Ascendance agnatique de fille en mere : les « trois marie » 

Constructions en lien avec l’eau : l’aqueduc, les ponts, les moulins, les puits

Aqueduc de Pitot inauguré en 1765

En 1751, le Conseil de la ville de Montpellier confie à l’ingénieur-hydraulicien Henri Pitot (1695-1771) la direction des travaux de l’aqueduc de Montpellier pour conduire l’eau des sources du Boulidou et de St Clément de Rivière en traversant la commune de Montferrier. La première pierre fut posée le 13 juin 1753. Douze ans de travaux ont été nécessaires pour réaliser les quatorze kilomètres de canalisation du Nord au Sud. L’aqueduc fut inauguré le 7 décembre 1765. Désormais, une eau saine et claire arrive au point culminant de Montpellier : le Peyrou.
La partie de l’aqueduc la plus spectaculaire est celle dite des « Arceaux » à Montpellier, avec sa double rangée d’arcades inspirée de l’architecture romaine qui traverse le vallon du Peyrou sur plus de 820 mètres. La partie de l’aqueduc qui se situe sur les communes de Montferrier-sur-Lez et de St Clément-de-Rivière est également impressionnante encore aujourd’hui. L’édifice mesure 254 mètres de long et possède deux niveaux d’arcades superposées (12 grandes arches et 54 petites), comme celui du Peyrou.

Usines du XIXème siècle : la tannerie et la manufacture de textile

Montferrier c’est aussi une commune qui créé des emplois au XIXème siècle ; outre les moulins très actifs précités, on trouve :
La tannerie qui a été active de 1820 à 1982 : on y traitait des peaux (moutons, chèvres, veaux, porcs, renards, lapins…) et on y produisait cuirs et laine ; l’odeur était épouvantable à proximité (usine construite route de Mende en bordure du Lez) et par vents forts jusqu’au haut du village ; les produits employés étaient très toxiques et il y avait peu de moyens de protection à l’époque ; pour tanner les peaux, l’usine faisait venir l’écorce de chêne d’Anduze (Gard) qui était broyée en poudre pour produire le tan.
La manufacture textile a été ajoutée au Moulin de Sijas sur Ordonnance Royale en 1842 sous Louis Philippe ; le « Sieur Sijas » a pu ajouter à son moulin de blé « une fabrique de pointes de Paris et une filature de soie » (« Pittoresque Montferrier » groupe patrimoine de Montferrier, avril 2019, page 51). La commune avait ainsi un atelier de confection de couvertures de laines (registres municipaux 1871). Cette information est d’autant plus importante que le père d’Elisabeth, Jean Michel Reboul, était foulonnier en couvertes (on l’apprend lors de l’acte de naissance de son 3ème enfant avec sa première épouse).

Rue la plus typique de l’ancienne enceinte médiévale

Une rue est particulièrement typique de l’enceinte médiévale du vieux village (encore aujourd’hui). C’est la rue du four, étroite, bordée de maisons bâties sur les caves des fortifications. La première photo ci-après montre la rue de l’intérieur de l’enceinte.
La deuxième photo représente l’accès à cette rue de l’extérieur de l’enceinte qui se fait par un porche côté Nord, le Portal Neuf. Mes grands-parents paternels habitaient au-dessus du Portal neuf. On devine sur la façade de droite, perpendiculaire à la façade du portal, une fenêtre. C’était la maison de mes grands-parents. De leur fenêtre, on avait une vue magnifique sur le Pic St Loup.

« Notre » jeune couple : Antoine Tourrière et Elisabeth Reboul

Dans un premier temps, j’avais imaginé présenter en premier le mariage du couple ; cet évènement étant le point de départ et le coeur de notre travail. En effet, c’est à partir de l’acte de mariage que l’on peut étudier l’ascendance et la descendance d’Antoine et d’Elisabeth. Mais par la suite, et je ferai pareil pour les autres couples, il m’a paru plus logique de présenter chronologiquement leur chemin de vie : leur naissance, puis leur mariage, et enfin leur décès. Compte tenu du nombre d’Antoine Tourrière et du nombre (un peu moindre) d’Elisabeth Reboul dans le même village, j’ai pris l’option de mentionner « notre Antoine » ou « notre Elisabeth » pour le couple de référence et lorsque cela me paraissait nécessaire pour la compréhension.

