ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE DIGESTIVE DU LAPIN

ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE DIGESTIVE DU LAPIN

La cavité orale

Les lapins sont des lagomorphes et ont une dentition de type hypsodonte. La dent du lapin est composée des mêmes éléments structuraux que les autres mammifères, à savoir la dentine, l’émail, le cément et la pulpe. Il n’y a pas de véritable racine mais une couronne très longue. Ils présentent une dentition déciduale non fonctionnelle qui disparaît avant ou peu après la naissance (formule dentaire déciduale : I 2/1, C 0/0, P 3/2, M 0/0 = 16). Les dents permanentes apparaissent pendant les 5 premières semaines de vie : la formule dentaire permanente est I 2/1, C 0/0, P 3/2, M 3/3 = 28. Comme chez les autres lagomorphes, les lapins ont donc deux paires d’incisives supérieures et une paire d’incisives inférieures. Il y a une paire des incisives supérieures qui est de petite taille et se place derrière la paire d’incisive large. Les incisives inférieures viennent affronter les incisives supérieures entre les deux paires ce qui assure une usure correcte. Il n’y a pas de canine et se trouve donc en place un diastème.

Les dents maxillaires et incisives supérieures croissent d’environ 2 mm par semaine tandis que les dents mandibulaires et incisives inférieures croissent d’environ 2.4 mm. Une conformation de type prognathe peut conduire à une malocclusion incisive. Le mauvais affrontement des dents et la pousse différentielle provoque une pousse en avant des incisives inférieures et un recourbement vers l’arrière des incisives supérieures. Les molaires/ prémolaires maxillaires et mandibulaires plus communément appelées dents jugales s’affrontent et s’usent pendant les différentes phases de la mastication. La figure 4 présente l’organisation de la dentition définitive du lapin. Les numéros correspondent aux dents jugales, un rond plein indique une dent qui s’insère latéralement dans la mâchoire, à l’inverse un rond vide signifie une insertion médiale. La figure 5 présente l’affrontement normal des dents au repos.

La digestion dans l’estomac et l’intestin grêle

Les aliments arrivent dans l’estomac après leur ingestion, ils sont imbibés de sécrétions salivaires contenant de l’amylase commençant la digestion des sucres. L’estomac sécrète beaucoup d’eau, de mucus, d’acide chlorhydrique et de pepsinogène (activé en pepsine par l’acide chlorhydrique) pour initier la digestion des protéines et des lipides. Le pH peut atteindre 1 à 2 après le repas. Ce pH très bas a pour effet de d’aseptiser l’ingesta avant son entrée dans l’intestin. Le mucus permet la protection de la muqueuse. Le temps de transit dans l’estomac est d’environ 3 à 6 h. L’intestin grêle est le lieu de la digestion et de l’absorption des sucres et protéines alimentaires ainsi que des protéines, vitamines et acides gras des caecotrophes. Dans le duodénum, des bicarbonates sont sécrétés et tamponnent le pH acide de l’ingesta. La bile et le suc pancréatique sont aussi déversés dans le duodénum et contiennent des enzymes lypolytiques, protéolytiques et glycolytique (amylase, lypase, trypsine notamment) permettant la digestion de l’ingesta. Selon sa composition, il permet la stimulation (graisse) ou l’inhibition (glucides) de la sécrétion de motiline. La motiline est une hormone polypeptide sécrétée dans le duodénum et le jéjunum (ainsi que le colon), elle stimule l’activité des muscles lisses. Le temps de transit est rapide, environ 10-20 minutes dans le jéjunum et 30 à 60 minutes dans l’iléon. La valve iléocæcale contrôle le passage du digesta dans le sacculus rotundus et empêche un reflux du contenu caecal dans l’intestin grêle.

