Anxiété, peur, phobie

ANXIETE, PEUR, PHOBIE

Quelques définitions

Il est important avant tout de savoir définir, afin de les différencier, un certain nombre de termes. Ainsi selon le Larousse Médical (1) :

Anxiété : Trouble émotionnel se traduisant par un sentiment indéfinissable d’insécurité.

Angoisse : Grande inquiétude, anxiété profonde née du sentiment d’une menace, imminente mais vague. Sentiment pénible d’alerte psychique et de mobilisation somatique devant une menace ou un danger indéterminés et se manifestant par des symptômes neurovégétatifs caractéristiques (spasme, sudation, dyspnée, …).

Attaque de panique : Trouble qui apparaît dans un contexte d’anxiété et associe, en l’absence de maladie organique ou mentale, quatre des symptômes suivants : dyspnée (difficulté à respirer), palpitations, douleur thoracique, sensation d’étouffement, vertiges, sueurs, tremblement, peur de mourir ou de perdre tout contrôle de soi.

Crainte : Etat de quelqu’un qui éprouve un sentiment de peur, de recul.

Stress : Etat réactionnel de l’organisme soumis à une agression brusque.

Peur : Sentiment d’angoisse éprouvé en présence ou à la pensée d’un danger, réel ou supposé, qui pousse à fuir ou à éviter cette situation.

Phobie : Crainte angoissante et injustifiée d’une situation, d’un objet ou de l’accomplissement d’une action.

Aspects neurophysiologiques

Les organes sensoriels (visuel, auditif, olfactif etc.) reçoivent des informations de l’environnement signalant la présence ou la possibilité d’un danger. Le stimulus sensoriel, pouvant évoquer un danger ou non, est traité dans un premier temps au niveau du thalamus. Il va alors être pris en charge par deux voies parallèles, mises en évidence par Joseph LEDOUX en 1997 (3).

Circuit court :
Il s’agit de l’activation de l’amygdale qui fait naître des réactions émotionnelles (ex : sursaut) avant même que le système puisse se représenter complètement le stimulus. Ainsi ce circuit véhicule une perception grossière et rapide d’une situation puisque c’est une voie sous-corticale qui ne bénéficie pas de la cognition.

Circuit long :
C’est le traitement cortical, à différents niveaux, de l’information qui arrive à l’amygdale avec précision du caractère menaçant ou non. Ce traitement passe d’abord par le cortex sensoriel qui détaille les différentes modalités du stimulus, puis par le cortex associatif unimodal qui fournit à l’amygdale une représentation de l’objet, ensuite le cortex associatif polymodal qui conceptualise la chose et en informe également l’amygdale. Cette représentation élaborée de l’objet va alors être comparée au contenu de la mémoire explicite grâce à l’hippocampe, entretenant lui aussi des liens avec l’amygdale et permettant de définir si le stimulus est source de peur conditionnée ou non. La présence imminente d’un danger va alors poursuivre l’activation de l’amygdale qui va entraîner les différentes manifestations de la peur comme une élévation de la fréquence cardiaque et de la pression sanguine, les mains moites, la bouche sèche etc.

Le cas des phobiques 
L’hippocampe a la capacité de tenir compte du contexte. Donnons un exemple : voir un lion en cage va entraîner un léger frisson mais l’évaluation du contexte qui est le fait qu’il soit en cage, va permettre de freiner la peur. Les phobiques n’ont pas la capacité de ce freinage contextuel. De plus, l’imagerie cérébrale a permis de mettre en évidence que chez les phobiques l’objet de la peur va entraîner une plus grande activation de l’amygdale, avec une irrigation sanguine importante alors que les régions corticales seront, elles, moins irriguées.

La phobie

Peurs normales/peurs pathologiques 
La peur est un système d’alarme qui est programmé, par la nature et l’évolution, chez l’être humain comme chez toutes les autres espèces animales. Elle est destinée à faciliter notre vigilance face à un danger et à augmenter nos chances de survie. Dans les peurs normales, ce système d’alarme est efficacement calibré, c’est-à-dire que la peur se déclenche face à un vrai danger, non à la possibilité de celui-ci ou à un souvenir, qu’elle tient compte du contexte, que son intensité est proportionnelle au danger, mais aussi que l’alarme s’éteint dès que le danger est passé ou si l’on a pris conscience qu’il n’était pas si menaçant. La peur devient pathologique lorsque l’alarme est mal réglée et que la peur se déclenche trop souvent pour des seuils de dangerosité trop bas et que l’alarme dégénère très vite en panique incontrôlable. Ces peurs pathologiques sont les peurs extrêmes et les peurs phobiques.

Origines et acquisition des phobies

L’acquisition des phobies, en accord avec les explications actuelles, intègre trois dimensions selon un modèle bio-psycho-social :
– biologique : il existerait des prédispositions biologiques à ressentir des peurs extrêmes,
– psychologique : ces prédispositions s’exprimeront différemment selon l’éducation reçue, les évènements de vie, les modèles environnementaux,
– social : l’évolution des troubles n’est pas la même en fonction de la société et de la culture.