Naissance

Antoine et Elisabeth sont nés entre 1816 et 1820

Population = la France compte environ 32 millions d’habitants.
Repères politiques = après la bataille de Waterloo l’Empire de Napoléon Ier a fait place à la Restauration avec une Monarchie Constitutionnelle sous le règne de Louis XVIII (maison des Bourbons, frère de Louis XVI). Ce dernier a du mal à imposer sa politique de conciliation face aux ultra qui souhaitent la condamnation des « régicides » qui ont voté la mort de Louis XVI. C’est la période de la « terreur blanche ».
Généalogie – archives = les évènements qui vont impacter l’activité future des généalogistes sont l’invention de la photographie en 1824 et la création des cadastres parcellaires.
Les informations concernant leur date de naissance apparaissent dans l’acte de mariage. Cette recherche est simple pour l’instant d’autant que les actes d’état civil sont en ligne pour l’Hérault.

Mariage en 1840

Pour Antoine et Elisabeth, on ne peut parler de rencontre à proprement parler car ils sont nés et ont toujours vécu dans un village de très peu d’âmes. Ils se connaissent depuis toujours.
Un peu d’histoire sociale en lien avec cette période.
Population = la France compte 34 millions d’habitants (6 millions de plus qu’en 1800).
Epidémie = la France a fait face 8 ans plus tôt à la 2ème pandémie de choléra venue d’Inde.
Repères politiques = c’est le temps de la Monarchie de Juillet sous le règne de Louis Philippe Ier (Roi des Français et non plus Roi de France et de Navarre) qui sera renversé sous la Révolution de 1848. Les « sujets » du Roi deviennent des citoyens. Guizot, ministre des Affaires étrangères, joue sur la paix et la prospérité.
Repères religieux = le catholicisme n’est plus qualifié de religion d’État, mais religion « professée par la majorité des Français » ; fondation des petites soeurs des pauvres en 1839.
Métiers = la loi limitant le travail des enfants ne va pas tarder à être promulguée (1841). Période de la naissance du mouvement ouvrier.
Antoine et Elisabeth se marient le 20 février 1840 dans cette église de Montferrier que je connais bien pour m’y être également mariée en 1992, ainsi que mes parents avant moi en 1963, mes grands-parents maternels en 1936… et tous mes ancêtres mariés à Montferrier dont je découvre l’histoire au fur et à mesure. L’église de Montferrier est une église chargée d’histoire pour ma famille. Je ne le perçois réellement qu’aujourd’hui avec ces travaux.
Pour mémoire, les mariages dans les Eglises ont eu lieu à partir du XIIe siècle lorsque le rôle du prêtre a été renforcé ; avant ce siècle, seules les messes pouvaient se tenir dans les Eglises et les mariages étaient sacralisés devant l’Eglise à l’extérieur de celle-ci.

Promesses de mariage

Les deux publications de promesses de mariage ont eu lieu les 2 et 9 février 1840 ; je ne présente ici que la 2ème publication.On apprend lors de la publication de mariage le nom de leurs parents respectifs et le fait qu’ils sont tous les deux orphelins pour partie : Antoine de mère et Elisabeth de père.
Les parents d’Antoine Tourrière sont Antoine Tourrière et Marie Brunel.
Le fait qu’Antoine porte le même prénom que son père pourrait laisser supposer qu’il était l’aîné des garçons dans la fratrie ; or l’acte de mariage ci-après montre qu’il avait un frère aîné prénommé Joseph. Cela pourrait signifier qu’il y a eu un autre frère aîné avant Joseph qui s’appelait Antoine mais ce n’est pas le cas. Avant Joseph, il y a un frère prénommé Jean qui n’a pas survécu.
Les parents d’Elisabeth (noté « Elizabeth » ici) sont Jean Michel Reboul et Anne Roudier.
Antoine et Elisabeth sont tous domiciliés à Montferrier.

Contrat de mariage

Pour savoir si le couple avait effectué un contrat de mariage, j’ai dû consulter en ligne la table des contrats de mariage sur Montpellier (pas de table sur Montferrier) ; cette table nous indique qu’un contrat de mariage a été passé par Antoine et Elisabeth le 20 janvier 1840 et reçu par le notaire, maître Gros le lendemain.

Mariage Tourrière – Reboul

Le 1er février 1840 à Montferrier canton de Montpellier, par devant nous Joseph Gros, notaire audit Montpellier soussigné et en présence des témoins ci-après nommés.
Ont comparu le Sieur Antoine Tourrière, agriculteur, natif dudit Montferrier, fils légitime du Sieur Antoine Tourrière aîné, propriétaire, domicilié audit Montferrier et de feu Dame Marie Brunel décédée à Montferrier d’une part.
Et Demoiselle Elisabeth Reboul née audit Montferrier, y domiciliée, fille légitime de feu le Sieur Jean Michel Reboul, meunier et Dame Anne Roudier survivante, domiciliée audit Montferrier d’autre part.
Lesquelles parties procèdant savoir ledit Sieur Tourrière en la présence et du consentement de son père et ladite Demoisselle Reboul en la présence et du consentement de sa mère, et l’un et l’autre de l’avis et conseil de nombres de leurs parents et amis ici réunis, ont promis de s’unir en légitime mariage en la forme prescrite par la loi, les publications préalablement faites à la première réquisition de l’une d’elles.
Les conditions du présent contrat de mariage ont été arrêtées comme suit :
1° Les futurs époux ont déclaré vouloir se marier sous le régime total ;
2° Ladite Dame veuve Reboul donne et constitue en dot en avancement d’hoirie à ladite Demoiselle Reboul sa fille future épouse la somme de 600 francs, savoir 200 francs en la valeur de dorures et bijoux qu’elle lui a achetés et remis et que le futur époux a déclaré avoir vu et les tenir pour reçus sous la foi dudit mariage et 400 francs en numéraire sur lesquels elle a présentement délivré trois cents en espèces d’argent que le futur époux a retiré au vu de nous notaire et témoins. En conséquence, il reconnaît tant ladite somme que la valeur desdits bijoux s’élevant ensemble à 500 francs sur tous les biens présents et à venir au profit de sa future épouse pour lui être restitués ou à qui de droit appartiendra le cas de restitution arrivant, quant aux 100 francs restants elle s’oblige de les payer audit futur époux sur sa simple quittance contenant pareille reconnaissance que devant, dans un an à dater d’aujourd’hui sans interdit jusqu’alors.
3° Ladite Dame veuve Reboul donne encore à même titre d’avancement d’hoirie et constitue en dot à la future épouse sa fille une pièce de terre vigne située au territoire de Clapiers quartier de l’espoundidou contenant environ 25 ares confrontant d’un côté Jean Bonnefoi dit Mignard d’autre côté Bonhomme d’autre côté Denis Arché et enfin la garrigue ou pâture de laquelle pièce donnée les époux prendront possession et jouissance le jour de la célébration du présent mariage à la charge par eux d’en payer la contribution foncière à dater de la même époque ; ladite Dame Reboul ayant déclaré que ladite pièce de terre donnée lui est provenue comme lui ayant été laissée par les enfants du premier mariage de son mari suivant un acte seterré il y a environ 5 ans par Maître Bonfils notaire à Montpellier et qu’elle est d’un revenu annuel de 20 francs et de valeur de 400 francs.
4° Ladite veuve Reboul se réserve le retour de ce qui a été par elle donné de prédécès de la future épouse sa fille et de ses descendants.
5° La future se réserve tous ses autres biens pour en jouir comme libres et paraphernaux.
Fait et lu par nous notaire aux parties dans la maison appartenant à la veuve Reboul située audit Montferrier quartier de la calade en présence des Sieurs Antoine Birouste propriétaire et maire audit Montferrier et Denis Dourlan agriculteur domicilié audit Montferrier signés avec le futur époux le père de ce dernier et les parents et amis des parties (…) dit Notaire non la future épouse ni sa mère qui requises de signer ont déclaré ne savoir. »
Dans la marge : « Enregistré à Montpellier le 3 février 1840 ; reçu mariage 5 francs ; donation mobilière 3 francs 75 centimes ; donation immobilière 11 francs ; de (…) un franc nonante 8 centimes ».« L’an 1840 et le 23 février jour de dimanche à sept heures du soir, devant nous Antoine Birouste maire et officier de l’état civil de la commune de Montferrier, arrondissement de Montpellier, département de l’Hérault ; et dans la maison commune dudit lieu, sont comparus :