Discussion

Un travail complémentaire d’étude comparative entre une population de référence saine et notre population malade serait utile pour pouvoir analyser plus en profondeur les données. Compte-tenu de la nature de notre échantillon, nous sommes ici limités dans l’interprétation. De plus, comme expliqué dans les parties précédentes, l’alimentation a une importance fondamentale dans le développement des maladies digestives chez le lapin, néanmoins l’absence de données à ce sujet rend son analyse absente de notre étude. Les données alimentaires sont difficilement évaluable dans le cadre d’une étude rétrospective telle que celle-ci car les propriétaires ne sont généralement pas très précis en ce qui concerne l’alimentation donnée et encore moins en ce qui concerne l’alimentation effectivement ingérée par l’animal. Pour pouvoir analyser l’importance du facteur alimentaire, il semble opportun de le réaliser plutôt de manière prospective plutôt que rétrospective, ce qui dépasse le champ de notre étude. Toutefois, malgré les limites précédemment énoncées de cette étude, nous pouvons dégager un certain nombre d’observation et d’interrogation.

Concernant la race, on observe que les races naines sont très présentes dans les cas de stase digestive (53 %). On sait que ces races sont prédisposées aux malocclusions incisives (Abbott, 1997 ; Turner, 1997) et que celles-ci peuvent aboutir à des états de stase digestive. Néanmoins, on voit aussi que les cas d’atteintes dentaires significatives ne sont présentes que dans un nombre plus restreint de cas (19%) et ne sont pas toutes des malocclusions incisives. On voit également que les races béliers représentent 58 % des cas de stases sans qu’aucune prédisposition particulière pouvant expliquer une stase ne leur soit connue. Ces résultats montrent-ils une sensibilité particulière de ces races au développement des stases digestives ou bien tout simplement une sur-représentation de ces races très populaires dans les foyers ? Il faudrait pour cela étudier plus précisément la distribution des races de lapins dans une population témoin et comparer les données.

On observe également que 55 % des cas concernent des mâles et 69 % des lapins stérilisés. Le déséquilibre mâle-femelle n’est pas très important mais celui concernant animal stérilisé ou non l’est plus. Néanmoins la stérilisation est assez courante et conseillée pour éviter la gestation ou pseudo-gestation, le développement de néoplasies utérines ou de problèmes comportementaux chez la femelle et pour éviter des nuisances comportementales chez le mâle (79 % des femelles de l’étude sont stérilisées contre 61 % des mâles), ces résultats ne sont donc pas forcément indicatifs d’une disposition particulière des animaux stérilisés à l’égard du développement des stases, là encore une étude de population témoin permettrait de comparer les données. Concernant l’âge des lapins atteints, on voit qu’ils peuvent développer des stases très jeunes (<6 mois) qui peuvent être liés à des sevrages mal effectués ou bien des atteintes congénitales notamment dentaires. Pour certains lapins de l’étude, la cause semble être essentiellement environnementale avec des lapins vivant en groupe et ayant des problèmes d’entente avec leur congénère. Les lapins ont en moyenne 1 140 jours (environ 3 ans) avec un écart-type de 707 jours (environ 2 ans). Les lapins sont donc majoritairement de jeunes adultes. L’état corporel des lapins semble avoir un impact assez faible puisque seulement 35 % des lapins de l’étude sont en surpoids.

Par contre, certaines races très représentées et ne semblant pas avoir de prédispositions connus à relier avec le développement de stase digestives ont un pourcentage élevé d’individu en surpoids. On voit ainsi que 60 % des lapins béliers, 100 % des béliers tête de lion et 62 % des hollandais nains de l’étude sont en surpoids. D’autres races moins représentées présentent de fort taux d’animaux en surpoids également : les lapins tête de lion avec 94 % en surpoids. Ces données laissent à penser que le développement de stase digestive chez ces races pourrait être corrélé au surpoids. On pourrait l’expliquer notamment par des régimes alimentaires mal adaptés, trop riches, qui en plus de favoriser la prise de poids entraîne aussi le développement des stases par une mauvaise usure des dents ou le développement d’une flore pathogène. Un animal en surpoids peut également souffrir de pododermatite entraînant des douleurs pouvant elles aussi conduire à une anorexie et un développement de stase. Il faut rappeler qu’à moins d’une mention explicite dans l’historique de l’animal sur son état corporel par le clinicien, l’état corporel du lapin a été déterminé grâce au poids de l’animal comparé aux standards de sa race ce qui est assez imprécis. En effet, les lapins étudiés ne sont pas forcément conformés parfaitement selon les critères de leur race. Ces résultats sont donc à pondérer.

