Approche psycho-physiologique de la blessure chez les sapeurs-pompiers

« Notre imaginaire collectif, à l’évocation du métier de sapeur-pompier, nous amène spontanément à la représentation d’un soldat du feu. Or, le sapeur-pompier contemporain, happé dans l’intimité la plus profonde de notre société actuelle, doit faire face à des problématiques nouvelles et déployer des compétences adaptées » (Mauro, 2009).

Au vu de la définition du métier de sapeur-pompier proposée par cet auteur, il semble bien évident que les missions des sapeurs-pompiers (SP) sont nombreuses, dangereuses et variées. De fait, ce métier est très exigeant tant sur le plan de l’engagement physique que sur les demandes psychosociologiques (Gledhill & Jamnik, 1992 ; Orris, Melius, & Duffy, 1995 ; Reichelt & Conrad, 1994 ; Bos, Mol, Visser, & Frings-Dresen, 2004 ; Perroni, Cignitti, Cortis, & Capranica, 2014). Selon un rapport de la Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion des Crises (DGSCGC) française de 2014, le nombre d’interventions annuel est de 4 294 400, soit une intervention toutes les 7,3 secondes. En plus de ces interventions qui sont propres au métier telles que les incendies et les accidents de la route, le SP français effectue des missions de secours à personnes représentant 72 % des opérations totales. Cet attribut leur confère une particularité par rapport à leurs homologues étrangers.

Pour accomplir leur devoir, les SP ont besoin d’une bonne santé physique qui est régie par l’arrêté du 6 mai 2000 fixant les conditions d’aptitude médicale des SP professionnels et volontaires (modifié les 20 décembre 2005 et 17 janvier 2013). De plus, l’employeur doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs (Article L4121-1 du code du travail). Ainsi, dans le cadre de leurs fonctions, les SP pratiquent une ou plusieurs activités physiques (AP) pour se préparer à leurs missions (Lindberg, Oksa, Gavhed, & Malm, 2013). Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’AP correspond à tout mouvement corporel produit par des muscles du squelette qui exige une dépense d’énergie, et englobe notamment les activités de loisir, les tâches ménagères, les déplacements, les activités professionnelles, les activités ludiques, les sports ou l’exercice planifié, dans le contexte quotidien, familial ou communautaire. Pour la population spécifique des SP, l’AP doit comporter une approche globale de l’entraînement tout en prenant en compte les tâches multiples effectuées. Par exemple, pendant leurs missions, les SP portent des équipements de protection obligatoire, qui induisent une altération de la force musculaire, des capacités anaérobies, de la puissance maximale aérobie (VO2max: mL·kg-1 ∙min-1), de la vitesse de marche, de la thermorégulation (Perroni et al., 2014), et de l’équilibre postural (Punakallio, Hirvonen, & Grönqvist, 2005). De plus, la lutte contre les incendies exige une bonne capacité aérobie et anaérobie, une force et une endurance musculaire élevées (Smith, 2011 ; Lindberg, et al., 2013). De nombreuses études chez les SP montrent que la pratique régulière de l’AP permet de diminuer ou limiter les maladies chroniques telles que les maladies cardiovasculaires (Durand, Tsismenakis, Jahnke, Baur, Christophi, & Kales, 2011) et d’améliorer les capacités cardio-respiratoires (Poplin, Roe, Peate, Harris, & Burgess, 2014). Les demandes physiques liées au métier étant nombreuses, l’AP doit être en adéquation avec ces caractéristiques. Plus précisément, Mayer et Nuzzo (2015) démontrent qu’une AP encadrée sur 24 semaines ciblant l’endurance de force des muscles du dos et des stabilisateurs du bassin pourrait protéger des lombalgies. Une autre étude révèle qu’un entraînement avec du matériel spécifique au métier des SP permettrait  également d’optimiser les mesures anthropométriques (e.g., composition corporelle), et les performances spécifiques liées au métier (Pawlak, Clasey, Palmer, Symons, & Abel, 2015). Abel, Mortara et Pettitt (2011) préconisent d’effectuer des « circuit training » à haute intensité pour reproduire de façon similaire les contraintes des missions et solliciter le travail anaérobie. Dès lors, un faible niveau de condition physique peut majorer les risques liés à la sécurité personnelle, à celle des coéquipiers et à celle des victimes.