1e le sieur Tourrière Antoine agriculteur né dans cette commune de Montferrier, âgé de vingt-trois ans, fils majeur et légitime de autre Antoine et de feu Marie Brunel tous demeurans et domiciliés audit Montferrier, procédant avec la présence et le consentement dudit Antoine Tourrière son père et de Joseph Tourrière son frère âgé de trente-six ans agriculteur demeurant audit Montferrier.
2e la demoiselle Reboul Elizabeth, née à Montferrier, âgée de dix-neuf ans onze mois, fille mineure et légitime de feu Jean Michel Reboul, vivant meunier audit Montferrier et la Dame Anne Roudier, procédant avec la présence et sous l’autorité de sadite mère, domiciliées et demeurant toutes deux audit Montferrier.
1e l’acte de naissance du futur conjoint à la date du trois juin mil huit cens seize ;
2e l’acte de décès de sa mère en date du vingt-deux octobre mil huit cens vingt un ;
3e l’acte de naissance de la future à la date du treize mars mil huit cens vingt ;
4e l’acte de décès du sieur Jean Michel Reboul à la date du vingt-trois juillet mil huit cens trente-trois.
Aucune opposition à ce mariage ne nous ayant été signifiée, nous avons donné lecture aux parties de toutes les présents ci-dessus nommées et des dispositions du code civil au chapitre six du titre du mariage sur les droits et les devoirs respectifs des époux ; après quoi nous avons demandé au futur époux et à la future épouse s’ils vouloient se prendre pour mari et femme, chacun d’eux ayant répondu séparément et affirmativement, nous avons prononcé au nom de la loi que Tourrière Antoine et Elizabeth Reboul sont unis en mariage.
Le tout a été fait publiquement et en présence :
1e du sieur Joseph Tourrière âgé de trente-six ans,
2e du sieur Pierre Charnelet âgé de trente-sept ans,
3e du sieur Denis Dourlan âgé de quarante-trois ans,
4e Vital Bonnaud âgé de quarante-quatre ans,
…tous quatre agriculteurs domiciliés et demeurant en cette commune de Montferrier, les trois derniers témoins non parents des parties ; nous avons dressé le présent acte dont nous avons donné lecture aux comparans et aux témoins et que nous avons signé avec les quatre témoins le père et le frère et le conjoint, l’épouse et sa mère ayant déclaré ne savoir signer ».
Il est intéressant de noter que le père et le frère d’Antoine ont donné leur consentement pour le mariage. Le frère d’Antoine, Joseph, est beaucoup plus âgé que lui puisqu’il est dit qu’il a 36 ans sur l’acte de mariage. L’étude de la fratrie montrera qu’effectivement Joseph était le 2ème enfant du couple né en 1805 et Antoine le dernier né en 1816.
Au sujet d’Antoine, on apprend la date du décès de sa mère, Marie Brunel, le 22 octobre 1821.
Sur Elisabeth, on découvre qu’elle est mineure (19 ans et 11 mois c’est très précis). Seule sa mère a donné le consentement au mariage. On apprend la date du décès de son père, Jean Michel Reboul, le 23 juillet 1833 ainsi que sa profession de son vivant : meunier.
Les témoins du mariage étaient :
 Joseph Tourrière, 36 ans, frère aîné d’Antoine ;
 Pierre Charnellet, 34 ans, non parent des mariés ;
 Denis Dourlan, 43 ans, non parent des mariés (il se trouve qu’il s’agit d’un autre ancêtre direct me concernant du côté de la branche paternelle de ma mère) ;
 Vital Bonnaud, 44 ans, non parent des mariés.
Concernant ce dernier témoin, comme on le verra plus loin, il s’agit du mari de la soeur « consanguine » d’Elisabeth, prénommée également Elisabeth.
Il est mentionné qu’ils sont tous quatre agriculteurs.
Elisabeth et sa mère ont déclaré ne pas savoir signer. La situation me semble déséquilibrée : d’un côté, un marié, son père, son frère et trois autres témoins agriculteurs autour de la quarantaine qui savent signer ; de l’autre une jeune fille et sa mère veuve qui ne savent pas signer ! Les frères consanguins d’Elisabeth, Jean Baptiste et Jean, dont on aura connaissance plus loin, ne sont pas positionnés ici pour soutenir ce mariage. Peut-être trouverons-nous une explication plus loin ?
Cet acte de mariage d’Antoine et d’Elisabeth ne fait aucune référence à une dispense or on verra plus loin que cette dispense serait totalement justifiée.

