSION DES ÉCRITS
2.1. DOULEUR
2.1.1. Définition
2.1. 2. Types de douleur
2.1.3. Chemin de la douleur
2.1.4. Modulation de la douleur
2.2. DOULEUR CHRONIQUE
2.2.1. Épidémiologie de la douleur chronique
2.2.2. Impacts de la douleur chronique
2.3. TROUBLES PSYCHIATRIQUES
2.3.1. Diagnostic
2.3.2. Prévalence
2.4. ASSOCIATION ENTRE LA DOULEUR CHRONIQUE ET LA SANTÉ MENTALE
2.4.1. Anxiété et douleur
2.4.2. Dépression et douleur
2.4. 3. État des faits – conclusion
3. MATÉRIEL ET MÉTHODES
3.1. DEVIS DE RECHERCHE
3.2. POPULATION À L’ÉTUDE
3.3. SÉLECTION DES SUJETS
3.3.1. Critères d’ inclusion
3.3.2. Critères d’ exclusion
3.4. DÉROULEMENT DE L’ÉTUDE
3.5. MÉTHODES DE COLLECTE DES DONNÉES
3.6. DÉFINITION DES VARIABLES
3.6.1. Caractéristiques cliniques de la douleur
3.6.2. Prise en charge des symptômes douloureux
3.6.3. Stratégies d’ ajustement face à la douleur
3.6.4. Fonctionnement psychologique
3.6.5. Impression de l’impact de la douleur sur la santé mentale
3.6.6. Qualité de vie (QOL) liée à la santé
3.6.7. Qualité du sommeil
3.6.8. Autres variables et déterminants
3.7. INSTRUMENTS DE MESURE
3. 7.1. Brief Pain Inventory (BPI)
3.7.2 Short-Form McGill Pain Questionnaire (SF-MPQ)
3.7.3. DouleurNeuropathique 4 Questions (DN4)
3. 7.4. Chronic Pain Coping Inventory (CPCI)
3.7.5. Beek Depression Inventory-II (BDI-II)
3. 7.6. State-Trait Anxiety Inventory (STAI)
3. 7. 7. Pain Catastrophizing Scale (PCS)
3.7.8. Multidimensional Health Locus ofControl Scale (MHLCS)
3.7.9. 12-Item Short Form Health Survey (SF-12)
3.7.10. Pittsburgh Sleep Quality Index (PSQI)
3.8. ANALYSES STATISTIQUES
3. 8.1. Taille d’échantillon
3.8.2. Description des analyses statistiques
3.9. CONSIDÉRATIONS ÉTHIQUES
4. RÉSULTATS
4.1. SUIVI DU RECRUTEMENT
4.2. CARACTÉRISTIQUES DES PATIENTS
4.2.1. Caractéristiques sociodémographiques et habitudes de vie
4.2.2. Comorbidités
4.2.3. Caractéristiques de la douleur chronique
4.2.4. Prise en charge des symptômes douloureux
4.2.5. Condition psychiatrique
4.2.6. Impression de l’impact de la douleur sur la santé mentale
4.2. 7. Autres résultats obtenus grâce aux échelles validées
4.3. COMPARAISON DES CARACTÉRISTIQUES DE LA DOULEUR ET DE L’ÉTAT DE SANTÉ DE DIVERS SOUS-GROUPES PSYCHIATRIQUES
4.4. VARIABLES ASSOCIÉES À LA SÉVÉRITÉ DES SYMPTOMES DÉPRESSIFS ET ANXIEUX
4.4.1. Sévérité des symptômes dépressifs
4.4.2. Sévérité des symptômes anxieux
5. DISCUSSION GÉNÉRALE
5.1. CARACTÉRISTIQUES DE LA POPULATION PSYCHIATRIQUE
5.2. COMPARAISON DES CARACTÉRISTIQUES DE LA DOULEUR ET DE L’ÉTAT DE SANTÉ DE DIVERS SOUS-GROUPES PSYCHIATRIQUES
5.3. VARIABLES ASSOCIÉES À LA SÉVÉRITÉ DES SYMPTÔMES DÉPRESSIFS ET ANXIEUX
5.4. FORCES ET FAIBLESSES DE L’ÉTUDE
5.5. VALIDITÉ EXTERNE
5.6. IMPLICATIONS CLINIQUES ET PISTES FUTURES
CONCLUSION

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *