Analyse réseaux dans une perspective interculturelle : le guanxi en Chine

Ce travail s’inscrit dans une veine de recherche en intelligence économique. L’intelligence économique est définie par Martre(1994) «comme l’ensemble des actions coordonnées de recherche, de traitement et de diffusion de l’information utile aux acteurs économiques, en vue de son exploitation à des fins stratégiques et opérationnelles.».

Un mot clé est souvent associé à l’activité d’intelligence économique au quotidien : c’est celui de réseau. Bournois (2000) a introduit la notion de réseau dans la définition de l’intelligence économique : c’est une démarche organisée, au service du management stratégique de l’entreprise, visant à améliorer sa compétitivitépar la collecte, le traitement d’informations et la diffusion de connaissances utiles à la maîtrise de son environnement (menaces et opportunités) ce processus d’aide à la décision utilise des outils spécifiques, mobilise les salariés, et s’appuie sur l’animation de réseaux internes et externes. Le réseau est présent à toutes les étapes du cycle du renseignement. Il est présent en amont dans l’étape de collecte de l’information. Il s’agit alors d’identifier un réseau de correspondants qui surveillent, collectent et filtrent les ressources d’information mais aussi de mobiliser des sources d’information sur les réseaux numériques. Il est intégré dans la «boîte à outil » de l’intelligence économique (Moinet 2011, Boutin 1999). On le retrouve alors au niveau du traitement de l’information par la production de cartographies en mobilisant l’analyse des réseaux sociaux (Wasserman, 1994) ou la mobilisation de réseaux d’experts. On le retrouve aussi dans les réseaux  d’influence (Massé 2006, Marcon & Moinet 2007). D’autres auteurs ont montré toute la difficulté de la pénétration de l’intelligence économique dans la pratique du fait de l’absence en France d’une culture réseau (Bulinge2002), les sociétés asiatiques apparaissant de ce point de vue comme beaucoup plus poreuses. Ainsi Faure (2000) parle même de modèle d’intelligence économique sans école au Japon. Hardy Zhang (2007) quant à elle reprend le modèle de «culture informationnelle » de Davenport et Prusak (1997) pour montrer que la culture informationnelle des entreprises chinoises ne permet pas un bon partage ni la mise en commun des informations.

Dans ce travail, le concept de réseau va nous intéresser dans une perspective interculturelle. Nous allons plus précisément nous attacher au concept chinois de Guanxi, orientation de l’esprit qui conduit à mobiliser les réseaux de relations dès lors qu’on se trouve face à un problème décisionnel et ce à tous les niveaux de la vie sociale. Des articles récents en langue française ont décrit ce concept de Guanxi (Millet 2006). Toutefois, il semble difficile d’appréhender ce que représentent réellement les Guanxis sans s’immerger dans les principes de culture chinoise (Jullien2009, 2010). C’est de fait l’objet de la première partie de ce travail de recherche. Comprendre les Guanxis, c’est décrire une organisation sociale qui repose sur un système non équilibré d’échanges de biens et services entre des personnes, c’est cerner un mécanisme d’obligation de rendre le service donné sous peine de perdre la face. Pour comprendre les mécanismes du Guanxi, il est nécessaire d’en décrire les mécanismes en utilisant des concepts nécessaires à sa compréhension. La complexité du travail vient du fait que les concepts sous-jacents ne sont pas traduisibles en français autrement que par des périphrases et qu’ils se définissent de façon emboitée. Impossible de comprendre la notion de Guanxi sans s’immerger dans le système social chinois. A défaut de cette analyse fine et vue de l’occident, la frontière entre Guanxi et corruption a pu apparaître floue (Guenec2009), les analyses occidentales qui ont pu être faite du Guanxi rendant compte de manière imparfaite du phénomène qu’elles cherchent à décrire.

Afin d’éclairer le lecteur, il nous a paru également utile de mettre en parallèle le concept de Guanxi de concepts voisins qui ont pu être utilisés dans d’autres sociétés. Le positionnement des Guanxis par rapport aux concepts de réseaux, de potlatch nous permettra de mieux cerner les spécificités de cette organisation sociale.

Ce travail s’appuie donc sur un état de l’art interdisciplinaire qui mobilise des travaux dans le domaine de la sociologie, de l’anthropologie, des sciences de l’information et de la communication réalisés par des chercheurs chinois et anglo-saxons essentiellement. Il s’agit donc de rendre ces travaux accessibles à un public francophone. Cet état de l’art débouche sur forme de modélisation du concept de Guanxi qui revisite de manière originale le schéma de la communication de Shannon et Weaver (1975). Sans doute s’agit-il d’ailleurs ici d’une des contributions théoriques de ce travail à la théorie des sciences de l’information et de la communication en général. Il faut aussi bien comprendre que l’organisation en Guanxi est une réponse à une société peu structurée, les relations interindividuelles permettant par leur richesse de pallier le déficit d’organisation du système social (dans sa dimension juridique notamment).

Le Guanxi n’est donc pas en Chine un concept associé directement à la démarche d’intelligence économique. Il s’agit plus largement d’un système qui régit les relations interpersonnelles en Chine et plus largement en Asie (au Vietnam un système équivalent à celui de Guanxi est connu sous le nom de Guanhe). Par contre intégré comme principe culturel fort, le Guanxi se retrouve comme fondement culturel qui explique son usage naturel dans un contexte d’intelligence économique. Si l’intelligence économique s’apprend en Asie sans école c’est parce que les esprits y sont prédisposés culturellement.

Dans le domaine informatique, un réseau peut désigner un ensemble d’appareils électroniques interconnectés les uns aux les autres par des télécommunications. Il est souvent considéré comme le synonyme de l’intranet, parfois Internet sous l’effet du développement et de la popularisation d’Internet. En Mathématiques un réseau est un ensemble discret de points qui remplissent un espace vectoriel réel de dimension finie et de manière régulière. En Intelligence Économique, le réseau est l’ensemble de dispositifs intimement entremêlés et intelligemment organisés autour de cycle du renseignement pour la production de décision stratégique. Malgré le fait que la propriété et la nature des liens de réseau se précisent en fonction du domaine d’utilisation du terme, le réseau hérite toujours d’une image représentative de plusieurs nœuds entrelacés .

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Table des matières

1. CONSTAT – LES RESEAUX SOCIAUX REVELATEURS
2. INTRODUCTION
3. L’ART DU GUANXI
3.1 Réseaux et l’analyse réseaux
3.2 La définition du Guanxi
3.3 Les différentes relations, sources de Guanxi : la même identité
3.4 Le degré d’intimité de Guanxi (关系分远近)
3.5 Le Guanxi et la Confiance 关系和信任
3.6 La tactique de réseautage de Guanxi
3.7 L’emploi et la maintenance du Guanxi
3.8 La modélisation de l’utilisation de réseau de Guanxis
3.9 L’efficacité du Guanxi
4. APPROCHE EXPERIMENTALE
4.1 Questions de recherche
4.2 Question de départ et hypothèses
4.3 Construction de l’expérience : l’approche qualitative
4.3.1 La validité interne et externe
4.4 Le Guanxi – la compétitivité et la survie de l’entreprise
4.5 Illusion culturelle sur Guanxi – Réseau
5. CONCLUSION

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