Apprentissage du vocabulaire : Une question de définition

Lexicologie

   La lexicologie est justement la science qui s’évertue à expliciter les liens entre forme et sens.De ce point de vue, l’objet d’étude de cette science, le lexique, est donc le composant grammatical regroupant les éléments et les règles constitutifs du fonctionnement des mots dans ses aspects formels et sémantiques (Montrueux, 1997).Ainsi, la lexicologie se divise-t-elle en deux branches distinctes quoique inévitablement liées.D’une part, la morphologie lexicale se concentre sur l’aspect formel du mot, qui est le premier aspect auquel est d’ailleurs confronté l’apprenant lorsque, dans un texte, il est se trouve face à un mot nouveau. La forme du mot, puisque, nous l’avons dit, un mot est un signe et renvoie donc à une signification, est elle-même porteuse de sens. C’est dans cette optique que le mot, le signifiant, est analysé : les variations morphologiques entre différents signes ne sont pas fortuites mais motivées. En cela, la morphologie lexicale est un outil pour l’apprenant,puisqu’en partant des structures qui régissent la formation des mots, il peut en inférer la signification. D’autre part, la sémantique lexicale se concentre sur le signifié et se pose la question primordiale qui est à la base de ce travail : comment définir un mot ? Comment en rendre toute la signification ? Pour le premier, c’est l’organisation formelle du lexique qui devient objet d’étude ; pour la seconde, son organisation sémantique (Lehmann & MartinBerthet, 1998). Nous voyons aisément que ces deux branches s’avèrent être deux outils privilégiés dans le traitement de la question de l’apprentissage du vocabulaire. Dans les sections qui suivent, nous traiterons séparément les deux branches. D’abord l’aspect morphologique sur lequel nous ne nous attarderons guère. Nous l’avons dit : bien qu’indispensable à l’apprentissage du vocabulaire, l’aspect formel n’est pas l’objet de notre étude ; en effet, il a été largement traité ailleurs. Nous présentons donc cet aspect dans un souci de complétude, avant tout ; aborder la lexicologie en ne tenant pas compte de la morphologie lexicale ne serait pas rendre justice à toutes les dimensions de son analyse. Nous en profiterons néanmoins pour exposer quelques outils-clefs pour l’apprentissage du vocabulaire mais aussi pour en souligner certaines limites. En revanche, dans un second temps, nous tâcherons d’approfondir l’aspect sémantique, primordial à nos yeux dans le cadre de ce travail. Nous pourrons ainsi aborder le lourd problème de la définition en lexicologie, et expliciter les concepts qui, non seulement, régissent les relations lexicales que nous souhaitons exploiter, mais, de plus, les lient à l’importante question de la définition.

Les mots construits et les mots simples

   Il faut alors distinguer deux types de mots. D’une part, les mots simples. Ces derniers sont à considérer de manière arbitraire, puisque, si l’on ne tient pas compte de l’aspect historique, le lien entre la forme du mot et son sens est démotivé : à part son étymologie, rien ne justifie que tel signifié renvoie à tel signifiant (Lehmann & Martin-Berthet, 1998). Il n’existe alors aucune façon d’employer la morphologie du mot pour en inférer le sens ; on voit apparaître une limite dans l’emploi de la morphologie lexicale comme outil d’apprentissage du vocabulaire : elle ne recouvre pas les mots simples. Il faut alors recourir à l’étymologie et à la philologie pour déconstruire ces mots, ce qui, sans être une mauvaise idée, nous sort de notre champ de recherche, qui est celui de la lexicologie.D’autre part, les mots construits, qui peuvent être analysés formellement afin d’en dégager le sens. Cette analyse, on s’en doute, peut se révéler un outil privilégié pour l’apprentissage et l’exploration du lexique, ainsi que l’ont démontré les travaux d’Elisabeth Calaque (2004), qui a, de plus, exploité cette voie à l’aide de ses « jeux de construction ». Nous ne nous attarderons pas ici sur ce sujet mais nous nous contenterons d’expliciter les notions propres à cette analyse ; nous renvoyons le lecteur intéressé à approfondir cette voie aux travaux d’Elisabeth Calaque mentionnés dans notre bibliographie.