Les paramètres de la santé chez les sapeurs-pompiers 

La santé professionnelle chez les SP Français

Définition et aptitude médicale
Définies par les textes règlementaires, les missions des SP concernent la protection des personnes, des biens et de l’environnement (Article 2 du 3 mai 1996). En dehors des interventions, le temps de travail effectif des SP professionnels (SPP) doit comporter de l’entraînement physique (Article 1er du décret du 25 août 2000). De plus, l’arrêté du 6 mai 2000 indique que « Les SP doivent remplir les conditions d’aptitude médicale définies dans le présent arrêté pour participer aux missions et accomplir les fonctions qui leur sont dévolues. Le contrôle de l’aptitude médicale du sapeur-pompier, tout au long de la carrière, constitue également une première démarche de médecine de prévention permettant de s’assurer de ses capacités à assumer les fatigues et les risques ou à prévenir une éventuelle aggravation d’une affection préexistante liée à l’accomplissement des fonctions ou des missions qui lui sont confiées ».

Par conséquent, l’aptitude médicale permet de déterminer un profil individuel à l’aide de la cotation des sigles SIGYCOP (i.e., S : membres supérieurs ; I : membres inférieurs ; G : état général ; Y : vision ; C : sens chromatique ; O : audition ; P : psychisme) et aboutit à une aptitude opérationnelle (Bulletin Officiel des Armées, 2003). La périodicité des visites d’aptitude est annuelle (Article 6, Arrêté du 6 Mai 2000). Selon sa définition littéraire, l’aptitude est l’état de quelqu’un que la loi considère comme qualifié pour jouer un rôle ou exécuter un acte (Larousse). Au niveau médical, les SP peuvent être seulement aptes ou inaptes pour accomplir leurs missions. En effet, il n’existe pas d’équilibre entre ces deux extrêmes ce qui peut avoir des conséquences importantes chez les SP.

Le suivi médical des SPP est effectué par un médecin SP sur la base de deux examens médicaux. Le premier, l’examen médical initial comprend : (a) un entretien avec recherche d’antécédents familiaux et personnels, appréciant les facteurs de risques, en particulier respiratoires, cardio-vasculaires et psychologiques ; (b) un examen général avec biométrie dont les données cliniques orienteront le choix des examens biologiques envisagés ci-après ; (c) des examens complémentaires comprenant un examen de la vue par appareil destiné à l’exploration de la fonction visuelle de près et de loin, un examen de l’audition, des épreuves fonctionnelles respiratoires avec boucle débit-volume, et une radiographie pulmonaire de face. Selon les données de l’examen clinique, un audiogramme et un électrocardiogramme de repos peuvent être réalisés. De plus, des examens biologiques permettent d’apprécier l’existence de facteurs de risques et comprennent notamment des mesures : de la glycémie, du cholestérol, des triglycérides, des gamma-GT et des transaminases ; de la glycosurie, de la protéinurie et de l’hématurie (Article 13, Arrêté du 6 Mai 2000). Deuxièmement, la visite médicale de maintien en activité comprend : (a) un entretien portant sur les événements médicaux familiaux et personnels de la période écoulée depuis le précédent contrôle ; (b) la vérification du carnet de vaccinations ; (c) la consultation des résultats de la surveillance physique ; (d) un examen clinique orienté sur la recherche de facteurs de risques cardiovasculaires ; (e) une biométrie (i.e., taille, poids, appréciation de la masse graisseuse) ; (f) un contrôle de l’acuité visuelle et auditive ; (g) une spirométrie ; (h) un contrôle radiologique pulmonaire dont la périodicité est laissée à l’initiative du médecin chargé de l’aptitude en fonction de l’emploi du sapeur-pompier, de l’examen clinique ou des antécédents ; (i) des examens biologiques, si les données de l’examen clinique les rendent nécessaires et à partir de quarante ans au moins tous les trois ans ; et (j) un électrocardiogramme de repos est effectué dans les mêmes conditions de périodicité (Article 18 de l’Arrêté du 6 Mai 2000).

