Analyse géographique de l’accès aux soins de santé des populations

« Le panorama de la santé dans le monde révèle une pénible contradiction. D’une part des progrès sans précédent ont été réalisés dans le domaine de la santé, d’autre part les bienfaits des progrès n’ont pas été équitablement partagés. (…)Une part importante de la population mondiale, vivant dans les pays moins nantis d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, porte toute seule le fardeau des maladies inévitables et des morts prématurées » (CRSSD, 2011). Ces disparités sont le résultat de l’inégalité des progrès en matière de santé et de développement. Dans les sociétés industrialisées, les progrès à cet égard s’inscrivent dans un processus qui s’est enclenché, il y a plus d’un siècle. Pour leur part, les sociétés en développement n’ont accéléré des bienfaits que dans la deuxième moitié de ce siècle et beaucoup de défis restent à relever.

Ainsi la question des disparités de santé apparaît comme centrale dans les politiques sanitaires et sociales, aussi bien dans les pays pauvres que dans les pays riches. Les écarts enregistrés dans l’espérance de vie sont une traduction au niveau international de phénomènes qui existent également entre régions et entre catégories sociales, au niveau de chaque pays. En effet, selon l’OMS, l’espérance de vie à la naissance est en moyenne de 79 ans pour l’ensemble des pays développés, alors que pour l’ensemble des pays sous-développés, elle est 62 ans, d’où un écart de 17 ans . « Parmi les explications données devant la maladie et devant la mort les différences d’accès aux soins sont souvent avancées ; si l’on meurt jeune ; lorsqu’on est pauvre dans un pays pauvre, ce serait notamment à cause des possibilités moindres de se soigner » (Bonnet et al, 1990).

Cependant, il faut noter que des efforts ont été faits pour permettre à chacun l’accès aux soins de santé primaires (SSP). Déjà l’équité pour tous en matière de santé avait reçu l’appui de la communauté mondiale de la conférence d’Alma-Ata sur les soins de santé primaires en 1978. De plus en 1992, l’Initiative de Bamako vient relancer les SSP dans sa perspective de mener des politiques de santé communautaire. Ces politiques sont caractérisées par la promotion de la participation des populations dans la gestion de la santé. Elles ont été appuyées par la décentralisation. Pour faciliter l’accès aux services publics, un transfert de pouvoir de gestion à la base, sur un certain nombre de domaines, est devenu une réalité au Sénégal en 1996. Mais les progrès considérables accomplis durant la dernière décennie, se sont récemment ralentis et dans certains pays comme ceux d’Afrique, les indicateurs de l’état de la santé sont en fait empirés.

Ainsi, à l’instar des pays d’Afrique, la situation sanitaire du Sénégal se caractérise par de fortes disparités dans l’accès aux soins. En effet, malgré les efforts importants consentis par les autorités pour faciliter l’accès aux soins de santé pour toutes les catégories de la population, il reste encore des difficultés pour satisfaire leurs besoins en matière de santé. Ceci résulte du fait que ni l’état ni les collectivités locales, ni les partenaires au développement et chacun pris individuellement ne peut à lui seul assurer le fonctionnement d’un système de santé de façon durable et équitable. Les coûts engendrés sont énormes dans un contexte de crise économique. Au Sénégal l’accès de la population à des services sociaux de base constitue un des axes prioritaires en matière de lutte contre la pauvreté, parmi ces services sociaux, la santé demeure une préoccupation majeure.

Les caractéristiques sociodémographiques 

Démographie et composition ethnique

Le district de Linguère est peuplé d’environ 117 562 habitants en 2013 pour une superficie de 8 311 km² soit une densité d’environ 16 habitants au km² .Cette population est inégalement répartie au sein du district avec une nette prédominance en faveur du milieu rural. La population rurale représente 86% de la population totale alors celle urbaine ne constitue que 14 % de la population . Le taux d’accroissement naturel annuel est de 2,84 %.

Économie locale

Le district sanitaire de Linguère n’est doté d’aucune structure de production industrielle. L’économie locale est dominée essentiellement par deux activités que sont l’élevage et l’agriculture qui occupent 90 % de la population. L’élevage est pratiqué par toutes les ethnies, mais surtout par les Peulhs, dont c’est la vocation première. Il est de type pastoral prédominant, fondé sur la transhumance tandis que l’élevage sédentaire est une technique développée par les éleveurs wolofs. Toutes les espèces y sont élevées avec en pole position les ovins. L’élevage pratiqué par les peulhs est de type extensif et souffre de la fragilité du pâturage due à la mauvaise gestion du milieu naturel. Les produits de l’élevage ne sont pas exploités car le cheptel n’est pas un outil de production. La commercialisation des produits de l’élevage reste essentiellement traditionnelle. Les éleveurs peulhs ne vendent pas leurs bovins qu’en cas d’extrême nécessité. La plupart de ces peulhs considèrent leur troupeau comme une épargne et un facteur de prestige social. La commercialisation du bétail concerne surtout les petits ruminants mais qui se trouve confrontée à des problèmes d’accessibilité aux grands marchés des autres régions dus à l’enclavement de cette zone. C’est pourquoi les marchés hebdomadaires ou loumas constituent des relais plus actifs de la commercialisation du petit bétail.