La dérivation

   La dérivation est la construction d’une famille de mots par l’adjonction à un radical commun de préfixes et/ou de suffixes, dans le cas de la dérivation affixiale, ou de désinences (porteuse de variation en temps, en genre, en nombre). Le radical n’est pas à confondre avec la base, cette dernière étant le mot duquel est dérivé la famille de mots ; la base est un lexème en soi, ayant une existence et une utilisation autonome (par exemple : la base chant qui peut donner chanter) (Lehmann & Martin-Berthet, 1998 : 131, 137).On voit immédiatement l’avantage de l’analyse de la dérivation sur le plan pédagogique. En identifiant les affixes, les radicaux et les bases, il est possible alors d’inférer le sens d’un mot.Malheureusement, cette méthode n’est pas exempte de tout risque. Ainsi, les confusions possibles sont nombreuses entre mots dérivés, mots fléchis et mots composés. De plus, d’une base peut découler un radical allomorphe, c’est-à-dire qu’il diffère légèrement de sa base, et peut créer des confusions. Par exemple, il n’est pas forcément évident de faire remonter « pénal » à la base « peine », d’autant plus que dans le langage courant, le sens de cette dernière est plus souvent associé à la douleur morale qu’à la punition légale. Ce radical peut même être supplétif, c’est-à-dire fondamentalement différent entre deux mots liés par une base commune. Comment identifier le lien entre « emprisonnement » et « incarcération » (Lehmann & Martin-Berthet, 1998 : 140).La brève présentation de ces quelques notions a donc pour but de révéler leur potentiel pédagogique dans l’apprentissage du vocabulaire mais aussi d’en souligner certaines limites.Il serait aisé d’approfondir ce sujet mais ce n’est pas le propos de ce travail. Comme mentionné plus haut, nous renvoyons aux travaux de Calaque (2004) le lecteur intéressé par une approche plus complète de la morphologie lexicale des points de vue didactiques et pédagogiques.

Des outils pour définir

  Nous abordons à présent plus spécifiquement la question de la définition. Dans ce chapitre, nous verrons les principaux outils employés par la lexicographie classique pour élaborer des définitions.La définition telle qu’elle est pensée par les dictionnaires classiques est simple. Le mot est remplacé par une périphrase. Dans un souci de clarté référentielle, on procède par inclusion :on détermine la classe générale à laquelle le mot appartient, appelé « genre prochain », puis l’on détermine quels sont les traits spécifiques apportés par le mot. Il faut veiller alors à la suffisance de ces traits spécifiques : suffisamment nombreux pour permettre la distinction du référent d’autre membre de la même classe, mais sans l’excès d’information dont l’inexactitude pourrait nuire à l’identification. La définition doit donc contenir ce qui est à la fois commun et propre à tous les référents actualisés (Lehmann & Martin-Berthet, 1998 : 17-19). Nous le voyons, il s’agit ici d’une définition linéaire et hiérarchique qui procède par inclusion.Il est possible aussi de penser de manière structurelle la définition : les mots ne se définissent pas en eux-mêmes mais en ce qu’ils diffèrent des autres. Il est alors nécessaire de les penser en ce qu’ils ont de commun et ce qu’ils ont de distinctif. On parle alors d’analyse sémique. Le sème est ici l’unité de base ; il correspond au phonème phonologique comme étant la plus petite unité de distinction entre un lexème et un autre. Le sémème sera alors l’ensemble des sèmes qui permettent de définir un mot, sa définition dite componentielle. La finalité est ici de considérer le lexique comme un système entretenant un réseau de relations internes et suffisantes. Les lexèmes se définissent par leur opposition mais peuvent aussi entretenir une parenté sémique : ils peuvent partager entre eux des sèmes communs. Cet ensemble de sèmes communs est un archisème qui peut parfois se réaliser en lexèmes (Lehmann & Martin- Berthet, 1998 : 22). Ainsi, cette analyse permet de penser le lexique en système mais en système incomplet. En effet, il est impossible de penser la globalité du lexique selon des sèmes similaires ou distinctifs sans imaginer un nombre infini et indéterminé de sèmes qui puissent relier dans une même structure l’ensemble des lexèmes ; il faudrait repenser le sémème de chaque mot selon celui auquel il doit être relié. Les deux modèles présentés ci-dessus relèvent surtout de la visée référentielle de la définition. Or nous avons postulé une existence intrinsèque synchronique du sens dans les lexèmes. Le modèle des prototypes et de stéréotypes porte sur ces deux systèmes un regard psychologique.Il s’agit en fait d’une sémantique cognitive. Dans cette perspective, un prototype est un mot renvoyant à une certaine représentation mentale que se fait le locuteur d’un membre d’une classe plus vaste et qui regroupe les traits (proto)typiques de cette classe. Le prototype du mot « oiseau » est la représentation mentale que se fait un locuteur en choisissant les caractéristiques qui lui sont propres pour identifier ou définir un oiseau. Le stéréotype est la description d’un membre normal de cette classe, possédant les caractéristiques communes à chaque membre de cette classe. Le stéréotype du mot « oiseau » est l’ensemble minimum des traits qui permettent d’identifier ou de définir un oiseau pour chaque locuteur. Nous sommes ici au niveau de la sociolinguistique. Nous avons, avec le stéréotype, une construction commune du mot « oiseau » qui s’actualise en prototype pour chaque locuteur selon sa représentation individuelle du mot « oiseau » ; dans cette approche, les caractéristiques « scientifiques » qui permettent de définir un oiseau ont moins d’importance que ce qu’un groupe de locuteurs recense pour le faire (Lehmann & Martin-Berthet, 1998 :33-34).