Installation du jeune couple

Le recensement de 1841, l’année qui a suivi le mariage, nous permet de savoir que le jeune couple s’est installé dans une maison, ne restant pas dans la maison des parents de l’un ou de l’autre. Le couple avait déjà un enfant, Anne, un an après leur mariage.

Métiers

Concernant leur métier : Antoine est cultivateur ; Elisabeth est fileuse. Ils travaillent tous les deux.
En 1840, nous sommes dans l’ancienne France Paysanne avec une économie d’autosubsistance fondée sur la production domestique.

Antoine, cultivateur en 1840

En 1840, Antoine est désigné comme « cultivateur » ; ses parents et grands-parents seront désignés comme « laboureurs ».
Le laboureur (du latin « labor ») désigne pendant de longs siècles celui qui peine à produire les grains. On peut parfois confondre laboureur et journalier (ce dernier travaille pour le compte du laboureur). Le mot laboureur va disparaître du vocabulaire au XVIIIème siècle, supplanté par celui de cultivateur. Pour aller plus loin, on peut se référer à l’écrit de Jean-Pierre Lethuillier, Maître de conférence en histoire moderner à Rennes « Du laboureur au cultivateur : réflexions sur un changement de mot ».
Ce plan cadastral de l’an XIV montre que le paysage de la commune compte des terres labourables (jaune), des vignes (rouge), des prés et pâtures… mais aussi des bois, des olivettes, des châtaigneraies…

Elisabeth, fileuse en 1840

Ce métier a inspiré des conteurs (Charles Perrault « La belle au bois dormant » 1697…), des peintres (Gustave Courbet « La fileuse endormie » 1853), des poètes (Victor Hugo « Le rouet d’Omphale » 1856 ; Paul Valéry « La fileuse » 1920…), des musiciens (« Le Rouet d’Omphale, opus 31 » poème symphonique en la majeur de Camille Saint-Saëns 1869)…
Le filetage et le tissage sont pratiqués depuis très longtemps, c’est un métier féminin par excellence et au Moyen-âge, toutes les femmes et jeunes filles savent filer.
Vers le milieu du XVème siècle le rouet fait son apparition, celui-ci permet d’assurer le bobinage et le filage à la fois. Le rouet à pédale a permis d’obtenir un travail beaucoup plus régulier et surtout plus rapide. La laine ainsi filée pouvait être tissée ou tricotée.
Au XVIIIe siècle, les cotons se filaient avec des petites mécaniques à bras qu’on appelait jeannettes. Celles qui maîtrisaient la technique dans les demeures des paysans et des tisserands gagnaient bien leur vie. Puis on note l’arrivée des métiers à filer le coton au début du XIXe et des manufactures de tissage au milieu du XIXe siècle.
Même si les modalités varient selon les régions, les fileuses rurales disparaissent dans la première moitié du XIXème siècle, notamment entre 1810 et 1840. On peut donc penser qu’Elisabeth fut l’une des dernières fileuses de la famille.
Le principe du filage demande une certaine dextérité. On reconnaît une bonne fileuse à la régularité du fil. J’ai toujours vu ma grand-mère maternelle tricoter la laine avec beaucoup de patience et une régularité de points incroyable. J’aime à penser qu’elle tenait cela de son arrière-grand-mère Elisabeth.

Familles respectives

Pour réaliser ce travail, les recensements constituent une ressource incontournable, même si les erreurs de rattachement familial, de prénom des enfants, d’âge des habitants m’ont paru nombreuses notamment entre 1836 et 1880. Les recensements de Montferrier existent entre 1836 et 1911 avec une absence de recensement entre 1841 et 1856, soit 15 années précieuses pour notre étude. Les recensements donnent une photographie intéressante de la composition de la famille, laissant cours à notre imagination quant à leur quotidien.
Lors de l’étude des recensements, j’ai été frappée par le fait que les les veuves et les aieuls n’ayant plus de descendant direct étaient accueillis par les gendres ou les belles filles, dans les maisons des petits enfants. J’avais alors écrit au tout début de la rédaction de ce mémoire, alors admirative de la solidarité familiale de l’époque : « Cela dénote un grand sens de l’hospitalité et de la famille au sens large. Aujourd’hui les parents sont placés en maison de retraite (EHPAD)… à l’époque ces maisons de retraite n’existaient pas. Les personnes vieillissaient et décédaient dans leurs maisons accueillies et entourées de leurs proches ». Mais j’avais écrit cela avant de lire l’ouvrage « L’impossible mariage ».
Cet ouvrage nous présente le monde complexe qui gérait la vie des « oustas » du XVIIème au XIXème siècle dans le Haut Gévaudan (Lozère). Une vie faite de labeur, de peu de biens, d’endettements, de jalousies et de violences, de haines et de stratégies sociales. Ainsi l’accueil d’un père ou d’une mère, d’un beau-père ou d’une belle-mère n’était pas forcément l’oeuvre de la charité chrétienne comme je le pensais mais plutôt la résultante d’une « obligation » ; les « vieux » travaillaient jusqu’au bout de leur vie, parfois comme domestiques s’ils avaient cédé la propriété et l’usufruit à l’un des enfants. Cette vie n’était cependant pas complètement absente d’affection ; « l’attachement réciproque et la solidarité sont réels » mais ils s’exprimaient essentiellement sur deux registres : le travail et la défense de leurs biens.
Mais revenons à notre recensement. En 1836, on dénombre 120 familles à Montferrier (148 familles cinq en plus tard en 1841, année de référence pour le mémoire).

Famille d’Antoine

Recensement de 1836

Concernant Antoine, je ne le trouve pas dans le recensement de 1836… il y a de très nombreux Antoine Tourrière mais rien qui ne correspond à son âge sauf le fils de Paul Tourrière et Marie Claparède (mais l’acte de mariage de naissance nous a montré que ses parents étaient Antoine Tourrière « aîné » et Marie Brunel).
Sont désignés « aînés » les héritiers des biens de leurs parents lorsqu’ils se marient (cf. « L’impossible mariage » précité). A Montferrier, midi de la France, ce devait être le véritable fils aîné qui héritait ; dans le Haut Gévaudan, jusqu’à la moitié du XIXème, un enfant de la fratrie était « fait aîné » quel que soit son rang de naissance. Il était choisi par ses parents (fille ou garçon) en fonction de qualités qui n’avaient rien à voir avec le droit d’aînesse.
On recense donc plusieurs « Antoine Tourrière » à Montferrier en 1836 :
 Chef de famille, marié avec Margueritte Claparède, charron, 50 ans
 Chef de famille, marié avec Anne Tourrière, 27 ans
 Fils de Paul Tourrière et de Marie Claparède, 22 ans (c’est probablement celui qui se rapproche le plus de notre futur marié)
 Fils de Jacques Tourrière et Marie Durand, 14 ans
 Fils de Pierre Tourrière et de Marianne Deleuze, 11 ans
 Fils de André Tourrière et de Marie Perrier, 3 ans
L’étude des actes d’état civil montrera par la suite que la mère d’Antoine Tourrière, Marie Brunel, est décédée en 1821 soit 15 années avant le recensement de 1836. Avec le nom des frères et soeurs d’Antoine Tourrière, toujours en vie a priori en 1836, Joseph, Marguerite, Anne, je tente une nouvelle recherche. Mais peut être Antoine Tourrière aîné, veuf de Marie Brunel, s’est-il remarié depuis 1821 ?