Condition physique

Le service de santé et secours médical des SDIS a un rôle important dans l’aptitude médicale mais également dans le suivi de la condition physique qui reste un indicateur de santé. Le médecin SP doit être informé du suivi de l’entraînement et de la préparation physique des SP. Ces informations peuvent permettre au médecin de dépister une affection en cours, d’informer et de conseiller les SP sur les questions relatives à leur hygiène de vie, de formuler des propositions pour ménager l’agent et adapter son emploi si nécessaire. Elles constituent pour le médecin un indicateur de santé, un outil de médecine préventive sans  interférer avec les décisions d’aptitude médicale qui relèvent d’autres critères (Article 11, Arrêté du 6 Mai 2000). Le « suivi » est intéressant car il introduit la notion d’évolution dans le temps. Néanmoins, la différenciation entre l’aptitude médicale et l’aptitude physique est mise en évidence dans l’Article 11.

La condition physique doit permettre de faire face aux contraintes exigées lors de leurs missions. La condition physique est donc analysée chaque année à l’aide des Indices de la Condition Physique (ICP) et comprend les mesures suivantes : (a) exercice dit de « Killy » ; (b) pompes ou tractions ; (c) exercice de souplesse ; (d) test du gainage ; et (e) test VAMEVAL ou Luc Léger. De plus, une appréciation des niveaux pour chaque exercice fait apparaitre un niveau standard, à améliorer et une aptitude à évaluer par le médecin.

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Table des matières

Introduction
CHAPITRE 1 – Les paramètres de la santé chez les sapeurs-pompiers
1.1. La santé professionnelle chez les SP Français
1.1.1. Définition et aptitude médicale
1.1.2. Condition physique
1.2. Sollicitations physiques liées au métier de SP
1.2.1. Demandes métaboliques
1.2.2. Demandes musculaires
1.2.3. Equilibre
1.2.4. Souplesse
1.2.5 Influence des équipements de protection individuels
1.2.6. Influence de la composition corporelle sur la santé des SP
1.3 Sollicitations psychologiques du métier de SP
1.3.1 Conséquences psychologiques de la confrontation à des situations traumatisantes
1.3.2 Modèles théoriques des troubles psychologiques chez les SP
1.3.3. Influence des facteurs organisationnels et environnementaux
CHAPITRE 2 – Epidémiologie de la blessure chez les sapeurs-pompiers
2.1. Définition des blessures
2.2. Occurrence des blessures
2.3. Paradoxe de la pratique de l’activité physique
CHAPITRE 3 – Déterminants psychologiques de la blessure
3.1. Le Stress Injury Model
3.2. Le Burnout en contexte sportif ou professionnel
3.2.1. Outils de mesure du burnout
3.2.2. Manifestions du Burnout
3.3 Les traits de personnalité
3.3.1 Définition et outils de mesure
3.3.2. Traits de personnalité et facteurs sociaux et environnementaux
3.3.3. Traits de personnalité et facteurs de santé
3.3.4. Traits de personnalité et blessure
3.4 Les stratégies de coping
3.4.1. Coping et indicateurs de santé des SP
3.5. Les buts d’accomplissement
3.5.1. Buts d’accomplissement et indicateurs de santé
3.5.2. Buts d’accomplissement et burnout
CHAPITRE 4 – Prédicteurs de l’entorse de la cheville
4.1. L’entorse de la cheville
4.2. Les antécédents de l’entorse de la cheville : l’historique des blessures
4.3. Les caractéristiques physiques
4.4. L’équilibre, le contrôle postural et la proprioception
4.5. L’amplitude articulaire
4.6. La force musculaire
4.7. L’instabilité chronique de la cheville
Problématique générale
Méthodologie générale
1. Participants
2. Outils de mesure
2.1 Star Exercursion Balance Test (SEBT)
2.2 Weight Bearing Lunge Test (WBLT)
2.3 Cumberland Ankle Instability Tool (CAIT)
2.4 Stabilométrie
Conclusion

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