De plus, cette acquisition peut se faire selon quatre grands types d’apprentissages :
– traumatismes : pour exemple, la phobie dentaire peut survenir suite à un acte dentaire douloureux, la phobie de la conduite suite à un accident de la route,
– évènements de vie pénibles et répétés : comme des humiliations,
– imitation de modèles : comme voir un proche avoir très peur de quelque chose,
– intégration des messages de mises en garde : avoir reçu une éducation soulignant les dangers liés à tel ou tel type de situation.

Il existe différents types de phobie :
– les phobies spécifiques : animaux, éléments naturels, phobie des soins dentaires qui appartient en particulier au type : phobie du sang et des blessures,
– l’agoraphobie : crainte de ressentir un malaise surtout en public,
– les phobies sociales : peur intense du regard et du jugement d’autrui.

LA STOMATOPHOBIE 

Définition 

La phobie des soins dentaires, stomatophobie, oralophobie, dentophobie, odontophobie, phobie dentaire, phobie du dentiste : il existe beaucoup de termes, pour nommer une maladie reconnue comme telle par l’OMS, qui recouvre à la fois la peur des atteintes dentaires et celle ressentie à l’égard du chirurgien-dentiste. Cette phobie spécifique peut résulter de l’hématophobie (peur du sang) ou de la bélénophobie (peur des aiguilles), soit les provoquer ou encore en être accompagnée. (8) Il s’agit d’une phobie spécifique, elle se caractérise par une peur marquée et persistante de situations ou d’objets visibles et circonscrits. S’il y a exposition à ce stimulus phobogène, elle provoquera une réponse anxieuse immédiate pouvant aller jusqu’à l’attaque de panique.

Les différentes peurs de nos patients

Il est nécessaire de faire la liste des sources d’angoisse que peut rencontrer le patient dans nos cabinets dentaires.

Sentiment d’impuissance

L’étude menée par Oosterink & co (10) en 2009 a révélé que le sentiment d’impuissance, de manque de contrôle lors d’un traitement dentaire est l’expérience qui est le plus fortement liée à l’apparition d’une phobie. Ce sentiment apparait lorsque le patient croit qu’il n’a pas les moyens d’influer sur un évènement négatif, et désigne alors un comportement proche du désespoir. Et cette impression de manque de contrôle peut mener à la peur. (11) Mais, par exemple, si le patient est certain que le chirurgien-dentiste va arrêter un acte lorsqu’il émet un signal cela peut diminuer la peur car il donne un sentiment de contrôle sur la situation.

Peur de la douleur
A l’heure actuelle, grâce aux moyens anesthésiques dont nous disposons, les soins prodigués ne sont plus douloureux. Malgré cela la peur de la douleur est encore très présente et est surtout liée à la douleur postopératoire, source d’angoisse pour le patient qui se demande pourquoi il a mal alors qu’il a été soigné. De plus, l’absence de raisonnement concernant cette peur est souvent liée à une expérience douloureuse passée et mal gérée.

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Table des matières

Introduction
I. Anxiété, peur, phobie
A. Quelques définitions
B. Aspects neurophysiologiques
1. Circuit court
2. Circuit long
3. Le cas des phobiques
C. La phobie
1. Peurs normales/Peurs pathologiques
2. Peur/phobie
3. Origines et acquisition des phobies
II. La stomatophobie
A. Définition
B. Les différentes peurs de nos patients
1. Sentiment d’impuissance
2. Peur de la douleur
3. Peur de la piqûre
4. Peur de la contamination
5. Peur de l’empoisonnement
6. Peur de l’intrusion/vol/viol de l’intimité
7. Peur du cadre de soins
8. Peur de perdre son identité
9. Peurs liées au chirurgien-dentiste
C. Les causes
D. Reconnaître le patient phobique
1. Critères diagnostiques
2. Dental Anxiety Scale de Corah (DAS)
3. Modified Dental Anxiety Scale (MDAD)
4. Dental Fear Survey (DFS)
5. Index of Dental Anxiety and Fear IDAF 4C+
E. Les symptômes
F. La prévalence
G. Les répercussions
1. L’évitement
2. Conséquences sur la cavité buccale
3. Conséquences sur la vie sociale
III. Accès aux soins des patients phobiques
A. Prescription sédative
1. Les benzodiazépines
2. Les antihistaminiques
B. Mélange Equimolaire de Protoxyde d’Azote et d’Oxygène
1. Sédation consciente
2. Présentation et spécialités
3. Contre-indications
4. Indication pour le patient phobique
C. Anesthésie générale
1. Définition
2. Indications selon l’Haute Autorité de Santé
3. Contre-indications selon l’Haute Autorité de Santé
4. Rapport bénéfices-risques
5. Indication pour le patient phobique
IV. Traiter la stomatophobie
A. Les psychothérapies
1. La thérapie cognitivo-comportementale
2. Eye Movement Desensitization and Reprocessing
B. Les médecines alternatives
1. L’hypnose
2. La sophrologie
3. L’acupuncture
4. Les Fleurs de Bach
V. Cas cliniques
1. Madame X
2. Madame Y
VI. Discussion
Conclusion

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