Modèle théorique didactique

   Nous prenons à présent un moment pour fixer verbalement cette réflexion. Avec la LEC, nous pensons que les structures du lexique sont fondamentales dans l’apprentissage du lexique.Nous pensons aussi que ces structures se révèlent essentiellement au travers de quatre relations sémantiques : synonymie, antonymie, hyperonymie, hyponymie. Nous estimons que l’emploi de définitions « classiques », c’est-à-dire périphrastiques et donc essentiellement linéaires, n’est pas à même de rendre clairement compte de l’aspect fondamentalement structurel du lexique. Or, nous l’avons dit, ces structures seraient à la base d’un apprentissage efficace du lexique ; et les quatre relations sémantiques nommées plus haut les révèlent.Ainsi, l’apprentissage du lexique peut se faire plus efficacement avec l’utilisation systématique de ces quatre relations sémantiques. Or, Piccoche (1995, citée par Mel’cuk & Polguère, 1995, p. 19) constate que ces relations lexicales sont fort peu utilisées dans l’enseignement ; du moins, pas suffisamment au vu de leur potentielle efficience. C’est dans le but d’amener à une systématisation de l’emploi des relations sémantiques plutôt que des définitions classiques dans l’apprentissage du lexique que nous entendons démontrer ici que les premières sont plus efficaces que les secondes.

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Table des matières

INTRODUCTION
PROBLEMATIQUE
PLAN
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE 
LEXICOLOGIE
TERMINOLOGIE
MORPHOLOGIE LEXICALE
SEMANTIQUE LEXICALE
QUESTION DE DEFINITION
DES OUTILS POUR DEFINIR
QUELQUES NOTIONS CLEFS
POSTULAT
LA LEXICOLOGIE EXPLICATIVE  ET COMBINATOIRE
MODELE THEORIQUE DIDACTIQUE
DEUXIEME PARTIE : RECHERCHE 
METHODOLOGIE
QUESTION DE RECHERCHE
DEMARCHE
TRAVAIL PREPARATOIRE
CADRE DE LA RECHERCHE
CHOIX METHODOLOGIQUES
TRAITEMENT DES DONNEES
ANALYSE
RESULTATS
DISCUSSION DES RESULTATS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES 
ANNEXE 1 : PROTOCOLE DE LA RECHERCHE
ANNEXE 2 : EXTRAITS DE LA PIÈCE LES FOURBERIES DE SCAPIN DE MOLIÈRE, RECOPIÉS D’APRÈS L’ÉDITION HACHETTE, 1999. 38
ANNEXE 3 : VOCABULAIRES ET CORRIGES
ANNEXE 4 : EXEMPLE DE TEST DE VOCABULAIRE
ANNEXE 5 : RESULTATS DETAILLES

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