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Table des matières

I. PREAMBULE : MESSAGE DES ANCETRES
II. REMERCIEMENTS 
III. SOMMAIRE 
IV. INTRODUCTION 
V. PRESENTATION DU VILLAGE DE MONTFERRIER
V.1 SITUATION GEOGRAPHIQUE
V.2 ORIGINE DU NOM ET BLASON
V.3 POPULATION
V.4 ENCEINTE MEDIEVALE ET CHATEAUX
V.4.1 Au temps du Moyen Age
V.4.2 Châteaux de Montferrier et de Baillarguet
V.5 EGLISE ET CHAPELLE, CIMETIERE, CLOCHES ET CROIX
V.6 CONSTRUCTIONS TYPIQUES DU VILLAGE
V.6.1 Constructions en lien avec l’eau : l’aqueduc, les ponts, les moulins, les puits
V.6.2 Ecoles
V.6.3 Usines du XIXème siècle : la tannerie et la manufacture de textile
V.6.4 Rue la plus typique de l’ancienne enceinte médiévale
V.7 EVENEMENTS HISTORIQUES
VI. « NOTRE » JEUNE COUPLE : ANTOINE TOURRIERE ET ELISABETH REBOUL 
VI.1 NAISSANCE
VI.1.1 Naissance d’Antoine
VI.1.2 Naissance d’Elisabeth
VI.2 MARIAGE EN 1840
VI.2.1 Promesses de mariage
VI.2.2 Contrat de mariage
VI.2.3 Acte de mariage
VI.2.4 Installation du jeune couple
VI.3 METIERS
VI.3.1 Antoine, cultivateur en 1840
VI.3.2 Elisabeth, fileuse en 1840
VI.4 FAMILLES RESPECTIVES
VI.4.1 Famille d’Antoine
VI.4.2 Famille d’Elisabeth
VI.5 DECES
VI.5.1 Antoine
VI.5.2 Elisabeth
VII. ASCENDANCE AGNATIQUE DE FILLE EN MERE : LES « TROIS MARIE » 
VII.1 MARIE BRUNEL, MERE D’ANTOINE
VII.1.1 Mariage de Marie Brunel et d’Antoine Tourrière « aîné »
VII.1.2 Antoine Tourrière « aîné »
VII.1.3 Marie Brunel
VII.2 MARIE LAURENCE REBOUL, MERE DE MARIE BRUNEL VII.2.1 Mariage de Marie Laurence Reboul et de Jean Brunel
VII.2.2 Jean Brunel
VII.2.3 Marie Laurence Reboul
VII.3 MARIE SALANSON, MERE DE MARIE LAURENCE REBOUL
VII.3.1 Le mariage de Marie Salanson et d’Etienne Reboul
VII.3.2 Etienne Reboul
VII.3.3 Marie Salanson
VIII. DESCENDANCE DU COUPLE 
VIII.1 ANNE, AINEE DE LA FRATRIE
VIII.2 JEAN BAPTISTE, FILS « AINE » DE LA FRATRIE
VIII.2.1 Naissance
VIII.2.2 Mariage de Jean Baptiste et de Marie Vidal
VIII.2.3 Descendance du couple
VIII.2.4 Registre militaire de Jean Michel leur fils
VIII.2.5 Décès de Jean Baptiste
VIII.3 JOSEPH, DERNIER NE, MON ANCETRE DIRECT
VIII.3.1 Naissance de Joseph
VIII.3.2 Mariage de Joseph et de Catherine Tournemire
VIII.3.3 Parents de Catherine Tournemire
VIII.3.4 Descendance du couple
VIII.3.5 Joanna, mon arrière-grand-mère
VIII.3.6 Décès de Joseph et de Catherine
IX. PARTICULARITES DE L’ARBRE 
IX.1 UNE FAMILLE DE MEUNIERS
IX.2 UNION REMARQUABLE
IX.3 IMPLEXES
IX.3.1 Au niveau de « notre » couple
IX.3.2 Au niveau d’Elisabeth et de ses deux soeurs
IX.3.3 Au niveau des frères Morandat venus de l’Ain
IX.4 DEGRES DE PARENTE ET CONSANGUINITE
IX.5 UN « REENCHAINEMENT D’ALLIANCES »
X. CONCLUSION 
XI. ANNEXESXI.1 SOURCES COMPLEMENTAIRES : COMMANDE DU MEMOIRE 
XI.2 RECHERCHE MILITAIRE : METHODOLOGIE
XI.3 BIBLIOGRAPHIE
XI.4 SOURCES DES IMAGES
XI.5 SOURCES DES ARCHIVES DEPARTEMENTALES …

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