L’agriculture est la deuxième activité économique de la région ; elle est l’apanage des Wolofs et Sérères. Elle est plutôt orientée vers les productions vivrières, mil, maïs, niébé sorgho et melon, presque totalement autoconsommées. L’arachide est la seule culture industrielle pratiquée dans la zone. Les productions agricoles sont extrêmement variables et fortement tributaires de la pluviométrie annuelle. Il n’existe pas de cultures irriguées mais le maraîchage commence à se développer avec l’exploitation des eaux des bassins de rétention. Cependant l’agriculture, qui constitue la deuxième activité dominante, dépend essentiellement de la pluviométrie qui est souvent déficitaire et inégalement répartie dans l’espace et dans le temps. C’est une agriculture qui est essentiellement tournée vers l’autoconsommation et est caractérisée par la faiblesse de la mécanisation, du coût élevé des facteurs de production et une mauvaise organisation des circuits commerciaux. Les rendements sont le plus souvent faibles et ne permettent pas aux agriculteurs de faire des épargnes et des investissements en milieu rural.

Le commerce concerne surtout celui du bétail ainsi que de divers articles et biens de consommation à travers les marchés hebdomadaires « loumas » qui sont organisés dans tous les grands villages du district. Ce sont les Wolofs et les Peulhs qui en détiennent le monopole.

Le district sanitaire de Linguère : une zone enclavée et marquée par la dispersion et la mobilité de la population dans un vaste espace

L’enclavement du milieu

L’enclavement désigne une situation de fermeture spatiale par rapport à un réseau de relation et d’échange. L’enclavement se manifeste dans cette zone par un espace vaste mais faiblement maillé en réseau de transport. Ainsi, de la commune de Linguère au village de Labgar situé au nord du district on parcourt 75 km. De même de la commune de Linguère au village de Touba kane situé au sud du district plus précisément dans la communauté rurale de Gassane, on parcourt 104 km. Pourtant, malgré ces longues distances séparant ces deux villages à la commune de Linguère, aucun des deux parcours n’est bitumé. Les liaisons sont essentiellement assurées par des pistes difficilement carrossables. Ces deux exemples montrent le degré d’enclavement de la zone couverte par le district sanitaire de Linguère. La seule route bitumée est la nationale 3 (N3) qui relie les chefs-lieux de CR de Barkédji et de Ouarkhokh à la commune de Linguère. Les autres communautés rurales sont reliées à la commune par des pistes difficilement carrossables. De même cette absence de route est notoire à l’intérieur des arrondissements et des communautés rurales de notre zone d’étude.

Cette absence d’infrastructures routières est accentuée par un manque notoire de moyens de transport. En effet la charrette équine constitue le moyen de transport par excellence des biens et des personnes.

À cette défaillance du réseau routier, s’ajoute la continentalité de la zone qui ne permet pas l’utilisation de voies fluviales, lacustres ou maritimes. C’est d’ailleurs en quoi la continentalité constitue un effet négatif à l’intégration d’un espace dans un circuit plus globale. En effet dans sa partie nord, comme dans sa partie sud, le district sanitaire ne dispose d’aucun cours d’eau permettant une navigation fluviale ou lacustre. La route constitue l’unique voie de communication qui relie les différentes localités de notre zone d’étude. Mais malheureusement ces routes sont pour l’essentiel des pistes qui sont en mauvais état et difficilement carrossables surtout pendant l’hivernage.

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Table des matières

Introduction générale
I. Problématique
I 1. Contexte
I 2. Justification du sujet
I 3. Analyse conceptuelle
I 4. Objectifs et hypothèses de recherche
II. Méthodologie
II 1. La revue documentaire
II 2. La collecte de données sur le terrain
II 2. 1. L’exploitation des registres de consultation journalière
II 2. 2 L’enquête socio-sanitaire
II 3. Le traitement des données
PREMIÈRE PARTIE : CARACTERISTIQUES SOCIODEMOGRAPHIQUES ET SPATIALES DU CADRE D’ETUDE
Introduction
I. Les caractéristiques sociodémographiques
I. 1. Démographie et composition ethnique
I. 2. Économie locale
II. Le district sanitaire de Linguère : une zone enclavée et marquée par la mobilité et
la dispersion de la population dans un vaste espace
II 1. L’enclavement du milieu
II 2. Une population mobile et dispersée dans un vaste espace
Conclusion partielle
DEUXIÈME PARTIE : ETUDE DE L’OFFRE DE SOINS
Introduction
I. La desserte médicale
I. 1. La desserte en structure de soins
I. 1. 1. La desserte en poste de santé selon l’arrondissement
I. 1. 2. La desserte en poste de santé selon la communauté
I. 2. La desserte en personnel de santé
I. 2. 1 La desserte en infirmier selon l’arrondissement
I. 2. 2. La desserte en infirmier selon la communauté rurale
II. L’accessibilité aux soins de santé
II 1. Accessibilité géographique
II 2. Accessibilité économique
II 3. Accessibilité socioculturelle
Conclusion partielle
TROISIEME PARTIE : ANALYSE DU RECOURS AUX SOINS DES POPULATIONS
Introduction
I. Le recours aux soins hospitaliers
II. Le recours aux soins de santé primaires
II 1. L’utilisation des postes de santé
II 2. Les aires de recrutement des postes de santé
II 3. La fréquentation des postes de santé
II 4. La morbidité diagnostiquée dans les postes de santé
III. Le recours aux soins des populations transhumantes
Conclusion partielle
Conclusion générale

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