L’étude de la répartition des cas pendant l’année ne semble pas montrer de période propice au développement des stases puisque les cas sont répartis de manière similaire tout le long de l’année. On note quand même des cas un peu plus nombreux en été et en hiver par rapport au printemps et à l’automne. On s’interroge notamment sur l’effet des périodes de mue ayant lieu généralement au changement de saison, même si certains lapins muent toute l’année car elles pourraient contribuer à l’ingestion en grande quantité de poil responsable du développement de stase. On remarque qu’un nombre important de cas en mars à la fin de l’hiver, moment classique de mue pour les lapins. La grande majorité des cas ont une hospitalisation courte (77,1 % de moins d’une semaine) et dans ce cas le traitement est généralement une réussite avec 87,5 % de guérison. Pour des durées plus longues (3,6 % des cas) la réussite du traitement est là encore très bonne avec 83,3% de guérison. Un seul lapin hospitalisé plus de deux semaines est mort dans l’étude et ce lapin était resté en hospitalisation 20 jours. Enfin 19,3 % des animaux ne sont pas hospitalisés et parmi eux, 90,6 % s’en sortent avec un traitement à domicile. On peut relier ces données avec les durées d’anorexie, les durée d’hospitalisation sont plus longue si l’anorexie persiste.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport gratuit propose le téléchargement des modèles gratuits de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE DIGESTIVE DU LAPIN
Anatomie digestive du lapin
1.La cavité orale
1.1. Les dents (O’Malley (2005), Harcourt-Brown (2002), Donnelly (2003))
1.2. Les autres structures de la cavité orale
2.L’oesophage
L’estomac
L’intestin grêle et le pancréas
Le gros intestin
Le foie et la vésicule biliaire
Physiologie digestive du lapin
La digestion dans l’estomac et l’intestin grêle
La motilité du gros intestin et du caecum
3.Les fermentations caecales
3.1. Composition de la flore caecale
3.2. La digestion des fibres fermentescibles
4.L’expulsion et l’ingestion des caecotrophes
DEUXIEME PARTIE : PHYSIOPATHOLOGIE GENERALE DES AFFECTIONS DIGESTIVES DU LAPIN
La flore intestinale et son équilibre
1.Composition
2.Facteurs déséquilibrant
2.1. L’alimentation
2.2. Le stress
L’importance de l’alimentation
Recommandations nutritionnelles pour un lapin adulte
2.Le rôle des fibres
2.1. L’importance des fibres fermentescibles
2.2. L’impo3.rtance des fibres non fermentescibles
Les glucides
3.1. L’amidon et les sucres simples
3.2. Les oligosaccharides
Les lipides
Les protéines
TROISIEME PARTIE : ETUDE CLINIQUE DU SYNDROME DE STASE DIGESTIVE CHEZ LE LAPIN
Définition
Etiologie
La douleur
Le stress
L’alimentation
Les médicaments
Présentation clinique
1.Anamnèse
2.Tableau clinique
3.Diagnostic
3.1. Examen radiographique
3.2. Examen échographique
3.3. Examens sanguins
Pronostic
Traitement
La fluidothérapie
1.1. Traitement du choc hypovolémique
1.2. Correction de la déshydratation et entretien
1.La nutrition
3.L’analgésie
3.1. Les opiacés
3.2. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens
4.Les prokinétiques
5.Autres molécules utilisées
5.1. Les anti-acides
5.2. Les antibiotiques
QUATRIEME PARTIE : ETUDE DESCRIPTIVE DES FACTEURS EPIDEMIOLOGIQUES ET PRONOSTICS DE LA STASE DIGESTIVE CHEZ LE LAPIN
Matériels et méthodes
Base de données utilisée
Collecte des données et échantillon obtenu
Présentation des données
Résultats
Les races
Le genre
L’âge
L’état corporel
L’environnement
La date
La durée d’hospitalisation
La durée de refus de prise alimentaire
La récurrence
Les atteintes dentaires associées
La séropositivité à Encephalitozoon cuniculi
La glycémie et le caractère obstructif
Le caractère obstructif et l’évolution
L’évolution
III. Discussion
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *